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Analyse phonostylistique des poèmes d'Yves Bonnefoy, Notes de Histoire de la Musique

que le fait que la musique de ses paroles ... description, l'explication, … etc. ... la lecture de Baudelaire, Rimbaud et Mallarmé puis, plus tard, ...

Typologie: Notes

2021/2022

Téléchargé le 03/08/2022

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Télécharge Analyse phonostylistique des poèmes d'Yves Bonnefoy et plus Notes au format PDF de Histoire de la Musique sur Docsity uniquement! Université de Damiette Faculté des Lettres Département de Français Du symbolisme phonétique dans la poésie française contemporaine : Analyse phonostylistique des poèmes d’Yves Bonnefoy Thèse de doctorat en linguistique Préparée par Basma Ibrahim Mohamed ELSAYED Maître-assistante à la section de français Département des langues étrangères Faculté de Pédagogie - Université de Mansoura Sous la direction de Dr. Racha Mahmoud EL-KHAMISSY Dr. Hani Georges FANOUS Professeur de linguistique Professeur-adjoint de linguistique Département de français Département de français Faculté Al-Alsun Faculté des Lettres Université de Aïn-Chams Université de Damiette 2018 1 Que la langue sonne, vibre et résonne, qu’elle tremble, cela lui est tout aussi propre que le fait que la musique de ses paroles véhiculent .. un sens ! 4 Quatrième chapitre : Esthétique du son dans "Poèmes" d’Yves Bonnefoy 1. La variation sonore (les modèles de l’oralité) 2. L’esthétique sonore 2.1- Les paroles expressives 2.2- Les paroles impressives 3. La métaphore phonétique 4. La motivation phonostylistique Conclusion Bibliographie Table des matières 5 Introduction 6 Introduction Sous la plume du poète français contemporain Yves Bonnefoy, nous n’observons qu’une richesse remarquable d’expressions dans le son et le sens à la fois. En effet, sa poésie est très intéressante et pleine de phénomènes phonostylistiques variés qui méritent d’être largement étudiés. Dans notre recherche, nous ferons une analyse phonostylistique du recueil Poèmes d’Yves Bonnefoy, un des plus importants poètes contemporains en France qui a bien enrichi la poésie française moderne. Notre travail actuel vise à déduire certains aspects du style phonique dans la poésie contemporaine par l’étude de l’ouvrage considérable d’Yves Bonnefoy. D'ici, il nous incombe donc d'abord d’expliquer les concepts concernant notre sujet afin d’éclaircir notre point de vue à travers toutes les étapes de la recherche. 1- La phonostylistique La phonostylistique en tant qu’approche linguistique est issue de trois branches : la phonétique et la phonologie et la stylistique. Elle est une discipline créée par Troubetzkoy en 1938 pour qu’elle accompagne la phonétique dans l’analyse des textes, des discours et de toute réalisation phonique. Raison pour laquelle, la tentative la plus importante pour définir le champ de l’analyse phonostylistique est celle de ce linguiste qui s'est surtout consacré à l'étude de tous les faits phoniques dans le langage. À la seconde moitié du XXe siècle, la terminologie de Troubetzkoy a été modifiée plusieurs fois par d’autres.1 Traditionnellement, les fonctions des sons d’une langue sont abordées au niveau phonologique tandis que l'impression produite sur l’interlocuteur par les variations systématiques des phénomènes langagiers est considérée comme le style du locuteur lorsqu'il est le résultat de son choix volontaire et conscient pour son œuvre. Alors, la phonostylistique parue récemment en tant que domaine spécialisé du style phonique, a pour objectif d'explorer ces phénomènes au point de vue croisé. D’après nous, la phonostylistique est une famille de sciences parce qu’elle contient certaines analyses et disciplines comme l’iconicité phonique ou auditive, le symbolisme phonétique, le phonosymbolisme, le style phonique ou vocal, la sémiotique sonore, … etc. 1 Cf., LÉON Pierre, Précis de phonostylistique : parole et expressivité, Armand Colin, Paris, France, 2005, p.18 9 ֍ La phonologie, la phonétique et la stylistique : Chaque chercheur curieux de comprendre la différence entre la phonétique et la phonologie et de faire une analyse concernant le son, doit