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Analyse linéaire L'Horloge, Lectures de Français

Analyse linéaire du poème de Charles Baudelaire, "L'Horloge" (Les Fleurs du Mal, 1857)

Typologie: Lectures

2022/2023

Téléchargé le 29/06/2023

christophe-bergeron
christophe-bergeron 🇫🇷

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Télécharge Analyse linéaire L'Horloge et plus Lectures au format PDF de Français sur Docsity uniquement! Analyse linéaire N°2 : Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, « L’Horloge » (1857) Introduction (voir l’introduction écrite en cours) ______________ I) Le temps, un dieu dévoreur et effrayant (deux premières strophes) L’Horloge n’est pas qu’une machine. Elle devient, par l’apostrophe du début du poème, un une puissance qu’on interpelle où dont on craint le joug. « Horloge ! » Sonne d’ailleurs plutôt comme un nom, car le mot n’est précédé d’aucun article. L’horloge, en tant que symbole, devient un dieu tout puissant qui nous pointe du doigt. Ne pourrait-on pas d’ailleurs imaginer que Baudelaire fait ici une analogie entre la pendule d’une horloge et un doigt décisionnaire, tyrannique ? L’énumération de multiples adjectifs au v.1 dresse d’autre part un portrait glacial du temps : « Dieu sinistre, effrayant, impassible ». Le temps apparaît donc d’emblée comme un dieu face auquel l’homme est minuscule. On remarque sur ce point l’usage de la première personne du pluriel « nous » (v. 2) . Le « je » poétique s’efface au profit d’une condition humaine fragile face au temps. Baudelaire prête également une voix au temps « Souviens-toi ! ». Cette première mise en garde trouvera d’ailleurs plusieurs échos plus loin dans le poème. Les Douleurs, également, et par l’utilisation de la majuscule, adoptent elles aussi un autre statut. Elles prennent une dimension bien plus grave. On ne peut pas s’empêcher de les comparer aux aiguilles de l’Horloge qui tournent et pointent insensiblement et toujours vers une heure qu’elle vise et puis passe (« se planteront bientôt comme dans une cible »). L’usage du futur (« se planteront »), d’autre part, prend une dimension oraculaire , et nous rappelle le destin funeste auquel l’homme n’échappera pas. 1 L’adverbe de temps « Bientôt » crée sur ce point une tension. Que signifie ce « bientôt »? N’évoque-t-il pas déjà la fin du poème ? La fin de la vie ? Quoi qu’il en soit, ce dieu du temps fait fuir le Plaisir, lui aussi « allégorisé » (ou personnifié) par l’usage de la majuscule. La métaphore tend à le considérer lui aussi comme un être à part entière, une créature évanescente, légère et faible, fuyante. Tout, dans ce poème, prend donc une dimension plus humaine, voire allégorique et, de fait, plus impressionnante. C’est par exemple le cas au vers 6, « chaque instant te dévore ». Le temps apparaît animalisé, se nourrissant du délice des hommes, de leur plaisir passager, de son bonheur qu’il rend éphémère. qui fait référence à un oracle, qui prédit. 1 II) Le temps, une créature monstrueuse (troisième et quatrième strophes) La monstruosité du temps se poursuit aux strophes suivantes. C’est d’abord par un nombre que le pouvoir du temps se montre impressionnant : « Trois mille six cent fois ». Évidemment, ce nombre fait écho aux 3600 secondes qui composent une heure. Comme un véritable bourreau, le temps martyrise l’homme à des milliers de reprise par heure. De fait, c’est au tour de la Seconde, elle aussi rendue hautement plus symbolique par le recours à la majuscule, de rejoindre la machinerie infernale de l’Horloge. Personnifiée au vers 10 (« la Seconde / chuchote »), elle donne l’écho au premier « souviens-toi » de la première strophe. La seconde donne ainsi une sorte de refrain angoissant qui ne cessera de revenir au fil du poème,comme pour rappeler la fuite du temps. Le temps semble d’ailleurs s’accélérer à la lecture de cette strophe. L’enjambement du vers 9 au vers 10, ainsi que le rejet du vers 10 au vers 11, entraînent le lecteur dans une course, toujours plus bas dans la poursuite du poème.Les images elles aussi s’entremêlent dans cette strophe qui perd l’unité initiale du début. Le temps s’emballe et Baudelaire s’amuse d’ailleurs des marqueurs temporelles « Maintenant dit : je suis Autrefois ». Encore une fois, le temps parle par un effet de personnification (verbe « dire »). On remarque enfin qu’une métaphore filée du vers 11 au vers 12 dresse une analogie entre le temps et un insecte. Tel un buveur de sang, le temps se nourrit de la vie des hommes. Sa monstruosité est d’ailleurs traduite par un adjectif hyperbolique et une exclamation au vers 12 « immonde ! », et plus loin, au vers 14 où le temps parlera de son « gosier de métal ». Mais la monstruosité du temps n’est pas que visuelle. En effet, le temps nous dépasse car il ne connaît pas la barrière de la langue. Commun à tous les êtres vivants et compris de tous, il parle un langage universel. Ainsi donc, Baudelaire, au vers 13 et de façon anaphorique, répète ce refrain angoissant « Souviens-toi » en ayant recours à la fois à l’anglais (« Remember »), au français (« Souviens-toi ») et au latin (« Esto memor »). Pourtant, si le temps semble jouer de sa suprématie, il tient à nous rappeler que c’est à chacun de tirer profit de chaque instant (« Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues / Qu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or » ; vv. 15-16). Le Temps nous invite donc à pratiquer l’alchimie face à lui, à le forer pour y trouver un trésor. Hélas, il semblerait que nous n’en soyons pas toujours capables…
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