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Commentaire de texte sur la mort de Manon Lescaut, Lectures de Français

Il s’agit d’une analyse de texte qui explique la mort de Manon avec pleins de procédés littéraires dans le livre Manon Lescaut de l’abbé Prévost.

Typologie: Lectures

2022/2023

Téléchargé le 14/05/2023

lisa-haegeman
lisa-haegeman 🇫🇷

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Télécharge Commentaire de texte sur la mort de Manon Lescaut et plus Lectures au format PDF de Français sur Docsity uniquement! Objet d’étude : le roman EAF orale 1ère Parcours associé : Personnages en marge, Plaisirs du romanesque Explication linéaire n° 2 « trahison de Manon » I - Premier mouvement de l’extrait : La « grossièreté » de Manon (l. 1 à 13) 1) Les deux principaux champs lexicaux, dans la lettre de Manon, sont l’« amour » et la « pauvreté » : « idole de mon cœur », « aimer », « chère âme », « tendre », « amour », « adore », « pleuré » ≠ « réduits », « manque de pain », « faim », « ménagement de notre fortune » et l’antonyme « riche ». Manon présente ses motivations comme strictement matérielles : il s’agit, pour elle, de rétablir leurs finances, réduites à zéro par le vol des domestiques. La 2e partie de la lettre est assez explicite, quoique en des termes voilés : comme son frère l’avait suggéré, la jeune fille a de quoi assurer « le ménagement de [leur] fortune » ; les termes comme « filets » et « travaille » (et l’emploi assumé de la 1re personne : « mes », « je ») indiquent, très clairement, que Manon va jouer de ses charmes pour exploiter ou gruger, une fois de plus, de riches amants. Pour adoucir sa décision, elle prend soin de dire qu’elle ne part que « pour quelque temps » – ce qui sous-entend qu’elle compte bien être particulièrement efficace ! Mais Manon prétend, ici, que sa motivation ultime reste l’amour, malgré les apparences. L’expression « Je travaille pour rendre mon Chevalier riche et heureux » est absolument terrible car, si l’intéressée présente son amour pour Des Grieux comme moteur de son action, elle institue, tout simplement, son amant dans le rôle de souteneur ! De nouveau, le personnage affiche une dissociation entre ses actes et ses motivations, qui trouble à la fois le héros et le lecteur et rend difficile tout jugement sur l’héroïne. L’ambiguïté de cette dernière se voit également dans le fait qu’elle met nécessités matérielles et sentiment sur le même plan, en parlant, d’ailleurs, de « méprise fatale » et en jouant sur le mot « soupir » avec un goût assez douteux ! Pour elle, tous deux sont interdépendants, l’amour étant lié au bien-être matériel : c’est ainsi qu’elle veut rendre son amant « riche et heureux », le bonheur escompté se comprenant sur les plans matériel et amoureux. La dernière phrase constitue le summum de l’ambiguïté, en présentant son abandon de Des Grieux comme une « nécessité », mais qui, en même temps, la fait « pleurer » : elle veut lui signifier que cette nouvelle trahison n’est pas une preuve de désamour. 2) Manon l’appelle, à deux reprises, par son titre de « Chevalier » – ce qui est peut-être, pour elle, une manière de garder un peu de hauteur et de « noblesse » dans une lettre trop prosaïque et cruelle, ou bien, à l’inverse, de lui faire sentir, probablement sans le vouloir, qu’ils ne sont pas du même monde et que c’est à elle de se « salir les mains » avec la réalité… 5 10 15 20 25 30 35 40 L’emploi systématique de l’adjectif possessif cherche à l’assurer de son amour et à lui montrer que le lien entre eux n’est pas rompu malgré son départ. Les deux périphrases « l’idole de mon cœur », « ma pauvre chère âme » sont également très révélatrices de la façon qu’a Manon de rejeter Des Grieux dans une sorte de monde idéalisé, lié au sentiment (« cœur », « âme »), voire au spirituel (« idole », « âme »), alors que la jeune fille, elle, évolue dans le monde réel et va devoir jouer de son corps ; son amour apparaît quasiment désincarné, à force d’hyperboles à caractère religieux comme « idole » ou « je t’adore ». On pourrait même avoir l’impression, en prenant au pied de la lettre l’expression « ma pauvre chère âme », que Des Grieux représente la part spirituelle de Manon, trop souvent réduite à un corps par le regard des autres (en particulier, son frère, à qui elle s’est confiée ici) : c’est, d’ailleurs, ce que va montrer la suite du récit, où l’amour du Chevalier va finir par révéler la nature « spirituelle » de sa maîtresse et lui donner, en quelque sorte, une âme. Mais nous n’en sommes pas encore là, et l’expression reste humiliante pour Des Grieux, à travers l’adjectif « pauvre » qui, en jouant sur la polysémie, sert à justifier le départ de Manon en évoquant le manque de moyens de son amant sur le plan des finances, mais aussi des ressources intellectuelles ou psychologiques ! Des Grieux apparaît, aux yeux de sa belle, comme une « pauvre âme » éthérée et inadaptée à ce monde vil, qu’elle doit secourir de toutes ses capacités pratiques… Manon exprime, ici, son amour de façon tellement hyperbolique que l’on pourrait presque douter de la réalité de ses sentiments – ce que le Chevalier n’est pas loin de faire un peu plus bas en disant : « Elle m’aime, je le veux croire » ; ses serments et affirmations répétés (« je te jure », « compte là-dessus ») trahissent une volonté délibérée de convaincre le destinataire malgré toutes les apparences… Enfin, l’expression « il n’y a que toi au monde que je puisse aimer de la façon dont je t’aime », qui semble, à première vue, une déclaration d’amour exclusif (« que toi au monde »), peut se lire de manière beaucoup plus ambiguë : il n’y a, en effet, que Des Grieux que Manon puisse aimer ainsi, c’est-à-dire en le trahissant et en partant avec un autre ! Mais, par ailleurs, cette formulation correspond bien au fonctionnement psychologique de l’héroïne, dissociant le corps et le cœur, et n’exigeant d’elle-même et de son amant que la fidélité du cœur (p. 150 : « car la fidélité que je souhaite de vous est celle du cœur »). Comme à plusieurs reprises dans le roman, Manon paraît, ici, totalement amorale mais sans cynisme : croyant rassurer le malheureux Des Grieux, elle emploie, sans le vouloir, des termes terriblement blessants pour lui. 3) Dans cette lettre, Manon se montre grossière en faisant passer le matériel avant les sentiments et en l’exprimant très crûment : « manque de pain », « faim ». Pour elle, aucune valeur morale ou spirituelle ne peut tenir face au manque matériel – ce qui la conduit même à l’immoralité affichée tout aussi directement : « c’est une sotte vertu que la fidélité » ; ici, c’est par rapport à Des Grieux qu’elle se montre grossière, puisqu’elle traite sa fidélité et son amour de « stupidité ». Elle révèle également une certaine vulgarité dans ses expressions et sa manière de présenter les faits : le jeu de mots entre « le dernier soupir » de la faim et le soupir d’amour est assez mal venu et ne fait, évidemment, pas rire Des Grieux ! L’expression « Je t’adore, compte là-dessus » est d’un niveau de langue assez familier, qui mélange, de façon peu raffinée mais 5 10 15 20 25 30 35 40
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