maîtriser un ensemble de concepts de base. Tout d'abord, la phonétique et la phonologie sont deux branches de l'étude linguistique et non pas une seule. Par la suite, la première étudie la réalisation sonore de la langue tandis que la seconde étudie l’organisation des unités sonores dans le système de la langue. En fait, il faut simplement faire la différence entre tout ce qui est phonétique et tout ce qui a une fonction dans la langue (le phonologique). Donc, la phonétique est une discipline plus large que la phonologie puisqu’on peut trouver certains symboles phonétiques qui n’ont qu’une seule fonction phonologique car ils ne font aucun changement dans le sens, comme par exemple [ʀ], [я], [ʁ], [ᴚ], [ɽ] et [r]. Tous ces symboles n’ont qu’une seule valeur phonologique. La phonétique En effet, la phonétique et la phonologie sont souvent étudiées sous l’angle de comparaison et le rapport entre les deux terminologies a beaucoup été traité par les linguistes depuis les cours de Saussure jusqu’à nos jours. La phonétique est l’étude de l’articulation, de l’acoustique et de la perception des sons (des phones) dans le processus de parole. Elle occupe une position clé dans l’analyse du langage dans presque tous les programmes universitaires. Selon Ferdinand de Saussure, elle est la branche de la linguistique qui étudie les sons (la forme et la substance sonores) dans leur aspect physique sans faire aucun appel au sens et qui s'intéresse aux sons en tant qu'unités acoustiques seulement. Cette science se divise en trois catégories ; la production des sons (la phonétique articulatoire) qui étudie les organes de l’appareil phonatoire, la transmission de l’onde sonore entre l’émetteur et le récepteur (la phonétique acoustique) qui étudie les propriétés physiques des sons et la perception (la phonétique auditive) qui étudie les décodage des sons par l’oreille. En contraire, la phonologie étudie les fonctions distinctives des sons qui correspondent à un changement de sens. Par conséquent, la phonologie est la complémentaire fonctionnelle de la phonétique. (cf., Saussure, 1995:55) 10 La phonologie La phonologie est une des disciplines essentielles de la linguistique parce que les études linguistiques ont commencé à observer puis à décrire la langue parlée. C’est en son sein que le structuralisme est né car la phonologie représente l’exemple le plus achevé de l’analyse structurale issue des travaux de Saussure et de l’école de Prague. D’après Saussure, la phonologie est la branche de la linguistique qui étudie les plus petites unités phoniques qui ont une forme mais qui n’ont pas de sens que l’on appelle les phonèmes qui peuvent changer le sens par le phénomène de la commutation. Pour bien aborder la distinction entre la phonétique et la phonologie, il nous faut se reporter aux définitions de la langue et de la parole qui ont été bien formulées par Saussure au début du XXe siècle, c’est-à-dire que la relation entre la phonologie et la phonétique se définit par rapport à la relation entre la langue et la parole. En fait, la langue est un système dont tous les termes sont indépendants et solidaires, tandis que la parole est un acte tout à fait concret et individuel qui se compose des termes d’un système. À partir d’ici, Troubetzkoy a établi la distinction entre les deux disciplines (la phonétique et la phonologie). Selon lui, la première étudie les sons de la parole sans se soucier de leurs fonctions dans la langue à laquelle ils appartiennent, tandis que la seconde les étudie spécifiquement en fonction de leur rôle dans la langue. En un mot, la phonologie est à la phonétique comme le fait que la langue est à la parole. " Du point de vue de l’interface entre la phonologie et la phonétique, on peut proposer une définition cognitive du terme : le niveau phonologique correspond à l’analyse du système prosodique, celui-là même qui donne lieu à l’apprentissage d’un jeu de règles avant même l’entrée dans le langage articulé, le niveau phonétique concerne l’étude des paramètres physiques mobilisés pour actualiser ce système dans la substance." (LACHERET-DUJOUR Anne, 2003:VII) 11 La phonologie est l’étude de la fonction des sons dans le système