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CLASSE TERZA, Notes de Poésie

au « Carpe Diem » d'Horace, qui invite à profiter de l'instant présent. Sur le pian formel,. Ronsard donne ses lettres de noblesse au sonnet qui devient la ...

Typologie: Notes

2021/2022

Téléchargé le 03/08/2022

Marcel90
Marcel90 🇫🇷

4.3

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Télécharge CLASSE TERZA et plus Notes au format PDF de Poésie sur Docsity uniquement! LICEO ESABAC VITTORIA COLONNA CLASSE TERZA Prof. Massimiliano Badiali 163 LA POESIE Le XVIe siècle est le siècle d'or de la poésie qui peut s'épanouir grâce à la protection des princes. Les poètes se mettent à leur service pour célébrer les événements de leur cour et pour avoir, en échange, une pension qui assure leur subsistance. Clément Marot (1496- 1544), par exemple, est le poète officiel de la cour de François 1er et de sa sœur, Marguerite de Navarre, avant d'être exilé pour l'« affaire des placards >>. Rompant avec la tradition de ses prédécesseurs, il cherche à libérer la poésie des modèles du Moyen Age. En Italie, il découvre le sonnet qu'il utilise et diffuse en France. Après lui, l'influence italienne est encore plus marquée sur !es poètes de l'école lyonnaise, parmi lesquels Maurice Scève (1500 ?-1562 ?) et Louise Labé (1524 ?-1566 ?). L'influence de Pétrarque se mêle aux idées de Platon et donne vie à une poésie raffinée où le thème de l'amour est inspiré parla recherche de la Beauté et de la pureté. LA PLÉIADE Plumes 1 page 108-116 La première révolution poétique est opérée par la Brigade rassemblé autour de Pierre Ronsard, Joachim Du Bellay, Jean-Antoine de Baïf, constitué au collège de Coqueret sous l’autorité de leur professeur, Dorat. Dorat leur apprend à gouter la poésie grecque et latine, Homère, Horace, Virgile, mais aussi les modernes italiens, comme Pétrarque, Dante, Arioste, qui ont su créer une littérature nationale. Puis Ronsard fonde la Pléiade en 1553 et élit en effet, sept poètes dans le groupe, et leur nombre n'était pas sans évoquer la Pléiade mythologique des sept filles d'Atlas changées en constellation, et surtout la Pléiade des sept poètes alexandrins du IIIème siècle avant Jésus-Christ : Par simple métaphore, Ronsard comparait sept poètes de son temps aux sept étoiles de la Pléiade, comme on l’avait fait autrefois pour sept poètes Alexandrins du IIIe siècle. Ce mot a très vite désigné les poètes groupés autour de Ronsard et reconnus par lui comme meilleurs compagnons. Il en a plusieurs fois modifié la liste, en maître incontesté (ses contemporains l’appelaient «le prince des poètes») : -1553 : Ronsard, du Bellay, Baïf, Pontus de Tyard, Des Autels, Jodelle, La Péruse. -1555 : Jacques Pelletier remplace des Autels. -1556 : Mort de la Péruse : Rémi Belleau le remplace. -1583 : cette place est attribuée à Jean Dorat pour honorer son magistère. 164 - L’inspiration est un don divin : le poète doit donc être «possédé» (influence de Platon). - La poésie est l’expression d’une émotion, la poésie est sensibilité personnelle au contraire du Moyen-âge - La poésie est un travail noble : la poésie n’est pas un simple passe temps - L’imitation des genres et des thèmes de l’antiquité est la source de la poésie : le modèle est l’Antiquité, mais il faut respecter un équilibre entre simple plagiat et création : il faut assimiler personnellement les modèles pour créer ensuite : théorie de «l’innutrition». 1550 : La Querelle ………………………………………………………………….. Au nom de la tradition poétique française, les poètes traditionnalistes réagissent. La Pléiade répond par une série de pamphlets ; mais pour convaincre, il lui faut à présent créer en mettant ses principes en application : - Adoption de l’ode antique (Horace, Pindare) : c’est une révolution lyrique à l’époque ! Ce ne sont plus les acrobaties de la rime ni celles de la disposition des vers qui importent, mais le rythme de la strophe, la musique des vers. - Adoption du sonnet italien de Pétrarque, déjà introduit par Marot. La Pléiade lui donne sa perfection. 1555-1560 : La nouvelle poésie C’est l’époque des chefs d’œuvre. Après l’abandon de la «fureur poétique» qui rendait sa poésie obscure, le poète se livre dans ses sonnets au lyrisme de confidence puis à la poésie philosophique : Du Bellay : les Regrets ; Les Antiquités de Rome. Ronsard : Continuation des amours ; Les Hymnes. 1560-1570 : La poésie militante Les événements les amènent à prendre position : du Bellay caricature les cardinaux et les courtisans. Ronsard s’engage dans la querelle auprès des catholiques : il se tourne vers la poésie oratoire et épique. 