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Analyse linéaire sur la mort de Manon, Exercices de Français

Ce document est une analyse linéaire, grammaticale sur la mort de Manon

Typologie: Exercices

2023/2024

Téléchargé le 31/05/2024

astrid-levasseur
astrid-levasseur 🇫🇷

2 documents

Aperçu partiel du texte

Télécharge Analyse linéaire sur la mort de Manon et plus Exercices au format PDF de Français sur Docsity uniquement! .; .. Lecture linéaire 4 :la mort de Manon, Manon Lescaut, Abbé Prévost, 1731 Introduction : Le père Goriot, Emma Bovary, Jean Val jean, Gervaise, Mme de Clèves... La mort du personnage littéraire est un topos de la littérature. Selon les situations, cette mort peut glorifier le héros ou consacrer son échec. Elle peut aussi punir le personnage comme la mort de Milady dans les :frcis. IDill!SQJJetaires ou le récompenser comme dans La princesse de Clèves où son renoncement est consacré. Dans Manon !.escaut roman écrit par l'abbé Prevost et paru en 1731, la mort de Manon et son enterrement terminent le roman. Sous forme d'analepse, le roman nous a fait vivre la rencontre puis les amours tumultueuses et voluptueuses du chevalier des Grieux, jeune homme de bonne famille, promis à un avenir religieux et de Manon Lescaut, une prostituée. La mort de Manon nous est racontée neuf mois après ce douloureux événement. L'extrait se situe à la fm de l'oeuvre, dans la deuxième partie .Après avoir été déportée avec d'autres filles de joie, Manon est exilée en Amérique (c'est le père de Des Grieux qui a obtenu cet éloignement). Désespéré, Des Grieux parvient à s'embarquer sur le bateau où elle se trouve comme volontaire afin de rester avec elle. Lorsqu'ils débarquent à La Nouvelle-Orléans, Manon renaît à des sentiments nouveaux : elle devient fidèle et dévouée à son amant. Les deux amants veulent se marier, mais le neveu du gouverneur souhaite épouser la jeune femme. Un duel s'engage alors entre les deux rivaux et, croyant avoir tué son adversaire, Des Grieux s'enfuit avec Manon daos le désert où elle meurt d'épuisement. La scène se passe dans le désert, la nuit. Manon, épuisée par la longue marche, va mourir, assistée par Des Grieux. C'est lui qui raconte la scène à l'homme de qualité, le chevalier de Renoncour. La description de la mort de Manon est remarquable car elle traoscende les relations des deux amants. Ils ne sont plus un couple égaré, avide d'une vie facile et sensuelle, mais deux amoureux liés, si bien que Je lecteur se demande si le personnage, loin d'être condamné, ne bénéficie pas d'une rédemption ... Lecture expressive : Nous repérons 3 mouvements dans cet extrait : • Premier mouvement : Des Grieux avertit du caractère tragique de son récit. (lignes • Deuxième mouvement : Description de la mort de Manon( lignes • Troisième mouvement : La rédemption des héros (lignes ProblématiqJ!e : Comment, par le récit pathétique mais sobre de la mort de Manon, le narrateur­ personnage suggère-t-il que les deux amants coupables connaissent une rédemption ? ., Premier mouvement : Des Grieux avertit du caractère tragique de son récit. Topo des enjeux du mouvement· L'apostrophe à l'interlocuteur est très importante dans la construction du récit de la mort de Manon. << N'exigez point de moi que je vous décrive mes sentiments », << c'est tout ce que j'ai la force de vous apprendre >> : ces deux formules rappellent à la fois au lecteur que le chevalier de Renoncour est bien le destinataire de cette confession, mais elle permet aussi au narrateur d'éviter de s'épancher en avouant qu'il ne peut revenir sur ce qu'il a éprouvé alors, pour ne pas éveiller une souffrance qui cost toujours intacte, et qu'il ressent vivement. Le narrateur multiplie les adresses à son interlocuteur, qui est certes, Renoncour, mais aussi le lecteur ;Des Grieux est incapable de raconter en détail : il s'en excuse auprès de ses auditeurs par deux fois à travers des impératifs de prière(<< Pardonnez si j'achève en si peu de mots>>;(<< N'exigez point de moi>> dans le 2ème mouvement)). Pris par l'émotion