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1 En français dans le texte, Schémas de Langue Française

La Fontaine, qui va être l'ambassadeur de Louis XIV à la cour ... Brève analyse morphosyntaxique des phrases interrogatives du passage.

Typologie: Schémas

2021/2022

Téléchargé le 03/08/2022

Renaud
Renaud 🇫🇷

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Télécharge 1 En français dans le texte et plus Schémas au format PDF de Langue Française sur Docsity uniquement! 1 En français dans le texte Une émission de France Culture en partenariat avec le ministère de l’éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports. Émission diffusée le 12 septembre 2020 Objet d’étude : La littérature d'idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle Œuvre : Jean de La Fontaine, Fables (livres VII à XI) Parcours : imagination et pensée au XVIIe siècle I. ANALYSE LITTÉRAIRE Textes : Fables, 8, 4 « Le pouvoir des fables » ; Fables 8,10 « L’ours et l’amateur des jardins » ; Fables 8,11 « Les deux amis » Introduction La Fontaine aura 400 ans en 2021… : cet anniversaire étonne, d’un écrivain resté si jeune, et qui d’époque en époque continue à trouver de nouveaux lecteurs, de tous les âges. C’est d’abord grâce à une œuvre, Les Fables, qui est le texte « classique » par excellence – après tout, classique, cela veut d’abord dire « étudié en classe » – : bien que La Fontaine ait écrit tout au long de sa vie des textes en tous genres, roman, théâtre, poésie, son nom se confond presque avec le genre de la fable ; pourtant il ne l’invente pas ; au contraire, il écrit en imitant ses prédécesseurs grecs et latins, Ésope et Phèdre. Mais ce sont bien les Fables de La Fontaine qui s’imposent comme le sommet du genre. Ce « chef-d’œuvre » de La Fontaine, qui éclipse aussi le reste de ce qu’il a écrit, est un texte divers et surprenant, qui contient à lui seul mille choses différentes… c’est peut-être là le secret de son succès. Car c’est bien au plaisir qu’il fait naître que ce moraliste ironique doit d’être aimé de ses lecteurs : il appartient pleinement à l’esthétique galante qui domine le dix- septième siècle. Cette esthétique du plaisir, de la joie, de l’amusement partagé, de la séduction jouée et souriante, est aussi un idéal social, étroitement lié à la société d’ancien régime : la galanterie se développe notamment dans les salons que fréquente La Fontaine. Cette culture se caractérise par son goût du jeu et de la conversation, qui devient un véritable art et auquel s’intéressent de nombreux écrivains des XVIIe et XVIIIe siècle. Parmi les genres littéraires qui font la joie des salons, la fable – ou l’apologue – occupe un rang éminent. Comment La Fontaine fait-il, alors, pour nous amuser, nous surprendre, nous plaire dans ses fables ? Un apologue se pose très directement cette question : c’est la quatrième fable du 8e livre du recueil, un livre parfois considéré comme le plus épicurien de tous. Fable étonnante 2 et amusante, faite de vers mêlés, octosyllabes et alexandrins (on peut parler « d’hétérométrie »). Lecture de 8, 4. Elle semble assez simplement construite. C’est une fable en deux temps, ou peut-être en trois : on a d’abord un compliment en forme de dédicace à Monsieur de Barillon, un diplomate. On a ensuite la fable à proprement parler, c’est-à-dire un récit suivi d’une morale, ou pour le dire avec les mots de La Fontaine lui-même dans sa préface, le « corps » suivi de l’« âme». Mais cette construction apparemment bien réglée du texte n’est peut-être pas si simple, et l’âme n’est pas forcément là où l’on croit… Regardons de plus près ! Tout commence donc par une dédicace, à Paul de Barillon d’Hannoncourt, diplomate, ami de La Fontaine, qui va être l’ambassadeur de Louis XIV à la cour d’Angleterre. L’ouverture est paradoxale : d’entrée de jeu, le fabuliste crée un contraste entre l’élévation de son ami l’« Ambassadeur » et la « vulgar[ité] » de ce qu’il lui offre, de simples « contes ». Dévaloriser son présent est bien sûr une façon polie de louer l’ami auquel on l’offre ; mais c’est aussi renvoyer à une hiérarchie bien réelle, et très forte au XVIIe siècle, entre la politique et la littérature : la grandeur sociale est d’un autre ordre que la poésie, et l’écart est d’autant plus grand dans le cas des fables, c’est-à-dire de « vers » à la « grâce légère », autrement dit de vers qui ne sont faits ni pour célébrer Dieu, ni pour louer le roi. Dans cette poésie badine, faite comme en parlant, pourtant, le travail est ciselé, qui fait rimer d’une part « l’ambassadeur » et la « grandeur », d’autre part les « contes vulgaires » avec la crainte d’être « téméraire », ou avec cette alternance sophistiquée entre l’octosyllabe, vers très rapide, et l’alexandrin plus considérable, devenu vers épique et tragique : cela va permettre de nombreux effets de rythme, entre accélération et amplification. Et c’est bien une accélération qui est provoquée, à compter du vers 6, par la série d’octosyllabes qui rapproche encore le propos sinon de la prose, du moins de la conversation plaisante ; elle permet de filer le contraste entre « les débats/du Lapin et de la Belette » dont s’occuperaient les Fables, et les « affaires » du monde, c’est-à-dire le risque de voir l’Angleterre renoncer à son amitié pour la France, dont s’occupe l’ambassadeur. Derrière le compliment, un mot de politique se glisse ainsi, comme appelé par la qualité du dédicataire, envoyé en 1677 par la France à Londres pour convaincre le souverain anglais de rester neutre dans la guerre de Hollande qui se prolonge : comme dans les tableaux du grand siècle qui montrent souvent les figures du temps costumées en figures mythologiques ou légendaires, on a ici un rapide portrait allégorique de « Louis » XIV en « Hercule » ; cela permet au fabuliste d’esquisser face à lui l’ « Hydre » de la guerre pour souhaiter que ses têtes cessent de repousser – autrement dit, que s’arrêtent enfin les campagnes militaires menées par la France ; le « repos » espéré pour Louis est bien la paix attendue pour le royaume. Sur quatre vers, le rythme ici ample de l’alexandrin, très régulièrement développé en hémistiches équilibrés, solennise la demande, célèbre la grandeur de la mission de 5 un moyen de franchir le fleuve, Cérès change de monde, se tourne vers les auditeurs de l’orateur et par la voix de ce dernier semble s’adresser directement à eux. La construction de l’énonciation ici (la question de savoir qui parle, et à qui) est particulièrement retorse, et mérite d’être commentée : on a là une sorte d’équivalent, dans le dispositif de l’énonciation, d’un regard caméra au cinéma, voire de la façon dont, dans La Rose pourpre du Caire, un personnage quitte l’écran pour rentrer dans le monde de son spectateur. Le « reproche » fait par l’orateur est très fort car sa voix semble habitée par la colère de la déesse ; on ne sait au juste si c’est Cérès ou l’orateur qui pose la question : « Que ne demandez-vous ce que Philippe fait ? » ; pour l’auditoire athénien, comme pour le lecteur de la fable, l’effet de trouble est complet. Aussi le reproche touche directement le public : d’un même geste, l’orateur fait exister complètement son personnage (puisque la déesse semble appartenir au même monde que les spectateurs qu’elle condamne : elle leur parle) et il donne une conclusion à la fable où il vit – à défaut de finir la fable qu’il racontait. On voit qu’il y a ici une autre conclusion derrière la nécessité de réagir au « péril » qu’est Philippe et qu’Athènes ignore, « seul[e] entre les Grecs » : c’est que la fable, la fiction, le conte pour enfant, le détour par le plaisir qu’il y a à raconter des histoires produisent plus d’effet que le discours orné et sophistiqué, sérieux et direct de l’orateur… et qu’elle peut même régler les problèmes du réel. De là la morale. Ce qui séduit ainsi l’assemblée, c’est ce « trait de fable » – et la fable, ici, rend son « honneur » au genre même de la fable. À condition, bien sûr, qu’il y ait un orateur pour tirer la bonne morale, et pour conduire la fable à bien regarder en face son public… À condition que le