de la langue, c’est-à-dire la faculté qu’ils ont à opposer des mots de sens différents. En somme, la phonologie est l’étude des sons en tant qu’unités distinctives de sens, de leurs traits pertinents et de leurs fonctions. (cf., Saussure, 1995 : 55-56) La stylistique La stylistique est la manière dont la forme se trouve en adéquation avec le contenu dans un acte de langage. La stylistique, comme la sociolinguistique, s’intéresse à ce qui varie dans la parole d’un individu à l’autre ou chez un même individu. À l’aide de l’analyse stylistique, nous contemplons l’âme de l’auteur à travers le texte réalisé seulement. C’est pourquoi il nous faut prendre en compte le fait que la stylistique ne s’intéresse ni à l’auteur ni à ses intentions, par contre elle s’occupe du texte ou du produit littéraire puis de son reflet sur le récepteur. Pourtant d’après Charles Bally, l’analyse stylistique est l’étude des règles de la belle écriture et en plus la recherche de l’homme derrière l’œuvre puisque. En somme, la phonostylistique est forcément l’utilisation des moyens phonétiques phonologiques et stylistiques d’une langue à des fins esthétiques et rhétoriques. De surcroît, l’esthétique représente tout usage d’éléments symboliques dont la finalité est le beau tandis que la rhétorique représente tout usage d’éléments linguistiques dont la finalité est le beau aussi. Comme les meilleurs discours sont les plus brefs, notre propre modèle linéaire de l’approche phonostylistique sémiotique est de postuler que l’analyse se fait en deux niveaux successifs : le premier étant phonétique/phonologique et le second étant stylistique. 2- Pourquoi l’analyse phonostylistique ?! Comme dit le proverbe : rire, c’est guérir ! Nous avons tous observé la répétition intentionnelle par celui qui a inventé ce proverbe du phonème /R/ qui incite, dans ce cas, à la joie, à l’espoir et à l’optimisme. Du coup, le son /R/ a bien l’impression du bonheur à l’oreille. Mais par contre, comme dit l’écrivain français Alphonse Allais : partir, c’est mourir un peu et mourir, c’est partir beaucoup ! De ce fait, le phonème /R/ porte de la tristesse et des chagrins à l’oreille dans cette phrase littéraire assez sinistre. Dans ce cadre, l’analyse phonostylistique contribue à définir l’influence des sons pour interpréter, vérifier et confirmer le sens pas d’une manière générale mais dans de différents contextes. 14 2- Modèle de Bühler 1 C’est un modèle centré sur le symbole (le signe linguistique) et il est représenté par les trois fonctions suivantes : A- Fonction de représentation : cette fonction montre que le message du locuteur est uniquement véhiculé par le style phonique. B- Fonction d’expression : cette fonction nous renseigne sur le locuteur. C- Fonction d’appel : cette fonction résulte de l’effet produit sur le récepteur. 3- Modèle de Troubetzkoy 2 Troubetzkoy est le père fondateur de la phonostylistique, il a exercé beaucoup d’efforts dans ce domaine particulier en contribuant à reconnaître ses fonctions sous un angle un peu psychologique comme par exemple : A- Fonction phonétique centrée sur l’émetteur du message. B- Fonction expressive caractérisant le sujet parlant comme le timbre de la voix. C- Fonction appellative destinée à provoquer une ou des impressions particulières sur le récepteur comme l’accent d’insistance. Ce modèle peut être présenté par le schéma qui suit pour montrer que les fonctions de Troubetzkoy ont des relations réciproques dans l’interprétation du sens de l’énoncé d’après le style phonique : 1 Cf., BÜHLER Karl, Sprachtheorie, Jena, Fischer, Vienne, 1934. 2 Cf., TROUBETZKOY Nicolas, Principes de phonologie, Klincksieck, Paris, France, 1939. 