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Analysé linéaire Les Fausses Confidences, Lectures de Français

Act I scène 2, analyse détaillée

Typologie: Lectures

2022/2023

Téléchargé le 19/12/2022

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Télécharge Analysé linéaire Les Fausses Confidences et plus Lectures au format PDF de Français sur Docsity uniquement! Explication de texte de l’acte I, scène 2 de Les Fausses Confidences (1737) de Marivaux Ce texte est un extrait de la scène 2 du premier acte de la pièce Les Fausses Confidences de Marivaux. Marivaux est un journaliste, écrivain et dramaturge français du XVIIIe siècle, issu d’une famille noble de Normandie. Membre de l’Académie Française, il fait partie du mouvement des Lumières. Aujourd’hui, il est le cinquième auteur le plus joué par la Comédie Française. La pièce Les Fausses Confidences est une comédie en trois actes et en prose, qui traduit l’importance du langage dans l’oeuvre de Marivaux : les exagérations, les dissimulations, mais aussi les révélations de faux secrets, ou encore les mensonges purs et simples, sont le centre de la pièce. Dans l’extrait étudié, le spectateur apprend le stratagème mis au point par Dubois, dans le but que Dorante, son ancien maître, épouse la jeune et riche Araminte et obtienne un statut d’homme fortuné. Le spectateur comprend aussi les relations entre les différents personnages, les enjeux et objectifs de chacun, ainsi que la façon dont ils comptent s’y prendre pour les réaliser. Lecture Nous pouvons distinguer trois mouvements : le premier, de “Cette femme-ci a un rang” à “moi qui n’ai point de bien”, soit la première réplique de Dorante, évoque les doutes de ce dernier de pouvoir plaire à une riche femme fortunée et raisonnable, alors que lui est un bourgeois ruiné et non un comte comme le souhaite madame Argante. Le deuxième mouvement va de “Point de bien !” à “Vous l’avez vue, et vous l’aimez ?” et transmet les nombreux arguments que Dubois va donner à son ancien maître pour le convaincre du contraire. Enfin, le troisième et dernier mouvement s’étend de “Je l’aime avec passion” à “L’Amour et moi nous ferons le reste”. Dans ce dernier, le valet amorce son stratagème et marque sa supériorité et son importance dans la réussite de la ruse. On peut se demander comment, à travers cette scène d’exposition, Marivaux arrive à nous informer et nous dépeindre de façon originale, la mise en place du stratagème de Dubois, ainsi qu'une représentation réaliste des classes sociales en jeu au XVIIIe siècle ? 1er mouvement (l. 1 à 5): Le premier mouvement commence par la réplique de Dorante, qui exprime ses doutes sur sa capacité à duper Araminte, ici désignée par le groupe nominal “Cette femme-ci”. L’utilisation répétée des déterminants démonstratifs, avec “cette” et “ci” l.1, montre l’importance que Dorante accorde à cette femme puisqu’elle est au centre du stratagème et qu’elle joue un rôle clé dans l’issue de la ruse. Cependant, le spectateur, qui découvre petit à petit les personnages et leurs relations, ne sait pas encore qui est “cette femme” dont ils parlent. Cette scène d’exposition participe donc à créer un effet de suspense, d’attente dans le but d’intriguer et d’intéresser le spectateur, une des fonctions de la scène d’exposition. De plus, de par la description importante de l’argent que possède Araminte, nous comprenons que les motivations des deux personnages pourraient être financières. En effet, cette femme est décrite comme ayant “un rang dans le monde” et “tout ce qu’il y a de mieux” l.2. Ces tournures vagues et hyperboliques soulignent que ce milieu est étranger à Dorante. L’ajout de “veuve d’un mari qui avait une grande charge dans les finances” permet de la situer comme appartenant à la haute bourgeoisie de l’Ancien Régime, ce qui en ferait un parti intéressant puisque détenant une grande fortune. Cependant, le doute sur les motivations plane et l’option de l’amour véritable est suggérée, comme évoqué dans les propositions subordonnées conjonctives “qu’elle fera quelque attention à moi” et “que je l’épouserai”. Le portrait élogieux de la dame convoitée s'oppose à l’autoportrait antithétique de Dorante, ce qui souligne les différences de milieu social et les doutes de Dorante. En effet, dans le parallélisme syntaxique “moi qui ne suis rien, moi qui n’ai point de bien” l.4, Dorante suggère qu'il n'a aucune chance de conquérir le coeur de la jeune femme. L’utilisation de négations restrictives, d’une anaphore en “moi”, ainsi que d’une rime interne entre “rien” l.4 et “bien” l.5, insistent sur la pauvreté de Dorante et fait entendre sa plainte. Cela en dit long sur la société de l’époque où pour être il faut avoir de l’argent car sans [biens] on est [rien] l.5 : l’argent est au centre de tout. Marivaux nous dépeint donc une société dégradée, dans laquelle l'argent prime sur l'honneur. Cette représentation réaliste de la société se retrouve au niveau du décor de la pièce, qui correspond au salon d'un intérieur bourgeois. La pièce est aussi marquée par le fait que Dubois dépasse le stéréotype du valet: la pièce est donc originale, car elle repose à la fois sur des éléments réalistes mais aussi une représentation non stéréotypée du valet. Cela est renforcé par l'ambiguïté des motivations de Dubois. Transition : Dans ce premier mouvement, la réplique de Dorante permet donc de souligner ses doutes. Elle énonce aussi la difficulté que représenterait cette union, ainsi que le fait que l’argent est un obstacle à l’épanouissement amoureux. [Tout au long de la pièce, le dramaturge va jouer sur l'ambiguïté concernant les véritables sentiments et intentions de Dorante : tombe-t-il réellement amoureux ou est-il juste intéressé par cette riche veuve ?] 