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corrige francais-philosophie texte de alain, Guide, Projets, Recherche de Langue Française

Analyse de la citation : Comme l'affirme le philosophe Alain, dans ses Propos sur l'éducation publiés en 1932 : « Un enfant gâté, c'est un enfant repu de ...

Typologie: Guide, Projets, Recherche

2021/2022

Téléchargé le 03/08/2022

Celestine92
Celestine92 🇫🇷

4.4

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120 documents

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Télécharge corrige francais-philosophie texte de alain et plus Guide, Projets, Recherche au format PDF de Langue Française sur Docsity uniquement! CORRIGE FRANCAIS-PHILOSOPHIE TEXTE DE ALAIN RESUME Il existe deux méthodes d’éducation : celle, sévère, des choses ; celle, douce, des hommes. La première forme les compétences, la / seconde, les usages du monde. L’emploi de la force n’est pas exclu, à condition d’être modéré et / que l’enfant comprenne la justice de la punition. Ainsi, un bon maître ne craint pas de punir son élève, / pour l’aider à grandir en se corrigeant. Il cherche à l’intéresser et non à plaire, sous peine de / susciter l’indiscipline, le caprice et le mépris. L’éducation n’est pas un divertissement qui vise le plaisir, mais / un effort qui vise une élévation morale. (107 mots) DISSERTATION « Un enfant gâté, c’est un enfant repu de flatteries et de plaisirs tout faits. Que veut-il donc, et que veut l’homme ? Il vise au difficile, non à l’agréable, et, s’il ne peut garder cette attitude d’homme, il veut qu’on l’y aide. » (ligne 61-63) Dans quelle mesure votre lecture des œuvres du programme vous permet-elle de souscrire à ce jugement du philosophe Alain ? Introduction Entrée en matière par un exemple en lien avec le sujet : Dans le film Capitaines courageux, sorti en 1937, le jeune Harvey Cheyne est le fils d'un très riche entrepreneur américain. Il pense pouvoir tout obtenir et tout se permettre grâce à l'argent de son père. Renvoyé temporairement de son école pour avoir tenté de corrompre un professeur, il entreprend une croisière avec son père. Mais il tombe à la mer et se retrouve mousse sur le bateau de pêcheurs qui l'a recueilli. Là, sa condition sociale ne lui sera pas d'une grande utilité. Il y fera son éducation d'homme notamment grâce au pêcheur Manuel (Spencer Tracy) qui le prend sous son aile. Dans cette aventure, l’enfant est pris entre deux modèles d’éducation : une éducation mondaine, qui vise à son propre plaisir, sans lui fournir aucun cadre de références morales ; une éducation « à la dure », faisant l’épreuve de la nécessité à bord du bateau de pêche. C’est cette seconde éducation qui va finalement l’aider à grandir et à devenir un homme. Analyse de la citation : Comme l’affirme le philosophe Alain, dans ses Propos sur l’éducation publiés en 1932 : « Un enfant gâté, c’est un enfant repu de flatteries et de plaisirs tout faits. Que veut-il donc, et que veut l’homme ? Il vise au difficile, non à l’agréable, et, s’il ne peut garder cette attitude d’homme, il veut qu’on l’y aide. » Alain oppose ici, implicitement, deux modèles d’éducation, celui qui engendre des enfants gâtés, et celui qui aide l’enfant à sortir de l’enfance et à devenir un homme. L’enfant gâté est un enfant corrompu, ce qui montre combien l’éducation est cruciale : elle a le pouvoir d’élever ou au contraire, de pervertir l’enfant. Son but est essentiellement moral, comme l’indique le lexique employé (« gâté »). La corruption provient d’une éducation qui consiste à flatter l’enfant et à faire selon son bon plaisir. Cela signifie à la fois que le maître se fixe pour but de plaire à l’enfant, et qu’il le prive de l’épreuve, parfois douloureuse, de la nécessité, en bornant son expérience au plaisir. L’éducation est alors semblable à un jeu, à un divertissement qui vise le plaisir, « l’agréable ». Ainsi, le maître, en faisant tout ce qui agrée à l’enfant, finit par le dénaturer. Il lui enseigne les « plaisirs tout faits », c’est-à-dire des plaisirs sociaux, mondains, normés par la