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Baudelaire, La Chevelure - commentaire , Exercices de Littérature

Typologie: Exercices

2020/2021

Téléchargé le 12/11/2021

Josette_Lo
Josette_Lo 🇫🇷

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Télécharge Baudelaire, La Chevelure - commentaire et plus Exercices au format PDF de Littérature sur Docsity uniquement! XXII - La Chevelure Question d'oral : Quelle image de la femme aimée Baudelaire donne-t-il dans ce poème ? A savoir : + Jeanne Duval e_ L'exotisme — à relier au voyage à la Réunion. + Les correspondances + _ Une strophe de 5 vers : un quintil. Il. Le point de départ réaliste : 1. Les cheveux d'une "mulâtresse" : a) La couleur : Dans ce noir océan Cheveux bleus > Comme un peintre, Baudelaire est sensible aux reflets. Ce glissement du noir au bleu fait songer au regard des peintres impressionnistes. Le bleu renforce la métaphore qui transforme la chevelure en océan. b) Des cheveux crépus, ondulés : © toison, moutonnant jusque sur l'encolure ! © boucles ! Fortes tresses, vos mèches tordues Le mot "crépus" — trop banal ? - n'est jamais employé. Les cheveux sont décrits dans leurs ondulations, leurs mouvements — qui suggère celui des vagues (la métaphore "moutonnant" est polysémique, et fait songer aussi bien à la toison des moutons qu'à l'écume des vagues. cette écume associée à la couleur blanche surprend — mais l'on peut songer, là encore, à des reflets miroitants). c) La réunion des contraires : "moutonnant" > mouton "crinière" lion. "duvetés" > duvet, de fines plumes z "crinière lourde". "Fortes”", et "lourdes" suggèrent la robustesse, l'énergie, - l'adjectif "tordues" dans "mèches tordues" fait penser au contraire à une violence subie (qui pourrait être, symboliquement, le rêverie de Baudelaire, qui se sert de la femme, de sa chevelure, sans tenir compte de sa personnalité — aucune parole de la femme aimée n'est d'ailleurs rapportée). 2. Le poète devant la femme : 1. Réflexion sur l'énonciation : Dès le début du poème, Baudelaire s'adresse à la chevelure — et non à la femme, qui semble réduite à une seule partie de son corps. L'interjection "O" peut traduire une émotion, un sentiment de bonheur et d'exaltation - mais on peut aussi la comprendre comme le début d'une invocation, d'une prière (comme dans "O mon Dieu !"). Les apostrophes détaillent des aspects de la chevelure ("toison”, "boucles", "parfum", "cheveux bleus"), ou la transfigurent ("forêt aromatique", "pavillon de ténèbres tendues"). La chevelure se substitue donc à la personne de Jeanne Duval, pratiquement oubliée (et qui reste silencieuse) ; le monologue de Baudelaire s'adresse à la chevelure - et à lui-même, il ne s'agit pas d'un échange. Le poète s'adresse-t-il enfin à Jeanne Duval dans la dernière strophe ? L'expression "ma main dans ta crinière lourde" peut le faire croire (et on trouve cette interprétation sur Internet), mais rien n'empêche de soutenir que l'énonciation ne varie pas: cette "crinière lourde" appartient à la chevelure, et mérite pour cette raison d'être précédée de l'adjectif possessif "ta". L'apostrophe du vers 10 est d'ailleurs éclairée par son contexte : "ô mon amour" est un vocatif adressé à la chevelure. 2. Un changement d'échelle : Tout un monde lointain, absent, presque défunt, Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique | Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts: Dans ce noir océan où l'autre est enfermé ; Le poète semble étrangement rapetissé, alors que la chevelure enferme un monde (on pense au titre du poème en prose "Un hémisphère dans une chevelure"). Les correspondances justifient cette métamorphose : les cheveux deviennent des arbres, leurs ondulations suggèrent des vagues. Un port retentissant où mon âme peut boire A grands fl ll rfum, I n et 1. leur ; Où les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire, Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur. De l'huile de coco, du musc et du goudron. Les caractéristiques de ce paysage : Mélange de sensations. EXOTISME (nature transformée, mise au service des plaisirs de l'homme : "huile de coco", "musc".….) Une protection : toutes les difficultés du voyage en mer sont abolies. Le port est un abri. Les navires "glissent", ce qui suggère un déplacement facile, aérien. Aspect pictural : lignes verticales et oblique, voiles, drapeaux (connotations de "flamme". OR). Activité, travail ? "retentissant", "rameurs" æ comme un spectacle. Les vaisseaux personnifiés, "ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire" : Ces êtres qui tendent leurs bras comme pour saisir le ciel, dont la beauté et la dimension spirituelle sont suggérées par le mot "gloire" sont une image du poète, de son élan vers "là-haut" - pendant qu'il écrit et qu'il rêve. 3. Un monde rêvé, aux antipodes de Paris. "La langoureuse Asie et la brûlante Afrique, Tout un monde lointain, absent, presque défunt" Les adjectifs "langoureuse" et "brûlante" suggèrent une paresse mêlée de sensualité et une chaleur ardente (qui peut, métaphoriquement, être celle de la passion). Une antithèse implicite oppose deux continents à l'Europe besogneuse et froide. J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève, Se pâment longuement sous l'ardeur des climats ; Saura vous retrouver, ô féconde paresse, Infinis bercements du loisir embaumé ! L'arbre et l'homme sont curieusement rapprochés ; ils sont tous deux "pleins de sève" — ce qui suggère un élan vital intérieur, qui ne se traduit pas dans le mouvement du règne animal, mais dans une immobilité "féconde" : les fleurs et les fruits seront des poèmes. Conclusion : a) La femme est réduite à une chevelure. qui contient un monde, évoqué par des images, des sensations auxquelles s'abandonne Baudelaire. Le poète se laisse porter par le jeu des correspondances et plonge dans un monde exotique qui dépasse le souvenir autobiographique du voyage à la Réunion ; ce lieu "d'éternelle chaleur", de "loisir embaumé" suggère un paradis perdu — et une "vie antérieure", pour reprendre le titre d'un autre poème des Fleurs du mal. b) Cette magie ne peut opérer qu'en présence de la femme - et Baudelaire redoute une rupture qui le priverait de ce monde dont il déplore la disparition : le dernier quintil manifeste à cet égard une crainte : le champ lexical de la durée ("longtemps", "toujours", "jamais") et la formulation d'un souhait : "afin qu'à mon désir tu ne sois jamais sourde" sont à cet égard révélateurs. L'écriture d'un poème n'est-elle pas le moyen de figer le temps, de lui donner un goût d'éternité, pour que le paradis entrevu ne soit plus jamais perdu ?
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