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ANALYSE LITTÉRAIRE, Résumés de Poétique

Œuvre : Guillaume Apollinaire, Alcools ... Apollinaire au miroir du poème » dans Alcools ... Enfermé pour une semaine à la Santé en.

Typologie: Résumés

2021/2022

Téléchargé le 03/08/2022

Renee88
Renee88 🇫🇷

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Télécharge ANALYSE LITTÉRAIRE et plus Résumés au format PDF de Poétique sur Docsity uniquement! En français dans le texte Émission diffusée le 27 février 2021 Objet d’étude : La poésie du XIX e siècle au XXI e siècle Parcours : modernité poétique ? Œuvre : Guillaume Apollinaire, Alcools Étude du poème « Cortège » « Apollinaire au miroir du poème » dans Alcools ANALYSE LITTÉRAIRE Introduction/Mise en situation Si la question de l’identité constitue une ligne de faille de la modernité poétique, elle possède chez Apollinaire une acuité singulière : l’état-civil même de l’homme se signale par sa complexité et sa labilité. Né en 1880 à Rome d’une mère polonaise et non mariée, qui ne le reconnaît pas immédiatement, il reçoit d’abord un nom prêté par l’administration. Après quelques mois, et la reconnaissance maternelle, lui échoit un cortège de prénoms : Guglielmo Alberto Wladimiro Alessandro Apollinare, ainsi qu’un patronyme polonais : de Kostrowitzky. Il est officiellement un sujet de l’empire russe. À la faveur de son engagement dans l’armée française, il obtient la naturalisation en mars 1916, et fait alors glisser l’un de ses prénoms pour l’ériger en patronyme, devenant ainsi Guillaume Apollinaire. Par cet état civil choisi, flambant neuf quoique récupérant son matériau dans le nom ancien, il s’agit bien de se revendiquer poète, en s’affiliant au dieu conducteur des Muses et maître en divination. Mais une telle première réponse : « je suis poète » ne fait que donner un nouvel élan à la recherche de l’identité dans la création poétique. S’engageant dans cette quête, Apollinaire ne craint pas le recours à des figures tutélaires imposantes, et, comme en regard du dieu de l’harmonie classique, il convoque aussi Orphée, modèle chéri des Romantiques : l’œuvre composite du Bestiaire, illustrée par le peintre Raoul Dufy et publiée en 1911, porte ainsi le sous-titre « Le Cortège d’Orphée ». Avec cette deuxième égide se révèle aussi le goût d’Apollinaire pour un mot dont il titre un long poème du recueil Alcools : « Cortège ». Le texte, dont les premières versions datent de 1906, est accompagné d’une dédicace à « M. Léon Bailby », directeur de L’Intransigeant, journal d’opinion de droite, nationaliste, au sein duquel Apollinaire tient la rubrique « la vie artistique », de 1910 à 1914. Il en fait d’ailleurs un espace de mise en lumière des avant-gardes esthétiques, détonnant ainsi au sein de la rédaction, injectant du nouveau dans un cadre conservateur. De la même manière, la voix qui se déploie dans le poème plonge ses racines dans un terreau lyrique ancien, mais semble proclamer l’avènement d’une identité poétique inouïe : écoutons passer ce cortège dans son mouvement paradoxal de retour aux sources et d’élan vers le nouveau : Lecture du poème « Cortège » Dans sa dimension visuelle même, le poème est organisé en trois espaces distincts : il y a d’abord la phase d’élan, avec les trois premières strophes qui comptent, dans l’ordre, cinq, six puis sept vers. Le recours au futur y renforce l’effet d’une grande prise de souffle, d’une tension vers le passage qui constitue le cœur du poème. Ce deuxième espace poétique, lancé par les deux syllabes mises en exergue « Un jour » puis reprises au début du vers suivant : « Un jour je m’attendais moi-même », constitue un bloc typographique massif qui représente le cœur solidaire du cortège, progressant vers une résolution : « et je parus moi- même/Qu’ont formé toutes les choses humaines ». Après un blanc viennent enfin deux quatrains d’alexandrins parfaitement canoniques, qui rompent soudain avec l’irrégularité de la marche des vers précédents, et clôturent le poème dans une forme de suspension méditative. Intéressons donc d’abord à la prise de souffle, à ces trois premières strophes au volume croissant. On entre dans le poème par un vers mystérieux, clos sur lui-même : « Oiseau tranquille au vol inverse oiseau », dont l’organisation tient d’une sorte de chiasme voire de palindrome. « Oiseau » est suivi d’un adjectif, puis des deux syllabes « au vol », puis de nouveau un adjectif, et le mot « oiseau ». Tout se passe comme si l’on pouvait lire le vers dans les deux sens, le renverser, « oiseau tranquille au vol inverse oiseau »/ « Oiseau inverse au vol tranquille oiseau ». Cela évoque l’étymologie du mot « vers » : versus, de vertere, tourner. Cela nous plonge surtout dans le vertige du poème, dont ce vers liminaire se fait l’emblème. L’inversion des repères se poursuit avec la mention de la nidification aérienne, qui vient fusionner fixation et mouvement, pesanteur et apesanteur. Puis c’est le haut et le bas qui deviennent un même point, avec le franchissement d’un espace poétique singulier : « A la limite où notre sol brille déjà ». Le mot « sol » rayonne à la fois vers son sens en français : la terre, en bas, et son sens en latin : le soleil, en haut. La confusion vertigineuse du haut et du bas est soulignée par l’antithèse entre les deux verbes dont l’oiseau est l’agent : « baisse » / « lèves ». Le lecteur éprouve presque physiquement la sensation de vertige : lever la tête, c’est être ébloui par la terre. La notion de sacré étant convoquée par le titre même du poème, plusieurs commentateurs ont vu dans l’ « oiseau au vol inverse » le rappel pictural de la colombe de la Pentecôte, où l’oiseau symbolise l’Esprit Saint qui descend sur les disciples du Christ. Pourtant, l’effusion mystique est ici singulière, car c’est l’oiseau même qui devrait répandre la lumière éblouissante qui se trouve ébloui. À moins que la « deuxième paupière » ne lui permette d’accéder à une vision nouvelle, dans un monde situé entre veille et sommeil… L’apparition de la première personne : « Et moi aussi de près je suis sombre et terne » installe le lecteur dans un univers de référence qui sonne d’une manière familière : comme dans un sonnet de Ronsard, l’on est passé par le détour de l’analogie, ici avec l’oiseau, et le poète semble vouloir expliciter le sens du recours à l’image : « Et moi aussi je suis… ». Mais Apollinaire laisse là Ronsard, et invite le lecteur à se dépouiller de ses repères anciens, en brouillant l’analogie envisagée. La linéarité évidente de la lecture, avec l’adresse à l’oiseau dans la première strophe, tend à faire de cet oiseau le comparant, certes, mais la construction parallèle des trois vers suivants, qui viennent compléter « je suis » par de nouveaux attributs : « Une brume »/ « Une main »/ « Une voûte » invite plutôt à rapprocher le « je » de cette deuxième paupière qui place une taie mystérieuse sur le monde. Le jeu vertigineux d’inversion entre ombre et lumière suggère
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