poète reprenne la parole pour mettre en rapport son récit et la réalité, la fable et le monde où vivent les lecteurs : à condition autrement dit que l’auteur tire la morale de sa fable (ce qui n’est pas la même chose que se faire moralisateur !) Et c’est précisément ce que vont faire les six derniers vers, où le poète prend la parole, très clairement avec les pronoms de première personne (du singulier et du pluriel). Nous voici Athéniens comme les autres, et voici le plaisir des contes posé comme pierre de touche de l’humaine condition : être humain, c’est aimer les contes, et tout le monde, les Athéniens, les contemporains de La Fontaine, les futurs lecteurs de Perrault qui écrira, quelques années plus tard, sa version de Peau d’âne, et sans doute nous aussi qui venons de passer du temps à nous amuser à cette fable, tout le monde donc, quel que soit son âge, son époque, sa condition, aime s’amuser « comme un enfant ». Le plus sage n’est pas de le nier mais d’en tirer parti, et de faire réfléchir, par ce jeu même, aux sujets les plus graves et les plus importants. Mieux encore : même le public le plus vain et le plus léger peut voir sa conscience enrichie par le détour d’une fable, et se transformer en véritable assemblée. Rien ne sert de nier son plaisir et sa puérilité : mieux vaut sans doute reconnaître cela et en tirer le meilleur parti. C’est aussi cela, la sagesse des fables : non pas prescrire des slogans, mais faire réfléchir à des problèmes ; non pas poser une vérité, mais faire de sa recherche un plaisir. 6 C’est ce qu’on voit aussi à regarder ensemble deux fables qui se suivent et ont un même sujet, celui de l’amitié. Lecture de 8, 10 et 11 Deux fables en regard, parce que les Fables sont bien un livre que l’on a profit à lire comme un livre, et non pas seulement en prélevant des extraits ou en le parcourant dans le désordre, même si c’est possible aussi : deux récits là encore qui reposent sur le plaisir et la surprise, sur le retournement et le paradoxe, pour réfléchir à cette grande question de l’amitié, heureuse ou dangereuse, rassurante ou inquiétante. D’abord, une fable qui raconte une amitié étonnante et qui peut faire sourire : l’amitié d’un homme et d’un ours. L’humour s’y fait un peu noir sans doute, et le récit… frappant. « rien n’est si dangereux qu’un ignorant ami » : l’ours, assurément, est un ignorant, et un ami dangereux. Mais au fond, l’homme n’est-il pas lui aussi un ignorant, et peut-être le plus ignorant des deux ? À croire qu’il peut faire d’un ours son émoucheur, ne témoigne-t-il pas d’une singulière méconnaissance de la nature ? la morale, ici, nous conduit à nous interroger sur la responsabilité de chacun dans ce récit mené jusqu’à la chute, sans coup férir (ou presque). Et ensuite, en écho, après cette mortelle amitié d’un homme et d’une bête, l’amitié heureuse de deux « vrais » amis ; et sans doute ici l’adjectif est-il un moyen de distinguer l’amitié dans cette fable de l’amitié dans la fable précédente. Car il y a mille sortes d’amitié, et ce sont les amis qui définissent ce qu’est l’amitié qui les unit. L’amitié de la fable précédente était presque un rapport de domination, d’exploitation entre deux êtres inégaux. Et ici, dans la onzième fable, c’est au contraire un attachement presque obsessionnel qui est illustré… d’une fable à l’autre, l’espace de l’amitié semble dessiné, entre liaison utilitaire et lien amoureux. On le voit : le travail du moraliste est moins de définir l’amitié, de lui donner un contenu définitif et univoque, que d’en faire valoir les ambiguïtés, les bizarreries, les curiosités, tout l’espace et toutes les espèces – parce qu’il y a, dans ces curiosités, bien des choses à réfléchir. Derrière sa simplicité apparente, le genre de la fable est un genre complexe – mais c’est qu’il s’occupe d’affaires elles-mêmes complexes, les affaires humaines, et que ce serait mentir que de dissimuler cette complexité, qui peut parfois être inquiétante et même peut-être inspirer de mauvaises pensées. Peut-on vraiment les faire les lire aux