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Baudelaire, «La cloche fêlée»: explication linéaire, Lectures de Littérature

Typologie: Lectures

2020/2021
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Téléchargé le 29/07/2021

Josephine_93
Josephine_93 🇫🇷

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Aperçu partiel du texte

Télécharge Baudelaire, «La cloche fêlée»: explication linéaire et plus Lectures au format PDF de Littérature sur Docsity uniquement! 115 — Texte 14 (Baudelaire, « La cloche fêlée ») - explication linéaire Introduction : Baudelaire est un poète de la seconde partie du XIX° siècle, qu’on rattache ordinairement au courant du symbolisme. Il est l’auteur d’un recueil poétique intitulé Les Fleurs du mal, paru en 1857. Nous allons étudier l’un des poèmes qu’il contient, dont le titre est « La Cloche fêlée » ; ce texte adopte la forme d’un sonnet, composé de deux quatrains suivis de deux tercets. Dans ce poème, l’auteur nous parle de deux cloches : l’une, réelle, dont il entend le son, et une autre, imaginaire, qu’il semble prendre comme symbole de sa poésie. Problématique : nous nous demanderons en quoi ce texte nous révèle le malaise profond de l’auteur. Structure du texte : 1) Les deux quatrains (v. 1-8) : la description de la première cloche (réelle) 2) Les deux tercets (v. 9-14) : la description de la seconde cloche (imaginaire). 1) Les deux quatrains (v. 1-8) : la description de la première cloche (réelle - 1% quatrain (v. 1-4): nous pouvons, d’emblée, nous faire une idée des conditions dans lesquelles ce poème a été écrit. Nous avons en effet certaines informations qui nous permettent de reconstituer un cadre spatio-temporel. * le temps : on est en « hiver », une « nuit » (v. 1); * le lieu : le mot « feu » nous renseigne sur la présence d’une cheminée. Il faut donc comprendre que le poète commence ce texte un soir, en hiver, alors qu’il est chez lui, au coin du feu. On peut aussi supposer qu’il y a la présence d’une fenêtre puisqu'il est capable d’apercevoir, dehors, de la « brume » (v. 4). Ce mot, synonyme de brouillard, instaure aussi, dès le début, une atmosphère un peu floue, ins able. En extrapolant un peu, on pourrait parler, déjà, d’une ambiance propice à la rêverie. En effet, une image frappante nous montre que le poète est en train de laisser vagabonder son imagination : il est en train « d’écouter » «les souvenirs. s’élever » « près du feu qui palpite et qui fume ». Bon. Qu’avons-nous là ? Des « souvenirs » qui «s’élèvent »? C’est une expression un peu bizarre a priori. Mais n’y a-t-il pas, dans l’environnement décrit, quelque chose qui pourrait « s’élever » ? Oui, bien sûr : la fumée qui se dégage du feu dans la cheminée (le mot « fumée » n’est pas écrit en toutes lettres, certes, mais on devine qu’elle est là, c’est une évidence). Il faut donc comprendre la chose suivante : le poète voit, concrètement, la fumée qui monte, et l’idée lui vient de la comparer à ses souvenirs, qui remontent dans sa mémoire à ce moment-là. C’est donc une métaphore. Allons plus loin : la fumée remonte du feu dans la cheminée. D’où les souvenirs de quelqu'un remontent-ils ? On dit, en général, qu’ils viennent du cœur. Cela nous permet de comprendre pourquoi le feu « palpite et fume » : qu’il fume, soit, mais qu’il « palpite » ? Ce verbe s’emploie spécifiquement pour désigner un cœur en train de battre. Le feu est donc comparé au cœur du poète : c’est une seconde métaphore. Résumons-nous : nous avons dans ce premier quatrain deux métaphores, à partir d’une situation toute simple où le poète est devant sa cheminée : 1) il associe le feu à son cœur ; 2)i ie la fumée ouvenirs, qui montent du cœur de même que la fumée monte du feu (on pourrait aussi parler de métaphore filée, comme il y a deux éléments de comparaison). Il part donc d’une simple observation de son environnement, et laisse des images et des associations lui venir dans la tête. Il se met un peu dans une situation de rêverie, et c’est de là que va naître le poème : il se met à voir, dans la réalité qui l’entoure, des choses étranges. Remarque : le poète commence par nous dire qu’il trouve cet environnement « amer et doux » (. 