15 4- Modèle de Roman Jakobson 1 Dans la phonostylistique, nous pouvons avoir recours à Roman Jakobson qui distingue les six fonctions du langage pour interpréter le sens de tout énoncé. Grâce à sa théorie des six fonctions en 1963, Roman Jakobson est devenu l’un des linguistes les plus influents du XXe siècle en posant les premières pierres du développement de l’analyse structurelle du langage. Selon lui, le langage doit être étudié dans toutes les variétés de ses fonctions. Dans notre analyse, nous nous intéressons surtout à la fonction poétique : - Référentielle : le contexte Cette fonction est centrée sur l’information elle-même qui ne concerne ni le destinateur ni le destinataire quand celle-ci s’agit seulement de donner des renseignements à l'extérieur des deux, comme la narration, le journal télévisé, la description, l’explication, … etc. Raison pour laquelle, l’emploi du mode de l’indicatif est privilégié dans cette fonction. - Émotive : le destinateur / le locuteur / l’émetteur Cette fonction traduit la subjectivité du locuteur quand il nous informe son état personnel (tout ce qui apparaît subjectif dans le message), comme l’expression des opinions, des sentiments, des émotions, des jugements du locuteur. - Poétique : la forme du message L’accent est mis sur le message lui-même pour sa forme et sa structure afin qu'il reste dans la tête de l'interlocuteur. Cette fonction intervient lorsque la valeur esthétique sonore ou visuelle du message devient aussi importante que le contenu du message. Elle n’est pas seulement présentée dans la poésie mais également dans les slogans publicitaires, les jeux de mots, les proverbes, … etc. - Conative : le destinataire / l’auditeur / le récepteur Quand on attend un retour (une réponse) de la part de l'interlocuteur. Cette fonction traduit la pression que le locuteur exerce sur le récepteur pour le forcer à participer activement à l’acte communicatif en créant des impressions ou des réactions. Elle se traduit éventuellement par l’emploi des marques de la seconde personne ou par l’emploi du mode de l’impératif. 1 Cf., JAKOBSON Roman, Essais de linguistique générale, Éditions de Minuit, Paris, France, 1963. 16 - Phatique : le canal / le moyen Cette fonction vise principalement à établir la communication, à vérifier que le contact physique et psychologique fonctionne éventuellement entre le destinateur et le destinataire, à attirer l’attention de l’interlocuteur et également à s’assurer de maintenir le contact. - Métalinguistique : le code Cette fonction est centrée sur le code. Quand on utilise le code pour décrire le code. Quand on utilise la langue pour parler de la langue. Quand il faut donner des informations sur le code, ses éléments, son fonctionnement, …etc. comme l’explication des règles de la grammaire, les synonymes, … etc. Cette fonction est forcément présente dans le domaine de l’apprentissage de la langue parce qu’elle permet de faire évoluer le langage. 19 '' Pour peu qu’on admette que la signification est indifférente aux modes de sa manifestation, on est obligé de reconnaître un palier structurel autonome, lieu d’organisation de vastes champs de signification, qui devra être intégré à toute théorie sémiotique générale, dans la mesure justement où celle-ci vise à rendre compte de l’articulation et de la manifestation de l’univers sémantique comme totalité du sens d’ordre culturel ou personnel.'' (Greimas, 1983:158) Chez Greimas, nous pouvons donc nous rendre compte que toute signification sera articulée en énoncés et elle ne se manifeste qu’à travers de multiples langages qui marchent parallèlement avec le discours. En outre, nous pouvons aussi savoir que sa théorie sémiotique a pour point de départ l’interprétation sémantique, toutes les deux constituent ensemble une théorie sémiotique intégrale qui ne sera satisfaisante que si elle aménage dans son sein une place pour un déchiffrement fondamental de sens. C’est justement sous l’influence prédominante du structuralisme et à l’intérieur d’une perspective plus vaste, Greimas a élaboré sa propre théorie sémiotique. Nous introduirons les contributions greimassiennes pour faire une analyse sémiotique sonore des sons dans le traitement du corpus poétique. De plus, nous aurons recours aux travaux phonostylistiques de Pierre Léon qui a contribué beaucoup dans ce domaine par ses ouvrages précieux en faisant plusieurs analyses phonostylistiques sur des œuvres artistiques de nature différente (des romans, des pièces de théâtre, des poèmes, …etc.). En regard de cette nouvelle optique d’analyse, il nous devient indispensable de reprendre l’étude de la phonostylistique sur le plan sémiotique pour tenter de lever l’ambigüité posée dans l’interprétation sonore de la poésie. Avec le désir de mieux expliquer les raisons qui empêchent les interlocuteurs de comprendre l’utilisation particulière de quelques phonèmes dans la poésie française, le présent travail se propose d’analyser successivement les paramètres prosodiques, phonosymboliques et esthétiques de la poésie d’Yves Bonnefoy. 