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analyse linéaire n•1, Lectures de Français

analyse linéaire le vin des chiffonniers

Typologie: Lectures

2023/2024

Téléchargé le 30/01/2024

ines-frango
ines-frango 🇫🇷

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Aperçu partiel du texte

Télécharge analyse linéaire n•1 et plus Lectures au format PDF de Français sur Docsity uniquement! AL N°1   : LE VIN DES CHIFFONIERS Comment Baudelaire transforme-t-il la boue du chiffonnier en or poétique ? Introduction   : Avec seulement cinq poèmes, « Le Vin » fait partie des sections les moins fournies des Fleurs du Mal. Deuxième poème de la section, « Le Vin des Chiffonniers » présente une déclinaison du thème que se proposer d’évoquer Baudelaire en introduisant dans ces huit quatrains composés d’alexandrins la figure d’un chiffonnier parisien miséreux et ivre rêvant sa vie et se la représentant glorieuse. Comment Baudelaire transforme-t-il la boue du chiffonnier en or poétique. En effet, le poète présente d’abord un personnage de chiffonnier explicitement indigent, avant d’exposer les visions victorieuses de ce dernier, rêvant sa via. Enfin, le poète présente un chiffonnier ivre avant de de dévoiler sa transformation provoquée par le vin qui aura des effets ambivalents. Enfin, il apporte un rapport entre l’Humanité et le Vin. I/ Présentation d’un chiffonnier ivre (strophe 1-2) A- Une scène introduite par la vue - « Souvent » v.1 : adverbe qui montre la fréquence, l’habitude de voir un chiffonnier ivre. - « Clarté, rouge, réverbère » v.1 : champ lexical de la lumière qui peut être perçu par la vue. - « Vent » v.2 : il fait ici appel à d’autres sens que la vue qui peuvent être le toucher et l’ouïe. C’est un début de synesthésie. Le vent représente ici un danger car il pourrait éteindre la flamme, il est personnifié car il pourrait également plonger la rue dans l’obscurité. - « Flamme », « rouge » v.2: ajoutent des informations sur la couleur et est symbole de transformation (alchimie). - « Fangeux » v.3 : indication supplémentaire sur une odeur d’égout ou de boue.  Le fait que cette scène soit introduite par la vue plus les autres sens nous permet de nous immerger facilement. B- Description d’un lieu misérable - V.3-4 : « vieux » « fangeux » « ferments » : insistance sur le côté misérable, le chiffonnier est dans la saleté, la fange avec ces adjectifs péjoratifs. - « Grouille » v.4 : compare l’humanité à un tas de vermines grâce à l’emploi de ce verbe. - « Ferments orageux » v.4 : les personnes misérables rejetées dans les faubourgs peuvent provoquer une révolter du peuple. C- Introduction progressive d’un personnage - « On voit un chiffonnier qui vient » : emploi du présent de vérité générale et du pronom indéfini « on » annonce le portrait d’un chiffonnier. Le chiffonnier était un homme chargé de remuer les ordures de la ville afin d’y puiser des restes revendables. - « voit » v.5 : champ lexical de la vue qui se prolonge. - « hochant », « buttant », « cognant » v.5-6 : énumération de participes passées qui créer des mouvements, actions. - « comme un poète » v.6 : comparaison entre le chiffonnier ivre et le poète. - La diérèse de « glorieux » au vers 8 le met en valeur et permet de faire une opposition, un contraste avec les termes annoncés précédemment. - « épanche » v.8 : au sens figuré, c’est vider tout ce qui se passe dans son cœur. II/ Visions ambivalentes d’un homme transformé par le vin (strophe 3-6) A- Énumération des activités glorieuses d’un chiffonnier - Énumération de verbes d’actions aux vers 9 et 10 restitue ce combat imaginaire où le chiffonnier se rêve en héros faisant régner la justice. Ce fantasme témoigne du besoin de justice sociale du chiffonnier, justice absente dans le Paris des miséreux. - « Terrasse les méchants, relève les victimes » v.10 : parallélisme qui crée une image d’opposition. - Registre épique dans la strophe 3 qui contraste avec les 2 dernières strophes qui étaient au registre pathétique. - La comparaison « sous le firmament comme un dais suspendu » v.11 habille la misère d’un manteau de splendeur avec une dimension royale. - C’est dans l’ivresse que le chiffonnier peut ainsi exercer sa vertu « S’enivre des splendeurs de sa propre vertu. » v.12 : allitération en « s », « v » et « r » font ressentir au lecteur cet état d’ébriété, mais aussi le caractère liquide du vin et les termes mélioratifs comme « splendeurs ». B- Des images qui illustrent l’ambivalence de sa situation - La strophe 4 s’ouvre sur un « oui » au. Vers 1 qui apporte