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Commentaire d'un texte, Notes de Français

Texte de Sylvie Germain Jours de colère

Typologie: Notes

2022/2023

Téléchargé le 20/02/2024

pascale-roux-1
pascale-roux-1 🇫🇷

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Télécharge Commentaire d'un texte et plus Notes au format PDF de Français sur Docsity uniquement! Commentaire du texte de Sylvie Germain, Jours de colère. Introduction : Sylvie Germain est une auteure contemporaine. Elle publie Le Livre des Nuits en 1984 : dans cette fresque, l’auteure analyse la violence de l’histoire à travers le cycle des guerres. Elle dresse dans ses premiers romans un monde de ténèbres, marqué par le chaos, le désenchantement, la violence des hommes. Le titre Jours de colère s’inspire du chant latin « Dies iræ », un poème sur le thème de la colère de Dieu. Dans cet extrait, un narrateur extradiégétique dresse le portrait de neuf frères, les fils d’Ephraïm Mauperthuis et de Reinette-la-Grasse. Il ne s’agit donc pas d’un portrait individualisé, mais d’un portrait collectif, comme si les frères ne faisaient qu’un. Dans ce portrait, le narrateur fait un parallèle entre l’homme et la nature, puisque les frères sont des « hommes des forêts ». Le lexique en lien avec la nature, et plus précisément la forêt, est au cœur de ce texte. Mais ce dernier permet également d’explorer l’intériorité de l’homme, la naissance d’un chant, d’un chant de colère. C’est donc un voyage que nous propose l’auteure : un voyage dans la nature, mais également au cœur de l’homme. Enjeux du texte : Trois enjeux semblent essentiels à analyser, le portrait collectif des frères, le lien entre les frères et la nature et l’analyse du cœur humain, notamment de la colère. Problématique : Comment Sylvie Germain, en dressant un portrait collectif de ces neuf frères, interroge-t-elle le lien entre l’homme et la nature tout en proposant une réflexion sur le cœur humain ? I. Le portrait des neuf frères : un récit extraordinaire 1 Un portrait collectif Les frères ne sont pas individualisés. Ils sont présentés de manière collective. Ainsi, ils sont toujours désignés par le pronom de la troisième personne du pluriel « ils » ainsi que par des noms communs au pluriel : « hommes » à la ligne 1, « les fils » ligne 22. Ils ne semblent donc exister que par leur lien fraternel. Les frères sont également caractérisés par leur nombre. Leur existence est associée à une forme de démesure, comme on peut le lire aux lignes 21 et 22 : « La maison où ils étaient nés s’était montrée très vite bien trop étroite pour pouvoir les abriter tous, et trop pauvre pour pouvoir les nourrir. » Le pronom indéfini « tous » reflète ici l’idée de collectivité, mais aussi l’idée de volume. En effet, l’espace de la maison est associé à l’adjectif « étroite », comme si la maison était dépassée par cette fratrie ou encore l’adjectif « pauvre », comparant les enfants à des ogres. Il s’agit donc du portrait d’une fratrie extraordinaire, hors normes, ne pouvant vivre en intérieur. 2 Des “hommes des forêts” n comprend mieux pourquoi les neuf fils d’Ephraïm Mauperthuis et de Reinette-la-Grasse ont vécu au contact de la nature. Ce lien est exprimé dès la ligne 1 : « Ils étaient hommes des forêts. » Le verbe « être » montre bien leur essence : ils sont par nature liés à la forêt, ce qui est confirmé par le complément du nom « des forêts ». La nature devient leur foyer : « Ils avaient été élevés davantage parmi les arbres que parmi les hommes. » La présence humaine est remplacée par celle de la nature. La répétition de « parmi », en lien avec le verbe « élever », donne à la nature un rôle de premier plan dans l’évolution des fils. Dans le texte, la présence humaine semble s’effacer derrière la puissance de la nature, puissance représentée par des énumérations, une figure particulièrement appréciée de Sylvie Germain : « Dureté puisée dans celle de leur sol commun, ce socle de granit d’un rose tendre vieux de millions de siècles, bruissant de sources, troué d’étangs, partout saillant d’entre les herbes, les fougères et les ronces. » Sylvie Germain dresse ici un tableau sylvestre en évoquant sa matière, ses couleurs, ses sons et ce qui compose son paysage. - Les neuf fils deviennent le miroir de la forêt. Cette idée est présente dès la ligne 2 : « Et les forêts les avaient faits à leur image. » La forêt est placée en position de sujet, comme si elle possédait un pouvoir de fécondité. Le verbe « faire » fait référence au geste créateur. C’est un écho au texte biblique de La Genèse : « Dieu créa l’homme à son image. » On assiste bien dans ce texte à une genèse : celle des neuf fils au contact de la nature. La forêt a un pouvoir nourricier : « Ils s’étaient nourris depuis l’enfance des fruits, des végétaux et des baies sauvages qui poussent dans les sous-bois et de la chair des bêtes qui gîtent dans les forêts. » La forêt est un lieu nourricier et un lieu de profusion qui coïncide avec l’appétit des frères. Cette profusion est soulignée par les énumérations et les nombreux pluriels. 3 Un apprentissage au contact des forêts Les frères vivent en harmonie avec leur environnement. On peut parler d’une véritable communion entre les frères et les forêts illustrée par le rythme ternaire : « À leur puissance, leur solitude, leur dureté. » Ce rythme ternaire dresse de nouveau un portrait collectif des neuf frères en isolant trois caractéristiques : la force représentée par le nom « puissance », l’isolement par le nom « solitude ». Le nom « dureté » peut être lu de différentes manières : c’est ce qui est résistant au toucher, mais cela peut aussi désigner ce qui manque de tendresse. Ainsi, malgré l’effet de groupe, chaque individu peut ressentir une forme d’isolement et la dureté annonce la réflexion sur la colère. - Les frères deviennent donc des personnages sylvestres, partageant les caractéristiques des forêts. C’est également un récit d’apprentissage car la forêt devient pour les neuf fils un lieu d’initiation, d’apprentissage : “ils connaissaient tous les chemins que dessinent au ciel les étoiles et tous les sentiers qui sinuent entre les arbres [...] Ils connaissaient tous les passages séculaires creusés par les bêtes, les hommes et les étoiles.” Le verbe “connaître” est répété à deux reprises. Les fils sont donc acteurs de leur apprentissage. La forêt n’a plus aucun secret pour eux : la répétition de “tous” fait référence à la totalité de cette connaissance qui embrasse l’univers, représenté par le rythme ternaire “les bêtes, les hommes et les étoiles.” Ils sont donc capables, par la simple observation, de comprendre le fonctionnement du monde. Cette idée d’apprentissage est suggérée par le lexique du chemin : “les chemins” ligne 14, “tracées” ligne 17, “la Voie lactée” lignes 17-18, “la route” ligne 18, “les passages” ligne 19. Ce lexique peut aussi suggérer que les neuf fils vont avoir un destin extraordinaire, peut-être déjà inscrit dans le ciel.
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