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Analyse linéaire Louise Michel, Essays (high school) of French

Nous nous demanderons donc en quoi cette tirade révoltée eut-elle des répercussions concrètes dans la cause présentée et défendue par la militante et la mémorialiste Louise Michel.

Typology: Essays (high school)

2023/2024

Uploaded on 01/30/2024

zeineb-elloumi
zeineb-elloumi 🇹🇳

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Download Analyse linéaire Louise Michel and more Essays (high school) French in PDF only on Docsity! « Oui, j'aime le canon, l'odeur de la poudre, la mitraille dans l'air, mais surtout je suis éprise de la Révolution » : la profession d'un tel credo politique par Louise MICHEL est bien celle de la figure contestataire (opposante) et insurgée (révoltée) que « La Vierge rouge », son surnom durant la Commune de Paris, a laissée. Frappée par l'illégitimité filiale et consciente de son rôle, elle devint institutrice et fonda nombre d'écoles de son propre fait. Après avoir été déportée en Nouvelle-Calédonie en 1873 pour ses idées et combats républicains et humains, elle en revint en 1880, se plaçant désormais sous le drapeau noir de l'anarchisme, et rédigea des Mémoires pleins d'instructions, de souvenirs et d'exhortations à agir avec courage et audace dans l'espace public. Voici ce qu'elle pense au sujet de la prétendue éducation des jeunes filles à une époque où, pourtant, la loi Victor de 1867 avait contraint les communes de plus de cinq cents habitants à créer des écoles de filles. [LECTURE DU TEXTE] Nous nous demanderons donc en quoi cette tirade révoltée eut-elle des répercussions concrètes dans la cause présentée et défendue par la militante et la mémorialiste Louise Michel. Tout d’abord, de la ligne 1 jusqu’à la ligne 5, nous analyserons le constat de Louise Michel sur la situation à son époque ainsi que sa dénonciation de faits sur la société mais surtout sur les hommes. Ensuite, nous verrons les répercussions de cette « éducation » et le recours de cette écrivaine aux sciences, de la ligne 6 à la ligne 16, pour enfin terminer avec le troisième mouvement qui s’étale sur le reste du passage et qui, cette fois, contient un constat d’iniquité et une réclamation des droits de la femme par l’autrice. [1er mouvement : CONSTAT ET DENONCIATION DES FAITS] Le style de cet extrait est particulièrement spécifique et reconnaissable : certes enflammé et incisif, il se caractérise aussi par des constantes de langue. Le texte s’ouvre d’entrée de jeu sur la question rhétorique suivante : « Est-ce que la bêtise humaine ne jette pas sur nous tous les suaires de tous les vieux préjugés ? ». Cette interrogation totale fait le constat d'un obscurantisme empêchant l'intelligence et la critique. En effet, « la bêtise humaine » ravale ici l'espèce pensante au rang de l'animal et est généraliste et identifiée grâce à l’usage de l'article défini « la ». L'emploi hyperbolique du déterminant indéfini « tous » répété deux fois dans la même phrase illustre une adversité immense. De plus, la métaphore des « suaires » est sans doute à comprendre avec une valeur anticléricale, dénonçant ainsi le rôle de l'oppression religieuse sur les femmes. Ensuite, l'intervention de la deuxième personne du pluriel dans l'impératif présent à valeur d'ordre « Soyez », installe le texte dans le registre polémique, qui sied à la colère et à l'indignation exprimées par l'auteure : le destinataire en est un public, un lectorat, mais aussi et surtout les hommes, qui souhaitent conserver les prérogatives éducatives, politiques et sociales sans les partager. Louise MICHEL sait donc que le combat se fait sur le long terme et nous prouvons le remarquer grâce à l’emploie du complément circonstanciel de temps « encore pour longtemps ». La phrase qui suit se distingue par l'accumulation des outils adversatifs afin d’exprimer une opposition, un contraste comme la conjonction de coordination « Mais », la locution adverbiale de négation partielle « ne... toujours pas » ou même le redoublement avec le coordonnant négatif « ni ». Au contraire, la certitude que les harangues et les accents rebelles changeront le cours de l'Histoire souligné par deux verbes au futur simple « arrêterez, empêcherez », fait naître la métaphore de l'emportement liquide irrésistible, avec « raz-de-marée » et « flotter ». En outre, l'emploi des trois substantifs au nombre grammatical pluriel « idées, bannières, foules » permet de les multiplier et de mimer le volume, la variété et la force des luttes. Avec « Jamais », la position initiale de l'adverbe de temps insiste sur la négation partielle : la ségrégation féminine se manifestant de différentes manières dans la société, notamment dans les domaines de l'éducation, de l'emploi, des activités sociales, ou même dans l'accès à certaines opportunités, est incompréhensible et inexcusable. L'intervention, lyrique, de la première personne, conforte le projet mémorialiste d'écrire sur soi sur l'arrière-plan de l'Histoire : l'usage du passé composé à valeur résultative « ai compris » illustre