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lecture lineaire sur un texte étudié, Lecture notes of French

lecture liéaire de gargantua fait en classe de premiere

What you will learn

  • Quels chapitres de Gargantua de François Rabelais sont étudiés dans ce document?
  • Quels thèmes sont abordés dans les extraits poétiques du document?
  • Comment les personnages en marge sont-ils présentés dans ce document?
  • Quels textes de Voltaire sont mentionnés dans ce document?
  • Comment la lecture cursive et linéaire est-elle abordée dans ce document?

Typology: Lecture notes

2020/2021

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Download lecture lineaire sur un texte étudié and more Lecture notes French in PDF only on Docsity! Récapitulatif pour les épreuves orales Français, année scolaire 2022-2023 Mme Bouyssou 1) Objet d’étude : la poésie du 19 e au 21 e siècle. ➢ Parcours : Les Mémoires d’une âme. ➢ Œuvre étudiée : Les Contemplations (1856), Victor Hugo, livres 1 à 4. ➢ Lectures linéaires: • LL1 : « La petite auto », Guillaume Apollinaire, Calligrammes, 1918. • LL2 : « A propos d’Horace » (de « Marchands de grec ! » à « glacière en décembre »), Victor Hugo, Les Contemplations, Livre 1, n°13. • LL3 : « Tu peux, comme il te plaît », Les Contemplations, livre 2, n°8. • LL4 : « Melancholia » (de « Où vont tous ces enfants » à « soit maudit ! »), Les Contemplations, livre 3, n°2. • LL5 : « Elle avait pris ce pli », Les Contemplations, livre 4, n°6. ➢ Lecture cursive : Cahier d’un retour au pays natal, Aimé Césaire, 1939. 2) Objet d’étude : La littérature d’idées du 16 e au 18 e siècle. ➢ Parcours : Rire et Savoir. ➢ Œuvre étudiée : Gargantua, François Rabelais, 1534. ➢ Lectures linéaires : • LL6 : « L’Enfant et le maître d’école », Jean de La Fontaine, Fables, 1668. • LL7 : La naissance de Gargantua (de « A cause de ce contre-temps » à « ne me cassez plus les pieds. »), Gargantua, chapitre 6. • LL8 : L’invention du torche-cul (de « Il n’est pas besoin » à « Maître jean d’Ecosse. »), Gargantua, chapitre 13. • LL9 : La mauvaise éducation des Sophistes (de « on lui recommanda » à « nous n’en avons enfourné de pareils. »), Gargantua, chapitre 14. • LL10 : Comment un moine de Seuilly sauva le clos de l’abbaye (de « Disant cela » à « que l’on n’ait jamais vu. »), Gargantua, chapitre 27. ➢ Lecture cursive : Candide et Jeannot et Colin, Voltaire, (1759 et 1764). ➢ Textes Lecture linéaire n° 1 , « La Petite auto », Guillaume Apollinaire. Le 31 du mois d’Août 1914 Je partis de Deauville un peu avant minuit Dans la petite auto de Rouveyre Avec son chauffeur nous étions trois Nous dîmes adieu à toute une époque Des géants furieux se dressaient sur l’Europe Les aigles quittaient leur aire attendant le soleil Les poissons voraces montaient des abîmes Les peuples accouraient pour se connaître à fond Les morts tremblaient de peur dans leurs sombres demeures Les chiens aboyaient vers là-bas où étaient les frontières Je m’en allais portant en moi toutes ces armées qui se battaient Je les sentais monter en moi et s’étaler les contrées où elles serpentaient Avec les forêts les villages heureux de la Belgique Francorchamps avec l’Eau Rouge et les pouhons Région par où se font toujours les invasions Artères ferroviaires où ceux qui s’en allaient mourir Saluaient encore une fois la vie colorée Océans profonds où remuaient les monstres Dans les vieilles carcasses naufragées Hauteurs inimaginables où l’homme combat Plus haut que l’aigle ne plane L’homme y combat contre l’homme Et descend tout à coup comme une étoile filante Je sentais en moi des êtres neufs pleins de dextérité Bâtir et aussi agencer un univers nouveau Un marchand d’une opulence inouïe et d’une taille prodigieuse Disposait un étalage extraordinaire Et des bergers gigantesques menaient