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CHANSONS POPULAIRES DU VIEUX QUEBEC, Examens de Arts

CHANSONS POPULAIRES DU VIEUX QUEBEC. ORIGINE ET VARIÉTES DES CHANÇONS POPULAIRES. DU CANADA. L A chanson populaire faisait autrefois partie de la vie fran-.

Typologie: Examens

2021/2022

Téléchargé le 08/06/2022

Gabrielle89
Gabrielle89 🇫🇷

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Télécharge CHANSONS POPULAIRES DU VIEUX QUEBEC et plus Examens au format PDF de Arts sur Docsity uniquement! CHANSONS POPULAIRES DU VIEUX QUEBEC ORIGINE ET VARIÉTES DES CHANÇONS POPULAIRES DU CANADA L A chanson populaire faisait autrefois partie de la vie fran- çaise en Amérique. Aussi familière que le pain quotidien aux habitants de Québec, de l'Acadie, du Détroit et de la Louisiane, elle accompagnait voyageurs. explorateurs. coureurs des bois et canotiers dans leurs expéditions lointaines à travers le continent. C'est à la cadence des chansons d'aviron que les rivières de l'Ouest portèrent les premiers découvreurs blancs, et que les échos de l'Ottawa et du haut Saint-Laurent, au passage des bûcherons et des forestiers, souvent se réveillèrent. Des airs innombrables rythmaient le labeur manuel; les cultivateurs chantaient pendant le labour, la récolte, le battage des grains et le brèyage du lin; les ménagères animaient d'airs variés le cardage, le filage, le tissage, le lavage et le balancement du berceau. Hommes et femmes, enfants et vieillards, amoureux, mères, arti- sans, canotiers, bûcherons, buveurs, tous fredonnaient les refrains populaires. Dans ce temps là, chez nous, on aimait la musique plus qu'on ne l'aime aujourd'hui; et l'on se complaisait davantage aux beaux arts. Lorsque les voyageurs, il y a cent ou deux cents ans. lon- geaient les rives des rivières ou foulaient les sentiers du Nord- Ouest, les qualités qui les distinguaient entre tous étaient l'ima- gination, le courage, l'endurance, le goût des aventures et la joie '. de vivre. Dans toutes les navigations dont sont chargés les Canadiens," écrivit de la Rochefoucault, un Français qui tra- 8' versa, autrefois, le continent, les chants commencent dès que les canotiers prennent la rame et ne finissent que quand ils la quittent. On se croit dans les provinces de France. Cette illusion fait plaisir." Même sur les confins de l'Orégon, au delà des Rocheuses. ces canotiers s'accompagnaient de prestes chansons. Duflos de Maufras, rapporte, en 1844, "Dans notre voyage en canot le long de la rivière Columbia, nos cœurs étaient souvent émus, quand les canotiers, même à la pluie et au vent, réveillaient les échos lointains de leurs chants si caractéristiques de l'ancienne France." D'autres voyageurs de l'ancien temps, Anglais, Ecossais ou Irlandais (Back, Moore. Talbot, Ballantyne ...) ont, dans leurs mémoires, fait l'éloge des chansons de leurs rameurs canadiens sur les rivières sauvages et lointaines. 2 "Je me souviens", relate Thomas Moore, le poète irlandais, ' S après avoir, en 1803, descendu le Saint-Laurent, que, lorsque nous entrions, au soleil couchant, dans un de ces espaces superbes où le fleuve s'épanche avec tant de grandeur et de majesté, j'écoutais ce simple motif A l'ombre d'un bois, je m'en mis jouer, A l'ombre d'un bois, je m'en uais danser ... avec un plaisir que les plus fines compositions des grands maîtres ne m'ont jamais donné. 11 ne s'y trouve pas une note qui ne me rappelle la cadence des avirons dans les eaux du Saint-Laurent, la descente vertigineuse de notre embarcation dans les rapides et toutes les impressions inoubliables qui saisissaient les sens, au 9 . cours de ce voyage merveilleux ... Ces chansons furent indispensables aux voyageurs de l'Ouest. Précieux héritage de la mère-patrie, elles aidèrent à former la personnalité des anciens Canadiens et furent, pendant près de deux siècles, le charme et le réconfort des explorateurs et des commerçants de fourrures. Malgré leur popularité, des airs, chantés en plein air et au foyer, ne parvinrent pas à s'infiltrer dans la littérature contem- poraine. Nous chercherions peut-être en vain, dans nos archives, une chanson complète dont le manuscrit remontât au delà de 1850. Larue, le premier, en publia sept, sans mélodie (Le Foyer 6 ' canadien: Les Chants populaires et historiques du Canada, 1. 