167 PIERRE DE RONSARD Plumes 1 page 114 Pierre de Ronsard, est un des poètes français les plus importants du XVIe siècle. « Prince des poètes et poète des princes », Pierre de Ronsard, adepte de l’épicurisme, est une figure majeure de la littérature poétique de la Renaissance. Les œuvres sont les Odes (1550) ; les Hymnes et les Discours (1555-1564), La Franciade (1572). Son œuvre plus important est Les Amours (1552) où le modèle de la poésie d’amour est Pétrarque. BIOGRAPHIE Pierre de Ronsard, fils d'un chevalier, est né en septembre 1524 dans le Château de la Possennière, près de Vendôme. Il est d'abord page de beaucoup d'aristocrates, dont le fils du roi François Ier. Il se destinait à la carrière de militaire et de diplomate, ayant déjà été secrétaire de l'ambassadeur Lazare de Baïf ; mais une grave maladie le rend à demi-sourd; il doit donc réorienter son avenir. Le 6 mars 1543, il est tonsuré au Mans. Des bénéfices ecclésiastiques lui assurent un revenu régulier qui lui enlève tout souci matériel; ce qui lui vaut de consacrer sa vie à la poésie. Il s'installe à Paris en 1544. C'est là qu'il contribue à former la Pléiade, groupe d'écrivains qui se donnent comme mission d'enrichir la langue français et de créer une véritable littérature française. Grand humaniste, il devient le poète le plus important du groupe avec Joachim du Bellay, Ronsard ne fait pas d'études littéraires régulières, il apprend sous l'influence de beaucoup d'écrivains, d'abord auprès de l'hellénistre français Jean Dorat qu'il a comme maître, au collège de Coqueret. Il fréquente des poètes, des humanistes, des clercs, des gens de cour; il y participe activement à la vie des premiers salons et à l'activité de l'Académie de poésie et de musique, créée par Jean Antoine de Baïf. Il devient en 1558 poète officiel de la cour, avec le titre de conseiller et d'aumônier ordinaire du roi. Ronsard meurt le 27 décembre 1585. THEMES FONDAMENTAUX - Imitation de Pétrarque: Le grand principe sur lequel repose la théorie littéraire de Ronsard est celui de l'« imitation » des lettres antiques, pour lesquelles ces écrivains nourrissent un véritable culte. Il s'agit de lutter contre l' « ignorance », en s'imprégnant des textes de l'Antiquité, aussi bien que des poètes contemporains, italiens et néo-latins. Ronsard lui-même puise son inspiration dans la tradition du Canzoniere, un recueil de poésie du XVIème siècle du poète italien Pétrarque inspiré par la femme. Avec le Canzoniere, Pétrarque introduit la lyrique amoureuse dans la seconde moitié du XVIème 168 siècle. Le thème principal est la passion du poète pour une femme, exacerbée par l'absence ou le refus de l'aimée. Le sonnet est consacré par Pétrarque comme genre de la poésie amoureuse. La poésie de Pétrarque est le modèle par excellence de Ronsard, qui entend égaler ou surpasser dans l'écriture. - L'éloge de la beauté de la femme : Ronsard fait l'éloge de la beauté et du corps féminin. Le poète concentre généralement son attention sur un élément (front, yeux, bouche, cou, sein, etc.) qu'il compare à des éléments minéraux, végétaux ou cosmiques (le ciel, les astres). Le corps de la femme devient ici un condensé de l'univers. Il est magnifié. Le poète y fait l'éloge de toutes les qualités de la dame, image de perfection divinisée. - Amour comme ascension vers Dieu : Comme chez Pétrarque l’amour devient pour le poète une élévation et ascension vers Dieu. C’est un amour spirituel et la femme est un ange. La femme est en général mariée et le poète se met à son service. -Labor limae : Ronsard consacre une grande attention au travail de langue et du vers : c’est labor limae perpetuel, un travail sur les verses obsessif. Son maître-mot est l'« enthousiasme », la « fureur » divine à laquelle le poète est censé s'abandonner s'il veut composer une œuvre véritable. Cette conception nouvelle de la création poétique souligne l'importance des poètes dans la société, et va de pair avec l'idée qu'ils se font du métier d'écrivain : ils visent la gloire et l'immortalité à travers l'œuvre poétique. – Poésie d’élite : Ronsard a une conception ambitieuse de la poésie. Réservée aux grands esprits, elle s'adresse à un public noble et instruit. Elle a un message à transmettre qui doit élever le lecteur. Voilà pourquoi « La poésie de Ronsard repose sur une culture de l'excellence »Ronsard est féru de culture et d'humanités gréco-latines. Il admire aussi beaucoup Pétrarque, avec qui il entend rivaliser en termes de gloire poétique. L'érudition (la connaissance profonde de la langue, des auteurs et de l'histoire) est très importante. -La fuite du temps : c'est à la fois une angoisse du poète et une invitation à profiter des plaisirs amoureux. Ce thème est très présent dans les Amours : « Pour c'aimez-moi pendant qu'êtes belle », peut-on lire dans une pièce retranchée du recueil. On songe aussi au « Carpe Diem » d'Horace, qui invite à profiter de l'instant présent. Plumes 1 page 117 - Poésie comme immortalité : Pour lui, la poésie assure la gloire et l'immortalité. Il cherche la gloire et le renom poétique. Ronsard va jusqu'à imaginer sa mort, glorieuse, aux côtés d'Apollon (le Dieu des Arts et de la Poésie) ou d'Orphée (le prince des poètes). - Pluralité de thèmes : Ronsard a essayé tous les genres et abordé tous les thèmes (religion, guerres), pour devenir l'Homère et le Pétrarque de son temps. 