20 4- Le corpus de la recherche Notre hypothèse de départ est la suivante ; tous les phonèmes peuvent devenir des symboles sonores pour exprimer tel ou tel état d'esprit mais sûrement pas de façon générale, c'est seulement d'après un contexte précis dans lequel les sons d'une langue glorifient et s'exaltent à haute voix. Autrement dit, le même son peut facilement avoir des fonctions contraires dans des situations différentes pour qu'il contribue à confirmer le sens en y ajoutant de la musicalité qui attire l'attention de l'oreille et qui reste toujours dans la mémoire. Puisque nous déposons notre hypothèse de départ, nous avons dû choisir un bon corpus à traiter. De ce fait, nous avons trouvé la poésie le domaine le plus propice en vue que nous puissions vérifier qu'il n'y a ni de relation solide ni de lien logique entre le son et le sens qu'à travers un contexte précis dont nous connaissons bien le thème autour duquel le locuteur parle et s'exprime. Dans ce cadre, la poésie est le champ prometteur où se trouvent principalement beaucoup de jeux de sons par rapport au roman et au théâtre. Elle s'avère souvent un objet d'étude particulièrement convenable à la mise à l'épreuve de notre point de vue. En somme, grâce à la bonne récitation de la poésie, les émotions et les sentiments sont internationalisés. Pour tout cela, nous avons pris un grand recueil de la poésie française contemporaine comme corpus pour notre recherche. Lorsque l’on parle de la poésie française contemporaine, on désigne en gros les recueils parus de 1950 jusqu'à nos jours, cette période marche parallèlement avec l’évolution des recherches linguistiques en France. Cela fait donc près de soixante- dix ans de l’histoire poétique à lire, à découvrir, à déguster puis à analyser. Dans cette thèse, nous appliquons le modèle sémiotique de l’approche phonostylistique sur un recueil des vers libres de la poésie française contemporaine qui se caractérisent par la clarté et l’éloquence à la fois. Qui vit sans lire la poésie française, n’est pas digne de vivre. Alors, nous examinons le recueil "Poèmes" d’Yves Bonnefoy. Yves Bonnefoy est un poète de la seconde moitié du XXe siècle et au début du XXIe siècle qui est né à Tours le 24 juin 1923 et mort à Paris le 1er juillet 2016. Il a suivi des études supérieures de mathématiques à Poitiers puis à la Sorbonne après son installation à Paris en 1944. Il est, dès l'adolescence, profondément marqué par la lecture de Baudelaire, Rimbaud et Mallarmé puis, plus tard, par sa rencontre avec 21 André Breton1 et les surréalistes. Il se lie au surréalisme et par conséquent il abandonne l’étude de mathématiques pour la poésie et la philosophie. De 1966 à 1972, il participe à la revue L'Éphémère. Après avoir été professeur d'université, il était élu en 1981 au Collège de France. Son écriture poétique va de pair avec son travail de traducteur commencé en 1951 avec la traduction de textes de Shakespeare (Henry IV, Jules César, Hamlet, Le conte d'hiver,... etc.). Yves Bonnefoy a produit une œuvre poétique très importante et considérable, ainsi que des essais. Il n’écrit que des vers poétiques libres (des alexandrins, des sonnets, …) ou sous la forme du poème en prose.2 Pour appliquer une analyse phonostylistique, le corpus doit être destiné à l'oral ou au moins à l’écrit oralisé (la lecture d’un texte écrit), pour cela nous avons choisi un recueil poétique. De ce point de départ, nous trouvons que le recueil Poèmes est bien un corpus convenable pour notre analyse surtout que la production poétique d’Yves Bonnefoy est remarquablement variée et féconde. "Poèmes" est un grand recueil qui contient les six chapitres suivants : Anti-Platon, Du mouvement et de l’immobilité de Douve, Hier Régnant Désert, Dévotion, Pierre écrite, et Dans le leurre du seuil. Certes, ce qui nous incite à choisir ce large corpus, c’est que la poésie d’Yves Bonnefoy a une richesse remarquable dans les idées des vers d’une part et dans son traitement phonique perfectionniste des mots, des figures et des expressions d’autre part. De surcroît, la question phonostylistique mérite, sans aucun doute, d’être étudiée sur un corpus suffisant pour créer par notre recherche une vision complètement élargie de l’analyse phonostylistique poétique. 