une confirmation et permet de faire un lien entre la strophe 3 et 5. - La métaphore des gens au vers 16 ainsi que la personnification de Paris les comparent au vomissement confus de l’énorme Paris, à un tas de vermines. - L’énumération de participes passées à la strophe 4 met en valeur l’instance de survie qui est difficile à tous les niveaux. Ceci est d’autant plus présent avec le champ lexical de la tourmente et de la douleur. - Le registre pathétique a repris sa place durant cette strophe. - On remarque au vers 17 les termes « parfumés » et « futailles » qui exprime une opposition entre le positif et le négatif. - Cette ambivalence se poursuit au vers 18. En effet, la métaphore au vers 18 : « blanchis dans les campagnes » et la comparaison des moustaches avec des vieux drapeaux représentent une ambivalence dans la description des combattants. La comparaison vient casser le caractère glorieux et combatif. - Dans cette 5ème strophe, les images pourraient être du registre épique mais sont cassées par des termes péjoratifs. C’est donc un mélange de deux registres. C- L’apothéose de sa transformation - Le passage entre la 5ème et la 6ème strophe s’opère par un enjambement marquant le début du retour au positif qui avait déjà commencé au vers 20 avec une énumération de termes avec un rapport au succès tels que « bannières », « fleurs », « arcs triomphaux ». - La strophe 6 a recours plusieurs fois à l’ouïe : « clairons » « tambours », et à la vue : « lumineuse » « soleil ». - Les vers 21 et 22, riment entre eux grâce au termes « magie » et « orgie » qui ont des connotations magiques et même alchimique. - Grâce à la ponctuation et plus particulièrement aux virgules, le rythme de la 6 ème strophe s’accélère. La ponctuation forte présente du vers 21au vers 24 traduit même l’apothéose de la transformation. - La polyptote du vers 24 insiste sur l’ivresse avec les termes « ivre » « ivresse » « s’enivrer » III/ Explications du rapport entre l’Humanité et le Vin (strophe 7-8) A) Une conclusion à valeur didactique (qui délivre un enseignement) - Le vers 25 commence par un connecteur qui a valeur de conclusion : « Ainsi ». - De plus, l’allégorie de « l’Humanité » montre que sa concerne tout le monde. - Cette idée est consolidée par le verbe « frivole » qui est au présent et a une valeur de vérité générale. - Le vin est personnifié dans les vers 26, 27 et 28 : « roule de l’or », « chante ses exploits » et « règne » ce qui lui donne du pouvoir qu’il ne devrait pas posséder. - Le Vin est également comparé au Pactole au vers 26, qui est un fleuve mythologique qui effectue une transformation en or. - La prise de contrôle de l’homme par le vin est exprimée au vers 27 : « Par le gosier de l’homme ». On comprend ici la supériorité du vin. - Ce sentiment est poursuivi au vers suivant avec les termes « règne » et « rois » qui sont symbole de royauté. Le chiffonnier n’est plus roi, il a été remplacé par le vin. AL N°1 : LE VIN DES CHIFFONNIERS Souvent à la clarté rouge d’un réverbère Dont le vent bat la flamme et tourmente le verre, Au cœur d’un vieux faubourg, labyrinthe fangeux Où l’humanité grouille en ferments orageux, On voit un chiffonnier qui vient, hochant la tête, Butant, et se cognant aux murs comme un poète, Et, sans prendre souci des mouchards, ses sujets, Epanche tout son cœur en glorieux projets. Il prête des serments, dicte des lois sublimes, Terrasse les méchants, relève les victimes, Et sous le firmament comme un dais suspendu S’enivre des splendeurs de sa propre vertu. Oui, ces gens harcelés de chagrins de ménage Moulus par le travail et tourmentés par l’âge Ereintés et pliant sous un tas de débris, Vomissement confus de l’énorme Paris, Reviennent, parfumés d’une odeur de futailles, Suivis de compagnons, blanchis dans les batailles, Dont la moustache pend comme les vieux drapeaux. Les bannières, les fleurs et les arcs triomphaux Se dressent devant eux, solennelle magie ! Et dans l’étourdissante et lumineuse orgie Des clairons, du soleil, des cris et du tambour, Ils apportent la gloire au peuple ivre d’amour ! C’est ainsi qu’à travers l’Humanité frivole Le vin roule de l’or, éblouissant Pactole; Par le gosier de l’homme il chante ses exploits Et règne par ses dons ainsi que les vrais rois. Pour noyer la rancœur et bercer l’indolence De tous ces vieux maudits qui meurent en silence, Dieu, touché de remords, avait fait le sommeil; L’Homme ajouta le Vin, fils sacré du Soleil ! Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1857
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