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Commentaire composé du chapitre 5 de l’Etranger, Lectures de Littérature

Typologie: Lectures

2020/2021
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Téléchargé le 17/09/2021

Yves90
Yves90 🇫🇷

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Télécharge Commentaire composé du chapitre 5 de l’Etranger et plus Lectures au format PDF de Littérature sur Docsity uniquement! Commentaire composé du chapitre S de l’Etranger : La demande en mariage Les personnages des romans du XXème siècle ne correspondent pas toujours aux codes du héros traditionnel. C’est le cas de Meursault, « héros » du roman L'Étranger d'Albert Camus paru en 1942 qui obtient un grand succès. Il appartient à ce que Camus a appelé « le cycle de l'absurde » avec la pièce de théâtre Caligula et l’essai philosophique Le Mythe de Sisyphe. L'’incipit en est très célèbre : le roman s’ouvre sur l'annonce de la mort de la mère de Meursault. Les pages suivantes sont consacrées à l’enterrement. Le lendemain, Meursault rencontre Marie Cardona (chapitre 2), une ancienne collègue de travail, avec qui il va au cinéma, se baigne, et commence une liaison. Dans ce passage, Marie, qu’il fréquente depuis une dizaine de jours, lui propose le mariage. En quoi s’agit-il d’une scène atypique ? Dans un premier temps nous montrerons que la narration déstabilise le lecteur. Nous nous interrogerons ensuite sur l'originalité de cette scène qui repose sur plusieurs éléments. La narration déstabilise le lecteur, car la demande en mariage est faite dans un style très dépouillé. Il y a une distance entre l'événement et l'écriture de l’événement. Meursault évoque « le soir », et attaque directement le récit de l'événement. « Marie est venue me chercher et m'a demandé si je voulais me marier avec elle » : au moyen de la conjonction « et », deux faits qui ne sont pas du même ordre sont mis sur le même plan. Dans un autre contexte, ce nivellement des faits pourrait créer un effet comique, mais ici il apparaît plutôt comme un procédé de l'absurde. Camus fait volontairement l’économie de tous les moyens de dramatisation qui entourent d'habitude ce type d’épisode : le texte s’en tient au récit des paroles échangées, aucune autre information n’est donnée (gestes, expressions du visage, etc.). Le style indirect neutralise même l'émotion qu'exprimeraient les mêmes phrases au style direct. Il désincarne les paroles, leur retire toute affectivité, toute humanité, les dédramatise. Le choix du discours indirect exprime également la distance vis-à-vis de ce qu'il raconte ; on pourrait penser qu'il n'en raconte que l'essentiel. Par ailleurs, on remarque que la structure de la scène est chronologique. On constate l'absence de liens logiques mais en revanche de nombreuses notations temporelles : «le soir », «alors » (4 fois), «un moment», «puis », « après », « après un autre moment ». Ces notations révèlent le souci d’être exact, de s’en tenir à la succession des paroles prononcées, à la surface de la conversation. Toute analyse et tout jugement sont refusés, ce qui premièrement prive le texte de tout impact émotionnel et deuxièmement traduit l’apparente indifférence du héros. Ces repères chronologiques peuvent aussi révéler le scrupule extrême et les efforts de mémoire du narrateur qui procèderait à une reconstruction. La narration est purement factuelle : elle s’en tient au comportement et aux paroles prononcées, à ce qui apparaît, à l'exclusion de toute forme d’introspection, de toute analyse psychologique alors même que le texte est écrit à la première personne. Ce type d'écriture donne un caractère très sobre et dépouillé au récit, en même temps qu’il laisse une part des personnages dans l'ombre. Ces silences peuvent être interprétés par le lecteur comme il l'entend. Meursault est un personnage dessiné négativement ; on ne connaît de lui que son indifférence aux jugements de valeur, exprimée sous une forme toujours négative : « cela ne signifiait rien », « sans doute je ne l'aimais pas », « cela n'avait aucune importance ». Meursault rejette tout dans le néant : le mariage, l'amour, les différences, alors que pour Marie le mariage est un engagement, une preuve d'amour, et non une formalité. Le mariage est un ancrage social : on signifie à la société quelque chose. Il y a un refus de la recherche syntaxique : la phrase est caractérisée par sa brièveté, et par la platitude syntaxique. Hormis les hypothétiques, il n'y a que les subordonnées impliquées par le style indirect. Il y a également un refus de la variété du vocabulaire. Meursault n'emploie qu'un substantif, surtout des pronoms, des adverbes élémentaires comme « oui », «non », « naturellement », des verbes passe-partout comme « faire », « vouloir » : aucune marque de l'affectivité du narrateur, aucun terme dont la coloration ne pourrait suggérer de sa part une prise de position. Il y a de nombreuses répétitions des verbes « dire », « répondre ». Il en résulte une impression de véracité absolue. On remarque aussi une répétition des pronoms «je » et «elle », souvent séparés. Ces pronoms répétés et alternés installent les personnages dans leur individualité. Le pronom « nous » n’est employé que 2 fois. Meursault et Marie ne sont pas présentés comme un couple, ce qui peut sembler paradoxal dans une scène où il est question de mariage. La narration adoptée par le narrateur a donc toutes les raisons de surprendre le lecteur. Mais le lecteur est aussi surpris par le refus de Camus de mettre en scène des circonstances romanesques dans cette scène de demande en mariage atypique.
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