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ANALYSE LINEAIRE PROLOGUE JUSTE LA FIN DU MONDE, Dissertation de Français

Analyse linaire du prologue de juste la fin du monde

Typologie: Dissertation

2022/2023
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Téléchargé le 25/01/2023

salmaan786
salmaan786 🇫🇷

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Télécharge ANALYSE LINEAIRE PROLOGUE JUSTE LA FIN DU MONDE et plus Dissertation au format PDF de Français sur Docsity uniquement! 1 Introduction Jean-Luc Lagarce est né en 1957, il mourra du Sida 38 ans plus tard. Écrivain, metteur en scène et dramaturge, il écrit, en 1990, Juste la fin du monde une pièce de théâtre dont le personnage principal, Louis, décide de retourner voir sa famille qu’il a quittée bien des années plus tôt afin de lui annoncer sa mort prochaine. Mais il repartira sans l’avoir dit. La pièce n’est pas découpée en actes mais en partie et en scènes et elle comporte un prologue, un intermède et un épilogue. L’extrait que nous allons analyser est le Prologue, forme héritée de l’antiquité, qui traditionnellement a pour fonction d’exposer le sujet. Mais ici, le prologue utilise aussi des éléments de la dramaturgie contemporaine. Il se compose d’une seule très longue phrase constituée en versets. La parole intime et hésitante de Louis est marquée par des répétitions, des épanorthoses. La temporalité se brouille et nous laisse dans l’ambiguïté. La parole théâtrale se fait récit. Seule chose dont nous sommes sûrs, c’est qu’il y a là un homme qui sait qu’il va mourir, et qui veut choisir la manière de le dire pour garder l’illusion qu’il est encore maitre de sa vie. Notre fil directeur s’efforcera de montrer en quoi ce prologue par son étrangeté, nous plonge dans la tragédie à venir. Mouvements 1er mouvement : Un étrange début 2ème mouvement : La décision 3ème mouvement : Vouloir rester maitre 1er mouvement LOUIS. – Plus tard‚ l’année d’après Le prologue s’ouvre sur deux informations temporelles « Plus tard‚ l’année d’après » qui au lieu de donner des précisions, brouillent la temporalité. « plus tard » en tout début de discours suppose une parole antérieure, un évènement antérieur ignoré du lecteur/spectateur. « l’année d’après » est tout aussi ambigu puisque cette information ne se rattache à aucune année précise. – j’allais mourir à mon tour – 2 -« j’allais mourir » est un futur proche dans le passé : aller (à l'imparfait)+ infinitif. Ce qui donne l’impression que la parole vient d’un au-delà, d’un ailleurs…de qqn qui regarde sa vie terminée. Celui qui s’exprime semble déjà mort. « A mon tour » peut renvoyer justement à cet évènement qui précède le « plus tard » et qui n’est pas nommé. (le « à mon tour » nous indique simplement que sa mort suivra celle de quelqu’un d’autre ! J’ai près de trente-quatre ans maintenant et c’est à cet âge que je mourrai‚ l’année d’après‚ « j’ai » est un présent d’énonciation (moment où il parle)/ indication sur son âge, âge donné dans la liste des personnages.. Ce présent est suivi dans la proposition suivante par un futur « je mourrai », qui cette fois a valeur de certitude. « l’année d’après » nouveau brouillard temporel qui en réalité ne se rapporte pas au moment de l’énonciation mais à cet évènement que l’on ignore , qui a eu lieu avant et qui est la mort d’un(e) autre. Elle renvoie à un cadre temporel passé sinon on aurait « l’année prochaine ». Il est à noter que cette information revient de nombreuses fois dans le passage. C’est une épanalepse : c’est-à-dire la reprise de groupes de mots complets, de façon insistante . Elle est un donc un marqueur temporel fort mais mystérieux. Cette mort annoncée, inévitable, fait de Louis un personnage de tragédie… On a donc dans ces trois premières lignes, des informations sur le personnage de Louis : son âge, et l’annonce de sa mort. Mais on a aussi une ambiguïté temporelle qui donne à entendre un personnage à la fois déjà mort et encore vivant. 2° mouvement de nombreux mois déjà que j’attendais à ne rien faire, à tricher, à ne plus savoir, de nombreux mois que j’attendais d’en avoir fini, l’année d’après, « de nombreux mois » x 2 : Construction anaphorique et répétition du verbe « attendre » à l’imparfait montrent un rapport au temps perturbé. D’autant que le verbe « attendais » n’est suivi que par des formes négatives à l’infinitif « à ne rien faire », « ne plus savoir » qui en plus du sens lexical, donne une impression de paralysie, d’incapacité à agir. Quant aux deux verbes qui ne sont pas à la négative, « à tricher », « d’en avoir fini » , ils sont presque antithétique parce que tricher, c’est l’idée de mentir aux autres et à soi-même sur cette mort à venir et « en avoir fini » peut signifier deux choses : 5 Il nous donne à voir qui il est