169 Comme à cette fleur, la vieillesse Fera ternir vôtre beauté. Ronsard utilise, et c'est normal, l'orthographe de son époque: celle du seizième siècle. On trouve donc des mots anciens dans des orthographes anciennes pour les formes modernes comparables. Par exemple: « vesprée » pour « véprée », « avoit » pour « avait »,« voiés » pour « voyez ». On pourrait aussi ajouter: Vostre ---- votre Cheoir----- choir Cueillés--- cueillez N. B. Un mot qui en ancien français avait un 's' aura en français moderne un accent circonflexe pour remplacer la consonne disparue. Pensez à hôtel/ hôpital/ forêt, etc. Ronsard a écrit ce poème pour une femme, Cassandre, qu'il adorait. Cassandre ne l'aimait pas, En général, un sonnet exprime des thèmes tels que l'amour, la nature, -la perte, le deuil, la joie. On voit donc que ce sonnet raconte une histoire, l'histoire d'un homme, le poète, qui, accompagné de la femme qu'il aime, une femme dans la fleur de l'âge, la conduit dans une roseraie. Il lui fait admirer les fleurs et les compare à sa beauté. Mais il ne s'arrête pas là. Il continue et lui fait voir que sa beauté est tout aussi éphémère que celle de la rose et qu'il faut donc qu'elle en jouisse, qu'elle la cueille tant qu'il en est encore temps. Bientôt elle sera trop vieille, trop fanée et plus personne ne voudra d'elle. La fuite du temps : c'est à la fois une angoisse du poète et une invitation à profiter des plaisirs amoureux. Ce thème est très présent dans les Amours : « Pour c'aimez-moi pendant qu'êtes belle », peut-on lire dans une pièce retranchée du recueil. On songe aussi 172 au « Carpe Diem » d'Horace, qui invite à profiter de l'instant présent. Sur le pian formel, Ronsard donne ses lettres de noblesse au sonnet qui devient la forme idéale du poème d'amour. L'inspiration du poète : Son maître-mot est l'« enthousiasme », la « fureur » divine à laquelle le poète est censé s'abandonner s'il veut composer une œuvre véritable. Cette conception nouvelle de la création poétique souligne l'importance des poètes dans la société, et va de pair avec l'idée qu'ils se font du métier d'écrivain : ils visent la gloire et l'immortalité à travers l'œuvre poétique. Il réussit à éviter toute prolixité en donnant une forte unité à chaque étape de la progression thématique. Marie, levez-vous Plumes 1 page 112 Il y évoque les Amours de Marie. Comment Ronsard cherche-t-il à la faire lever ? 1er paragraphe : l’auteur demande à Marie de s’éveiller comme l’a déjà fait la nature, les oiseaux eux sont déjà levés et en activité. 2ème paragraphe : la flore est aussi déjà éveillée, flore que Marie soigne elle-même d’ailleurs, et semble apprécier, comme la nature. 3ème et 4ème paragraphes (strophes en fait !) : l’auteur taquine Marie, lui rappelant qu’elle avait promis d’être debout de bonne heure, avant lui, mais le lever est toujours difficile pour ces jeunes filles ; mais le reproche est un peu mou : il est malgré tout sous le charme. Dans un premier temps nous expliquerons comment Ronsard nous fait partager l’intimité du couple et dans un second temps nous étudierons les caractéristiques de l’argumentation dans ce poème. D’une part, on peut remarquer que l’intimité du couple est un des thèmes principaux dans ce texte. Dès le début du texte, Ronsard parle d’amour dans le titre : le nom de Marie est un anagramme du mot « aimer «, or l’anagramme est conçu pour représenter l’essence même de la personne. Ce poème est donc à prendre dans un sens relativement métaphorique : le poète appelle sa belle à s’éveiller, c’est-à-dire à se rendre compte de l’amour qu’il lui porte et à le lui rendre si possible. Tout autour d’elle, notamment la nature qu’elle aime tant, est joyeuse, éveillée, pleine d’amour (même le rossignol), pourquoi pas elle ? C’est un peu comme si elle était aveugle, ne le voyait pas. Lui attend ; tout autour d’eux est prêt, le bonheur est là, attendant. Le lever est donc la métaphore de l’éveil de l’amour de la jeune fille. Et tout le poème développe l’image de cet amour apparemment pas totalement réciproque : les promesses (de la veille au soir), les chants des oiseaux, comme autant de chants pas toujours suivis de flagrants succès auprès de la 173 belle etc. De plus, le champ lexical de l’amour est très présent dans ce poème : « amoureuse « vers 4, « beau « vers 6 et 13, « mignons « vers 7 et « baiser « vers 13. On remarque aussi cette intimité avec le vers 13 « Je vais baiser vos yeux et votre beau tétin «. Le poème devient presque érotique dans les vers 6 et 7 avec les métaphores (« rosier « et « œillets «) pour parler du corps de Marie. Ensuite, l’impression d’intimité est accentuée avec la présence du registre lyrique, un registre qui permet au poète d’exprimer des émotions intimes. Quand vous serez bien vieille Plumes 1 page 113 Le sonnet est une déclaration d'amour à Hélène, nous voyons clairement que le temps est très présent dans ce texte et que tout tourne autour de lui, cependant, celui ci n'est pas annonciateur d'un avenir glorieux. On note tout d'abord la volonté de l'auteur d'avouer ses sentiments comme on le voit aux vers quatre et huit : « Ronsard me célébrait » ainsi que « Bénissant votre nom » qui montre le culte que voue Ronsard à sa cher. Le vouvoiement témoigne de la volonté de l'auteur de respecter sa bien aimée comme l'indiquent les expressions : « vous serez »; « vivez »; « croyez »; … aux vers un, onze ou encore treize. Ensuite que cette déclaration est loin d'être chaleureuse, mais au contraire, qu'elle inspire une certaine mélancolie due à un amour non partagé, le recours à l'expression « regrettant mon amour et votre fier dédain » au vers douze en est un bon exemple. Le champs lexical de la vieillesse est très présent et attire