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Clément Marot (1496-1544), Slides de Langue Française

(notamment avec le Blason du beau tétin). Chassé à cause d'une probable liaison, il se réfugie à Venise en 1536 puis de nouveau en. France à la Cour du Roi, ...

Typologie: Slides

2021/2022

Téléchargé le 03/08/2022

Kilian_Te
Kilian_Te 🇫🇷

4.4

(79)

438 documents

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Télécharge Clément Marot (1496-1544) et plus Slides au format PDF de Langue Française sur Docsity uniquement! Le XIXe siècle: l’âge des passions (1799-env. 1870) Chapitre 5A itin é r A ir e 9«En m’esbatant je fais rondeaulx en rithme, / Et en rithmant bien souvent je m’en- rime: / Brief, c’est pitié d’entre nous rithmailleurs /, Car vous trouvez assez de rithme ailleurs» (Epîtres, II) Clément Marot (1496-1544) Un poète de cour Clément Marot, né à Cahors en 1496, est le fils de Jean Marot. Celui-ci fait partie des derniers grands Rhétoriqueurs et est un des poètes favoris de Louis XII, qu’il accompagna en Italie au moment de son expédition. Il enseigne toutes les techniques poétiques à son fils qui compose ses premiers poèmes très jeune. Après de courtes études à Paris, Clément est placé en 1513 comme homme de chambre au service de Marguerite d’Angoulême, la sœur de François Ier. C’est là qu’il rencontre François Ier pour qui compose dès son avènement en 1515 un recueil intitulé Le Temple de Cupido, fait par Maistre Clément Marot, facteur de la Royne puis à qui il adresse vers 1518, une Petite Epistre. Il suit également le roi dans tous ses déplacements, dont la bataille de Pavie (1525), où il est blessé, puis devient poète officiel de la cour de 1527 à 1534. Le roi, sensible à son talent, le protège à plusieurs reprises, notamment contre les attaques de ses ennemis (église, poètes jaloux de son succès, femmes délaissées…). Un poète humaniste Traducteur en français de Virgile, de Lucien et de textes bibliques, Marot est un esprit libertin, séducteur, peu réservé dans ses propos et surtout envers les dogmes ecclésiastiques, ce qui fait de lui un humaniste malgré lui. En effet, sous l’extérieur grave d’un philosophe, il joint une tête vive à un bon cœur. Ses sympathies pour la Réforme et pour Luther lui valent des ennemis: il est arrêté, accusé d’hérésie et emprisonné à Paris au Châtelet en 1525. Il proteste contre cette sentence de l’Inquisition, notamment dans son Épître à l’inquisiteur Bouchard. Transféré dans les prisons de Chartres l’année suivante, où il reçoit les visites des notables de la ville, il compose un de ses poèmes plus connus, L’Enfer, qui est à la fois une description satirique du Châtelet et une attaque contre les abus de la justice. Mais la répression contre les protestants se durcissant après l’Affaire des Placards en 1534, il choisit de s’exiler. En Italie, il séjourne à la cour de la Duchesse de Ferrare, Madame Renée de France, où il se distingue dans les joutes verbales sous formes de blason (notamment avec le Blason du beau tétin). Chassé à cause d’une probable liaison, il se réfugie à Venise en 1536 puis de nouveau en France à la Cour du Roi, momentanément assagi. Parti de nouveau pour le royaume du Piémont, plus tolérant, d’abord à Chambéry puis à Turin, il y meurt en 1544, miséreux mais toujours poète et amoureux. À la frontière entre poésie médiévale et style Renaissance Bien que marqué encore par l’héritage médiéval, Marot est un des premiers grands poètes modernes français. En effet, il a fortement contribué à faire progresser la versification en langue française, alliant la grâce à un ton sans égal à l’époque. L’œuvre de Marot est très variée et abondante qui va de «l’élégant badinage» aux psaumes protestants en passant par les formes plus traditionnelles du poème à la fin du Moyen-Âge. D’un style proche de la discipline des Rhétoriqueurs, il évolue vers un art très per- sonnel, allusif, polémique et vivant, dont les thèmes et les méthodes font de lui un des seuls poètes qu’on peut qualifier d’humaniste. Son recueil L’Adolescence clémentine (1532-1538) comprend les poèmes de jeunesse et connaît un grand succès à l’époque. Il y aborde sous plusieurs aspects