1 André Breton est un poète et écrivain français, le principal animateur et théoricien du surréalisme. 2 Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Yves_Bonnefoy consulté le 6/10/2018 24 De prime abord, il nous faut expliquer le design graphique bouleversé du triangle vocalique qui se divise verticalement en deux parties égales. De gauche à droite, les voyelles sont minutieusement classées par leur degré de l’antériorité, de la centralité ou de la postériorité, c’est-à-dire la position de la langue humaine dans la bouche par rapport aux dents (en avant ou en arrière). Donc, les voyelles qui se trouvent à gauche sont antérieures, celles qui se trouvent au milieu sont centrales et celles qui se trouvent à droite sont postérieures. D’après le triangle vocalique, les voyelles antérieures sont les plus claires en tant que les voyelles centrales sont d’une clarté moyenne et par conséquent les voyelles postérieures sont les plus sombres durant la prononciation. Bref, la clarté commence à se réduire peu à peu du côté gauche en passant par le centre du triangle pour que l’obscurité commence à apparaître grandement au côté droite. - Les voyelles antérieures : [i], [y], [e], [ø], [ɛ], [œ], [ɛ]̃, [œ̃]. - Les voyelles centrales : [ǝ], [a]. - Les voyelles postérieures : [u], [o], [ͻ], [ɑ], [ɔ]̃, [ɑ̃]. Il faut aussi prendre en considération que nous ajoutons une ligne imaginaire au côté droite du triangle pour bien préciser observablement les quatre voyelles les plus sombres de l’alphabet phonétique français [u], [o], [ͻ] et [ɔ]̃. En fait, l’obscurité extrême de ces quatre voyelles vient de leur opposition avec leurs pairs antérieurs puisque le phonème est défini souvent par sa place dans un réseau d’oppositions. D’ailleurs, l’opposition de deux phonèmes a parfois une base commune, comme par exemple ; - La postériorité de [u] est sombre car elle permet de distinguer poule de pull [y]. - La postériorité de [o] est sombre car elle permet de distinguer dos de deux [ø]. - La postériorité de [ͻ] est sombre car elle permet de distinguer bof de bœuf [œ]. - La postériorité de [ɔ]̃ est sombre car elle permet de distinguer bon de bain [ɛ]̃. - La postériorité de [ɑ] n’est pas totalement sombre parce que cette voyelle n’a pas de pair antérieur car la voyelle [a] est centrale. - La postériorité de [ɑ̃] n’est pas totalement sombre car cette voyelle ne permet pas de distinguer dent [dɑ̃] d'un mot *[dã] qui n'existe jamais parce que l’on n’a pas de son [ã] à l’alphabet phonétique français international (désormais APFI). 25 Ensuite, les voyelles dans ce triangle sont horizontalement classées par l’aperture, c’est-à-dire le degré du rapprochement de la langue humaine avec le palais. En haut, il y a les voyelles fermées où la langue et le palais sont trop rapprochés et presque touchés pendant la prononciation. Au cœur du triangle vocalique, nous passons par les voyelles semi-fermées, moyennes et semi-ouvertes. Enfin, nous tombons sur les voyelles ouvertes qui ont un grand espace dans la bouche entre la langue et le palais en bas du triangle. - Les voyelles fermées : [i], [y], [u]. - Les voyelles semi-fermées : [e], [ø], [o]. - Les voyelles moyennes : [ǝ]. - Les voyelles semi-ouvertes : [ɛ], [ɛ]̃, [œ], [œ̃], [ͻ], [ɔ]̃. - Les voyelles ouvertes : [a], [ɑ], [ɑ̃]. 