De grands troupeaux muets qui broutaient les paroles Et contre lesquels aboyaient tous les chiens sur la route Et quand après avoir passé l’après-midi Par Fontainebleau Nous arrivâmes à Paris Au moment où l’on affichait la mobilisation Nous comprîmes mon camarade et moi Que la petite auto nous avait conduits dans une époque Nouvelle Et bien qu’étant déjà tous deux des hommes mûrs Nous venions cependant de naître Lecture linéaire n° 2, Les Contemplations , Victor Hugo (livre 1, poème n°13). A PROPOS D’HORACE Marchands de grec ! marchands de latin ! cuistres ! dogues ! Philistins ! magisters ! je vous hais, pédagogues ! Car, dans votre aplomb grave, infaillible, hébété, Vous niez l’idéal, la grâce et la beauté ! Car vos textes, vos lois, vos règles sont fossiles ! Car, avec l’air profond, vous êtes imbéciles ! Car vous enseignez tout, et vous ignorez tout ! Car vous êtes mauvais et méchants ! — Mon sang bout Rien qu’à songer au temps où, rêveuse bourrique, Grand diable de seize ans, j’étais en rhétorique ! Que d’ennuis ! de fureurs ! de bêtises ! — gredins ! — Que de froids châtiments et que de chocs soudains ! — Dimanche en retenue et cinq cents vers d’Horace ! — Je regardais le monstre aux ongles noirs de crasse, Et je balbutiais : — Monsieur… — Pas de raisons ! Vingt fois l’ode à Plancus et l’épître aux Pisons ! — Or j’avais justement, ce jour-là, — douce idée Qui me faisait rêver d’Armide et d’Haÿdée, — Un rendez-vous avec la fille du portier. Grand Dieu ! perdre un tel jour ! le perdre tout entier ! Je devais, en parlant d’amour, extase pure ! En l’enivrant avec le ciel et la nature, La mener, si le temps n’était pas trop mauvais, Manger de la galette aux buttes Saint-Gervais ! Rêve heureux ! je voyais, dans ma colère bleue, Tout cet éden, congé, les lilas, la banlieue, Et j’entendais, parmi le thym et le muguet, Les vagues violons de la mère Saguet ! Ô douleur ! Furieux, je montais à ma chambre, Fournaise au mois de juin, et glacière en décembre. Lecture linéaire n°4 (extrait de « Melancholia », livre 3, poème n°2). Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ? Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ? Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ? Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement Dans la même prison le même mouvement. Accroupis sous les dents d'une machine sombre, Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre, Innocents dans un bagne, anges dans un enfer, Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer. Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue. Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue. Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las. Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas ! Ils semblent dire à Dieu : - Petits comme nous sommes, Notre père, voyez ce que nous font les hommes ! Ô servitude infâme imposée à l'enfant ! Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant Défait ce qu'a fait Dieu ; qui tue, œuvre insensée, La beauté sur les fronts, dans les cœurs la pensée, Et qui ferait - c'est là son fruit le plus certain ! - D'Apollon un bossu, de Voltaire un crétin ! Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre, Qui produit la richesse en créant la misère, Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil ! Progrès dont on demande : Où va-t-il ? que veut-il ? Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme, Une âme à la machine et la retire à l'homme ! Que ce travail, haï des mères, soit maudit ! Lecture linéaire n°5 (livre 4, poème n°6). Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin De venir dans ma chambre un peu chaque matin; Je l'attendais ainsi qu'un rayon qu'on espère; Elle entrait, et disait: Bonjour, mon petit père ; Prenait ma plume, ouvrait mes livres, s'asseyait Sur mon lit, dérangeait mes papiers, et riait, Puis soudain s'en allait comme un oiseau qui passe. Alors, je reprenais, la tête un peu moins lasse, Mon œuvre interrompue, et, tout en écrivant, Parmi mes manuscrits je rencontrais souvent Quelque arabesque folle et qu'elle avait tracée, Et mainte page blanche entre ses mains froissée Où, je ne sais comment, venaient mes plus doux vers. Elle aimait Dieu, les fleurs, les astres, les prés verts, Et c'était un esprit avant d'être une femme. Son regard reflétait la clarté de son âme. Elle me consultait sur tout à tous moments. Oh! que de soirs d'hiver radieux et charmants Passés à raisonner langue, histoire et grammaire, Mes quatre enfants groupés sur mes genoux, leur mère Tout près, quelques amis causant au coin du feu ! J'appelais cette vie être content de peu ! Et dire qu'elle est morte! Hélas! que Dieu m'assiste ! Je n'étais jamais gai quand je la sentais triste ; J'étais morne au milieu du bal le plus joyeux Si j'avais, en partant, vu quelque ombre en ses yeux. Lecture linéaire n°6, « L’Enfant et le maître d’école », Jean de La Fontaine, Fables. L'ENFANT ET LE MAÎTRE D'ÉCOLE. Dans ce récit je prétends faire voir D'un certain Sot la remontrance vaine. Un jeune Enfant dans l'eau se laissa choir, En badinant1 sur les bords de la Seine. Le Ciel permit qu'un saule se trouva Dont le branchage, après Dieu, le sauva. S'étant pris, dis-je, aux branches de ce saule, Par cet endroit passe un Maître d'école ; L'enfant lui crie : Au secours, je péris. Le Magister2, se tournant à ses cris, D'un ton fort grave à contretemps s'avise De le tancer3 : Ah le petit Babouin4 ! Voyez, dit-il, où l'a mis sa sottise ! Et puis, prenez de tels fripons le soin. Que les parents sont malheureux, qu'il faille Toujours veiller à semblable canaille! Qu'ils ont de maux ! et que je plains leur sort ! Ayant tout dit, il mit l'Enfant à bord. Je blâme ici plus de gens qu'on ne pense. Tout babillard, tout censeur5, tout pédant, Se peut connaître au discours que j'avance : Chacun des trois fait un peuple fort grand ; Le Créateur en a béni l'engeance6. En toute affaire ils ne font que songer Aux moyens d'exercer leur langue. 1 En jouant 2 Maître d’école qui enseigne à lire aux jeunes paysans 3 De le gronder 4 Garnement, enfant qui mérite des réprimandes 5 Celui qui reprend ou critique avec malveillance 6 L’a fait prospérer et multiplier Lecture linéaire n°8, « L’invention du torche-cul », chapitre 13. - Il n’est pas besoin, dit Gargantua, de se torcher le cul sauf s’il est sale. La saleté ne peut s’y trouver si on n’a pas chié. Il faut donc chier avant de se torcher le cul. - Oh, dit Grandgousier, que tu as de l’esprit mon petit garçonnet. Par Dieu, je te ferai rapidement passer docteur en gaie science, car tu as plus d’intelligence que d’âge. Mais poursuis donc ce propos torche-culatif, je te prie. Et, par ma barbe, pour un tonneau tu auras soixante fûts, je veux dire de ce bon vin breton, qui d’ailleurs n’existe pas en Bretagne mais en notre belle région du Véron. - Je me torchai ensuite, dit Gargantua, d’un couvre-chef, d’un oreiller, d’une pantoufle, d’une gibecière14, d’un panier (mais oh ! Le mal plaisant torche-cul!), puis d’un chapeau. Et notez que, parmi les chapeaux, certains sont faits d’un poil ras, d’autres de fourrure, de velours, de taffetas, de satin. Le meilleur de tous est celui qui est couvert de poils. Car il permet une très bonne absorption de la matière fécale. Puis je me torchai d’une poule, d’un coq, d’un poulet, de la peau d’un veau, d’un lièvre, d’un pigeon, d’un cormoran, du sac d’un avocat, d’une barbute15, d’une coiffure, d’un leurre16. Mais, pour conclure, je dis et maintiens qu’il n’existe pas de meilleur torche-cul qu’un oison17 au duvet abondant, à condition qu’on lui tienne bien la tête entre les jambes. Vous