2eme mouvement (l.6 à 21): Le deuxième mouvement commence par une anadiplose (la reprise du dernier mot d'une phrase au début de la phrase qui suit) reprenant “point de bien” et permettant à Dubois de lancer sa contre-argumentation aux idées exposées par Dorante dans la première partie : "moi qui n'ait point de bien ? Point de bien !" Dubois joue alors sur plusieurs polysémies “bonne mine”, pour relier l’aspect physique de Dorante aux richesses minières du Pérou, et “grand seigneur” faisant allusion aux hauts membres de la cour et à la taille de Dorante. Dubois essaie de le flatter pour pouvoir mettre en place son stratagème, lui faisant croire que son seul aspect physique vaut toutes les richesses et distinctions de classe. Il continue de chanter ses louanges en reprenant la polysémie avec l’hyperbole “point de seigneurs plus grands que vous”. Avec l’usage du déterminant possessif dans “notre affaire”, Dubois insiste sur le rôle qu’il joue dans le stratagème et en répétant le terme “infaillible”, il nous montre l’assurance dont il déborde à propos de lui-même et de son plan. La situation de meneur se confirme quand le valet emploie l’impératif pour parler à son maître avec “tournez-vous”. Dubois s'avère jouer le rôle d'un manipulateur de Dorante et bientôt d'Araminte. De plus, l’ambiguïté des véritables motivations des personnages est renforcée par l’utilisation du substantif “affaire” qui renvoie à un aspect financier. L'amour noble semble nous ferons le reste. » Dubois s’impose au final comme le stratège dirigeant cette opération, aussi fort que l’amour, et conclut cette scène d’exposition tout en nous laissant comprendre qu’il tirera les ficelles durant toute la pièce. Conclusion : En conclusion, cet extrait de la scène d’exposition a pour but d’informer le spectateur sur les enjeux et l’intrigue de la pièce, tout en mettant en avant les stratagèmes envisagés par les protagonistes pour arriver à leurs fins. Mais cette scène est également divertissante, car elle use du comique grâce à l’ironie et aux échanges opposant Dubois et Dorante dans un débat amusant. Nous avons vu que l’ingénieux Dubois annonce à Dorante que la dame qu’il aime l’aimera. Cette scène d’exposition surprend, car elle inverse l’ordre social de l’époque : un bourgeois qui manque d’assurance est dirigé par un valet éloquent et ingénieux. Dès le premier acte, Dubois apparaît comme un maître du jeu, un metteur en scène qui tire les ficelles de l’intrigue qu’il met en place. Cette scène d’exposition promet une pièce comique, mais aussi un jeu de tromperie cruel qui oppose la confiance et la trahison, comme annoncé dans le titre oxymorique de la pièce, Les Fausses Confidences. Paradoxalement, la vérité du cœur va triompher par le mensonge. Parce que les normes de la société étouffent les élans amoureux, c’est la tromperie qui permettra de faire surgir la vérité des sentiments. 4 Donanre. — Cette femme-ci à un rang dans lé monde ; elle est liée avec tout ce qu'il y a de mieux, veuve d'un mari qui avait une grande charge dans les finances, et tu crois qu'elle fera quelque attention à moi, que je l'épouserai, moi qui ne suis rien, moi qui 5 n'ai point de bien ? Dusois. - Point de bien ! votre bonne mine est un Pérou’ ! Tournez- vous un peu, que je vous considère encore ; allons, Monsieur, vous vous moquez, il n'y a point de plus grand seigneur que vous à Paris : voilà une taille qui vaut toutes les dignités possibles, et notre 40 affaire est infaillible?, absolument infaillible ; il me semble que je vous vois déjà en déshabillé® dans l'appartement de Madame. Donanre. - Quelle chimère ! Dunois. - Oui, je le soutiens. Vous êtes actuellement dans votre salle et vos équipages sont sous la remise. 15 Domanre. - Elle a plus de cinquante mille livres de rente, Dubois. Dusois. — Ah ! vous en avez bien soixante pour le moins. Donanre. — Et tu me dis qu'elle est extrêmement raisonnable ? Dunois. - Tant mieux pour vous, et tant pis pour elle. Si vous lui plaisez, elle en sera si honteuse, elle se débattra tant, elle deviendra 20 si faible, qu'elle ne pourra se soutenir* qu'en épousant ; vous m'en direz des nouvelles. Vous l'avez vue et vous l'aimez ? Dorante. — Je l'aime avec passion, et c'est ce qui fait que je tremble ! Dusois. - Oh ! vous m'impatientez avec vos terreurs : eh que diantre! ! un peu de confiance ; vous réussirez, vous dis-je. Je m'en charge, 25 je le veux, je l'ai mis là? ; nous sommes convenus de toutes nos actions ; toutes nos mesures sont prises ; je connais l'humeur de ma maîtresse, je sais votre mérite, je sais mes talents, je vous conduis, et on vous aimera, toute raisonnable qu'on est ; on vous épousera, toute fère qu'on est, et on vous enrichira, tout ruiné que vous 30 êtes, entendez-vous ? Fierté, raison et richesse, il faudra que tout se rende. Quand l'amour parle, il est le maître, et il parlera : adieu ; je vous quitte ; j'entends quelqu'un, c'est peut-être Monsieur Rémy ; nous voilà embarqués ; poursuivons. (Il fait quelques pas, et revient.) À propos, tâchez que Marton prenne un peu de goût pour 35 vous, L'amour et moi nous ferons le reste.
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