Baudelaire, Spleen: lecture analytique, Lectures de Littérature

Télécharge Baudelaire, Spleen: lecture analytique et plus Lectures au format PDF de Littérature sur Docsity uniquement! Lecture analytique n°3 : «Quand le ciel bas et lourd » Introduction : Charles Baudelaire, grand poète du XIX°"* siècle, faisait partie des Poètes maudits, c'est-à-dire non compris par la société de leur époque. On retrouvera cette solitude dans beaucoup de poèmes de la section "Spleen et Idéal”. Cette section évoque l'Homme, déchiré entre l'aspiration à l'élévation et l'attirance pour la chute, le déchirement, traduit chez Baudelaire comme le Spleen. Le poème "Quand le ciel bas et lourd" exprime cet état de tristesse, de malaise, d'angoisse qui n'a pas de cause et qui entraîne un certain mal de vivre, une mélancolie. Voyons comment le Spleen s'exprime dans ce poème en étudiant tout d'abord les caractéristiques de Spleen et ensuite le crescendo de l'angoisse. I- Les caractéristiques du Spleen a. Le tableau d’une scène au caractère déprimant et macabre : Ce poème de Baudelaire évoque le Spleen baudelairien. En ressent une atmosphère fantastique et terrifiante par les éléments du paysage (« couvercle » v1, « gémissant » v2, «un jour noir » v4, «un cachot humide » v5, « une chauve-souris » v6, « pourris » v8, «vaste prison » v10, « araignées » v11, « cloches » v13, «un affreux hurlement » v14, «esprits errants » v15, « geindre » v16, « corbillards » v17, « mon crâne » v20, « drapeau noir » v20). Cette atmosphère caractérise déjà le Spleen. Baudelaire utilise dans les trois premiers quatrains des comparaisons spatiales qui expriment le sentiment du Spleen comme : «comme un couvercle » v1, « la terre est changée en un cachot humide » v5, «comme une chauve-souris » v6, « la pluie » v9 et « d'une vaste prison lite les barreaux » v10. On relève notamment dans ce poème des diérèses qui apportent un effet d'insistance (« muet » v11, «opiniâtrement » v16). b. Le jeu des correspondances : La théorie des correspondances baudelairiennes a été inspirée de Platon. Dans ce poème, l’auteur met en place un jeu des correspondances. A travers les images, il établit une correspondance entre le paysage extérieur et l'état moral. L'image du « couvercle » v3 dégage l'impression d'étouffement spirituel que le ciel bas communique au poète. La correspondance permet de révéler la vérité subjective du monde, sa manière immédiate de s'exprimer sur une sensibilité. On ressent un grand étouffement dès le premier ver avec la comparaison entre le ciel etle couvercle. L'antithèse « un jour noir » v4 rapproche les contraires et traduit une vision subjective. L'alliance du concret et de l’abstrait va dans le même sens : l'expression « d’infâmes araignées » v11 associe la vision et l'impression morale négative qu’elle suscite. On relève aussi des allégories impliquées dans un scénario en mouvement (« l’Espérance, comme une chauve-souris, s’en va battant les murs de son aile timide et se cognant la tête à des plafonds pourris » v6-8) contribuant à brouiller la frontière entre le monde moral et la vision concrète. On remarque qu’à partir de la troisième strophe les termes de comparaison disparaissent progressivement. Le poème tombe dans l'hallucination et on ressent une montée du sentiment du Spleen.