l'attention du lecteur sur la dureté des paroles de l'auteur comme le montre les mots : « vieille » ou encore « vieille accroupie » aux vers un et onze. Ronsard prend un ton glacial pour décrire le futur de sa belle, ce qui a pour but de rendre le propos de l'auteur d'autant plus persuasif. Puis que tout au long du texte, Ronsard nous décrit l'avenir de sa bien aimée qui après avoir éclaté de beauté et fait tourner les regards telle une fleur épanouie (« belle »; « émerveillant » aux vers trois et quatre) finira par se faner (« vieille »; « demi-sommeillant »; « accroupie » aux vers un, six et onze) regrettant un passé qu'elle aurait put passer aux côtés de l'auteur. L'expression : « cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie » au vers final signifie évidemment que la vie est éphémère tout comme la rose et qu'il faut la cueillir tant qu'elle ébahit autant dire qu'il faut en profiter au jour le jour. Alors que les douze premiers vers condamnaient par avance Hélène, les vers 13-14 proposent une chute : Ronsard ne rappelle pas de motif amoureux ni d'hommage à sa beauté mais énonce un Carpe Diem (cueille le jour, c'est-à-dire profite du 174 1. Parque : déesse du destin, qui dévide et coupe le fil de la vie. 2. Lait : offrande antique. Introduction Introduction générale Aux XVe et XVIe siècle, une des grandes préoccupations des poètes est de valoriser et glorifier la langue française, à la fois par la recherche de formes nouvelles, et par le recours à l'imitation des Anciens, dans laquelle on voit une possibilité d'intégrer des formes nobles délaissées par le Moyen Age et d'enrichir le vocabulaire, ainsi que la pensée. Ainsi, on voit se développer de nouvelles formes littéraires, comme le sonnet en poésie, hérité du poète italien Pétrarque, teintées cependant d’une influence antique, dans les thèmes ou la pensée. Intro auteur et œuvre Les poèmes de Ronsard, par exemple, traitent de thèmes épicuriens, dignes du fameux carpe diem (« Profite du jour présent ») du poète latin Horace, en empruntant à la fois le langage fleuri et amoureux commun à Pétrarque ou aux poètes lyriques médiévaux et des formes modernes telles que le sonnet. Présentation texte à étudier C’est ainsi que dans le sonnet « Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose… » extrait du Second livre des Amours, Ronsard, sous couvert de célébrer une femme aimée et trop tôt disparue, traite du thème épicurien de la rapidité de la vie, du cycle de vie et de mort. . [Problématique] Nous allons donc voir comment Ronsard, en célébrant une femme aimée, rend compte du caractère éphémère de la vie. . [Plan] Dans un premier temps, nous évoquerons l’image de la femme, comparée à une rose, en ce qu’elle est éphémère, ce qui nous conduira à étudier la réflexion sur la vie et la mort que mène le poète ; enfin, nous nous demanderons si le poète, par l’écriture, ne cherche pas à immortaliser son amour et cette femme aimée. Développement Partie 1 : La femme et la rose [Mini-intro] Tout d’abord, nous voyons que le poète évoque une femme aimée, trop tôt disparue, qu’il compare à une rose, à la fois en ce qu’elle est belle et éphémère. . [Phrase introductive paragraphe I1] Le poème file une comparaison entre la femme et la rose. [Analyse et interprétation des procédés] Cela est visible tout d’abord par lastructure même du sonnet. En effet, un sonnet traditionnel doit observer une rupture sémantique entre les quatrains et les tercets. Ici, nous observons que les quatrains sont consacrés au comparant et les tercets au comparé, grâce à la structure binaire explicite« Comme… », vers 1, « Ainsi… », vers 9. Ensuite, nous voyons que la rose a bien des points communs avec une jeune fille : sans être totalement personnifiée, elle est caractérisée par un vocabulaire plutôt réservé à un être humain : « jeunesse », au vers 2, « grâce » et « amour », au vers 5, « languissante » et « elle meurt » au vers 8. Ces mêmes éléments caractérisent la femme aimée (« en ta première et jeune nouveauté », vers 9, « beauté », vers 10, « t’as tuée », vers 12, par exemple), rapprochant ainsi encore le comparant et le comparé. [Phrase conclusive paragraphe I1] La femme est la rose. Partie 2 : La femme et l’éloge de la beauté [Phrase introductive paragraphe I2] Ce qui, en premier lieu, est remarquable chez cette femme, comme chez la rose, c’est sa beauté. En effet, ce poème d’amour se présente évidemment comme un éloge à la femme aimée. [Analyse et interprétation des procédés] La comparaison à la rose, tout d’abord, est laudative, en ce qu’elle connotela beauté, mais aussi par sa mise en valeur : le terme « rose » est mis en attente à la fin du premier vers, répété à la rime dans « arrose », repris à la rime du dernier vers. Cela montre bien son importance, la considération que le poète a pour elle. On trouve pourl’éloge de la femme, mêlé à l’évocation de la rose, un champ lexical mélioratif (…). On remarque que la rose (la femme) est objet de l’admiration, d’abord de son entourage, à qui elles prodiguent leur aura bienfaisante : objet exclusif du regard au vers 1 (« Comme on voit… la rose ») : on note l’emploi de l’indéfini qui prouve l’attrait universel que « la » rose provoque, elle-même déterminée par un article