Télécharge 2016-generale-pondichery.pdf et plus Notes au format PDF de Langue Française sur Docsity uniquement! SESSION JUIN 2016 Repère : 16GENFRQIN1 DIPLÔME NATIONAL DU BREVET – FRANÇAIS – PREMIÈRE PARTIE : Questions-réécriture Partie 1 : 1 HEURE 30 Partie 2 : 1 HEURE 30 Coefficient : 2 Ce sujet comporte 3 pages Page 1/3 DIPLÔME NATIONAL DU BREVET SÉRIE GÉNÉRALE SESSION 2016 ÉPREUVE DE FRANÇAIS L’épreuve comporte deux parties : Première partie (25 points) compréhension – réécriture : durée 1h00 dictée : durée 0h30 L’usage de la calculatrice et de tout document est interdit. Les candidats veilleront à conserver le sujet de la 1ère partie durant toute l’épreuve. Deuxième partie (15 points) rédaction : durée 1h30 L’usage de la calculatrice et de tout document est interdit. Pour la deuxième partie (rédaction), l’usage d’un dictionnaire de langue française (support papier) est autorisé. Ce sujet comporte 3 pages Page 2/3 Dans son roman autobiographique, Henry Bauchau se souvient de « L’enfant » qu’il était sous l’occupation allemande lors de la première guerre mondiale. Cette page se situe au début du roman. L’enfant est si absorbé dans son jeu qu’il n’entend pas le pas sonore de quelqu’un qui survient. Il a un peu chaud. Il a fait tomber son petit bonnet de laine sur son cou. Le pas s’arrête. L’enfant voit de grandes bottes brillantes émerger du bas d’un long manteau. Il penche la tête en arrière et regarde celui qui s’arrête. Il lui sourit avec un petit visage tout ébloui et intimidé. L’homme, qui le regarde lui aussi, porte une belle casquette. Il y a de l’or sur son col et 5 son manteau. L’homme regarde la petite figure et lui sourit aussi. Il se met à rire avec une sorte de joie qui fait rire l’enfant à son tour. Le soleil fait étinceler son monocle. Il se penche vers le petit. Ils rient tous les deux, ils sont dans la lumière arrondie du soleil, heureux ensemble. L’homme se baisse, prend l’enfant dans ses grands bras et le soulève. Au moment où il s’amuse d’être si haut, le petit voit l’un des rideaux de la salle à manger s’écarter et retomber 10 très vite. Quelqu’un de la famille les regarde. Il est encore heureux mais quelque chose s’inquiète en lui. L’homme, pensant sans doute à son petit garçon, s’écrie : « Ach ! mein Kind.1 » L’enfant entend que c’est la langue de l’ennemi. Il est dans les bras de l’ennemi, il rit avec lui. Une peur terrible le saisit, il pleure, il se met à hurler. Quelqu’un apparaît sur le seuil de l’escalier bleu, Olivier2 arrive en courant de la ferme. L’homme aux longues bottes noires et 15 au monocle, qui riait si joyeusement avec lui, découvre que cet enfant avec lequel il a eu un moment de bonheur s’est aperçu qu’il est son ennemi et de toute sa faiblesse lui signifie sa haine. Il le dépose prestement, part à grandes enjambées, en jurant, vers l’écurie. Est-ce que quelqu’un est venu le prendre tout en sanglots dans ses bras ? Il ne le saura jamais. 20 Quand il se retrouve près du poêle qui brûle dans l’office avant la cuisine, toute la famille est en alerte. Oui, il a cru qu’il pouvait prendre le petit dans ses bras, mais celui-ci, quand il a entendu leur langue, a reconnu l’ennemi. Regardez : ses petites mains sont encore bleues de terreur. On le dorlote, on l’embrasse, on le passe de bras en bras. Il se console peu à peu. […] Mais il sent que personne n’a compris ce qui a précédé, son rire avec le bel officier. Au lieu de 25 continuer à rire, il a été forcé dès sa petite enfance de vivre la haine. Il ne voulait pas ça. Il ne voulait pas ça. 30 Henry Bauchau, L’enfant rieur. 1 « Ach ! mein Kind » : « ah ! mon enfant », en allemand 2 Olivier est le frère du narrateur