rétrospective au moment du récit, le narrateur commente ce récit et le dramatise. Plus l'information est lourde, plus la phrase se fera courte. On peut noter ainsi une remarquable sobriété dans le récit, en contraste avec le reste du roman. -<<Pardonnez, si j'achève .. qui me tue >>:La phrase débute par un impératif qui ressemble plutôt à une prière. Des Grieux s'adresse à Renoncour et, à travers lui, au lecteur. Le présent réappar111"t de façon subite et inattendue. Alors qu'on assistait au détail de la vie de Manon et du chevalier, le narrateur nous annonce que la fm va être très courte. Mots très courts qui accompagnent la brièveté de la fin. De même, -Vocabulaire de la fin, du néant : <<achève», <<peu>>« tue >>.Le verbe« tuer>> placé à la fin de la phrase est très fort : le narrateur ne semble vivre encore que par une sorte de malédiction le condamnant à transmettre un récit pathétique comme si revivre cet instant lui permettait de vivre à nouveau, pour mourir encore ... On note en effet l'emploi du présent d'énonciation « tue>> .Le pathétique est accentué par le sens que des Grieux donnent à cette mort et au supplice supplémentaire qu'il subit en survivant, en se remémorant constamment cette scène d'agonie. En effet, ilia<< porte sans cesse» dans sa mémoire et le recul<< d'horreur »qu'elle provoque en lui reste intact. La personnification« Mon âme semble reculer>> montre la puissance du sentiment li s'agit ici de dire l'indicible: la perte de l'être aimé ... -<<Je vous raconte ... jamais d'exemple>>: On relève le vocabulaire de la narration: «mots», <<raconte>>, << malheur >>, <<jamais d'exemple » : l'hyperbole rend le discours plus pathétique encore. << Toute ma vie ... à le pleurer >> : Hyperbole : <<toute ma vie >> ; DG pleure non Manon, mais le malheur. << destinée >> : rappelle la relation entre Manon et des Grieux qui étaient destinés l'un à l'autre( conune le montre la scéne de leur rencontre) ou qui sont frappés par le destin. Tragique de la situation. <<Mais( ... ) l'exprimer>>: vocabulaire de l'éternité, de la durée: jamais, toute ma vie, sans cesse.<< porte>> : fardeau <<horreur>> : mis en valeur à la suite de l'homophonie en << m » (ma mémoire mon âme) : cette sonorité était douce tandis que le mot << horreur >> sonne. Il fait aussi écho en termes de sonorité avec «malheur>>. «j'entreprends>>: fait allusion à une quelque chose de difficile, de douloureux;<< l'exprimer»: difficulté à dire ce qui est contradictoire car le travail de l'écrivain, du narrateur est de dire, d'exprimer. Cela rappelle le fuit que le narrateur soit obligé d'expliquer en<< peu de mots». è - « N'exigez ... expressions >> : Deuxième apostrophe au lecteur ou au narrateur. Apostrophe qui surprend car on s'attendait à ce stade du récit qu'il nous soit décrit la fm de Manon. Or, plutôt que cette description ou que la narration de la douleur et de la souffrance qui ont dû être ressenties par des Orieux, le récit est coupé par cette apostrophe étonnante et qui donne encore plus de relief à une mort qui ne nous est pas contée. Nous ignorons si l'agonie a duré longtemps. Le chevalier traduit ici exactement ce qu'il armonçait au premier paragraphe. Il use d'un paradoxe : il aff"mne vouloir «raconter un malheur>> et, en même temps, il ne parvient pas à raconter cet événement. -On trouve à nouveau un jeu des pronoms:« moi»,« je vous>> (deux fois) mais Manon ayant disparu, c'est au narrateur que le chevalier s'adresse: le «vous>> qui remplace les pronoms qui jusque-là désignaient Manon marque encore plus l'absence de celle-ci. Le refus de rapporter les expressions de Manon confirme le premier paragraphe où des Orieux expliquait qu'il ne pouvait« exprimer>>. <<Je la perdis ... elle expirait>>: La mort de Manon est résumée en 3 mots: <<je la perdis»: c'est le sentiment de vide, d'absence du narrateur qui est mis en exergue et pas la mort, trop difficile à dire : un euphémisme lui est préféré. Pour une dernière fois, le narrateur réunit les deux pronoms : <<je >> et le « la >> de Manon puis << je elle >>. DG