enfants ?, se demandera un siècle plus tard Jean-Jacques Rousseau… C’est une vraie question ! II. PROPOSITION DE QUESTION DE GRAMMAIRE (« Le pouvoir des fables ») 1. Les phrases interrogatives dans le texte 7 Le type interrogatif constitue, avec le type déclaratif et le type impératif, l’un des trois types d’actes fondamentaux. D’un point de vue morphosyntaxique, les types de phrases sont exclusifs l’un de l’autre : ainsi, une phrase interrogative n’est pas une phrase impérative ni une phrase déclarative. En revanche, le point d’interrogation, qui est l’un des marqueurs de l’interrogation, suffit-il à affirmer que le type interrogatif a toujours la valeur d’une demande d’information ? Cela implique de ne plus seulement envisager l’interrogation d’un point de vue morphosyntaxique mais de l’analyser d’un point de vue pragmatique. Brève analyse morphosyntaxique des phrases interrogatives du passage. - Seule est attestée ici l’interrogation directe (ici avec point d’interrogation) ; - Les interrogations sont soit totales (portant sur la totalité de l’énoncé et n’acceptant que les réponses oui/non/si), soit partielles (portant sur une partie de l’énoncé : réponse par oui/non/si impossible).  Interrogation totale : N’est-il point encor temps que Louis se repose ? (v. 17)  Interrogation partielle : Que fit le harangueur ? (v. 48) - Les marqueurs morphosyntaxiques utilisés sont les suivants :  Inversion du sujet simple : Que fit le harangueur ? (v. 48)  Inversion du sujet complexe : La qualité d’Ambassadeur/Peut-elle s’abaisser à des contes vulgaires ?  Pronom interrogatif simple/déterminant interrogatif : Que fit le harangueur ? (v. 48) ; Quel autre Hercule enfin ne se trouverait las/De combattre cette Hydre ? (v. 18-19)  Adverbe interrogatif : Que ne demandez-vous ce que Philippe fait ? (v. 60)  Combinaison du type interrogatif et de la forme négative (= phrase interro-négative) : [Ne] Seront-ils point traités par vous de téméraires ? (v. 5) Que ne demandez-vous [pas] ce que Philippe fait ? (v. 60) Analyse pragmatique des phrases interrogatives du passage.  Les phrases interrogatives du passage sollicitant une demande d’informations Elles sont fort peu nombreuses et ne constituent pas la majorité des occurrences relevées dans cette fable. La seule demande authentique d’information est présente dans la phrase : Et Cérès, que fit- elle ? (v. 54) qui émane de l’assemblée des Athéniens souhaitant connaître la fin de l’apologue. Leur impatience puérile est ici marquée par l’ajout, au type interrogatif, de la forme emphatique caractérisée par le détachement du nom propre Cérès : Et Cérès, que fit- elle ? au lieu d’une formule Que fit Cérès ? qui, ainsi formulée, ne serait pas emphatique. 10 Ce sens premier de « paroles, propos » se retrouve aussi en français car la fable désigne aussi un « sujet de conversations, des propos souvent ironiques ou défavorables concernant les faits et gestes d'une personne », avant de désigner un « court récit allégorique, le plus souvent en vers, qui sert d'illustration à une vérité morale ». Enfin, pour éviter l’emploi redondant de « fable », d’origine latine, le français a aussi eu recours au nom apologue, tiré du grec apologos (le nom grec est masculin, donc apologue est masculin en français). Avant d’arriver en français, le latin a d’abord emprunté le mot, mais pas son sens de « récit détaillé, narration » et lui a assigné le sens de « fable ». L’emprunt d’apologos constitue donc une variante lexicale pour éviter la monotonie du seul nom fable. III. LECTURE SUPPLEMENTAIRES POSSIBLES (NON COMMENTEES) 8, 8 LE RIEUR ET LES POISSONS On cherche les Rieurs ; et moi je les évite. Cet art veut sur tout autre un suprême mérite. Dieu ne créa que pour les sots Les méchants diseurs de bons mots. J’en vais peut-être en une Fable Introduire un ; peut-être aussi Que quelqu’un trouvera que j’aurai réussi. Un Rieur était à la table D’un Financier ; et n’avait en son coin Que de petits poissons : tous les gros étaient loin. Il prend donc les menus, puis leur parle à l’oreille, Et