1863, 320-384). Puis Ernest Gagnon, jeune musicien qui avait parfait ses études en France, publia, en 1865, ses Chansons popu- laires du Canada. contenant cent chansons avec mélodies et commentaires. Cette première cueillette préparait la voie aux traditions orales. Mais le siècle s'écoula sans une autre découverte dans un domaine pourtant riche en surprises. On crut que les compila- tions de Larue et de Gagnon épuisaient le terroir, et on prétendit que des chefs-d'œuvre de la chanson française, comme Renaud et Germaine, étaient inconnus chez nous, pour la seule raison qu'on ne les trouvait pas dans les recueils en usage. Gagnon lui- même admit que "le nombre de nos chansons populaires est in- calculable"; il aurait pu en dire autant des légendes et des contes. Mais l'impression se répandit, de son temps, que, peu nombreu- ses, les chansons n'avaient guère d'importance, et qu'elles tom- baient justement dans l'oubli. Cette fausse impression durait encore lorsque, il y a vingt ans, certaines réminiscences musicales de chanteurs rustiques 5 que les chansons populaires avaient d'abord été, chez nous, l'œuvre en quelque sorte collective des ancêtres sur les rives boisées du Saint-Laurent. Il semblait que, pour en découvrir l'origine, il suffirait de les recueillir et de les étudier dans leur propre milieu, surtout dans les districts éloignés de la contagion des villes. Ce n'est pourtant pas là ce que révèle une étude plus appro- fondie. Certains chanteurs d'airs populaires, il est facile de l'observer, ne manquent pas de talent; leur art fruste n'est dénué ni de grâce ni de charme. Ils sont doués d'une mémoire extra- ordinaire; leur répertoire est vaste et inédit. Mais ils ne s'adon- nent jamais à l'improvisation et se contentent des choses que la tradition leur a transmises. Maintes fois, d'ailleurs, ils con- firmèrent cette constatation, qui est presque un axiome: la chan- son ne s'improvise pas. On se souvient, peut-être, de rimailleurs rustiques à qui l'on faisait composer vers et couplets sur des per- sonnages connus ou des événements récents. Ces chansonniers, toutefois, étaient rares autant que dépourvus de dons particu- liers. S'appliquant à leur tâche, ils ajustaient tant bien que mal des mots et des rimes à un air familier. Leur composition, gauche et imitative, manquait d'art et d'originalité. Nulle part avons- nous, chez eux, découvert une source authentique d'inspiration nouvelle. Les origines du folklore au Canada ne s'expliquent pas par la théorie de Grimm, que les chansons sont d'inspiration collec- tive populaire, comme on le prétend encore dans les pays de langue anglaise. Il est même surprenant, pour qui connaît les chanteurs de Québec, d'apprendre que les nègres de l'Amérique ou les paysans des Balkans s'adonnent d'habitude, aussitôt qu'ils se réunissent, à des improvisations littéraires et musicales. Si ces illettrés des autres pays possèdent vraiment le génie poé- tique. pourquoi les campagnards de chez nous en seraient-ils dépouwus, qui ont pourtant un goût musical prononcé. Cette différence peut être plus apparente que réelle et les théoriciens ont pu errer. Il n'en reste pas moins que les chanteurs rustiques de Québec ne créent pas leurs chansons. Ils les ont reçues de la tradition qui, jusqu'à notre temps, se transmettait oralement de génération .en génération. La classification de notre réper- toire national en fournit la preuve, puisque dix-neuf sur vingt de nos chansons sont anciennes; elles passèrent de France au Nouveau Monde, au XVIIe siècle, avec les colons qui s'en ser- virent pour égayer leur solitude. A cet ancien répertoire, con- servé plus ou moins intact, se sont ajoutées beaucoup de chan- s ~ 3 s de composition plus récente; par exemple, les complaintes et les cantiques propagés par les feuilles d'imagerie, les chansons apportées par les soldats, les prêtres et les immigrants de la dernière période, et les refrains composés sur place par les