pouvez me croire sur l’honneur. Car vous sentez alors au trou du cul une volupté extraordinaire, tant par la douceur de ce duvet que par la chaleur tempérée de l’oison, qui se répand facilement dans tout le boyau du cul ainsi que dans les intestins, jusqu’à la région du cœur et du cerveau. Et n’allez pas croire que la béatitude des héros et des demi-dieux qui se trouvent aux Champs Elysées18 soit due aux asphodèles19, à l’Ambroisie20 ou au Nectar21, comme le prétendent les vieilles qui sont ici. Cette béatitude vient, selon moi, de ce qu’ils se torchent le cul d’un oison. Et telle est l’opinion de Maître Jean d’Écosse22. 14 À l’époque, grande bourse plate portée à la ceinture, sac. 15 Casque métallique. 16 Oiseau en cuir utilisé en fauconnerie. 17 Petit de l’oie. Les spécialistes y voient un symbole de la charité peint par Michel Ange, représentant l’amour d’autrui sous la forme d’un cygne. Est-ce que le comique grossier dissimule ici une réflexion profonde ? 18 Dans la mythologie grecque, lieu où les héros trouvent le repos après leur mort. 19 Dans l’Antiquité, plante que l’on mettait autour des tombeaux comme nourriture agréable pour les défunts. 20 Substance divine, nourriture des dieux grecs. 21 Vin des dieux, référence à la culture antique. 22 Jean Duns Scot (1266-1308) fameux théologien scolastique. Lecture linéaire n° 9, « La mauvaise éducation des Sophistes », chapitre 14. On lui recommanda un grand sophiste, nommé Maître Thubal23 Holoferne, qui lui apprit si bien son alphabet qu’il le récitait par cœur et à l’envers. Cela l’occupa cinq ans et trois mois. Puis son maître lui lut Donat24, le Facet, le Thédolet, et Alanus in parabolis. Et cela l’occupa treize ans, six mois et deux semaines. Notez que, pendant ce temps, il lui apprenait à écrire en lettres gothiques25. Gargantua devait recopier lui même ses livres, car l’art de l’imprimerie n’était pas encore inventé26. Pour cela, il portait habituellement une grosse écritoire, pesant plus de sept mille quintaux, dont l’étui était aussi gros et grand que les gros piliers d’Ainay27. L’encrier, qui avait la capacité d’un tonneau, y était suspendu par de grosses chaînes de fer. Puis il lui lut le De modi significandi28, avec les commentaires de Heurtebise29, de Faquin, de Tropdiceux, de Galehaut, de Jean le Veau, de Billonio, Brelingandus, et un tas d’autres. Cela l’occupa plus de dix-huit ans et onze mois. Et il le sut si bien que, mis à l’épreuve, il le récitait par cœur et à l’envers. Il prouvait ainsi sur ses doigts, à sa mère, que de modi significandi non erat scientia30. Puis il lui lut le Comput31, ce qui l’occupa bien seize ans et deux mois, jusqu’à la mort de son précepteur, laquelle survint en l’an mille quatre cent vingt, d’une vérole32 qui lui vint. Après il eut un autre vieux tousseur, nommé Maître Jodelin Bridé33, qui lui lut Hugutio34, Hébrard, le Grecisme, le Doctrinal, les Pars, le Quid est, le Supplementum35, Marmotret, De moribus in mensa servandis, Seneca de quatuor virtutibus cardinalibus, Passaventus cum commento et le Dormi secure pour les fêtes. Et quelques autres de la même farine, à la lecture desquels il devint tellement sage que jamais plus nous n’en avons enfourné36 de pareils. 23 Signifie confusion en hébreu. Holoferne : nom d’un cruel persécuteur des Juifs. 24 Donat...parabolis : liste d’ouvrages scolaires, de grammaire latine, ou de morale, très répandus depuis le Moyen Age, symboles de bêtise et d’obscurantisme aux yeux des humanistes. 25 Symboles de pensée rétrograde, les humanistes préférant une écriture plus moderne et plus élégante. 26 Plus tard, Gargantua créera une imprimerie dans son royaume. 27 Saint-Martin d’Ainay est une cathédrale lyonnaise. 28 Les modes de signifier, traité de grammaire médiévale. 29 Heurtebise….Brelingandus : surrnoms comiques traditionnels. 