Docsity
Docsity

Prepare for your exams
Prepare for your exams

Study with the several resources on Docsity


Earn points to download
Earn points to download

Earn points by helping other students or get them with a premium plan


Guidelines and tips
Guidelines and tips

malade imaginaire acte 1 scene 1, Lecture notes of French

lecture lineaire,, malade imaginaire acte 1 scene 1

Typology: Lecture notes

2021/2022
On special offer
30 Points
Discount

Limited-time offer


Uploaded on 06/01/2022

unknown user
unknown user 🇪🇬

5

(1)

2 documents

Partial preview of the text

Download malade imaginaire acte 1 scene 1 and more Lecture notes French in PDF only on Docsity! Molière, Le Malade imaginaire, Acte I, Scène 1 Molière est le plus connu des dramaturges français. Auteur de nombreuses comédies, c’est aussi, avec Racine, l’un des principaux représentants du théâtre classique. Dans ses pièces, Molière fait souvent œuvre de moraliste et écharpe les défauts de ses contemporains : l’avare, le misanthrope ou les précieuses ridicules font l’objet d’une peinture sans concession. Nombre de ses comédies critiquent les médecins de son temps. C’est en particulier le sujet du Malade imaginaire. Cette comédie ballet est la dernière pièce de Molière, jouée pour la première fois en 1673. La pièce débute par le monologue d’Argan. Ce monologue remplit-il sa fonction de présentation et d’annonce, caractéristique de l’exposition théâtrale ? C’est ce que nous allons examiner en nous intéressant à la forme du monologue, au dialogue fictif qui se développe sur scène et enfin au foisonnement du langage théâtral, qui permet à Molière d’instruire en amusant. I – Une exposition en forme de monologue Molière a choisi de débuter sa pièce sur le monologue du principal personnage, Argan, qui est aussi le personnage titre. Le spectateur identifie immédiatement le « malade imaginaire » qui fait l’objet de la comédie. On attend d’une exposition théâtrale qu’elle nous présente l’intrigue, les personnages et la situation. Qu’en est-il de ce monologue ? Et pourquoi ce choix de la part de Molière ? Argan et les personnages dont il parle Molière a lui-même joué le personnage d’Argan lors de la création de sa pièce. Il offre donc à son personnage une place prépondérante, et cela dès la scène d’exposition. La pièce débute par un long monologue, comme on en trouve plus fréquemment dans les tragédies de l’époque de Molière que dans les comédies. Néanmoins, il s’agit ici d’un monologue comique, qui nous présente la caricature d’Argan. L’exposition de la pièce s’appuie donc sur des procédés liés au comique de caractère. Le nom du personnage, qui rappelle l’huile d’argan, annonce le thème médical. La didascalie qui ouvre la scène a son importance. Elle nous apprend qu’Argan est assis. C’est un personnage statique. Cette dimension peut d’ailleurs être interprétée sur le plan physique, comme une référence à sa maladie, voire à son âge, mais aussi sur le plan psychologique, puisqu’Argan se caractérise dans Le Malade imaginaire par une certaine rigidité mentale et comportementale. Le comique de caractère apparaît dans l’obsession du personnage pour la médecine et les soins, mais aussi dans sa tendance à l’avarice. La conclusion de la tirade fait appel au comique de geste, lorsqu’Argan agite la sonnette de manière obsessive, crie pour appeler ses domestiques, ou imite le son de sa sonnette, avec la répétition de « drelin, drelin ». On notera que d’autres personnages sont évoqués : l’apothicaire Fleurant, Purgon le médecin, et Toinette, la domestique. La tonalité et les thématiques de la pièce Molière inscrit d’emblée le comique au cœur de sa pièce, en présentant un personnage caricatural lors de cette exposition. La place des procédés comiques est d’ailleurs importante, de sorte que si la scène annonce la tonalité de la pièce, elle fait en partie l’impasse sur l’intrigue. On sait néanmoins qu’Argan se soigne de manière compulsive et qu’il entretient des relations suivies avec son apothicaire, qui lui facture des remèdes. La première thématique à laquelle le spectateur peut s’attendre est donc celle de la médecine. Cette dernière est immédiatement placée dans une perspective critique, qui la ridiculise. Les spectateurs retrouvent ainsi dans Le Malade imaginaire un thème cher à l’auteur, qui l’a traité dans d’autres pièces, comme Le Médecin volant ou dans Dom Juan. Le terme « imaginaire » présent dans le titre de la pièce annonce les intentions du dramaturge. De plus, Argan fait montre dans la première scène d’une énergie peu compatible avec la maladie, ce qui nous fournit une première justification théâtrale de ce titre. La seconde thématique porte sur l’argent, avec l’addition des sommes qu’Argan doit à son apothicaire. Cette addition structure le long monologue et lui confère son unité. La répétition introduit par ailleurs un comique de situation. Argan souhaite prendre soin de sa santé, mais il est aussi avare. On devine donc un bourgeois aisé, attaché à ses biens. Enfin, la fin du monologue suggère