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Analyse lunettes manon lescault, Notes de Français

Analyse linéaire manon lescault

Typologie: Notes

2023/2024

Téléchargé le 31/05/2024

astrid-levasseur
astrid-levasseur 🇫🇷

2 documents

Aperçu partiel du texte

Télécharge Analyse lunettes manon lescault et plus Notes au format PDF de Français sur Docsity uniquement! LL Prevost « J’avais marqué le départ….. VDF+++ML Introduction : Figure de la littérature du 18e siècle, Antoine François Prevost plus connu sous son titre ecclésiastique d’Abbé Prévost, doit sa notoriété à une œuvre qui a connu un vif succès après avoir été saisie et condamnée à être brulée : L’histoire du chevalier Des Grieux et Manon Lescaut. Dans ce roman publié en 1733 et 1735 et tiré des mémoires et aventures d’un jeune homme de qualité, Prévost met en scène selon les propres termes de Montesquieu « un héros fripon et une héroïne catin qui plaisent car toutes les mauvaises actions du héros ont pour motif l’amour, qui est toujours un motif noble, quoique la conduite soit basse ». Le roman nous raconte en effet la passion tragique d'un jeune homme, issu de la noblesse et qui se destinait à une carrière religieuse, le chevalier Des Grieux pour Manon Lescaut, une jeune fille d'origine modeste, qui use de sa beauté pour se faire entretenir par des hommes riches. Situation de l’extrait : Le passage étudié se situe au début du récit que DG fait au marquis de Renoncour, « homme de qualité », qui le retranscrit fidèlement pour son lecteur. Lors de la 2° rencontre à Calais, le jeune homme de retour seul de Louisiane, et par gratitude envers le marquis entreprend de lui raconter son histoire. DG commence donc par préciser les circonstances de sa rencontre avec Manon: âgé de 17 ans, ayant terminé ses études de philosophie à Amiens il s'apprête à retourner chez son père. C'est alors qu'il voit Manon pour la première fois. Il s'agit là d'un topos du récit romanesque : la scène de première rencontre donne lieu à un coup de foudre. Cependant cette simplicité est trompeuse car il s'agit d'un récit rétrospectif accompagné des commentaires d'un DG beaucoup plus mûr, conscient de ses erreurs et assombri par le malheur. Problématique : comment coexistent dans le texte deux points de vue, celui du DG de 17 ans, et celui du DG de 22 ans ? Comment le regard du DG actuel influence-t-il la narration, et donc le lecteur pour faire de cette rencontre un élément fondateur qui bouleverse sa vie ? 1er mouvement : le cadre réaliste d’une curieuse rencontre de « j’avais marqué ….à aussitôt ». L. 1-2: Des Grieux évoque au plus-que-parfait sa décision de quitter Amiens, ce qui confère à ce récit un certain réalisme, la valeur d'anticipation du verbe « marquer » donnant à deviner une existence réglée, avec un projet, et la mention d'Amiens situant ce projet dans une ville connue. Cependant la deuxième phrase module ces propos en une exclamation tragique avec l'interjection « hélas », le double point d'exclamation et la formule littéraire avec inversion du sujet « que ne le marquais-je ». Cette prolepse est une déploration, un regret qui pique la curiosité du lecteur. L'annonce aussi du ton général du récit dans lequel le chevalier souvent se plaindra a posteriori de n'avoir pas pris les bonnes décisions ou d'être le jouet d'un destin contraire. La suite de la phrase au conditionnel passé « j'aurais porté », irréel du passé, peint une autre vie qui convoque son père et son innocence, la figure d'autorité étant liée à une moralité irréprochable. On peut dès lors augurer de mauvaises relations dans la suite du récit avec son père. L. 2-4 Si cette scène est celle d'une rencontre amoureuse, elle est peut-être avant tout celle d'une entrée dans le contraire de l'innocence, dans le vice donc. Le CCT qui suit « la veille même de... » témoigne à nouveau d'une volonté d'inscrire le récit dans une vérité temporelle. L'évocation toute « innocente » d'une promenade avec un ami, le participe présent « étant à me promener » faisant durer dans le temps ce moment. L'entrée dans le récit est marquée par les deux passés simples « vîmes »« suivîmes » dont le sujet commun « nous » témoigne là encore de l'innocence du fait: Tiberge et Des Grieux étaient deux jeunes hommes tranquilles et curieux, et l’arrivée d'un coche, un spectacle anodin. 