choisit de ne pas rapporter ces derniers instants pour en conserver l'exclusivité, et d'exprimer sans précision leur ultime et douce communion . Tout est suggéré: <<marques d'amour>>. Alors qu'on était dans des gestes continus, renouvelés (<<chaque fois», <<sans cesse»,« fréquents>>), la simultanéité apparaît:<< au moment même» pour mieux marquer le dernier soupir de l'hérome. - << expirait >> : rappelle souffle du début du paragraphe : << expirer>> vient du latin qui signifie << rendre par le souffle>>: Manon rend son dernier souffle alors que son amant, quelques heures avant, n'osait pousser le moindre souffle ... Les deux amants sont sans cesse reliés l'un à l'autre :par leur souffle, par leurs mains. Le narrateur use d'euphémisme (avec expirer) pour ne pas sembler choquant et rester dans le registre de la Bienséance, et offrir aussi au personnage une mort digne. Les << marques d'amour>> répondent aux << tendres consolations de l'amour>> données par le chevalier. Ainsi, à un geste d'amour répond un autre geste d'amour. -Le texte est comme nn mouvement où les mots, les gestes, les pronoms se répondent, sont liés, traduisant textuellement la relation amoureuse. La sensualité de Manon disparaît au moment de sa mort. Elle n'est plus que le symbole de l'amour et de la tendresse. Cela peut être lue comme une rédemption du personnage. En effet, l'amour, l'abnégation ont pris possession de Manon au point que son dernier acte est un don, une preuve ultime de son attachement:<< Je reçus d'elle des marques d'amour, au moment même qu'elle expirait >>. La mort survient dans le calme du << silence » et dans la douceur des gestes à peine esquissés ( << Le serrement de ses mains >>). Il s'agit bien d'une mort sublimée, où, le corps même ne subit pas de dégradations ... << C'est tout ... événement>> : le narrateur semble se raccrocher à son interlocuteur car il se sent perdu. << fatal >> : étymologiquement, cet adjectif désigne ce qui est funèbre. L'adjectif correspond parfaitement à ce qui nous est rapporté. De même, << déplorable >> évoque étymologiquement le fait de pleurer, faisant écho au << pleurer >> de la troisième phrase du texte. Transition ::_.' La mort tragique de Manon. mais racontée avec une sobriété qui rend le pathétique d'autant plus efficace, est transcendée par les gestes de tendresse des deux amants qui apparaissent plus liés que jamais. Le lecteur peut se demander comment des Orieux va survivre au départ de sa bien-aimée. C'est l'objet du troisième mouvement. Troisième mouvement : La rédemption de Manon Une mort sublimée qui transfigure le personnage de Manon : de femme vénale à héroïne permettant au héros d'expier ses fautes. - << Mon âme ... la sienne >> : on retrouve le jeu des pronoms : en début de phrase, le « mon >> désigne des Grieux et en fin de phrase, « sienne >> rappelle Manon. De même, ce dernier paragraphe renvoie au début du texte où le chevalier évoquait son<< âme>>. Étymologiquement, l'âme évoque le souffle ... nous rappelant le souffle qui ouvrait la scène qui nous est racontée. L'évocation de l'âme montre également que l'agonie de Manon a enlevé aux deux amants le caractère hautement sensuel que leur attribuait le roman. Ce passage ne mentionne plus de scènes sensuelles mais mentionne seulement des gestes de tendresse. Le corps de des Grieux disparaît au profit de son âme. - « Le Ciel. .. puui >> : « le Ciel » : métonymie : Des Orieux estime que la mort de Manon est une punition divine. - «Il a voulu ... misérable >>:Le chevalier semble bien mort: il n'a plus de volonté, sa vie semblant obéir aux volontés divines. Des Orieux aurait préféré mourir en même temps que Manon. En le laissant vivre, le « Ciel » semble le considérer comme plus responsable qu'elle et entend lui réserver un éternel enfer ='> Châtiment. Il ne vit pas d'ailleurs, mais «traîne une vie)>, comme si la vie était désormais un poids pour lui qu'il était contraint de traîner. Le terme « depuis >> insiste sur la durée de ce poids à traîner. Alors que le texte était rempli de pronoms, ici, le