pour « eux », toujours pas nommés et toujours associés comme un bloc. pour annoncer, dire, seulement dire, ma mort prochaine et irrémédiable Le verbe « annoncer » est aussitôt substituer en « dire ». On retrouve là le principe d’épanorthose sans cesse utilisé par les protagonistes. Le souci du mot juste, qui oblige à reprendre sans cesse les propos. »dire, seulement dire » Louis nous livre une réflexion entrain de se faire. Les verbes de parole sont très présents « annoncer » et « dire ». Finalement toute l’histoire de Louis dans cette pièce, c’est l’histoire d’un personnage qui doit dire quelque chose et qui ne le dira pas… et qui se noiera dans le flux de paroles des autres…( Louis prend la parole essentiellement quand il est seul, excepté 6, I et 11, 1) Le thème du messager porteur d’une funeste nouvelle rapproche une nouvelle fois la pièce d’une tragédie grecque « ma mort prochaine et irrémédiable », l’adjectif « irrémédiable » inscrit la pièce dans un horizon tragique traditionnel : la mort est une fatalité dès l’ouverture de la pièce. Ainsi, même aux portes de la mort, Louis va s’efforcer de correspondre à l’image que l’on a de lui, qu’il a toujours donné de lui. Et qu’il s’est toujous donné à lui-même. Il n’est pas le seul à subir cette contrainte de l’étiquetage d’ailleurs. Dans la pièce, Suzanne est la médiocre, Antoine le colérique brutal… 3° mouvement l’annoncer moi-même, en être l’unique messager, - On a ici la métaphore du messager qui dans la tragédie antique, vient annoncer une mort ( par exemple le messager de Corinthe dans Œdipe Roi de Sophocle annonce la mort du roi et de la reine à Œdipe). et paraître – peut-être ce que j’ai toujours voulu, voulu et décidé, en toutes circonstances et depuis le plus loin que j’ose me souvenir – et paraître pouvoir là encore décider, me donner et donner aux autres, et à eux, tout précisément, toi, vous, elle, ceux- là encore que je ne connais pas (trop tard et tant pis), me donner et donner aux autres une dernière fois l’illusion d’être responsable de moi-même et d’être, jusqu’à cette extrémité, mon propre maître. 6 « paraitre » n’est pas être ! le verbe revient deux fois et la présence du mot « illusion » un peu plus loin crée l’impression que Louis vient jouer son dernier rôle. Il faut attendre la fin de la séquence pour trouver ce qui complète le verbe paraître « mon propre maitre ». Donc garder le contrôle de soi, de sa vie. L’illusion que Louis veut donner, et a toujours voulu donner « j’ai toujours voulu, voulu et décidé », c’est celui d’un être maitre de son destin, d’un être libre. « décider » apparait x 2 « responsable », « mon propre maitre » Là, la vie a décidé pour lui, cette maladie et cette mort, il ne les a pas choisies néanmoins le champ lexical de la volonté, la lucidité de Louis, c’est finalement ce qui lui reste de liberté, de libre arbitre. Et il veut en faire usage. Il décide de rester le même aux yeux des siens. En ce sens il est bien un héros tragique puisqu’il est confronté à qqchse de plus fort que lui, qu’il ne pourra pas gagner mais qu’il lui appartient encore de décider de la manière dont il effectuera sa sortie. « me donner et donner aux autres, et à eux, tout précisément, toi, vous, elle, ceux- là encore que je ne connais pas (trop tard et tant pis), » Ce besoin de maitrise dépasse le cadre familial. L’énumération « aux autres‚ et à eux‚ tout précisément‚ toi‚ vous‚ elle‚ ceux-là encore que je ne connais pas (trop tard et tant pis)‚ » peut se lire comme une adresse de Lagarce, à travers le personnage de Louis, à son public (« toi, vous, elle »). « Juste la fin du monde » serait alors une sorte de double adieu, à la fois à ses proches et à son public. Les derniers mots du prologue, « jusqu’à cette extrémité, mon propre maître », manifestent bien sa résistance à l’écrasement tragique. Une résistance illusoire mais nécessaire. Conclusion Si l’on reduit à l’essentiel cette longue phrase du prologue, on obtient une information minimale mais profondément tragique. Plus tard (…) je décidai de retourner les voir pour annoncer (…) ma mort prochaine et inévitable. Mais le messager ne prononcera jamais le message qu’il était venu annoncer. Le brouillage temporel ne sera jamais totalement levé puisqu’on ne saura jamais « après quoi ». On comprend seulement que ce début est un « après », un « après » le drame qui va être représenté. Et on ne peut affirmer si le narrateur est mort au moment de la narration Nous savons seulement qu’ une mort a eu lieu, qu’une autre est programmée et que le temps de la représentation se situe entre ces deux évènements. l’incipit de la deuxième partie sera un constat d’échec : « sans avoir osé dire ce qui me tenait à cœur […] je repris la route ». 7
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