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baudelaire : la boue et l'or – en quoi consiste la modernité ..., Exercices de Poétique

BAUDELAIRE : LA BOUE ET L'OR –. EN QUOI CONSISTE LA MODERNITÉ POÉTIQUE ? (II). Dans les plis sinueux des vieilles capitales,. Où tout, même l'horreur, ...

Typologie: Exercices

2021/2022

Téléchargé le 03/08/2022

Renaud
Renaud 🇫🇷

4.2

(57)

294 documents

Aperçu partiel du texte

Télécharge baudelaire : la boue et l'or – en quoi consiste la modernité ... et plus Exercices au format PDF de Poétique sur Docsity uniquement! BAUDELAIRE : LA BOUE ET L’OR – EN QUOI CONSISTE LA MODERNITÉ POÉTIQUE ? (II) Dans les plis sinueux des vieilles capitales, Où tout, même l’horreur, tourne aux enchantements, Je guette, obéissant à mes humeurs fatales, Des êtres singuliers, décrépits et charmants. Première strophe de « Les petites vieilles» • Vous connaissez ce quatrain pour l’avoir travaillé en groupes. Il est emblématique de la thématique de la boue et de l’or, comme tous les autres textes rassemblés dans le corpus : « Une charogne », long poème tiré de la partie « Spleen et idéal » ; « Le Cygne », « Les sept vieillards », « Le crépuscule du matin », issus des « Tableaux parisiens » et tous dédiés à Victor Hugo, ; le poème en prose « Symptôme de ruine », enfin, texte si hallucinant de Baudelaire, non retenu dans l’édition finale du Spleen de Paris (ou Petits poème en prose ). • Dans le quatrain des « petites vieilles », remarquez d’abord la présence du poète en « fouineur », en « guetteur ». Il est un homme « en quête », en proie au spleen (« mes humeurs fatales ») et fasciné par la ville qu’il arpente pour mieux en découvrir les profondeurs (réelles ou métaphoriques), les « plis sinueux ». • Faut-il s’étonner de la dédicace faite à Hugo pour ces poèmes des « Tableaux parisiens » ? Non, et voici quels arguments pour expliquer pourquoi : o À l’époque où Baudelaire écrit les poèmes des Fleurs du mal, Hugo est et reste « le » poète majeur, la référence. Même exilé en Angleterre pour des raisons politiques (opposition au régime autoritaire de Napoléon III), il continue d’être le « phare », l’autorité morale et esthétique à laquelle tous les écrivains du temps sont tentés de rendre compte. Baudelaire lui écrira plusieurs lettres et Hugo félicitera son cadet pour son recueil. o Hugo, poète total, est aussi un poète de la ville et de Paris. Or, à l’heure où sont publiés les poèmes de Baudelaire, le voici exilé. C’est donc un peu de l’air de Paris que lui dédie / envoie Baudelaire. o Comme Baudelaire, Hugo a un goût pour le difforme, le grotesque, une certaine laideur. Par exemple, avec L’homme qui rit, il raconte l’histoire d’un malheureux défiguré après une agression et réduit, parce qu’il semble désormais éternellement sourire, à jouer les phénomènes de foire. Ce personnage a inspiré le fameux Joker du cinéma. o Toute l’œuvre de Hugo est traversée par la thématique des souterrains. Il consacre un très long chapitre des Misérables aux égouts de Paris qu’il compare à des « intestins ». Ici donc les deux poètes se rejoignent sur cette obsession : «L'égout, c'est la conscience de la ville. Tout y converge et s'y confronte. Dans ce lieu livide, il y a des ténèbres, mais il n'y a plus de secrets (...). L'histoire passe par l'égout. Les Saint Barthélemy y filtrent goutte à goutte entre les pavés. Les grands assassinats publics, les boucheries politiques et religieuses traversent ce souterrain de la civilisation et y poussent leurs cadavres. » (Hugo, Les Misérables, 1862) o Hugo est plus historien et plus politicien que Baudelaire, mais les visions sont proches. Tous deux sont en quête du déchiffrement des mystères, cherchent à dévoiler ce que l’on ne voit pas et à TRANSFIGURER le réel pour accéder à une autre réalité. • Ceci nous amène à creuser la notion de modernité. Là où les théoriciens et les poètes de « L’Art pour l’art » privilégient la quête de la perfection formelle associée au Beau, Baudelaire propose une nouvelle définition du Beau par un paradoxe (un de plus) : le beau se situerait dans le laid, l’horrible, l’inquiétant, le trivial. Il ne serait pas réservé à des endroits ou à des objets choisis mais, pourvu qu’on veuille bien le chercher et regarder, dans tout ce qui traîne, dans tout ce qui est dégradé, au rebut, dans la boue justement, comme une charogne par exemple. Un des symboles du poète, chez Baudelaire, est le CHIFFONNIER qui fouillent les tas d’ordures pour y trouver des objets de prix. Il leur consacre plusieurs poèmes. Voilà que nous retrouvons l’expression de Jean-Michel Maulpoix : « le lyrisme du trivial », c’est-à-dire la poésie de tout ce qui, en principe, est considéré a priori comme non poétique, y compris donc le « laid », le « péché », le « vice », le « mal ». • Résumons (en partie avec Maulpoix) : o Les Fleurs du mal, dédiées à Gautier (représentant de la quête du Beau », évoquent avec une certaine délectation morbide le péché, la bassesse, les vices de l’humanité. o Le poète s’y met en scène mais ne s’appesantit sur son cas personnel et refuse l’effusion de ses devanciers romantiques. Il vise l’universel de l’évocation mélancolique du spleen. o L’écriture poétique, qui fouille la laideur pour en extraire des formes différentes de beauté, est une recherche, une quête. Ce qui se révèle est souvent le MYSTÈRE (voir les Aveugles), des questions (métaphysiques) plus que des certitudes. o Cette écriture trouve son terrain d’exploration principal dans la ville, un espace en pleine transformation au moment où il écrit, espace à la fois concret et symbolique de la modernité. o « Le Beau et le Bien ne vont plus ensemble » (Maulpoix). Il faut chercher (surtout chercher) le bizarre, le déconcertant, le dérangeant. C’est en ce sens que la poésie est dissonante et moderne. o On peut débattre après sur la forme. Est-elle si moderne que cela, quand on sait que Baudelaire respecte par exemple l’alexandrin et certaines formes fixes comme le sonnet ? Ou bien est-il surtout moderne en raison des thèmes abordés ? Je pense que ce débat est difficile à trancher en si peu de temps et… à distance ! Je me contenterai de vous signaler cette citation du poète : « Le beau est toujours bizarre (…) je dis qu’il contient toujours un peu de bizarre. »
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