2º précision géographique réaliste avec la mention de la ville d'Arras. L. 5-6: La phrase suivante sonne comme une justification, un déni de culpabilité : la négation restrictive « ne...que » implique que la seule « curiosité » n'est pas un péché. C'est un moyen habile d'allumer celle du lecteur qui apprend que cette voiture abritait « quelques femmes », formule vague qui indifférencie ces personnes, des figurantes donc, préparant l'arrivée de l'actrice principale. Des Grieux n'est pas particulièrement intéressé par les femmes de cet attelage. Ce premier mouvement propose donc une mise en scène efficace puisqu'il dresse un cadre réaliste et amène le lecteur à se demander comment la vie d'un innocent va être bouleversée. 2e mouvement : Un coup de foudre (L. 6-12 « Mais il en resta une…de mon cœur »). Le 2e mouvement s'ouvre par la conjonction adversative « Mais » qui prépare l'apparition de l'héroïne. La formule impersonnelle « il en resta une » donne l'impression qu'elle vient de nulle part, détachée du monde, c'est une véritable apparition avec ce que le mot connote de magie. Cette 1 re apparition de Manon face à DG répète de manière prémonitoire les circonstances de la rencontre de Renoncour avec la jeune femme, enchaînée aux autres prostituées et croisées à Pacy. Là aussi, Manon se distinguait du groupe et éclipser ses compagnes d'infortune.... La singularité du pronom « une » s'oppose au collectif « quelques femmes ». Si ces dernières ont vite disparu du champ de vision de DG, la jeune fille, seule, retient aussitôt son attention. Seule caractérisation: sa grande jeunesse. Des Grieux ne souhaite-t-il pas ici amadouer le destinataire de son récit en sous-entendant que, encore plus jeune que lui, Manon n'était pas entièrement responsable de ce qui arriva par la suite ? La proposition relative « qui s'arrêta seule dans la cour » liée à la jeune fille met en valeur son isolement, la plaçant « seule dans la cour », comme le personnage principal sur une scène. Le mystère de Manon commence ici, avec cette singularité, mais aussi avec l'évocation de l'homme âgé qui l'accompagne et dont le verbe modalisateur « paraissait » montre que l'on peut s'interroger sur le statut, d'ailleurs jamais élucidé. Cela pose aussi la question du statut social de Manon : pourquoi aurait-elle un serviteur, qui plus est empressé (« s’empressait »), à la différence des autres femmes? Son bagage même semble particulier, seul au milieu des « paniers ». Les autres femmes n'avaient-elles pas de bagages ? L. 8-10 : La phrase suivante, longue et complexe, est un retour sur Des Grieux qui s'étend sur son coup de foudre. Les pronoms de P1 saturent ce passage avec cinq occurrences. L'image de Manon semble s'imprimer en lui « elle me parut », le verbe paraître montrant qu'il s'agit avant tout d'un bouleversement physique, l'adjectif « charmante » étant à prendre ici dans son sens étymologique d'« envoûtante ». Sa simple vue crée un véritable séisme en lui. Le pronom tonique « moi » répété, comme pour marquer l'étrangeté du fait. Suivi de trois PSR qui dressent le portrait d'un pur innocent avec deux hyperboles « n'avais jamais pensé à... avec un peu d'attention »: les deux premières, relatives s'enchaînent évoquant un Des Grieux asexué qui n'aurait même jamais porté son regard sur une fille. Mais le narrateur tient à se défendre par avance ust en interrompant la suite attendue, par une reprise du pronom « moi » suivi d'une proposition incise « dis-je » qui modalise le propos en insistant sur le fait qu'il croit absolument ce qu'il dit. Ce jeune homme était un parangon de pureté, pour qui les femmes n'existaient pas. Ici encore c'est sa naïveté qui est pointée. S'ensuit dans la 3° relative un autoportrait de lui-même vu par les yeux des autres avec ici aussi une hyperbole « tout le monde » à la mesure de son innocence. La « sagesse » et la « retenue » caractérisaient donc le chevalier, deux vertus anéanties dans la fin de la phrase et sa métaphore « enflammé ». La locution adverbiale « tout à coup » signale l'instantanéité du coup de foudre et Des Grieux semble être alors la proie des flammes de l'enfer. Le CCM qui clôt la phrase « jusqu'au transport » annonce la sensualité dévorante qui sera alors la sienne en présence de Manon, car il s'agit là de manifestations physiques autant que morales. L. 10-12: Enfin, cette rencontre provoque un changement de comportement puisque l'aveu qu'il fait de son défaut « excessivement timide » est démenti par son attitude. Notons que le seul défaut de DG n'en est pas un, ce qui est encore ici un moyen de se rehausser aux yeux de son auditeur. La singularité de son attitude en présence de Manon est annoncée par la conjonction adversative « mais » et préparée par le CC d'opposition « loin d'être... faiblesse ». Ici renversement des valeurs: sa timidité étant une faiblesse, donc un défaut, le fait que la vue de Manon l'entraine à la dépasser peut être compris comme un geste valeureux, DG renouant ici avec un certain esprit de noblesse. Le passé simple « je m'avançai » signale le début des aventures, et la périphrase « la maîtresse de ors mon cœur » installe Manon dans la vie de Des Grieux qui, vaincu par l'amour, devient la victime de la beauté de la jeune fille. L'emprise de celle-ci est totale. Dans ce 2° mouvement DG raconte le coup de foudre dont il est l'objet mais prépare aussi son auditeur à pardonner ses errements en dressant un portrait positif de deux jeunes gens innocents. 3e mouvement : l'emprise de Manon (L. 12-20 : « Quoiqu'elle fût... et les miens ») L. 12-13 Le 3° mouvement s'ouvre sur une PS conj. d'opposition qui affirme l'extrême jeunesse des deux protagonistes, en portant l'attention sur Manon alors sujet de la plupart des verbes : elle devient bien le personnage principal dans la vie de DG. Ce qui frappe d'abord en elle, c'est un manque: l'embarras. Le verbe « paraître » laisse planer un mystère sur la psychologie de la jeune femme. DG semble ainsi déjà vouloir inciter sur l'expérience de la jeune fille en matière de séduction : M paraît habituée à être accostée de la sorte par un inconnu. On peut peut-être voir là aussi une critique masquée, une volonté de se dédouaner un peu en faisant porter la faute sur M: une jeune fille comme il faut aurait dû être embarrassée, M était-elle pervertie ? L. 13-15: Le passage au discours indirect qui suit est tout à fait banal, DG se renseignant sur les circonstances de la présence de Manon, et notamment sur les connaissances qu'elle pourrait avoir en ville. On peut cependant penser que DG prépare le terrain à son idylle, en vérifiant qu'elle n'a pas d'attache qui pourrait la retenir. Or Manon ne semble pas répondre à la question. De plus, l'adverbe « ingénument » qui caractérise au début de la phrase sa prise de parole peut sembler suspect: est-ce une posture? est-elle déjà en train de jouer le rôle de la jeune fille innocente ? Manon, sujet d'une phrase passive: « elle y était envoyée » dont le complément d'agent est « ses parents », ce qui devrait freiner les ardeurs de DG d'autant plus qu'elle est destinée à devenir religieuse. L. 15-17: Mais DG avoue déjà être guidé par l'amour, sujet du verbe « rendait » dont il est l'objet « me » : c'est presque une allégorie, DG n'est plus maître de lui, victime d'une fatalité amoureuse. L'adj « éclairé » exprime un bouleversement qui tient du prodige, DG a acquis une forme de connaissance instantanée, il est immédiatement « déniaisé », la rapidité du changement étant perceptible à travers les 2 CCT « déjà » et « depuis un moment que ». Il n'aura fallu que ce moment pour qu'il remette en question la voie religieuse que Manon allait prendre. La fin de la phrase continue dans un registre de tragédie avec l'évocation du « dessein » des parents qui est un « coup mortel », hyperbole qui recentre le propos sur lui. Dès cette rencontre, la vie de DG est suspendue au destin de Manon. Ce sont ses « désirs » qui sont en jeu et l'on peut s'interroger sur ce que le mot recouvre car le pluriel oriente la signification vers le physique autant que le moral. L. 17-20 :
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