défini, qui l’isole, la promeut, elle prodigue sa grâce et protège l’amour aux vers 5-6. On note ici une certaine sensualité, évoquée par 177 la convocation des sens de la vue et de l’odorat, celui-ci mis d’autant plus en valeur par l’encadrement du vers 6 par les termes « embaumant » et « odeur ». La femme comme la rose bénéficient aussi d’une aura qui s’étend à l’univers entier : le « ciel », vers 2, est personnifié, éprouvant des sentiments humains, « jaloux » ; « l’Aube », vers 3, dont la majuscule semble indiquer que l’on fait référence à la déesse (« l’Aurore aux doigts de roses », nous dit Homère), semble être au service de la rose ; enfin, au vers 10, « la Terre et le Ciel », diptyque qui nous montre cette aura universelle, sont eux aussi en position d’infériorité, surpassés par la beauté de la femme (« honoraient ta beauté »). [Phrase conclusive paragraphe I2] Ainsi, le poète célèbre la beauté de la femme, qui touche non seulement son entourage (vers 6), mais l’univers entier. Partie 3 : la beauté image de jeunesse [Phrase introductive paragraphe I3] Cette beauté est intimement liée à la jeunesse de la femme aimée. [Analyse et interprétation des procédés] Dès le premier vers, au sein de la comparaison avec la rose, est évoqué le « mois de mai », qui connote à la fois la nouveauté, avec le renouveau du printemps, et l’amour. De même, à deux reprises, la jeunesse et la beauté sont intimement liées : au vers 2, elles sont associées par l’épithète « belle jeunesse » ; aux vers 9-10, elles le sont encore, à la rime(« nouveauté » / « beauté »). Le thème de la jeunesse, ailleurs exprimé par le champ lexical assez redondant (…), est aussi lié à la vitalité : « première fleur », au vers 2,rime avec « vive couleur ». Mais on remarque surtout que la jeunesse possède un caractère éphémère : deux fois, le poète répète l’adjectif ordinal « premier » (vers 2 et 9), toujours associé à cette jeunesse, la fixant comme un instantané. [Phrase conclusive paragraphe I3] La jeunesse semble donc être une caractéristique qui condense en elle le destin de la femme, belle et trop tôt disparue, et la pensée du poète, rivée sur ce constant du caractère éphémère de la vie. . [Mini-conclu de partie I] Dans ce sonnet, le poète semble donc vouloir faire l’éloge de l’être aimé, dont il exalte la beauté fragile et éphémère, à peine née et aussitôt ravie. . [Mini-intro de partie II] En effet, on remarque qu’à ce thème de l’amour perdu se joint une réflexion sur la brièveté tragique de la vie. . [Phrase introductive paragraphe II1] La composition du sonnet, le choix même de cette forme brève, semble propice à rendre compte de la brièveté de la vie et à décrire ce passage rapide de la vie à la mort. [Analyse et interprétation des procédés] On note la même composition dans les deux quatrains et le premier tercet : les deux quatrainsdécrivent d’abord la vie de la rose et réservent les deux derniers vers à sa mort ; le premier tercet consacre deux vers à la vie de la femme et un vers à sa mort. Dans le tercet particulièrement, le passage de la vie à la mort est très rapide : la vie est évoquée dans une proposition temporelle, à l’imparfait, qui a une valeur durative, avant d’être interrompue et presque reléguée au second plan, par la mort évoquée au passé composé dans la principale. Dans les quatrains, on garde le présent à la fois général et narratif pour la vie et la mort, ce qui donne l’impression que la mort fait déjà son œuvre au sein même de la vie. [Phrase conclusive paragraphe II1] Vie et mort sont intimement liées. . [Phrase introductive paragraphe II2] En effet, tout au long du poème, alors même qu’il décrit la vie, la mort pèse déjà sur la rose ou la femme, révélant l’aspect tragique de la vie. [Analyse et interprétation des procédés] Là encore, la composition du poèmeest révélatrice : il alterne deux vers sur la vie et deux vers sur la mort. Les vers 1 et 2évoquent l’apparition de la rose, de la vie, tandis que les vers 3 et 4 montrent déjà une menace sur cette vie : le « ciel » est « jaloux », et à la césure du vers suivant, comme « jaloux » l’était au vers 3, on trouve les « pleurs » de l’Aube. C’est-à-dire qu’au moment même où la rose est à son apogée, on a déjà des signes de mort. Dans les vers 7 et 8, l’évocation de la mort est explicite, s’opposant aux vers 5 et 6 ; là encore, la rose est en proie aux éléments de l’univers, l’eau et la pluie, cernée entre ces deux forces opposées, avec une violence certaine (« battue » « excessive »). [Phrase conclusive paragraphe II2] Ainsi, dès sa naissance, au sein même de sa jeunesse, la rose – la femme – étaient menacées par la mort. . [Phrase introductive paragraphe II3] Ronsard va même encore plus loin : la vie n’est pas seulement menacée, jalousée, elle est condamnée. Vivant, on est déjà mort.