et de façon raisonnée le métier de poète et son apprentissage. De nombreuses formes poétiques brèves y sont employées: des formes traditionnelles (ballades, rondeaux, chansons) aux formes modernes de la Renaissance (traductions, épîtres, épitaphes). C’est Marot qui introduit le premier le sonnet en France, repris ensuite par les poètes de la Pléiade, et qui est à l’origine d’un nouveau genre poétique, le blason, courte poésie vantant (ou non) une partie du corps de la femme. Novateur, insolent, brillant, Clément Marot inspirera diverses générations de poètes jusqu’au XVIIIe siècle. Le XIXe siècle: l’âge des passions (1799-env. 1870) Chapitre 5A itin é r A ir e 9 Anne (par jeu) me jeta de la Neige, Que je cuidais1 froide certainement: Mais c’était feu: l’expérience en ai-je, Car embrasé je fus soudainement. Puisque le feu loge secrètement Dedans la Neige, où trouverai-je place Pour n’ardre2 point? Anne, ta seule grâce Éteindre peut le feu que je sens bien. Non point par Eau, par Neige, ni par Glace, Mais par sentir3 un feu pareil au mien. «Anne par jeu me jeta de la neige…» 1. je cuidais: je croyais. 2. ardre: brûler. 3. par sentir: en sentant. Ce court poème est une épigramme joyeuse et pétillante adressée à une certaine Anne, probablement Anne d’Alençon, protectrice de l’auteur. Clément Marot, Épigrammes (1538) Lecture globale 1. Sur quel ton le poème s’ouvre-t-il? a. triste b. joyeux c. mélancolique d. sarcastique 2. Quel est le personnage central du poème? 3. Quelle saison est évoquée au début du texte? 4. Ce poème se compose de trois parties. Repérez- les et donnez un titre à chacune. a. Un récit: v._________ - _________ : __________________ b. Une question rhétorique: v._________ - _________ : __________________ c. Un discours vocatif: v._________ - _________ : __________________ Analyse littéraire 5. Sur quelle figure de style le poème est-il construit? Retrouvez les deux réseaux lexicaux antagonistes. 6. Le poète joue aussi sur la polysémie des mots. Étudiez le sens dénoté et connoté du mot «feu» et du mot «neige». Comment l’amour s’est-il manifesté chez le poète? 7. Le mot «Anne» a-t-il la même fonction au vers 1 et au vers 7? Justifiez votre réponse. 8. De quelle manière le vers 9 crée-t-il un effet de suspens? 9. La pointe, dans le vers qui conclut le poème, introduit la surprise. Sur quel paradoxe ce vers joue-t-il? Comment le «feu» du poète peut-il être apaisé? Atelier d’écriture 10. Résumez ce poème en une seule phrase. 11. Écrivez une épigramme, en produisant vous aussi un effet de surprise final. Lignes d’écriture Le XIXe siècle: l’âge des passions (1799-env. 1870) Chapitre 5A itin é r A ir e 9 1. Ranélise est la maman d’adoption de Marie- Noëlle. 2. souffreteux: chétifs, malingres. 3. mine: expression du visage. 4. ravaler: se retenir de prononcer quelque chose. Maryse Boucolon Condé (1937) M. Boucolon Condé, Desirada (1997) Maryse Boucolon Condé naît à Pointe-à-Pitre en 1937 et fait ses études universitaires en France dans les années 1950. Elle doit son nom à l’acteur guinéen Mamadou Condé, qu’elle épouse en 1959 et suit en Afrique, où elle enseigne pendant douze ans (en Guinée, au Ghana, au Sénégal). Elle revient en France dans les années 70 et, après un doctorat en littératures comparées, elle enseigne à l’université et est invitée sur de nombreux campus américains. En 1981, elle divorce et épouse en secondes noces Richard Philcox, qui traduit beaucoup de ses romans en anglais. Après un retour à la Guadeloupe, elle vit maintenant entre Paris et New York. Ses romans les plus importants sont Ségou, en deux volumes, Les murailles de terre (1984) et La terre en miettes (1985); Moi Titouba sorcière (1986); Traversée de la mangrove (1989); Desirada (1997). Son dernier roman, En attendant la montée des eaux (2010), reprend la saga des Traoré du Mali qui avait inauguré la série des romans historiques. Mais personne n’avait jamais décrit à Marie-Noëlle le jour de son arrivée à Paris. Sa mémoire s’était chargée toute seule de ce souvenir-là. Une fois qu’elle avait accepté un coup du sort qu’elle ne pouvait pas détourner, Ra- nélise1 avait agi au mieux. Elle avait séché tant bien que mal l’eau de ses