société. Ces plaisirs sont « tout faits » également au sens où ils ne viennent pas de l’effort de l’enfant, ils ne sont pas une récompense à son travail. Ils sont déjà fabriqués et établis, indépendamment de la conduite de l’enfant. D’après Alain, on se méprend sur le désir de l’enfant : en effet, le maître qui fait tout pour divertir l’enfant et lui plaire croit répondre ainsi au désir de l’enfant. Or, si l’enfant désire ce plaisir du jeu, il désire plus encore grandir, être traité en adulte, « devenir un homme ». Le jeu et le plaisir infantilisent, alors que l’enfant ne souhaite pas rester enfant. Il faut donc l’aider, par l’éducation, à se comporter en adulte, avec une « attitude d’homme », même si cela implique de le confronter à la difficulté du monde réel. Le rôle de l’éducateur doit donc être d’aider l’enfant à devenir adulte, à devenir un être moral, et non un animal rassasié de plaisirs. Problématique : L’éducation vise-t-elle le plaisir de l’enfant ou sa formation morale ? Les deux sont-ils incompatibles ? Est-ce que le plaisir nuit forcément à l’élévation morale de l’enfant ? Une éducation telle que celle préconisée par Alain ne risque-t-elle pas de nier l’enfant en l’homme, de projeter sur l’enfant les désirs des adultes, sans véritablement prendre en considération le monde de l’enfance ? Plan : Dans un premier temps, il est clair que pour Alain, l’éducation est exclusivement morale, sévère et sérieuse, et qu’elle vise à forger un homme. Cependant, nous examinerons dans un second temps si cette éducation sévère ne constitue pas une aliénation de la nature même de l’enfance, une négation du point de vue de l’enfant, de sa spécificité. Enfin, nous explorerons dans un troisième temps quels types de plaisirs permettent à l’enfant de jouir de l’état de l’enfance tout en acquérant des compétences et des valeurs morales essentielles pour grandir. I. L’éducation sévère est morale, sérieuse, parce qu’elle sert à forger un homme. 1. L’enfant éduqué uniquement au plaisir est un enfant gâté, moralement corrompu, dénaturé. Emile : l’enfant dont les éducateurs satisfont tous les désirs devient un tyran. Sa position vulnérable de dépendance à l’égard des adultes se renverse en pouvoir tyrannique sur ces adultes assujettis à ses besoins, puis à ses caprices. Rousseau diagnostique deux attitudes mauvaises des mères et des adultes en général : l’indifférence/l’idolâtrie. L’indifférence conduit à négliger l’enfant, à se débarrasser de lui et de la contrainte de l’assister. L’idolâtrie corrompt l’enfant en instituant une dialectique maître/esclave typique du jeu des places sociales. Il note que : « La nature a fait les enfants pour être aimés et secourus, mais les a-t-elle faits pour être obéis et crains ? » L’idolâtrie qui préfigure l’enfant-roi a deux conséquences mauvaises. Premièrement, elle institue l’enfant, qui est dans un état de dépendance étant donné sa faiblesse, en tyran. Elle transforme ainsi sa dépendance à l’égard des choses en esclavage, en asservissement à l’égard des adultes et celui-ci est renversé en tyrannie. L’enfant conquiert le pouvoir au prix de ses pleurs et de ses crises. Il règne par la force alors qu’il est un être faible. Il ne sait donc plus se situer sur l’échelle des forces naturelles. L’idolâtrie de l’enfant le sort de la nature. On lui enseigne à séduire, à diriger les adultes, au lieu de reconnaître son ignorance et sa condition. Il n’est pas tenu à sa place naturelle d’être faible, il devient ainsi tyran. Les adultes l’enfonce dans la puérilité et l’amour-propre. Plus encore, si l’enfant commande, il devient invulnérable, et ne suscite plus de pitié. Il fragilise ainsi les fondements même de la morale, à savoir le sentiment naturel de pitié. Chacun est alors reconduit au pur amour de soi, sans considération pour autrui. Dans La reine des neiges, l’un des Contes d’Andersen, le petit garçon adopté par la reine, qui vit dans les fastes de son palais, a le coeur gelé, privé d’émotions morales. Il devient exigeant, cruel, coupé du monde réel, enfermé dans le palais. Le dispositif de ce conte attribue cette froideur, dont la reine des neiges est la représentation, à un phénomène surnaturel (un morceau de miroir II. L’éducation sévère ne risque-t-elle pas d’aliéner l’enfant ? 