[Analyse et interprétation des procédés] Même dans les vers chantant la vie, on a déjà des signes de mort. Au vers 5, est employé le verbe « repose », répété à la rime au vers 11, cette fois-ci, bien dans le sens de mort ; de même, on peut penser à une syllepse au vers 6, pour « embaumant ». Enfin, de manière explicite, la figure mythique du destin,la Parque, au vers 11, montre qu’à tout 178 moment, la mort peut frapper, que notre vie est sans cesse aux mains de ce destin qui choisit quand il veut d’en couper le fil : l’acte de mort est un acte d’agression (« t’a tuée »), décidé. [Phrase conclusive paragraphe II3] Ainsi Ronsard met bien en œuvre dans ce poème la pensée épicurienne de la mort déjà présente dans la vie. [Mini-conclu de partie II] Au-delà de regretter l’être aimé trop tôt disparu, Ronsard montre que la vie en général est brève et menacée par la mort, que ce soit « feuille à feuille » ou brutalement. . [Mini- intro de partie III] Cependant, le poème ne se termine pas sur ce seul constat assez noir, mais propose une issue, par le chant poétique. . [Phrase introductive paragraphe III1] En effet, ce poème est avant tout un poème d’amour. [Analyse et interprétation des procédés] Alors même qu’il dit la mort de la femme, il est un moyen d’encore s’adresser à elle, et de lui dire, de vivre encore, son amour. Registre dominant, le lyrisme apparaît d’abord à travers les images : lacomparaison avec la rose, avec les connotations que nous avons décrites plus haut, réfère à la tradition bucolique, attachée au lyrisme. Aux images et aux connotations, s’ajoutent les sonorités et le rythme, qui font du poème un chant, qui rend compte, au-delà des mots, par les sensations, de l’amour exprimé : des allitérations en [m] du vers 1, la répétition des sonorités en [ar] dans le rythme binaire au vers 6, les rythmes binaires des vers 2, 5, 9 et 10, rendent compte de la douceur et de l’harmonie de cet amour. Enfin, le lyrisme permet un nouvel échange, à la fois intérieur et proclamé, entre le « je » et le « tu », ainsi que nous le voyons dans les deux tercets. [Phrase conclusive paragraphe III1] Ainsi, le chant poétique est le moyen de célébrer l’amour. . [Phrase introductive paragraphe III2] Par là même, il tend à immortaliser l’amour et l’être aimé. [Analyse et interprétation des procédés] La comparaison avec la rose, avec les connotations que nous avons décrites plus haut, permet aussi d’immortaliser cet amour. En effet, on voit que le poème ne débute pas par un « je », mais par un « on », à valeur généralisante, étendant la vision du poète à une vision plus générale : ainsi, au-delà d’une figure imaginaire, la rose devient le symbole de la nature qui, aux yeux du poète, rend hommage à la femme aimée. L’amour et la femme sont inscrits dans la nature. Le poète procède aussi à une déification de la femme, par le recours à desimages fortes, dans lesquelles elle est en contact direct avec les éléments, eux-mêmes déifiés : « le ciel », « l’Aube », « la Terre et le Ciel ». Enfin, on voit que les « obsèques », dans le dernier quatrains, se transforment, d’hommage terrestre et traditionnel (« reçois mes larmes et mes pleurs »), en cérémonie sacrificatoire : le « vase plein de lait » fait référence à une offrande antique. Mais en fait, cette offrande est le poème. En effet, l’emploi du démonstratif, vers 13, troqué contre le possessif du vers 12, « Ce vase de lait, ce panier plein de fleurs », est un déictique, il réfère à la situation d’énonciation du poète. Or, ce qu’il offre ici à la femme, c’est son poème. On note à la rime la métamorphose des « pleurs » (image du lyrisme) en « fleurs ». Le dernier vers, enfin, associe la vie à la mort, les assimile, par l’emploi de la conjonction « et », les fond en cette image reprise de tout le poème : « roses ». [Phrase conclusive paragraphe III2] La femme va trouver une nouvelle existence, une immortalité, dans la célébration du poète. …. [Phrase introductive paragraphe III3] Mais enfin, par cette reprise en fin de poème du mot rose, nous allons voir que c’est peut-être justement autant la femme que la poésie qui est célébrée. [Analyse et interprétation des procédés] La femme estcomparée dans toute la première partie du poème à la rose, nous l’avons vu. Mais à la fin, ce n’est plus aussi sûr, et ce terme de « rose » prend peut-être trop d’importance dans le poème pour que ne l’étudiions pas. En effet, le terme « rose » est mis en attenteà la fin du premier vers, répété à la rime dans « arrose », repris à la rime du dernier vers, en sorte qu’en plus, tout le poème résonne de cette même rime, tous les trois vers, de manière d’autant plus insistante qu’elle est transgressive (le sonnet doit se composer de quatre rimes différentes, or ici, aussi bien dans les tercets que dans les quatrains on a cette rime en [ose]). La rose semble prendre toute la place dans le poème, et notamment à la fin, où ce n’est plus la rose qui sert de comparant à la femme, mais où la femme se transforme en roses ; et nous avons vu que les « roses » du dernier vers, ainsi que les fleurs du vers précédent, étaient la métaphore de la poésie. [Phrase conclusive paragraphe III3] Ainsi, la femme se métamorphose en poésie, est devenue le prétexte à la poésie, un support. . [Mini-conclu de partie III] Ainsi, nous voyons que le poète cherche à transcender la mort par l’accession à une immortalité, pour l’être aimé et pour lui-même, qui par la mort prématurée de l’être aimé a pris conscience de la brièveté de la vie, par la poésie. 