30 « Les modes de signifier ne sont pas une science ». 31 Calendrier populaire très répandu, contenant des vies de saints, des remèdes de campagne...etc. 32 Maladie transmise par les voies sexuelles, Rabelais cite le poète Clément Marot (1496-1544) qui écrit dans un poème de l’Adolescence clémentine (1532) « Qui mourut l’an cinq cent vingt / De la vérole qui lui vint ». 33 Un idiot à qui on a passé une bride, Jodelin signifiant « idiot ». 34 Divers manuels scolaires de l’époque, portant sur la rhétorique, la piété, les bonnes manières. 35 Un commentaire, mais on ne sait de quel texte. Satire de la scolastique médiévale qui étouffait le sens des textes originels par des commentaires. 36 Jeu sur une expression ancienne (en général pour de mauvais individus) : de la même farine, identiques. Métaphore filée en évoquant l’acte d’enfourner des pains. L ecture linéaire n°10, « Comment un moine de Seuilly sauva le clos de l’abbaye du pillage des ennemis », chapitre 27. Disant cela, il ôta son grand habit et s’empara du bâton de la croix, qui était en cœur de cormier, long comme une lance, bien équilibré en main, et parsemé de fleurs de lys37 presque toutes effacées. Il sortit ainsi, en chemise, son froc en écharpe. Avec son bâton de croix, il s’élança brusquement ur les ennemis qui, sans ordre ni drapeau ni trompette ni tambour, vendangeaient. Les porte-drapeaux avaient posé leurs drapeaux et enseignes le long des murs, les tambours avaient défoncé leurs instruments pour les remplir de raisin, les trompettes étaient chargées de branches de vignes, tous étaient dans le plus complet désordre. Frère Jean cogna alors si rudement sur eux, par surprise, qu’il les renversa comme une bande de porcs, frappant à tort et à travers , à la vieille escrime38. Aux uns il écrabouillait la cervelle, aux autres il brisait bras et jambes, il leur disloquait les vertèbres du cou, leur fracassait les reins, il leur cassait le nez, leur pochait les yeux, leur fendait les mandibules, leur enfonçait les dents au fond de la bouche, leur défonçait les omoplates, leur pourrissait les jambes, leur déboîtait les hanches et meurtrissait leurs membres. Si l’un d’entre eux tentait de se cacher au milieu des ceps les plus touffus, il lui écrabouillait l’épine dorsale et les reins comme un chien. Si un autre voulait sauver sa vie en s’enfuyant, il le frappait à la suture lambdoidale39 du crâne et lui faisait exploser la tête en mille morceaux. S’il en voyait un monter dans un arbre en espérant y trouver refuge, il l’empalait par le fondement avec son bâton. L’une de ses vieilles connaissances lui cria : « Ha, Frère jean, mon ami, Frère Jean, je me rends ! ». Il répondit : « Tu y es bien forcé ! Mais en même temps, tu rendras ton âme à tous les diables ! », et subitement, il le roua de coups. Et si jamais un téméraire cherchait à lui résister, là il montrait la force de ses muscles, car il lui transperçait la poitrine par le médiastin40 et le cœur. A d’autres il cognait sur les côtes, leur retournant l’estomac, ce qui les faisait mourir immédiatement. Aux autres, il frappait si farouchement à travers le nombril qu’il leur faisait sortir les tripes. Aux autres il transperçait les couillons et le boyau du cul. Croyez-moi, c’était le plus horrible spectacle que l’on n’ait jamais vu ! 37 Fleurs de lys symboles de la royauté. En 1515, le pape suggère à F. 1er de faire une croisade, et lui offre un fragment de la croix du Christ. Le bâton de la croix devient un emblème de François premier. 38 Le moine se bat sans les raffinements enseignés par les maîtres venus d’Italie. Il préserve les valeurs de la chevalerie. 39 Suture des os du crâne en forme de lambda. Rabelais affiche ses connaissances en anatomie. 40 Région du thorax.
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