yeux, et avait commencé à remplir une valise de lainages. Puis, elle avait demandé au père Simonin de célébrer quatre messes à l’intention de Marie-Noëlle. Quatre samedis de suite, elle l’avait emmenée se confesser. Quatre dimanches, les mains pieusement jointes sous le menton, elle avait marché avec elle jusqu’à la table sainte pour recevoir la commu- nion. Finalement, un soir après le travail, elle avait ouvert l’album qu’elle gardait serré dans un tiroir de sa commode et lui avait montré une photographie de sa mère, prise le jour où l’on fêtait entre intimes la première élection de Gérardo Polius à la mairie de La Pointe. Reynalda était enceinte, de près de neuf mois. Son gros ventre poussait de façon peu gracieuse l’étoffe à carreaux de sa robe sans forme. Autour d’elle Rané- lise, Claire-Alta, Gérardo Polius et Alexis Alexius, le premier adjoint qui fréquentait encore la maison et le lit de Ranélise, avaient l’air complètement parti. Ils levaient leur coupe à la hauteur des objectifs et lui grimaçaient de grands sourires. Tout le monde avait l’air parti. Sauf elle. Sa figure triangulaire, aux traits un peu souffreteux2, expri- mait non pas le chagrin, où la révolte, plutôt une extrême lassitude. Comme si elle n’avait qu’une seule idée en tête: en finir. Marie-Noëlle ne s’était laissée attendrir ni par cette mine3 ni par la vue de la montagne de chair derrière laquelle le fœtus qu’elle était se cachait du monde. Tandis que Ranélise se lançait dans un flot de paroles qui signifiait qu’il fallait pardonner à Reynalda ses dix années d’abandon comme Jésus avait pardonné à Pierre ses trois reniements, elle l’avait coupée avec détermination et avait demandé qui était son papa, car il n’existe pas sur terre un enfant sans papa. Il faut un papa pour faire un enfant. Ce n’était pas la première fois que cette question pesait de son poids brûlant sur sa langue. Toujours, à la dernière minute, elle parvenait à la ravaler4. En vérité, elle Marie-Noëlle et sa mère Reynalda incarnent deux générations de femmes réagissant de façon différente à la violence de l’histoire et de la colonisation: l’une obligée de quitter la Guadeloupe, où elle vit heureuse avec sa maman d’adoption; l’autre qui a renié ses origines et son pays, semble avoir trouvé sa voie à Paris. Mais la souffrance d’un peuple, le peuple antillais, déraciné de l’Afrique et installé dans une Amérique qui n’a rien à voir avec les images des cartes postales, est toujours là. «Il faut un papa pour faire un enfant» Le XIXe siècle: l’âge des passions (1799-env. 1870) Chapitre 5A itin é r A ir e 9 avait peur de la réponse qu’elle pouvait entendre. C’est que sa couleur tranchait sur le noir bon teint de ceux qui étaient à l’entour d’elle ainsi que sa tignasse5 jaune paille et ses yeux que la lumière tigrait selon les moments en vert ou en jaune. Son papa, c’était sans doute possible un homme à peau claire. Un mulâtre? Un saintois6? Un mauvais chabin7 rouge comme un crabe cyrique8? Peut-être même un Blanc? Blanc-pays ou Blanc-métro9, gendarme, C.R.S.10? Comment tolérer pareille paternité? Ranélise avait commencé à s’embrouiller. Qu’importe? Est-ce qu’un papa compte? Ne compte qu’une seule et unique chose: le ventre de sa maman, forteresse dont un jour on a forcé la porte dans la douleur. Dans le temps longtemps, les maîtres avaient décidé que l’enfant suit le ventre de sa maman. Si elle est négresse, il est nègre… Déjà, Marie-Noëlle n’écoutait plus ce verbiage11. Elle se jurait d’y mettre les années qu’il faudrait, mais un jour de déchiffrer l’indéchiffrable. D’après les pho- tos, elle avait dans l’idée que sa mère était laide. Haute alors qu’elle était toute petite. Bien en chair alors qu’elle devait peser le poids d’une adolescente. D’âge mûr, comme Ranélise ou comme les mamans de ses camarades de l’école Dubouchage alors que c’était encore une jeunesse. Elle aurait pu être une grande sœur. Ou une tantine12 comme Claire-Alta. Marie-Noëlle ne pouvait pas s’empêcher de la dévorer des yeux, avec, sous le chagrin d’avoir perdu Ranélise, l’envie de se serrer contre elle et de lui souffler dans le cou: – Tu es le bijou que je ne savais pas que j’avais. Reynalda attendait