chan- sonniers d'occasion. Ces chants constituent le maigre apport de la muse populaire au pays. Ce répertoire se répartit donc en trois groupes: les chansons populaires de l'ancienne France, les chansons introduites orale- ment ou par écrit depuis 1680 et, enfin, les chansons du terroir canadien. Les chanteurs eux-mêmes ne peuvent guère fournir de ren- seignements sur l'origine de leurs connaissances folkloriques. Tout au plus se souviennent-ils que certaines complaintes com- mémorent des catastrophes, entre autres. des naufrages dont on parle encore, et que les chansonnettes d'élection sont récentes. Ils répètent quasi machinalement ce qui leur vient d'un passé nébuleux et lointain; ils chantent une chanson de cinq cents ans à côté d'une autre qui n'a pas un siècle. Ainsi, des pêcheurs gaspésiens donnaient-ils le nom de Chanson de Poirier à la com- plainte antique du Retour tragique, impliquant par là que Poirier, dont les vieillards se souviennent encore, en était l'auteur. D'autres prétendaient que le cantique de Saint Alexis a bien cent ans, tandis qu'il en a tout près de mille: il remonte probable- ment aux origines de la langue française écrite, vers le XIe siècle. L'opinion des chanteurs sur l'âge de leurs chansons n'a donc aucune valeur documentaire. * * * La mélodie des chansons traditionnelles est plus fluide que le texte; elle s'est prêtée, au cours du temps, à de nombreuses variations. C'est pourquoi l'on connaît de certaines chansons plusieurs mélodies, pas toujours apparentées entre elles, toutes aussi intéressantes les unes que les autres. On ne saurait dire laquelle est la plus ancienne ou se rapproche le plus de l'original, qui est d'ailleurs perdu. II n'en est pas ainsi du texte qui, une fois défiguré, ne recouvre jamais sa qualité première. Les chan- teurs ont alors recours au remplissage, qui leur aide à soutenir la mélodie. Des scories, souvent anciennes, défigurent bon nombre de nos plus belles chansons. Pendant les trois derniers siècles, en France et au Canada, les mélodies, plus encore que les textes, ont subi des changements notables. Les variantes d'un air, lorsqu'elles proviennent de districts éloignés, sont pres- que dénués de ressemblance, et les rapprochements sont plutôt exceptionnels. Les documents pour la comparaison ne sont d'ailleurs pas suffisants, surtout en France, où l'on a souvent négligé de recueillir les mélodies. Les chansons de métiers, plus que les autres, sont pourvues d'airs variés et de refrains rythmi- <L Madame Jean-Baptiste Leblond, chanteuse, à son rouet. Sainte-Famille. Lle d'Orléans. ques; mais on retrouve rarement, des deux côtés de l'Atlantique, les mêmes airs et les mêmes onomatopées, bien que les poèmes qu'ils enchâssent aient peu changé. A cause de leur fluidité, les airs, plus que les paroles, avec le temps, se sont adaptés à leur milieu; ils ont pris de la couleur locale. Mais ils conservent encore, malgré les changements, les traits distinctifs de leur origine, surtout dans les districts isolés de Québec, comme Charlevoix et Gaspé, où la manière de chan- ter est restée archaïque, à cause même de l'isolement et de la routine. F r a n ~ i s Saint-Laurent et Joaeph Ouellet, &heurs et chanteurs. la Tourelle, Gaspé. I I Le répertoire de nos meilleures chansons ne nous vient pas, comme on l'a supposé, des troubadours et des ménes- trels du moyen âge. Ces lettrés écrivaient leurs poèmes sur parchemin pour le bon plaisir de la noblesse. Ils se maintenaient au rang de la classe instruite, au-dessus du vulgaire; ils affec- taient la délicatesse, les abstractions et les manières du latin de la décadence; et c'est dans la Provence et le Limousin, provinces du Midi où se parlent des dialectes d'oc, qu'ils se recrutaient. Les troubadours écrivirent leurs nombreuses compositions du XIe au XlVe siècles, tandis que la plupart de nos meilleures chansons semblent moins anciennes; elles datent probablement des deux siècles suivants. Ces chansons populaires ne sont pas des traductions ou des adaptations en langue d'oïl (ou du nord) d'originaux en langue d'oc. Elles ne découlent pas du milieu, de la versification