les conflits du maître de maison avec les autres membres du foyer, et plus particulièrement L’approche purement quantitative et matérialiste de la santé est aussi illustrée par l’évaluation du prix par organe : « les entrailles de monsieur, 30 sols ». Molière critique enfin la théorie des humeurs, qui faisait fureur à son époque, lorsqu’il évoque « les humeurs » et « le sang », ou suggère que le corps humain est assimilé à une sorte de machine. Le procédé du théâtre dans le théâtre permet au dramaturge d’échapper à la rigidité du monologue et de développer une critique humoristique et vivante de la médecine de son temps. III – Le foisonnement du langage théâtral Si cette scène d’exposition remplit pleinement sa principale mission, qui est de retenir l’attention du spectateur et de le rendre réceptif à la suite de la pièce, c’est en grande partie grâce au brio de Molière et à sa capacité à exploiter les différentes ressources du langage théâtral. Il crée ainsi une scène foisonnante, à la fois drôle et riche de significations. Instruire en distrayant par le comique de langue Dans la préface de Tartuffe, Molière explique que sa démarche consiste à instruire et faire réfléchir le public tout en le distrayant. C’est bien de ce type d’approche qu’il s’agit dans l’exposition du Malade imaginaire. La scène est drôle, même si le sujet en lui-même ne l’est pas forcément, puisqu’il s’agit de la santé, d’une médecine mercantile et de tarifs qui tendent à relever de l’escroquerie. Argan est victime de sa propre manie comme il l’est de la rapacité de Fleurant, et sans doute, de Purgon. La médecine étant un sujet savant, Molière s’en empare grâce aux ressorts du comique de langue. Ainsi, il n’hésite pas à faire du monologue d’Argan un texte aux connotations poétiques. On trouve des rimes, avec le rapprochement de « détersif » et « soporatif », ou de « purgative » et « corroborative ». L’auteur semble s’amuser à jouer avec le vocabulaire savant et scientifique ou pseudo- scientifique. On trouve aussi des allitérations, par exemple en « s », entre « casse » et « séné levantin ». L’ensemble de la tirade acquiert par là un rythme musical, qui rappelle aussi que nous nous trouvons dans une comédie ballet. On trouve par exemple un effet de rythme dans l’énumération ternaire « laver, balayer et nettoyer ». Instruire en distrayant par le comique de situation Nous avons vu que Molière se sert du comique de caractère, à travers la caricature d’Argan. Mais il emploie aussi le comique de situation, qui vient redoubler les effets du comique de langue, relevant de ce qu’Argan lui-même appelle le « langage d’apothicaire ». Ainsi, on peut noter le champ lexical du corps, omniprésent dans le monologue. Mais l’organisme humain évoqué ainsi semble comme atomisé : « entrailles, bas-ventre, bile, vents, humeurs, sang. » Comme nous l’avons vu, le XVIIe siècle tend à voir le corps comme une machine, avec ses rouages, ce que conteste Molière. Mais le comique de situation relève surtout du parallèle constant entre les parties du corps qu’évoque Argan et les nombres, qui renvoient aux tarifs de Fleurant. L’effet est accentué par l’énumération des jours, comme si chaque organe avait un moment spécifique où il faut en prendre soin : par exemple, « du vingt- septième, une bonne médecine, composée pour hâter d’aller et chasser dehors les mauvaises humeurs de monsieur, trois livres » ou « plus, du vingt-huitième, une prise de petit lait clarifié et dulcoré pour adoucir, lénifier, tempérer et rafraîchir le sang de monsieur, vingt sols. » Un autre aspect du comique de situation réside dans la transformation du lien entre soignant et patient en une relation commerciale, entre marchand et client. D’ailleurs, Argan évalue les médicaments en fonction de son critère de satisfaction et fixe le prix en conséquence : « je ne me plains pas de celui-là car il me fit bien dormir. » Enfin, la phrase « on ne voudra plus être malade » si les remèdes sont trop chers rappelle une nouvelle fois la dimension imaginaire de la maladie : la thérapie est dégradée au rang d’activité de loisir, dont Argan se lasse à la fin de la tirade, lorsqu’il s’exclame : « Allons, qu’on m’ôte tout ceci. » Conclusion La scène 1 de l’acte I du Malade imaginaire se présente bien comme une scène d’exposition, mais Molière y fait preuve d’une remarquable inventivité. Il utilise tous les ressorts de la comédie pour faire du discours d’Argan un moment jubilatoire et drôle, où il développe une peinture au vitriol du monde de la médecine. Certes, l’exposition n’indique pas quel sera exactement l’intrigue, mais elle met en place une atmosphère spécifique et cerne parfaitement le personnage principal. On sent bien que les péripéties développées autour de la maladie imaginaire d’Argan vont permettre, dans une perspective typique de la pensée classique, de faire réfléchir et d’instruire tout en distrayant le spectateur.
Docsity logo



Copyright © 2024 Ladybird Srl - Via Leonardo da Vinci 16, 10126, Torino, Italy - VAT 10816460017 - All rights reserved