dans le coin réservé aux parents des U.M.13, le dos appuyé contre un pilier comme une plante à un tuteur. Sa figure ne trahissait rien. Comme si elle portait par devant un masque, un loup qui cachait ses vraies émotions. Elle était engoncée14 dans un manteau peu seyant15, bleu marine, d’une coupe militaire, boutonné jusqu’au cou. Mais un bonnet jaune, vert et rouge couronnait sa tête d’une clarté inattendue. Elle regarda Marie-Noëlle furtivement, presque peureusement, lui adressa un demi-sourire contraint, puis détourna les yeux en vitesse sans se pencher pour l’embrasser. Tout en signant les formulaires elle demanda à l’hôtesse d’une voix qui contrastait avec les timbres traînants, éclatants d e Ranélise ou de Claire-Alta: – Est-ce que le voyage s’est bien passé? Puis elle se saisit de la valise de Marie-Noëlle et la précéda vers la sortie. Dehors le ciel tremblait gris et lourd au ras16 des toitures. Il neigeait. 5. tignasse: familier, chevelure abondante. 6. saintois: habitant des Saintes, îles de la Guadeloupe. 7. chabin: type humain aux traits négroïdes mais au teint clair et aux cheveux crépus blonds ou roux. 8. crabe cyrique: crabe typique de la Guadeloupe. 9. Blanc-Métro: homme blanc qui vient de la métropole, c’est-à-dire la France. 10. C.R.S.: Compagnie Républicaine de Sécurité, corps de la police nationale française. 11. verbiage: abondance de paroles inutiles ou vides de sens. 12. tantine: jeune tante. 13. U.M. (Unaccompanied Minor): enfant non accompagné qui voyage seul avec une compagnie aérienne. 14. engoncer: vêtement qui fait paraître le cou enfoncé dans les épaules. 15. seyant: qui va bien. 16. au ras: au même niveau. Le XIXe siècle: l’âge des passions (1799-env. 1870) Chapitre 5A itin é r A ir e 9 Lecture globale 1. Dites si les affirmations suivantes sont vraies ou fausses. V F a. Ranélise est la mère de Marie-Noëlle. b. Reynalda raconte à Marie-Noëlle son arrivée à Paris. c. Ranélise dit à Marie-Noëlle qu’elle doit pardonner sa mère. d. Reynalda est très contente de revoir Marie-Noëlle. e. Le père de Marie-Noëlle n’est sans doute pas un noir. f. Marie-Noëlle est contente de voir sa mère. 2. Quels sont les personnages cités dans l’extrait? Quel est leur rôle? 3. Quelles informations Marie-Noëlle voudrait-elle avoir de la part de sa mère d’adoption? 4. Quelles caractéristiques indiquent que le père de Marie-Noëlle n’est pas un Noir? 5. Comment la petite fille imagine-t-elle sa mère? 6. Quel accueil Reynalda réserve-t-elle à Marie- Noëlle? Analyse littéraire 7. Quel est le point de vue de la narration? Que peut-on dire des modalités du récit? 8. Quelles sont les caractéristiques du personnage de Ranélise? En quoi incarne-t-elle les stéréotypes de la femme guadeloupéenne? 9. Qu’apprend-on de Marie-Noëlle? Quelle métaphore se cache dans son questionnement sur l’identité de son père? 10. Que symbolise le personnage de Reynalda par son regard et son habillement? Analysez les deux descriptions de ce personnage présentes ici. 11. Montrez que l’attitude de Reynalda est froide et détachée, voire inquiétante. 12. Quels aspects différencient Reynalda du stéréotype de la femme guadeloupéenne? Atelier d’écriture 13. Imaginez la suite de ce récit. Reynalda a quitté la Guadeloupe, pays de l’été éternel, pour vivre à Paris, où elle s’enveloppe dans un manteau pour affronter la neige et le mauvais temps. Elle n’est ni grande, ni en chair. Étant encore jeune, elle a pu se refaire une vie, mais est-elle heureuse dans l’hiver parisien, métaphore de la tristesse et du malaise? Le sera-t-elle avec Marie- Noëlle? 14. Commentez cette citation de Maryse Condé qui semble dépasser le concept de négritude: «On peut se créer quelque part. On arrive là, dans un pays qui devient le nôtre. Il n’y a pas besoin de justifier d’une origine ou d’une généalogie. On peut tout aussi bien ne pas avoir une race définie. Je sais qu’avant il y avait les Blancs et les Noirs, mais maintenant je vois tellement de métis autour de moi, des gens qui sont mêlés, de toutes espèces de sang, que je crois que la notion de race même, unique, est en train de disparaître». Lignes d’écriture
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