puis il feint à la pareille, D’écouter leur réponse. On demeura surpris : Cela suspendit les esprits. Le Rieur alors d’un ton sage Dit qu’il craignait qu’un sien ami Pour les grandes Indes parti, N’eût depuis un an fait naufrage. Il s’en informait donc à ce menu fretin : Mais tous lui répondaient qu’ils n’étaient pas d’un âge A savoir au vrai son destin ; Les gros en sauraient davantage. N’en puis-je donc, Messieurs, un gros interroger ? De dire si la compagnie Prit goût à la plaisanterie, J’en doute ; mais enfin, il les sut engager A lui servir d’un monstre assez vieux pour lui dire 11 Tous les noms des chercheurs de mondes inconnus Qui n’en étaient pas revenus, Et que depuis cent ans sous l’abîme avaient vus Les anciens du vaste empire. 8, 14 LES OBSÈQUES DE LA LIONNE La femme du Lion mourut : Aussitôt chacun accourut Pour s’acquitter envers le Prince De certains compliments de consolation, Qui sont surcroît d’affliction. Il fit avertir sa Province Que les obsèques se feraient Un tel jour, en tel lieu ; ses Prévôts y seraient Pour régler la cérémonie, Et pour placer la compagnie. Jugez si chacun s’y trouva. Le Prince aux cris s’abandonna, Et tout son antre en résonna. Les Lions n’ont point d’autre temple. On entendit à son exemple Rugir en leurs patois Messieurs les Courtisans. Je définis la cour un pays où les gens Tristes, gais, prêts à tout, à tout indifférents, Sont ce qu’il plaît au Prince, ou s’ils ne peuvent l’être, Tâchent au moins de le paraître, Peuple caméléon, peuple singe du maître ; On dirait qu’un esprit anime mille corps ; C’est bien là que les gens sont de simples ressorts . Pour revenir à notre affaire Le Cerf ne pleura point, comment eût-il pu faire ? Cette mort le vengeait ; la Reine avait jadis Étranglé sa femme et son fils. Bref il ne pleura point. Un flatteur l’alla dire, Et soutint qu’il l’avait vu rire. La colère du Roi, comme dit Salomon, Est terrible, et surtout celle du Roi Lion : Mais ce Cerf n’avait pas accoutumé de lire . Le Monarque lui dit : Chétif hôte des bois Tu ris, tu ne suis pas ces gémissantes voix. Nous n’appliquerons point sur tes membres profanes Nos sacrés ongles ; venez Loups, 12 Vengez la Reine, immolez tous Ce traître à ses augustes mânes. Le Cerf reprit alors : Sire, le temps de pleurs Est passé ; la douleur est ici superflue. Votre digne moitié couchée entre des fleurs, Tout près d’ici m’est apparue ; Et je l’ai d’abord reconnue. Ami, m’a-t-elle dit, garde que ce convoi, Quand je vais chez les Dieux, ne t’oblige à des larmes. Aux Champs Elysiens j’ai goûté mille charmes, Conversant avec ceux qui sont saints comme moi. Laisse agir quelque temps le désespoir du Roi. J’y prends plaisir. A peine on eut ouï la chose, Qu’on se mit à crier Miracle, apothéose ! Le Cerf eut un présent, bien loin d’être puni. Amusez les Rois par des songes, Flattez-les, payez-les d’agréables mensonges, Quelque indignation dont leur cœur soit rempli, Ils goberont l’appât, vous serez leur ami. 8, 27 LE LOUP ET LE CHASSEUR Fureur d’accumuler, monstre de qui les yeux Regardent comme un point tous les bienfaits des Dieux, Te combattrai-je en vain sans cesse en cet ouvrage ? Quel temps demandes-tu pour suivre mes leçons ? L’homme, sourd à ma voix comme à celle du sage, Ne dira-t-il jamais : C’est assez, jouissons ? Hâte-toi, mon ami, tu n’as pas tant à vivre. Je te rebats ce mot ; car il vaut tout un livre. Jouis. Je le ferai. Mais quand donc ? Dès demain. Eh ! mon ami, la mort te peut prendre en chemin. Jouis dès aujourd’hui : redoute un sort semblable A celui du Chasseur et du Loup de ma fable. Le premier, de son arc, avait mis bas un Daim. Un Faon de Biche passe, et le voilà soudain Compagnon du défunt ; tous deux gisent sur l’herbe. La proie était honnête ; un Daim avec un Faon, Tout modeste Chasseur en eût été content : Cependant un Sanglier, monstre énorme et superbe, Tente encor notre Archer, friand de tels morceaux. Autre habitant du Styx : la Parque et ses ciseaux Avec peine y mordaient ; la Déesse infernale
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