179 THEMES FONDAMENTAUX - Thème du voyage : Le motif du voyage est récurrent dans son œuvre, de même que les allusions à Rome et l’Italie. L’aventure d’Ulysse devient aussi une métaphore de l’exploration du moi. Ces références autobiographiques font du recueil comme un journal de voyage. C’est ce que souligne Du Bellay lui-même en donnant à ses vers les noms de « papiers journaux » ou « commentaires » dans le premier sonnet du recueil. On va ainsi retrouver dans son œuvre écho à tel ou tel détail de sa vie quotidienne en Italie. (CPR. Montaigne). - Exil : On peut lire un véritable cri de souffrance face à cette expérience de l’exil romain et une forte nostalgie pour la France (éloignement affectif) et pour sa vie à la cour (éloignement professionnel). Exaltation du passé par rapport au présent : Nombreux sont ainsi les sonnets reposant sur une structure antithétique passé / présent redoublée par la structure antithétique classique du sonnet quatrains // tercets. - Amour humain et divin : L’amour pour la femme est lié à celui envers Dieu, comme chez Pétrarque - Fuite du temps : chez du Bellay il y a un sens de fuite du temps et la fragilité des choses humaine. - Décadence des civilisations, La grandeur de l’ancienne Rome est réduite à néant, à cause de l’alternance entre la grandeur et la décadence de civilisations (CPR. Vico/ Foscolo « alterna onnipotenza delle umane sorti).………………………………………….. – Satire de Rome papale et gallicanisme : Du Bellay fait une satire contre toute la société l'Italie, et en particulier la Rome papale, était féconde en littérature satirique et burlesque. (Hypocrisie, simonie, orgueil, avarice, luxure, les sept péchés capitaux plus quelques autres) Chez Du Bellay il y a un gallicanisme, crique française à l’église de Rome. - Ironie comme catharsis : ernière dimension personnelle de l’écriture de Du Bellay, sa fonction cathartique. Par le biais de l’écriture, Du Bellay donne libre cours à ses rêves, à son onirisme. Mais il se libère des ressentiments à travers une parole souvent dénonciatrice - Exaltation de la France : C’est aussi l’exaltation de la France par rapport à Rome. Le plus célèbre sonnet sur ce thème est bien sûr le sonnet 31 : "Heureux qui comme Ulysse". Rome, c’est certes l’urbs, la capitale de l’antiquité admirée des humanistes. Mais Du Bellay met en relief l’art et l’artifice qui cachent mal les ruines architecturales et morales de Rome. - Le thème de l’immonde : Du Bellay, avant Baudelaire, est l’auteur d’une sorte de comédie urbaine dans laquelle intervient une vue dénigrante de ses tares et de ses 182 habitants les plus vicieux et défavorisés, mais tares qui sont les ingrédients de la véritable beauté. - Poésie libre : Du Bellay affirme d’écrire une poésie libre, non pas commissionnée par le roi ou le noble. Il refuse le phénomène du mécénat (CPR. Ronsard). – La poésie l’immediate expressione du moi : Pour Du Bellay, la poésie est parole, mais non plus parole inspirée, soit inspirée par le divin, soit soufflée par la fureur qui investit le poète s’exprimant dans un délire verval, sur une tonalité lyrique disant l’emportement du poète. La poésie doit êre une parole immédiate, expression du moi intérieur, parole spontanée et inspirée par le vécu. L’écriture poétique devient ainsi le miroir de son intériorité, de son ressenti, de ses sentiments. Par ses résonnances humanistes, l’exploration maritime d’Ulysse devient aussi exploration du moi. -Poésie nouvelle de l’exploration du quotidien et de satire : Il refuse le pétrarquisme, il cherche une poésie nouvelle et originelle. La poésie est une parole exploratrice du quotidien (CPR. Ronsard). C’est d’abord le refus de la dialectique pétrarquiste.. Ce refus se fait au profit d’une écriture simple qui entend laisser toute sa place à la subjectivitéu Bellay entend au contraire mettre en place une écriture plus immédiate, simple et naturelle. -Les Regrets, un exercice linguistique : Cette réflexion a déjà été développée dans la Défense et illustration de la langue française. Déjà, Du Bellay y définit la poésie comme un exercice linguistique. Il se tourne précisément du côte de la langue pour montrer comment la poétiser ; il établit non pas un « art » mais une grammaire. DEFENSE ET ILLUSTRATION DE LA LANGUE FRANCAISE (1549) …………………… Défense et illustration de la langue française (La Deffence, et Illustration de la Langue Francoyse dans l'orthographe originale) est un manifeste littéraire, écrit en 1549 par le poète français Joachim du Bellay, qui expose les idées des poètes de la Pléiade. Le texte, plaidoyer en faveur de la langue française, paraît dix ans après l'ordonnance de Villers-Cotterêts qui imposa le français comme langue du droit et de l'administration dans le royaume de France. Du Bellay montre sa reconnaissance envers François Ier, « notre feu bon Roi et père », pour son rôle dans le fleurissement des arts et la culture. Le roi a en effet créé le Collège des lecteurs royaux. Il a en outre pérennisé une bibliothèque du roi alimentée par le dépôt légal et des achats. Il dit que le français est encore dans l'enfance, et qu'il suffit de le fortifier, en le pratiquant, en inventant des mots, en l'enrichissant de toutes les manières, pour le rendre aussi puissant que le grec ou le latin, qui ont eu pour eux la durée, et non un génie intrinsèque. Du Bellay souhaite transformer la langue française, « barbare et vulgaire », en 183 une langue élégante et digne. ……………………………….. L'OLIVE (1549) ………………………………………………………………………. Du Bellay a à cœur de prouver que le français peut aller plus loin que le latin et que l'italien : la référence première de la poésie de Du Bellay est Pétrarque. Les métaphores, les thèmes sont empruntés largement au chantre de Laure. Le thème de la « belle matineuse » (la femme qui à l'aurore fait honte au soleil par sa beauté, ce qui explique que l'astre rougisse de confusion…) est directement emprunté aux Italiens, Pétrarque. Mais l’amour envers la maitresse idéale se termine avec un appel religieux : et la construction idéaliste, reprise de Platon, devient évidente : le recueil est orchestré par le temps liturgique séparant Noël de Pâques – de la naissance à la Résurrection. La forme même, le sonnet, est alors toute nouvelle. ………………………………………………………………………. LES ANTIQUITES DE ROME (1558) ……………………………………………………… Les Antiquités de Rome, composées au même moment, traient plus classiquement sur le thème du temps destructeur de toutes choses, et de la vanité de la gloire. Rome n'est plus, à cette époque, la « capitale de l'univers » qu'elle fut autrefois. Pillée plusieurs fois par les Germains au Ve s. par les Sarrasins au IXe s. par les Normands au XIe s. la ville papale s'était rebâtie à l'écart des ruines au XVe s. – avant que les troupes de Charles Quint ne la mettent à nouveau à sac en 1527. C'est dans une ville dévastée que Du Bellay passe ses années d'ambassade. D'où ses références aux « poudreux tombeaux » de la grandeur romaine, « que chacun va pillant ». Les poèmes sont emplis de références, encore une fois, à l'Arioste, à Virgile, à Homère. Mais la dédicace à Henri II (qui faisait collection d'« antiques », comme on disait alors) prouve assez le projet de leçon politique – quoique là encore, une inquiétude plus personnelle se fasse jour : « Espérez-vous que l'œuvre d'une lyre Puisse acquérir telle immortalité ? » ……………………………………………………… LES REGRETS……………………………………………………………………………………... C'est avec le lyrisme des Regrets que Du Bellay prend sa stature définitive dans l'histoire de la poésie française. À Rome, le poète s'est senti en exil – comme Ovide lorsqu'il composa les Tristes, dont « regrets » semble être la traduction. L'essentiel des 191 sonnets des Regrets tourne autour de la mélancolie née de l'éloignement. La matière des Regrets, de prime abord, est d’ordre autobiographique, qui font du recueil comme un journal de voyage. C’est ce que souligne Du Bellay lui-même en donnant à ses vers les noms de « papiers journaux » ou « commentaires » dans le premier sonnet du recueil. On va ainsi retrouver dans son œuvre écho à tel ou tel détail de sa vie quotidienne en Italie. De plus, 184 l’inspiration le silence d’une écriture qui ne réussirait pas à naître. C’est une écriture tentant d’aborder à des rivages inconnus, explorant des terres nouvelles. Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Plumea 1., Page 110 187 Je n’écris point d’amour, Je n'écris point d'amour, n'étant point amoureux, Je n'écris de beauté, n'ayant belle maîtresse, Je n'écris de douceur, n'éprouvant que rudesse, Je n'écris de plaisir, me trouvant douloureux : Je n'écris de bonheur, me trouvant malheureux, Je n'écris de faveur, ne voyant ma Princesse, Je n'écris de trésors, n'ayant point de richesse Je n'écris de santé, me sentant langoureux : Je n'écris de la Court, étant loin de mon Prince, Je n'écris de la France, en étrange province, Je n'écris de l'honneur, n'en voyant point ici : Je n'écris d'amitié, ne trouvant que feintise, Je n'écris de vertu n'en trouvant point aussi, Je n'écris de savoir, entre les gens d'Eglise. RONSARD/DU BELLAY Ronsard et du Bellay partageaient beaucoup de points communs, et se retrouvèrent à Paris où du Bellay intégra le cercle d'étudiants en humanités du collège de Coqueret, sous l'enseignement de Jean Daurat. Ensemble, ils rédigent le recueil Défense et Illustration de la langue française (1549). Mais alors que Ronsard était influencé par les grecs, du Bellay était plus latiniste. Ronsard s'intéresse d'abord et avant tout aux plaisirs de la vie et à l'amour; ensuite seulement aux antiquités. Du Bellay est davantage tourné vers les antiquités. Si du Bellay est un peu "bas bleu", il est aussi attendrissant dans son amour pour Rome, pour les antiquités et pour... son pays. Quant à Ronsard, sa poursuite de l'amour et la manifestation de son échec amoureux sont charmants. Tout d’abord, Du 188 Bellay construit un éloge de Ronsard dont les thèmes sont : la faveur auprès du roi la grandeur des sujets / porté par la fureur inspiratrice les succès qui lui permettent d’acquérir de son vivant l’immortalité. Mais il faut y voir là un éloge paradoxal. Cela lui permet aussi d’élaborer et de prendre possession de son propre domaine poétique. Face à la faveur royale, il affirme le choix d’une poésie gratuite pour lui-même dans laquelle il place son moi en son centre. Face aux sujet traditionnels, il revendique une poésie qui s’aventure sur des terrains inconnus. En renonçant à l’innutrition, il revendique la richesse et le plaisir de l’invention même si elle suppose les chemins d’une écriture difficile. 189
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