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1909 apollinaire alcools, Dissertation de Français

explication lineaire de l 'extrait alcools

Typologie: Dissertation

2021/2022

Téléchargé le 17/06/2022

christine-elin
christine-elin 🇫🇷

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Télécharge 1909 apollinaire alcools et plus Dissertation au format PDF de Français sur Docsity uniquement! Apollinaire, “1909” A l’instar de quelques autres poèmes, comme par exemple “Automne malade”, “1909” ne connut pas de publication antérieure à la parution d’Alcools en 1913. Rien non plus n’a permis d’en éclairer la génèse. Fort peu explicite, le titre ne comporte qu’une date. Peut-être ne peut-on voir qu’une simple coïncidence dans les vingt-neuf vers qui composent le poème, alors que son auteur fête justement ses vingt-neuf ans… Apollinaire a en tout cas placé cette pièce parmi les dernières, entre le symbolisme saturé de Clair de lune et A la santé, aux accents très verlainiens. Conformément au désordre “méthodiquement ordonné” par le poète dans l’ordonnancement des textes au sein du recueil, “1909” entre en parfaite symbiose avec l’ensemble de l’oeuvre. Tant au plan thématique qu’au plan stylistique, toutes les résonances d’Alcools s’y font entendre : autant dans le recours à la tradition que dans le nouvel art poétique qu’Apollinaire expose à travers l'esthétique résolument moderne de son oeuvre. Nous verrons ainsi en quoi la matière poétique doit ici beaucoup à la technique du collage pratiquée par des peintres cubistes comme Picasso ou Braques, amis du poète. La composition du poème en est à elle seule un témoignage : dans le portrait éclaté de “la dame” (22 premiers vers + les 2 derniers) est enchâssé sans transition, de façon paratactique, un éloge du peuple et de ses ouvrières (vers 23 à 27). 1 Le portrait éclaté de “la dame” : un héritage classique revisité L’éclatement du portrait est déjà repérable dans la disposition et la forme métrique : 2 quintils, 1 tercet, 1 monostiche, 1 sizain, 1 distique (+ 1 tercet et 1 quatrain, qui seront vus en deuxième partie). Les vers sont libres, non ponctués, et alternent des rimes paires et impaires. Ce sont en majorité, dans cette première partie, des vers courts, allant de 4 à 12 syllabes (seul alexandrin de ce 1er mouvement : vers 9). a) Le 1er quintil L’imparfait initié au 1er vers nous plonge dans l’univers du conte de fée, dans un effet de contraste avec la contemporanéité de la date qui fait office de titre. “La dame”, dans son appellation et dans son anonymat, rappelle la tradition courtoise. Entre séduction et tourment, elle est le thème constant du poème, qui s’achève sur la peur qu’elle produit sur le poète. Le registre merveilleux est accentué par l’éblouissement procuré par la vêture : “une robe / en ottoman violine / Et sa tunique brodée d’or”. L’étoffe de soie s’inscrit dans un orientalisme remis à la mode par le styliste Paul Poiret avec son fameux style “Sultan” inspiré par les Ballets russes de Diaghilev, dont les premier a justement été représenté en 1909! On retrouve également, dans cet orientalisme, l’univers des Mille et Une Nuits. Ces premiers vers ne sont pas rimés, mais fortement unifiés par l’assonance en -o qui relie “robe” à “ottoman”, “brodée d’or”, “composée”, “panneaux” et “épaule”. Les “deux panneaux” dont est composée la robe peuvent renvoyer les perspectives changeantes d’une vision fractionnée : la dame est vue sous plusieurs angles différents, juxtaposés tout au long du poème. On peut en effet reconnaître la technique poétique traditionnelle du blason pour célébrer les différentes parties du corps féminin : l’épaule” au vers 5, “Les yeux” au vers 6, puis le “visage”, “les yeux”, “les dents”, “les lèvres” aux vers 8 et 9; le décolleté au vers 11, la coiffure au vers 12, les “bras” au vers 13 les “souliers” au vers 20. b) Le 2ème quintil Après l’évocation de la toilette d’apparat, le vers 6 introduit le topos romanesque du bal avec l’adjectif “dansants” qui qualifie les “yeux”, comparés immédiatement, de façon très topique, à des anges. La répétition du groupe verbal “Elle riait elle riait”, au vers 11, suggère l’insolence de la femme altière, son indifférence, en droite ligne de la fin’amor. Le catalogue de ses attributs est rehaussé par une polychromie très appuyée et résolument cocardière (le poème s’ancre-t-il dans la célébration du 14 juillet 1909?) : les “couleurs de France” sont scandées au vers 9 : “Les yeux bleus / les dents blan//ches et les lèvres très rouges” Cette scansion est encore soulignée par l’assonance en -é qui rythme le 2ème hémistiche de cet alexandrin, assurant une proximité phonique qui achève d’unifier les trois couleurs. La reprise du vers 8 au vers 10 (“Elle avait un visage aux couleurs de france”) s’inscrit dans la technique du refrain, chère aux trouvères et troubadours du Moyen Age. Il s’agit, comme dans la tradition courtoise, de célébrer la “dame” pour exalter au plus haut point sa perfection. c) Le tercet Le poème juxtapose pourtant des tonalités, des périodes et des références très différentes : la coiffure “à la Récamier” renvoie à la période du Directoire (1794-1799) et à la mode à nouveau très en vogue dès 1908, qu’on retrouve dans les modèles dessinés par Paul Poiret. Le décolleté “en rond” rappelle le cercle de la danse; la beauté de la dame est encore exaltée à travers ses “beaux bras nus”, qui indiquent la fascination du poète. d) Le monostiche Le vers 14, décasyllabe isolé, introduit pourtant de façon impromptue et intrigante un sentiment de lassitude. Le poète semble avoir hâte que la journée s’achève et que la dame disparaisse, tant sa beauté est troublante. On sent un certain malaise, comme une déploration, dans cette interrogation négative. C’est aussi la reprise et l’inversion de la phrase de Perrault dans Cendrillon : “elle entendit le premier coup de minuit”. e) Le sizain Malgré ce souhait de ne plus la voir, les maintes reprises faites dans les vers 15 à 20 témoignent de la nature obsédante de la “dame”. On peut ainsi souligner la fonction mimétique de l’épanadiplose des vers 15 à 18 reprenant les mots des 3 premiers vers du poème en les synthétisant; puis celle du vers 17 reprenant de façon plus elliptique le vers 11. L’or est repris du vers 16 au vers 19; les “boucles” du vers 18 au vers 20, dans une sorte de tournoiement enivrant. L’emploi un peu incongru du verbe “traîner” au vers 20 peut évoquer la traîne d’une robe de bal. L’évocation des “petits souliers” confirme le renvoi à Perrault et à Cendrillon, annoncé au vers 14. En même temps, la silhouette et la démarche entravée qui en est dessinée rappellent bien les robes de la "Belle époque” dessinée par Paul Poiret. f) Le distique La répétition des auxiliaires être et avoir est elle-même obsédante; au vers 21, les verbe “était” qui relie l'attribut à son sujet insiste encore, accentué par l’intensif “si”, sur la beauté intrinsèque du modèle. Cet intensif sonne comme quelque chose de presque dissonant, d’en tout cas douloureux. En miroir avec le vers monostique commenté précédemment, le poète dit ici, à demi-mots, sa térébreuse angoisse. Le changement Les robes de Paul Poiret Georges Braque, La Guitare Statue d'épouvante (détail), novembre 1913 (papiers collés, fusain et gouache)
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