mot « vie » qui devrait être évoqué par des Grieux avec «ma vie >> est évoqué au contraire avec le déterminant « une >>. - Des Orieux qualifie sa vie de « languissante et misérable >). La juxtaposition de ces deux adjectifs séparés par la conjonction de coordination « et>> fait écho aux mains « froides et tremblantes >> de Manon. Les mains froides et tremblantes de Manon étaient ses derniers mouvements de vie. Parallèlement. les derniers moments de vie de des Orieux sont « languissant >> (harmonie sonore avec « tremblant>)) et « misérable >). «Languissant>) évoque une personne faible mourante, renforçant l'impression que des Orieux est, d'une certaine manière, mort avec Manon. L'adjectif évoque aussi la langueur amoureuse, c'est-à-dire la mélancolie associée à l'amour, ce qui correspond aussi aux sensations que peut éprouver des Orieux en pensant à Manon. « misérable >) peut faire allusion au fait d'inspirer la pitié, sentiment qui a souvent été invoqué dans le roman (Renoncour semble avoir pitié du chevalier et le chevalier a souvent pitié de la situation de Manon) ; ce terme peut aussi évoquer la pauvreté. Or, l'argent et la peur de la pauvreté ont souvent été les moteurs des actions de Manon. Ainsi, les deux adjectifs qualificatifs choisis résument les thèmes du roman et sonnent de façon pathétique. Des Orieux a préféré une vie d'aventure, de passion et de plaisirs à la vie monastique et pauvre de Tiberge. Ce choix 1' a pourtant amené à vivre désormais une vie languissante et misérable ... ,, - << Je renonce ... heureuse » : la dernière phrase résonne comme un glas. Tout se passe comme si des Grieux, suivant la volonté de Dieu, contribuait à sa propre punition. L'adverbe <<volontairement>>, particulièrement long, insiste sur la participation de des Grieux à mener cette nouvelle vie. << jamais >> : le même mot avait été employé dans la deuxième phrase, mais il est accentué par le << plus » qui indique que la nouvelle vie du chevalier sera identique pour l'éternité. « heureuse» : l'adjectif répond au substantif« malheur>> de la même deuxième phrase. L'impression d'optimisme que sous-entend le mot« bonheur» est contre-balancée par le «jamais plus» qui le précède ; le bonheur, le paradis, est à jamais perdu. - Trois références temporelles se mêlent : le moment de la mort de Manon, le moment du récit à Calais et l'avenir: il permet de constater à quel point la vie de des Grieux est à jamais dévastée par la mort de Manon. Conclusion : Cet extrait répond au topos de la mort du personnage. Si le récit, qui respecte les règles de la bienséance, a un caractère pathétique, il permet de maguifier les deux héros. Au personnage vénal et sensuel de l'héroïne, se substitue une Manon tendre et mourant avec dignité. Quant à des Grieux, comme Adam qui a goûté le fruit défendu, il est condamné à subir la punition divine. Il n'est plus cet être qui s'égare dans la volupté et l'absence de morale. La mort de Manon lui permet une rédemption. De même, après une vie quelque peu dissolue faite de prostitution, de vols et de trahison multiples, Manon a donc une mort exemplaire- c'est du moins ainsi que nous la rapporte Des Grieux narrateur- dans la lucidité, la souffrance et l'abnégation, en pleine solitude et dans une nature hostile. C'est une véritable rédemption. Avant de mourir, elle a évolué, elle a racheté, d'une certaine manière, ses égarements. Elle meurt purifiée par sa traversée du désert, par le plus parfait amour, celui de Des Grieux , abandonnant son inunoralité. Par le sacrifice de sa vie, elle ramène aussi son chevalier vers une vie morale. On saisit ici tout l'ambivalence du projet du romancier, (préface) condamnation de la passion amoureuse. Comme dans Pierre et Jean ou comme dans la Princesse de Clèyes ou dans Le RQJ!ge et le Noir, l'individu qui ne s'est pas plié à la morale édictée par la société, emporté par la jalousie ou la passion amoureuse, est condamné à mourir ou à se retirer de cette société qui condamnait son comportement.
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