26 B. Les syllabes Dans la chaîne parlée, les sons ne sont pas isolés, ils s’unissent pour constituer des syllabes. Afin de bien prononcer un mot, il doit être découpé en syllabes, c'est-à-dire en unités de sons. En vue de connaître le nombre de syllabes d’un mot, il faut faire la division syllabique en le découpant en syllabes. En fait, la syllabe est un groupement phonique autour d’un sommet de sonorité. Une syllabe peut être ouverte (terminée par une voyelle) ou fermée (terminée par une consonne prononcée). (Cf., Landercy et Renard, 1982:103) En français, les consonnes ne peuvent pas former de syllabes mais elles peuvent faire partie des syllabes avec l’existence obligatoire des voyelles qui peuvent parfois former seules des syllabes entières. À savoir, la majorité des syllabes sont ouvertes, c’est-à-dire qu’elles se terminent par une voyelle prononcée. Donc, il en résulte que la voyelle est le vrai élément de la syllabe dans la langue française. Par ailleurs, les structures syllabiques sont très régulières et les frontières des syllabes sont très nettes en français car il y a des règles précises à appliquer pour la bonne prononciation. En effet, l’analyse de la structure des syllabes chez Yves Bonnefoy est destinée à souligner l’importance phonétique de la syllabe en tant qu’unité essentielle en poésie pour constituer les phénomènes sonores. À ce titre, nous devons faire un traitement de la combinatoire phonologique dans les vers des poèmes d’Yves Bonnefoy. C. Les mots En effet, le choix des mots joue un rôle primordial dans l’écriture poétique et par conséquent dans l’analyse phonostylistique du texte poétique aussi puisque ce choix n’est jamais arbitraire parce que le poète doit tout le temps écrire selon des critères spécifiques à la poésie, au métrique et également à lui-même. Pourtant, le choix des mots dans les vers libres d’Yves Bonnefoy, qui se caractérise principalement par le propre style du poète, doit largement être étudié à travers les phénomènes concernant le style phonique tels que (l’homonymie, la paronymie, la répétition, …etc.) en vue de savoir l’influence de la sonorité des mots sur la réalisation du sens. 29 Il nous faut dire que ce qui nous a aidée dans l’accomplissement de notre tâche est notre connaissance et expérience personnelle antérieure à un long voyage riche de l’enquête du milieu phonologique au laboratoire ligérien de linguistique à Orléans (LLL) où celle-ci s’est bien déroulée tout au long de plus de 6 mois en France en 2019 avec une équipe bien aimable de bons professeurs et de sérieux chercheurs (Hélène, François, Fatma, Yousra, Lyly, Flora, Stélène, Jénnifer, Fany, …) surtout le grand phonologue M. Gabriel BERGOUNIOUX qui nous a chaleureusement invitée dans son laboratoire et également M. Guillaume ENGUEHARD qui nous a beaucoup encouragée le directeur du département des sciences du langage à la faculté des lettres, langues et sciences humaines à l’université d’Orléans. 30 Bibliographie 31 BIBLIOGRAPHIE I- Corpus de l’étude - BONNEFOY Yves, Poèmes, Mercure de France, Paris, France, 1986. II- Ouvrages consacrés à Yves Bonnefoy  ALAIN Mascarou, Les cahiers de « L’Ephémère », Harmattan, Paris, 1998.  BANCQUART Marie-Claire, La poésie en France : du Surréalisme à nos jours, Ellipses, Paris, 1996.  BONNEFOY Yves, Le Nuage Rouge, Mercure de France, Paris, 1995.  FINCK Michèle, Yves Bonnefoy : Le simple et le sens, Éditions Corti, Paris, 1989.  JACKSON John, Yves Bonnefoy : Poètes d’aujourd’hui, Seghers, Paris, 2002.  PINSON Jean-Claude, Habiter en poète, Champ Vallon, Paris, 1995. III- Ouvrages consacrés à la phonostylistique  BERGHE Christian Louis Van Den, La Phonostylistique du français, Mouton, Paris, 1976.  FÓNAGY Ivan, La vive voix (Essais de psycho-phonétique), Payot, Paris, 1983.  GRAMMONT Maurice, Essai de psychologie linguistique (style et poésie), Librairie Delagrave, Paris, France, 1950.  LÉON Pierre, Phonétisme et prononciations du français, Nathan, Paris, 1998.  LÉON Pierre, Précis de phonostylistique, Armand Colin, Paris, 1993.  LÉON Pierre, Précis de phonostylistique : parole et expressivité, Nathan, Paris, 2005.  STANGE Véronica Estay, La musique hors d’elle-même : Le paradigme musical et l'art contemporain, Classiques Garnier, Paris, France, juin 2018.  STANGE Véronica Estay, Synesthésies sonores : Du son au sens, Classiques Garnier, Paris, France, août 2018.  TROUBETZKOY Nicolas, Principes de phonologie, Klincksieck, Paris, 1939. 34 VI- Ouvrages linguistiques généraux  ANGOUJARD Jean-Pierre, Théorie de la syllabe : Rythme et qualité, CNRS, Paris, France, 1997.  BENVENISTE Émile, Problèmes de linguistique générale, Gallimard, Paris, France, 1974.  