Commentaire sur le racisme systémique, Guide, Projets, Recherche de Droit

Télécharge Commentaire sur le racisme systémique et plus Guide, Projets, Recherche au format PDF de Droit sur Docsity uniquement! Le concept de « race » n’a que trop tardivement été scientifiquement rejeté et démenti. En cela, d’une génération à une autre sa signification change, pour les plus jeunes ce terme n’existe que pour la faune. Ceux avant nous, à l’instar des Nazis lors de la Shoah1, l’ont utilisé pour justifier des crimes contre l’humanité et une hiérarchisation des êtres humains. Ce qui a engendré de l’ethnocentrisme2 et du racisme « valide ». Bien que le racisme soit un méfait unanimement condamné depuis un siècle et internationalement défini comme toute forme de passion négative, discrimination, exclusion, voire extermination de masse, impulsé par les origines et l’ethnicité d’autrui, ce phénomène n’a pas pour autant disparu. Certains affirment qu’il s'est en quelque sorte métamorphosé, au point d'être devenu parfois méconnaissable, mais également planétarisé et banalisé. En effet, l’attrait scandalisant et violent du racisme sous la forme d’actes flagrants, semble s'être dilué. Désormais, il est devenu conceptuellement flou et paraît faire partie du paysage. Un malaise s'est alors insinué dans sa dénonciation. Néanmoins, de nombreux personnages publics ou encore persona non grata s’y attèlent. Ainsi, en 1952, l’ethnologue émérite Claude Lévi-Strauss, via son essai Race et histoire, expliquait les sources de nos racisme et ethnocentrisme. Aujourd’hui, en plein essor du retour de la quête identitaire, impulsée par la mondialisation et les nouveaux flux d’informations et connaissances, la répression du racisme est d’autant plus capitale. Ainsi, le 22 juin 2020, soit quelques semaines avant la fin de son mandat de défenseur des droits de l’Homme, Jacques Toubon nous a livré un rapport intitulé Discriminations et origines, l’urgence d’agir. Au sein de ce dernier, l’ancien député européen et garde des sceaux nous a fait part de son ressenti sur l’action des politiques publiques sur la question des inégalités sociales et des discriminations. Jacques Toubon s’est donc appuyé sur des études et des enquêtes afin de rebondir d’une part, sur l’élan de propos et comportements stigmatisants subis par les groupes perçus comme vecteur de la pandémie, c’est-à-dire la communauté asiatique ; d’autre part, sur les mouvements sociaux dirigés contre les violences policières, en réponse à l’assassinat d’Adama Traoré en France et de Georges Floyd aux Etats-Unis. Ce rapport a également fustigé les réseaux sociaux et certains médias ayant contribué à l’aggravation des préjugés à l’encontre des classes sociales défavorisées, jugées réfractaires aux consignes sanitaires. D’où en a résulté cette citation polémique : « Le racisme est un problème défigurant l’ensemble d’une société, que l’on réfute à admettre. Ce n’est pas juste un comportement individuel ». Il en va alors de questionner et commenter cette citation. Pour ce faire, nous allons développer deux axes. Le premier portera sur la notion de racisme systémique et son application.  Le second traitera de l’évolution de la conception du racisme dans la conscience collective. 1 La Shoah est l'entreprise d'extermination systématique, menée par l'Allemagne nazie contre le peuple juif pendant la Seconde Guerre mondiale 2 L’ethnocentrisme est un concept sociologique qui désigne le fait de vivre sa propre culture comme si elle était la norme universelle et rejeter celles des autres. DISSERTATION LIBERTES FONDAMENTALES I- Le racisme plus qu’un délit isolé, une institution Par le biais de cette citation, Jacques Toubon réfute la théorie que le racisme est un méfait minime qui ne concerne qu’une infime partie de la société. Selon lui, le racisme serait une construction sociale et systémique qui creuse l’inégalité des chances et impacte les victimes dans chaque pan de leur vie (A). En outre, les institutions rendent pérennes les idées préconçues sur les racisés, en instrumentalisant leur représentation dans les médias (B). a) Un préjudice au quotidien Les principales victimes de racisme sont les racisés et les diasporas qui, de par les différents flux migratoires se sont installées en Occident soit pour la promesse d’un el Dorado, d’un refuge, soit pour accéder à des savoirs nécessaires au développement de leurs pays natals. Or, à leur arrivée tout est fait pour leur rappeler qu’ils ne sont pas chez eux. - le racisme étatique (ségrégation raciale), - les discriminations socio-spatiales, ghettoïsation des immigrés et gentrification, - les inégalités d’accès au logement, à l’éducation et à l’ascension professionnelle, - un obstacle à la méritocratie devenant inefficace, - la difficulté à prouver juridiquement le racisme invisible sans atteintes à l’intégrité physique - la création du testing3. b) Le poids des institutions sur l’image renvoyée par les racisés Le racisme constitue un crime nié qui a su prospérer en conditionnant l’imaginaire collectif. En effet, le standing4 des racisés dans les médias ou à l’école est souvent instrumentalisé par les partisans du racisme. C’est pourquoi, les préjugés ont la peau dure, éloignant ainsi les racisés de toute singularité. - la théorie de la victimisation et la réfutation du déterminisme socio-racial, - les victoires et l’histoire des minorités visibles occultés des manuels scolaires, - la surreprésentation des minorités dans des activités « précaires » (agent d’entretien, agent de sécurité, technicien, serveur…) - l’invisibilisation des minorités dans la presse, au cinéma, dans l’art ou lieux de prestige, - la théorie du racisme antiblanc, - la perpétuelle remise en cause du racisme par la liberté d’expression (Milla, Yann Moix…), - les cas de racisme semblant isolés car très peu exposés. Cette première section nous a permis d’analyser et de décortiquer la pensée véhiculée par Jacques Toubon. A présent, nous allons établir notre propre vision du racisme. 3 Le testing ou test de discrimination, est un moyen d'investigation et une forme d'expérimentation sociale en situation réelle destiné à déceler une situation de discrimination. 4 Le standing désigne la position économique et sociale d'une personne ou d'un groupe aux yeux de l’opinion.