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Affrontements cognitifs aux Etats-Unis au cours de la Seconde ..., Lectures de Économie

transformation de la nation en arsenal de la démocratie et, de façon détournée, le renforcement militaire des. Etats-Unis. C'était aussi un soutien indirect ...

Typologie: Lectures

2021/2022

Téléchargé le 08/06/2022

Francine88
Francine88 🇫🇷

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Télécharge Affrontements cognitifs aux Etats-Unis au cours de la Seconde ... et plus Lectures au format PDF de Économie sur Docsity uniquement! 1/5 Affrontements cognitifs aux Etats-Unis au cours de la Seconde Guerre Mondiale De la fin des années 1930 au 7 décembre 1941, l’opinion publique américaine et celle de leurs leaders politiques et industriels oscillaient entre isolationnisme et interventionnisme. Sous-secrétaire d’Etat à la Marine lors du premier conflit mondial, F. D. Roosevelt en était ressorti avec des convictions pacifistes et isolationnistes. Comme beaucoup d’Américains, il était alors persuadé qu’il fallait que les Etats-Unis se tiennent désormais loin des histoires européennes. Cependant, la crise économique de 1929 arrêta l’expansion américaine. Elu Président démocrate en 1933, il lança son programme « New Deal » mais le pays comptait encore 11 millions de chômeurs en 1938. Parallèlement à la crise économique, son deuxième mandat fut dominé par les menaces internationales. F. D. Roosevelt et plusieurs responsables républicains de premier plan étaient conscients du danger de la montée du nazisme et du fascisme en Europe et de l’expansionnisme japonais dans le Pacifique. Néanmoins, le sentiment anti-guerre de la majorité des hommes politiques et de leur électorat s’est trouvé retranscrit dans plusieurs lois votées par le Congrès, notamment la Neutrality Law en 1935. F. D. Roosevelt comprit alors qu’il lui faudrait du temps, du tact et de la patience pour convaincre ses concitoyens de participer à cette guerre. Comment cette dualité a-t-elle pu converger en union patriotique en quelques années ? La propagande mise en place par l’Administration F. D. Roosevelt fut-elle le seul levier de conversion des opinions ? Un rapport du faible au fort face aux isolationnistes Il y avait pléthore de mouvements d’opposition à l’entrée en guerre des Etats-Unis. Ils se composaient d’une agrégation de personnages et d’associations disparates, aux motivations parfois opposées mais représentatives d’une société américaine divisée. Tous avaient pourtant un mot d’ordre commun : ni intervention ni aide pour les anciens Alliés du premier conflit mondial et notamment la Grande-Bretagne. Les isolationnistes représentaient de loin les groupes d’opposition à la guerre les mieux organisés. Leur stratégie : semer la confusion et le doute, exacerber toutes les haines possibles. Leurs outils : sillonner le pays en organisant une multitude de meetings, et en diffusant des discours à la radio, des articles de journaux ou de publicité, en utilisant la figure de « héros » nationaux pour transmettre la bonne parole. Parmi eux, on peut citer : ▪ Des associations d’anciens combattants de la Première Guerre Mondiale : Protestant War Veterans of America… ▪ Des religieux et associations religieuses, parfois soutenus par des communautés d’immigrés européens : les Cardinaux d’origine irlandaise O’Connell et Dougherty, le Révérend catholique Charles E. Coughlin, the Catholic Irish-Americans, the Christian Front, les Quakers… ▪ Des groupes racistes : le Ku Klux Klan, the Crusaders for America, the Silver Shirts, the Vindicator Association, the Paul Reveres, the American Patriots… ▪ Des mouvements créés, pour la plupart, dans les années 1930 en même temps que la montée du nazisme et du fascisme : America First Committee, German American Bund… ▪ Des pacifistes, dont l’éphémère No Foreign War Committee, fondé par le très actif journaliste Verne Marshall qui ne dura que quatre mois. ▪ Des industriels divisés entre les partisans de l’effort de guerre total et les protecteurs de l’économie civile, notamment Henry Ford très réticent à se convertir à la production de guerre. ▪ Et les Américains des Etats du Mid-West ayant une aversion naturelle pour toute intervention en Europe. A la tête de l’un des principaux mouvements isolationnistes : Robert E. Wood, président des magasins Sears, Roebuck and Co. Il fonda l’America First Committee en septembre 1940, soutenu par le groupe de presse Hearst- Patterson-McCormick, et engagea la meilleure des agences publicitaires américaines pour mettre en place une campagne de propagande anti-Grande Bretagne. Le comité pris part aux élections de 1940 en soutenant largement le parti Républicain face à la candidature démocrate de F. D. Roosevelt. Pendant un peu plus d’une année, le comité tînt des meetings pour obtenir que les Etats-Unis ne s’engagent pas aux côtés des démocraties 2/5 européennes dans la lutte contre les puissances de l’Axe et cessent