BORDRON Jean-François, L'iconicité et ses images : Études sémiotiques, Collection « Formes sémiotiques », Presses Universitaires de France, Paris, 2011.  DESSONS Gérard, Introduction à l'analyse du poème, Bordas, Paris, 1991.  FONTANIER Pierre, Les figures du discours, Flammarion, Paris, 1977.  GREIMAS Algirdas Julien, Du sens I, Le Seuil, Paris, 1970.  GREIMAS Algirdas Julien, Du sens II, Le Seuil, Paris, 1983.  GREIMAS Algirdas Julien, Sémantique structurale, Presses Universitaires de France, Paris, 1986.  JAKOBSON Roman, Essais de linguistique générale (Tome 1), Éditions de Minuit, Paris, 1963.  JAKOBSON Roman, Essais de linguistique générale (Tome 2), Éditions de Minuit, Paris, 1973.  Jean-Yves Bosseur, L’œuvre ouverte : d’un art à l’autre, Minerve, Paris, 2013.  MARTINET André, Éléments de linguistique générale, Armand Colin, Paris, 1967.  PAULIN Catherine et GAUTIER Laurent, La fonction expressive, Vol I, Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté, 2007.  SAUSSURE Ferdinand (de), Cours de linguistique générale, Hachette, Paris, 1987.  SAUSSURE Ferdinand (de), Cours de linguistique générale, Payot, Paris, 1995. 35 VII- Articles et recherches  BOMBARDE Odile, Yves Bonnefoy : ensemble, encore ?, La revue lacanienne, N°18, pp.273-280, 1/2017.  BORDRON Jean-François, Quelques réflexions préliminaires en vue d’une sémiotique des sons, Actes Sémiotiques [en ligne], N° 113, « Les mots du son », 2010. Disponible sur : http://epublications.unilim.fr/revues/as/2832 consulté le 30/10/2019  CAMELIN Colette, L’intensité : forces, forms, variations et régimes de valeurs, in Fabula, Presses universitaires de Rennes, pp.7-38, 2011.  FAGYAL Zsuzsanna et MOREL Mary-Annick, Phonostylistique : étude du style dans la parole, In: L'Information Grammaticale, N°70, pp. 16-20, 1996.  FÓNAGY Iván, Double Coding in Speech, in Semiotica, N°3, Paris, 1971.  FÓNAGY Iván, Le statut de la phonostylistique, in Phonetica N°34, pp.1–18, 1977.  LÉON Pierre, « Nouveau regard sur la phonostylistique », La linguistique 1/2009 (Vol. 45), pp. 159-170.  PAGÉ Pierre, Éléments d’une esthétique sonore de la dramatique radio : à la recherche d’un métalangage, in L’Annuaire théâtral N° 9, Québec, pp. 9-21, 1991.  HEYER René, Dieu dans les récits en rêve d’Yves Bonnefoy, Revue des sciences religieuses, Faculté de théologie catholique de Strasbourg, pp. 225-240, N°2, avril 2016.  Numéro spécial de la revue "Europe" consacré à Yves Bonnefoy, juin-juillet 2003.  Numéro spécial de la revue "Magazine littéraire" consacré à Yves Bonnefoy, N°421, juin 2003. 36 VIII- Dictionnaires  BERTRAND Jacques, Dictionnaire des homonymes, Nathan, Paris, 1990.  CUQ Jean-Pierre, Dictionnaire de didactique du français (Langue Étrangère et Seconde), CLE international, Paris, France, 2004.  Dictionnaire du français contemporain (DFC), Larousse, Paris, France, 1975.  DUBOIS Jean, MARCELLESI Jean-Baptiste, MÉVEL Jean-Pierre, Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage (Trésors du français), Larousse, Paris, France, 1994.  REY-DEBOVE Josette, Dictionnaire du français, CLE, Paris, 2005-2006. IX- Thèses  ABDELAL Moustapha Abdelmohsen, « La Leçon » d’Eugène Ionesco : Approche phonostylistique, Université de Minia, 2014 (Thèse de magistère).  EDOUARD Trivina, L'organisation phonostylistique à travers le Chiendent de Raymon Queneu, Université d'Ain-chams, 2011 (Thèse de doctorat).  EL-METWALI Mahmoud, Le langage poétique de René Char d'après deux recueils : Le Marteau sans maître et le Nu perdu, Université de Mansoura, 2007 (Thèse de doctorat).  PABON Carmen Patricia Perez, Étude phonostylistique de personnalités politiques hispanophones, Université Sorbonne Paris Cité, Paris, 2017 (Thèse de doctorat).  SATY Hadir, La phonostylistique à travers l'œuvre poétique de Léopold Sédar Senghor, Université du Canal du Suez, 2016 (Thèse de magistère).  SOLYMAN Randa, Étude phonétique des Poèmes saturniens de Paul Verlaine, Université de Tanta, 2018 (Thèse de magistère).  YOUSSEF Mervat, Le passage de l'oralité à l'écriture dans la poésie Négro- africaine, Université de Tanta, 1995 (Thèse de magistère).
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