Télécharge Correction texte linéaire bac et plus Dissertation au format PDF de Français sur Docsity uniquement! La mort de Manon Lescaut - Peinture de Dagnan-Bouveret Manon et D.G, déportés à la Nouvelle Orléans, vivent pleinement leur amour. Le gouverneur de leur village va décider arbitrairement de donner en mariage Manon à son fils Synnelet. Manon et D.G s’enfuient dans le désert. Manon mourra d’épuisement au côté de l’homme qu’elle a aimé. Ce texte évolue en 3 parties : la difficulté de raconter cet épisode/la mort de Manon/la solitude de D.G Lecture expressive 2pts Pardonnez, si j'achève en peu de mots un récit qui me tue. Je vous D.G s’adresse à Renoncour. L’impératif exprime son désarroi en se remémorant la mort de Manon: le présent d’énonciation actualise son récit rendant ses souvenirs très présents. raconte un malheur qui n'eut jamais d'exemple. Toute ma vie est les deux hyperboles “qui me tue / qui n’eut js d’exemple” intensifient la douleur de D.G, le registre pathétique de ce début de récit que l’on retrouvera à la fin. destinée à le pleurer. Mais, quoique je le porte sans cesse dans ma L’expression “malheur” comprend à la fois la mort de Manon et la douleur de D.G : cet euphémisme est accentué par la projection de son avenir qui se résume “à pleurer”. mémoire, mon âme semble reculer d'horreur, chaque fois que L’allégorie “mon âme semble reculer” présente l’impensable “reculer d’horreur” : en parler ravive les souvenirs. j'entreprends de l'exprimer. Nous avions passé tranquillement une partie de la nuit. Je croyais Le plus que parfait annonce le récit rétrospectif. le pronom personnel “nous” rappelle le couple qu’il formait avec Manon. L’adverbe “tranquillement” donne une sérénité au souvenir. ma chère maîtresse endormie et je n'osais pousser le moindre souffle, L’amour se ressent grâce à la périphrase “ma chère maîtresse”. Le participe passé employé comme adjectif “endormie” renforce le caractère paisible de cette scène expliquant la retenue de D.G “crainte troubler sommeil”. Cet euphémisme annonce aussi la mort de Manon. dans la crainte de troubler son sommeil. Je m'aperçus dès le point du jour, en touchant ses mains, qu'elle les avait froides et tremblantes. Je Les adj “froides et tremblantes” mettent en évidence l’état physique de Manon les approchai de mon sein, pour les échauffer. Elle sentit ce mouvement, D.G aide Manon, la gestuelle remplace la parole. et, faisant un effort pour saisir les miennes, elle me dit, d'une voix faible, “effort, faible, dernière heure” : le champ lexical de l’agonie indique la lucidité de Manon sur ses derniers instants, lucidité que ne partage D.G qu'elle se croyait à sa dernière heure. Je ne pris d'abord ce discours que Les négations restrictives “ne … que” illustrent l’espoir de D.G sur un rétablissement de Manon. pour un langage ordinaire dans l'infortune, et je n'y répondis que par les tendres consolations de l'amour. Mais, ses soupirs fréquents, son silence La conjonction adversative “Mais” suivie d’une énumération, annonce la mort de Manon. à mes interrogations, le serrement de ses mains, dans lesquelles elle L’agonie de Manon est racontée de manière pudique, sans pathos. Contrairement à sa vie tumultueuse, sa mort semble paisible, elle l’accepte. Le rapprochement physique cèle cet amour intense que ce couple a partagé. continuait de tenir les miennes me firent connaître que la fin de ses malheurs approchait. N'exigez point de moi que je vous décrive mes Difficulté à dire l’indicible : impératif de supplique sentiments, ni que je vous rapporte ses dernières expressions. Je la Ellipse narrative : la négation prévient que la mort de Manon ne serait pas décrite. perdis ; je reçus d'elle des marques d'amour, au moment même qu'elle “Je la perdis” : phrase minimale, lapidaire pour évoquer l’instant fatal. Le mot “mort” ne sera jamais prononcé. “je reçus d’elle des marques d’amour”: l’euphémisme pour évoquer l’étreinte amoureuse renforce l’évocation pudique de sa mort, résumée par l’expression “c’est tout” et les adjectifs “fatal et déplorable”. Sa mort sublime Manon, la femme aimante a effacé la pécheresse. expirait. C'est tout ce que j'ai la force de vous apprendre de ce fatal et déplorable événement. L’euphémisme est renforcé par le mot “événement” : D.G occulte le mot “mort”. Mon âme ne suivit pas la sienne. Le Ciel ne me trouva point, sans D.G semble subir une punition : il reste en vie. Il est coupable d’idolâtrie, il a préféré l’amour d’une femme à celui du créateur, l’amour profane à l’amour sacré. doute, assez rigoureusement puni. Il a voulu que j'aie traîné, depuis, une vie languissante et misérable. Je renonce volontairement à la mener Les deux adjectifs dressent un portrait pathétique de la vie de D.G après Manon. L’adverbe “volontairement” précise le choix de D.G. et “jamais” prévoit un avenir uniquement tourné vers la douleur.