les livraisons d’armes en Grande-Bretagne. Il parvint à rassembler jusqu’à 800.000 partisans. La figure emblématique de ce comité fut l’aviateur Charles Lindbergh, que sa visite en Allemagne en 1936 avait fasciné1. Il prononça plusieurs discours empreints de racisme et d’antisémitisme, notamment en septembre 1941 : « Les meilleurs avocats de la guerre sont les Britanniques, les Juifs et l’Administration F. D. Roosevelt »2. Ce comité fut dissous en décembre 1941 après l’attaque de Pearl Harbor. Autre exemple isolationniste parmi les mouvances religieuses : le Révérend Charles E. Coughlin, prêtre catholique de Detroit. Chaque semaine lors de son sermon radiophonique, il haranguait 3,5 millions d’Américains contre la ruse des Britanniques et des Juifs, contre les banquiers, les radicaux et les étrangers et exhortait à augmenter la masse monétaire et à isoler les États-Unis du reste du monde. Il édita un magazine, Social Justice, rempli d’excuses voilées pour l’Allemagne nazie, dont le tirage s’éleva à un demi-million. Parallèlement à ces isolationnistes américains, des mouvements fascistes et démagogues s’étaient développés dans les années 1930 aux Etats-Unis et en Amérique du Sud parmi les immigrés d’origine allemande ou italienne. Ces mouvements construisaient leur stratégie sur les mêmes éléments de langage et rituels que les Nazis. En effet, ces derniers croyaient que de toutes les démocraties, l’Amérique était potentiellement la plus antijuive et anti-communiste et qu’ainsi la propagande antisémite et antibolcheviste utilisées en Allemagne aurait le même impact là-bas. De plus, la situation de propagande des Nazis aux États-Unis était relativement claire par rapport à celle des Alliés. Ils savaient qu’ils ne pouvaient s’attendre à aucune aide de la part de l’Administration américaine mais ils pouvaient tenter de la neutraliser en encourageant les groupes d’opposition à la guerre afin que les États-Unis fournissent une aide inadéquate ou faible à la Grande-Bretagne et à la France. Enfin, les Nazis pouvaient également compter sur l’appui de plusieurs groupes antisémites et racistes autochtones. Les stratégies d’influence de l’Administration dirigée par F. D. Roosevelt Pour contrecarrer les actions de ces mouvements isolationnistes et pacifistes, l’Administration F. D. Roosevelt s’employa à rassembler la nation autour des valeurs historiques, à soutenir la relance de l’économie au travers de plusieurs lois, essentiellement dirigées vers les industries de défense et d’armement, et s’appuya plus ou moins ouvertement sur les mouvements prônant la défense et le commerce extérieur des Etats-Unis. Par ailleurs, F. D. Roosevelt fut le premier président américain à élever la propagande au rang d’institution en créant plusieurs agences gouvernementales. Un savant mélange de politique et de législatif, d’économie, de patriotisme, de diplomatie et de panaméricanisme, sur fond de propagande institutionnelle L’opinion américaine était largement hostile à une quelconque intervention militaire mais le commerce, lui, était possible. En octobre 1939, F. D. Roosevelt réussit à faire abroger l’embargo sur les armes de la Neutrality Law et permit aux industries américaines de commercer sur la base du Cash and carry. Il a ainsi obtenu la transformation de la nation en arsenal de la démocratie et, de façon détournée, le renforcement militaire des Etats-Unis. C’était aussi un soutien indirect aux anciens Alliés de la Première Guerre Mondiale3. En mai 1940, F. D. Roosevelt annonça l’intention de son gouvernement de construire jusqu’à 50.000 avions par an, soit dix fois la production de l’époque. En juin 1940, le Congrès vota le Naval Expansion Act pour augmenter la flotte américaine et en septembre 1940 le Selective Training and Service Act, première conscription en temps de paix qui devait s’appliquer à plus de 16 millions de citoyens. Cependant, arrivé au terme de son second mandat de président, F. D. Roosevelt continuait de moduler ses discours et ses actes : rassurer sur la non-intervention des Etats-Unis mais indiquer que l’opinion de tout un chacun ne pouvait rester neutre dans ce contexte. Dès sa réélection fin 1940 pour un troisième mandat, F. D. Roosevelt eut les mains plus libres en matières politique et économique. Il obtint en mars 1941 le vote du Lend- Lease Act qui facilitait le prêt de munitions et d’autres biens à tout pays « dont la défense était jugée vitale par le président pour la défense des États-Unis » et, pour protéger les navires transportant des approvisionnements 1 Cf. son livre “Wave of the Future” 2 Une rumeur circulait alors où F. D. Roosevelt était accusé d'être juif. Cette rumeur eut plusieurs sources, notamment liée aux origines hollandaises de F. D. Roosevelt et à la présence de beaucoup de Juifs dans son Administration. 3 Cf. discours à Charlottesville en juin 1940 après l’entrée en guerre de l’Italie contre la France
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