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analyse linéaire gargantua, Lectures de Français

analyse linéaire du chapitre 21 de gargantua de françois rabelais

Typologie: Lectures

2022/2023

Téléchargé le 18/06/2023

oceane-dantan-cadario
oceane-dantan-cadario 🇫🇷

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Aperçu partiel du texte

Télécharge analyse linéaire gargantua et plus Lectures au format PDF de Français sur Docsity uniquement! Rabelais, La première éducation (1534)  Introduction Gargantua, publié en 1534 par François Rabelais, est une œuvre qui marque la transition entre la scolastique médiévale (enseignement philosophique et religieux dispensé au Moyen-âge) et l’approche humaniste du monde. Cette évolution est illustrée par l’éducation que suit Gargantua. Placé d’abord sous l’autorité de Thubal Holopherne, un docteur en théologie, l’esprit de Gargantua se dégrade. Le précepteur sophiste applique en effet la méthode scolastique, fondée sur l’apprentissage par cœur. Grandgousier décide alors de confier l’éducation de Gargantua à Ponocrates, un précepteur humaniste. Je vais à présent procéder à la lecture du texte En quoi cet extrait est-il une illustration complète de la première éducation reçue par Gargantua ? Tout d’abord, de la ligne 1 à 4, Ponocrates souhaite observer et comprendre les effets d’une mauvaise éducation. Il constate ainsi, de la ligne 5 à 18, la mise en pratique de cet enseignement scolastique. Enfin, de la ligne 19 à 30, Gargantua se justifie afin d’évoluer vers une meilleure pédagogie.  Analyse 1- Comprendre les effets d’une mauvaise éducation (l.1 à 4) Gargantua montre de l’enthousiasme à découvrir la pédagogie de Ponocrates, comme le montre la première phrase “il voulut de tout son sens étudier à la discrétion de Ponocrates”. La perspective de sortir de la scolastique médiévale semble donc éveiller chez Gargantua la volonté et la curiosité, deux forces qui étaient en sommeil dans son éducation précédente. Mais Ponocrates se place d’abord en situation d’observateur. La proposition subordonnée de but “afin de comprendre par quel méthode”, lignes 2-3, témoigne de la méthodologie réfléchie du nouveau précepteur, qui procède par étapes bien définies. Ponocrates fait également preuve d’esprit critique. L’énumération ternaire “sot, niais et ignorant”, lignes 3-4, fait sourire et donne immédiatement la tonalité satirique de la description qui va suivre. D'emblée, Ponocrates se présente comme un précepteur averti qui a besoin d’établir un constat avant d’envisager des remèdes. Quant à Gargantua, il semble déjà très investi et motivé. 2- Mise en pratique d’une mauvaise éducation (l.5 à 18) Tout d’abord, Ponocrates observe que Gargantua ne respecte pas le rythme de la nature, puisqu’ “il s’éveillait d’ordinaire entre huit et neuf heures, qu’il fit jour ou pas”, lignes 5-6. Ce réveil, en marge des lois de la nature, est pourtant recommandé autoritairement par les maîtres théologiens, comme le souligne le verbe “ordonné”, ligne 6. Pire encore, les anciens maîtres justifient ce rythme contre-nature en se référant à la parole religieuse “C’est vanité de vous le lever avant le jour”, ligne 7. Rabelais se moque des sophistes de l’époque, maîtres de rhétoriques, qui émergent dans l’art de convaincre de tout et de son contraire. Citer la bible leur permet d’impressionner et d’illusionner les élèves. Rabelais poursuit avec un portrait en action de Gargantua, à travers l’énumération des verbes à l’imparfait “gambadait, sautait ; et se vautrait”, ligne 8, qui suggèrent un comportement habituel. Le lexique de la joie et de l’insouciance montre que les premières activités de Gargantua semblent moins relever de l’éducation que du plaisir et de l’absence de contraintes. Le “lit”, ligne 8, est l’espace préféré de Gargantua, mais il ne symbolise pas pour lui le repos mais plutôt l’oisiveté et la disposition au péché. La référence aux “esprits animaux”, ligne 9, reprend une théorie médicinale grecque, reprise au Moyen âge par Saint Thomas d’Aquin. Cette référence est parodique et satirique car la philosophie de Saint Thomas d’Aquin est détournée pour expliquer la fainéantise de Gargantua, qui transparaît dans le verbe “réjouir”, ligne 9. Rabelais se livre ensuite à une satire de l’université scolastique. La “grande et longue robe de grosse étoffe de laine fourrée de renard”, ligne 10, forme une image parodique de la tenue des professeurs d’université en vigueur depuis le XIVème siècle. Les “renards” qui composent la texture de la robe suggèrent la ruse et la rhétorique trompeuse. L’humour est omniprésent, comme dans le jeu de mot sur le nom du théologien “Almain”, ligne 11, où l’on entend le substantif “main” qui permet à Gargantua de se peigner. Rabelais critique subtilement la philosophie scolastique dans laquelle un peigne n’est pas un peigne mais une main. Pour les précepteurs médiévaux, “se peigner, se laver et se nettoyer autrement, c’était perdre son temps en ce monde”, lignes 12-13. Rabelais dénonce la négligence du corps dans l’enseignement scolastique. Au contraire, l’esprit humaniste souhaite une saine complémentarité entre le corps et l’esprit. L’expression “en ce monde” donne une tonalité religieuse à l’enseignement scolastique, mais elle est parodique car la saleté du corps n’a rien de spirituelle. Rabelais dépeint ensuite la vie quotidienne de Gargantua dans une longue énumération de verbes à l’imparfait d’habitude : “il fientait, pissait, vomissait, rotait, pétait, baillait, crachait, toussait, sanglotait, éternuait, enlevait sa morve comme un archidiacre”, lignes 14-15. Cette succession comique de verbe, très rythmée, animalise Gargantua. On est loin du projet humaniste qui vise à élever l’homme et à le rendre plus noble. Le lexique est plutôt familier et il renvoie au bas corporel. Cette description fait la critique des hommes d’Eglise, comme le suggère l’expression « enlevait sa morve comme un archidiacre”, ligne 15, l’archidiacre étant un dignitaire ecclésiastique. Rabelais accentue cette satire à travers l’énumération des repas de Gargantua qui témoignent d’un abandon au péché de gourmandise : “de belles tripes frites, de belles viandes grillées, de beaux jambons, de belles grillades de veau et de nombreuses soupes du matin”, lignes 16-18. La répétition de l’adjectif “beau” est comique et souligne la gloutonnerie de Gargantua.
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