aussi le passage du temps passé au constat présent de l'immobilisme touchant la question de l'éducation des jeunes filles. Le responsable de cet état de fait inégalitaire n'est pas loin : la commodité du pronom indéfini « on » est de n'attribuer à personne en particulier, ou à tout le monde en général, voire à des personnes qui se reconnaîtraient dans ce pronom, la responsabilité de l'iniquité monstrueuse désignée par Louise MICHEL. Monstrueuse, car il est bien question d'une volonté à l'œuvre exigée par la concordance des temps et l’emploie de l'imparfait du subjonctif « cherchât » en proposition relative à une nuance de but ainsi que d'une mutilation du corps social avec l'emploi du verbe de sens médical « atrophier ». destinée au mariage, à l'image de bêtes sans opinions et sans paroles. D’ailleurs, le substantif « race » cité au premier mouvement et aussi dans celui-ci le prouve. Sur le même plan grammatical que le sujet « Les Anglais » dans « Les Anglais font des races d'animaux pour la boucherie », le groupe nominal « les gens civilisés » dont l'épithète postposée est à entendre par antiphrase, les assimile à des bouchers qui « préparent » à la tromperie généralisée : -ce massacre, déjà répréhensible en soi, est aggravé par le fait que ce tort d'être naïve devient, dans un lien de cause à effet que nous pouvons comprendre grâce à l’emploi de l’adverbe « ensuite », une tare pour elles, mais un « honneur » pour ceux qui leur ont ôté cette innocence. La modernité, voire la contemporanéité des situations et des reproches, que Louise MICHEL aborde en son temps est terrible, violente et toujours non résolue. Cette métaphore animalière va être filée dans le reste du mouvement, avec la réécriture paritaire et féministe d'une parabole et avec un « agneau » bien symbolique, celui de « l'agnus Dei », « l'agneau mystique » et aussi les victimes sacrificielles antiques et bibliques du chevreau et du bouc, substantifs souvent indifférenciés dans les langues anciennes. Si dans la société représenté par « le troupeau » dans le texte se trouve quelques femmes éduquées, comme l'institutrice Louise MICHEL représentée quant à elle par « de mauvaises têtes », sans doute auraient-elles une influence sur les agneaux sacrifiés et donc les jeunes filles : c'est cela qu'il convient d'éviter par la violence matrimoniale et patriarcale qu’il faut comprendre par le texte à travers le verbe « égorger ». Notons aussi les polyptotes insistantes « égorgés/égorgerait », « tendent/tendre » et l'homéotéleute « probable/préférable » au service d'une ironie tragique qui perce sous l'indignation. L'instruction, l'émancipation, le militantisme, la politisation, permettent de quitter la naïveté et la crédulité régnant dans la réalité : à armes égales (rappelons-nous le « désarmées » du quatrième paragraphe), les agnelles deviennent des prédatrices, comme l’a énuméré Louise Michelle « lionnes, tigresses, pieuvres », à qui il est souvent reproché de l'être, car elles dérogeraient à une « nature » douce et complaisante. Cet appel à la révolte est enfin appuyé et salué par Louise MICHEL avec un « C'est bien fait ! » vengeur et revendicatif. Le dernier paragraphe exprime un engagement envers la lutte pour les droits des femmes. Ainsi, l'auteur souligne la nécessité de participer au « grand combat » et s'interroge sur la volonté d'accorder une place aux droits des femmes. L'utilisation de la première personne du singulier renforce l'idée que l'auteur, en tant que femme, revendique le droit de parler de ces droits. En outre, l'anaphore avec la répétition de "droits" et la question rhétorique pour susciter la réflexion du lecteur. Finalement, les deux dernières phrases du texte (« Ce chapitre n'est point une digression. Femme, j'ai le droit de parler des femmes. ») soulignent le fait que le chapitre en question ne s’écarte guère du sujet, indiquant ainsi qu'il est directement lié au thème principal. L'assertion "Femme, j'ai le droit de parler des femmes" renforce le sentiment d'autorisation et d'affirmation de soi tandis que l'utilisation du terme "Femme" en début de phrase évoque un ton fort et revendicatif, mettant en avant le droit de la narratrice à s'exprimer sur les femmes. Cela peut être interprété comme une affirmation de l'importance de donner une voix aux femmes dans le contexte abordé dans le passage. La phrase reflète alors une position ferme et une volonté de reconnaissance et de légitimité. Conclusion : « Si l'égalité entre les deux sexes était reconnue, ce serait une fameuse brèche dans la bêtise humaine. », lisons-nous plus haut dans le chapitre IX. Louise MICHEL légitime l'action violente pour répondre à la violence exercée contre elles. Les récupérations politiques dont elle a fait les frais depuis sa mort en 1905 doit être un rappel à la lire directement dans le texte, pour savourer ce style impétueux et âpre qui lui est propre et pour apprécier la constance idéologique dont elle fit toujours preuve, de Vroncourt-la-Côte à Paris, de la Nouvelle-Calédonie à Marseille.
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