et des thèmes des troubadours; elles tiennent vraiment de deux mondes distincts: l'un, héritier de la haute tradition classique latine; l'autre, formé des éléments populaires de la civilisation romane qui avaient pénétré en Gaule dès les premiers siècles de la chrétienté. Les jongleurs errants et les jongleurs de foire des provinces françaises du Nord, moins connus que les troubadours, sont l'objet d'allusions piquantes dans les manuscrits du moyen âge. Ils étaient en but au persiflage, à cause des prouesses d'acrobatie et de prestidigitation qui se mêlaient à leur art Comme ils n'usaient pas de l'écriture, ils n'ont laissé aucun document historique révélant leurs mérites. Mais des savants, comme Jeanroy, ont observé que, pendant l'ère des troubadours dans le Midi, une renaissance littéraire obscure, à l'écart des influences latines, se faisait jour au nord, sur la Loire et en Normandie, exactement dans les provinces du folklore traditionnel de France. Les troubadours représentent l'art roman, tandis que les jongleurs sont issus du gothique. Qui donc étaient ces jongleurs sinon les chansonniers qui préservaient les traditions authentiques de l'ancienne France? Que composaient-ils et que chantaient-ils sinon les chansons du répertoire oral qui sont venues de leurs provinces jusqu'à nous par la tradition? Peu importe si ces humbles bardes ne partagèrent pas, dans leur humilité, le prestige de leurs nobles confrères, les trouba- dours. Leur art, pour être gothique et plus français que l'autre, n'était pas moins éprouvé. Dans leurs envolées, les jongleurs composaient des chansons qui ne jouirent pas seulement de la 8817-? 12 vogue contemporaine, mais dont le charme et le souffle poétique ont duré bien au delà de leur temps. Les ressources de l'antique prosodie romane, au service des jongleurs, n'étaient pas seule- ment abondantes, elles tenaient aussi de la race, puisqu'elles reposaient sur les dialectes des provinces françaises, de l'Espagne, du Portugal et de l'Italie. Cependant que les troubadours s'inspiraient de la latinité exotique du moyen âge, les jongleurs autochtones ne pratiquaient d'autre langue que celle de tout le monde et s'inspiraient des traditions de leur pays. Ils étaient de loin les continuateurs de la civilisation préhistorique des Druides et des Celtes que l'invasion romaine, à l'aurore de la Chrétienté, n'avait pas dû totalement submerger. Les chansons de France, plus fidèlement con- servées au Canada que dans les provinces françaises, provien- nent sans doute de l'ancienne civilisation gallo-romane. Cette civilisation n'a pas été entièrement oblitérée par la haute cul- ture latine qui, en France, a toujours prédominé. Mais l'art des jongleurs cessa d'exister dès les commence- ments de l'imprimerie, au XVIIe siècle, tout comme, deux siècles auparavant, celui des troubadours avait sombré avec les institu- tions sur lesquelles il se greffait. Les dernières chansons popu- laires véritables que nous connaissons datent du XVIe siècle: le Prince d'orange, le Prince Eugène, les Trois roses empoisonnées, Biron et quelques autres. Celles qui les suivent subirent l'in- fluence littéraire qui tient du manuscrit et de l'imprimerie. Et il ne semble pas qu'un seul immigrant du Nouveau Monde ait hérité de la tradition des jongleurs, car on ne trouve aucune preuve de sa présence dans les compositions frustes du terroir canadien. * * * Le répertoire canadien ne se borne pas, comme dans les pays méditerranéens, à la chanson lyrique; ni, comme en Scan- dinavie, aux complaintes et aux chansons narratives. Il em- brasse les deux genres. Les complaintes de la mer du Nord appartiennent aussi à la Normandie et à la Bretagne. Un certain nombre a passé la frontière d'oïl et émigré vers le sud. D'aucunes ont même traversé les Alpes et les Pyrénées. Les chansons lyriques, dont l'origine est méridionale, ont, de bonne heure, monté au nord et pénétré en Normandie. Malgré de nombreux échanges, de part et d'autre, le foyer de la complainte reste au nord, et celui du poème lyrique, au sud. La forme narra-
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