1) ; il s’agit d’une antithèse (les deux mots s’opposent) qui suggère qu’il est tourmenté, inquiet. Il trouve un certain plaisir à rêver, mais craint sans doute aussi que de mauvais souvenirs ne remontent à la surface. Il entend justement sonner des « carillons » (v. 4), sortes de petites cloches : elles attirent son attention et des visions vont lui venir où il va être question de cloches, justement. - 2° quatrain (v. 5-8) : Il y a un lien immédiat avec le quatrain précédent, grâce au mot « cloche » qui reprend évidemment « carillons » à la ligne d’avant. Comme nous l’avons dit, l’attention du poète est attirée par lesdits carillons, qu’il entend sonner dehors. Mais une transformation s’opère dans son esprit : on passe d’un mot au pluriel (carillons) à un mot au singulier (cloche). Autrement dit, à partir des carillons (bien réels, eux), le poète se met à rêver à ce que pourrait être LA cloche idéale et parfaite. Il va imaginer cette cloche fantasmée, en la personnifiant et en lui attribuant trois traits caractéristiques. 1) Il la voit d’abord comme une personne vigoureuse, pleine de vie et de santé : c’est une personne dotée d’un « gosier vigoureux » (v. 5). Remarquons que c’est la personne qui est vigoureuse, et non le gosier lui-même : nous avons là une figure de style (très rare) appelée hypallage (on comprend qu’un adjectif qualificatif se rapporte, pour le sens, à un autre mot que celui avec lequel il est accordé), qui permet d’insister fortement sur l’excellente santé de la cloche. De même, la « vieillesse » n’a pas d'importance pour elle, comme le montre l’opposition (antithèse) avec « alerte et bien portante ». Le fait que ce quatrain soit composé d’une seule phrase, exclamative et surtout nominale (il n’y a pas de verbe principal) va dans le même sens : c’est comme si la syntaxe (la construction de la phrase) tenait debout toute seule, sans même avoir besoin de cet élément pourtant fondamental qu’est le verbe. 2) Cette cloche a aussi une fonction guerrière, puisqu'elle est comparée (ce n’est pas une métaphore mais une comparaison, puisqu'on à « ainsi que ») à « un vieux soldat qui veille sous la tente » (v. 8). Elle est donc une sorte de sentinelle = un soldat qui monte la garde pendant que les autres dorment (c’est ce que suggère le verbe « veiller »). 3) Elle a enfin une dimension religieuse, puisqu'elle jette un « cri religieux », où l’adjectif est mis en valeur par une diérèse (il faut prononcer « religi-eux », en quatre syllabes, ce qui fait que ce mot frappe l'oreille et que le lecteur comprend qu’il est important). Remarque (facultative) : la phrase « Bienheureuse la cloche. » commence comme les phrases d’un passage célèbre du Nouveau Testament, les Béatitudes, dans lequel le Christ s’adresse à la foule avec des phrases du type « Bienheureux les pauvres », « Bienheureux les petits ».… Donc cela contribue à instaurer cette atmosphère de religiosité. Il nous reste à nous demander ce que peut bien symboliser cette espèce de cloche parfaite à laquelle rêve le poète. Il ne nous le dit pas explicitement, nous laissant le soin de le deviner nous-même. Qu'est-ce que cela peut donc bien être ? Bon, ce n’est pas bien compliqué. Sans trop se casser la tête, on devine que la réponse est : la poésie. En effet : - la poésie est une musique (comme le bruit de la cloche), puisqu'elle dispose les sons pour qu’ils soient mélodieux ; - elle est éternellement jeune, d’une certaine façon, puisqu'elle survit de génération en génération ; - elle mène une sorte de combat pour la beauté, en veillant à ce que l’art ne s’endorme pas (d’où l’image de la sentinelle ; on pourrait aussi dire que les plus anciens poèmes, les épopées, parlent de batailles) ;
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