1. Un tel endurcissement de l’enfant n’est-il pas dangereux ? Rousseau s’est particulièrement interrogée sur l’éducation corporelle, dans les premiers temps de vie de l’infans. Parce que l’enfant est avant tout un être sensitif, cette formation du corps est essentielle à son bon développement futur. Mais en quoi consiste vraiment l’endurcissement du corps et n’expose-t-il pas l’enfant à des pratiques ou des conditions dangereuses ? Dans Emile, ce ne sont pas l’exercice et les travaux manuels qui épuisent l’enfant, mais bien plutôt deux choses : - le manque d’exercice, des conditions de vie trop délicates, qui rendent le corps débile et le prive de santé - les passions, qui jouent sur le nerfs, épuisent aussi le corps Rousseau s’oppose ici à Hobbes : pour Hobbes, la robustesse de l’homme est cause de sa méchanceté. Elle commande la loi du plus fort. A l’inverse, Rousseau fait l’éloge de la robustesse comme qualité naturelle première. L’enseignement de la nature est qu’il faut être fort. Il reprend les thèses classiques de l’antiquité grecque : un esprit sain dans un corps sain. Emile sera ainsi soumis à d’innombrables exercices physiques pour développer toutes les qualités physiques : force, résistance, endurance, mais aussi agilité, souplesse, etc. Si le corps n’est pas assez fort, il tombera sous l’esclavage des besoins. Pour que les besoins ne soient pas assujettissants, il faut apprendre à les satisfaire soi-même, but premier de cette éducation. Celui qui est assez fort pour pourvoir à ses besoins, auto-suffisants, sera libre. L’esclavage est aussi celui des désirs, qui caractérisent l’homme intempérant. L’éducation naturelle vise aussi à borner notre désir aux besoins naturels, de ne pas aller au-delà de la nécessité. La tempérance est donc une vertu qui s’acquiert en suivant la nature, en refusant d’aller au-delà des besoins naturels. Enfin, la robustesse du corps est aussi ce qui rend l’être libre, à la fois en lui permettant d’échapper aux entraves des maladies, mais aussi à l’esclavage des médecins que Rousseau critique abondamment. Ainsi, l’éducation naturelle apprend non pas à guérir (l’art de guérir est la médecine) : elle apprend à être malade, c’est-à-dire à supporter la maladie, à guérir naturellement sans le secours de l’artifice médical. Là encore, le modèle de Rousseau se trouve dans le monde animal, où les animaux apprennent à survivre sans la médecine. A la médecine, Rousseau substitue la tempérance et le travail. Ce sont eux qui garantissent la bonne santé, agissant au niveau des causes corporelles, de l’immunité, plutôt que sur les symptômes et les effets. L’éducation naturelle, concrètement, sera faite de travaux manuels et d’exercices physiques. Elle est le propre de la petite enfance, parce que c’est le moment où l’enfant est tout entier polarisé sur sa survie, sur les besoins. L’enfance est l’âge du règne des besoins. Rousseau reprend les théories physiologiques de son époque sur la type de lait et d’alimentation qui sont les plus adaptés à l’enfant, les habits, etc. Il préconise ainsi de satisfaire les besoins du petit enfant de la manière la plus propre à assurer sa santé et sa robustesse : un lait issu d’une alimentation végétale, l’air de la campagne, se laver à l’eau froide en toute saison… L’éducation corporelle proposée par Rousseau s’oppose aux pratiques de son temps, notamment celle de l’emmaillotement : au contraire, il faut une liberté de mouvement. Rousseau fonde l’éducation corporelle non seulement dans la sensibilité mais dans la mobilité. L’enfant doit développer correctement ses facultés motrices pour développer son corps. Dès la naissance, il est le disciple de la nature, et l’éducation corporelle commence au berceau. Dans Aké, les enfants sont soumis à un régime de privation de certains « plaisirs » ou plutpot d’un certain confort corporel : par exemple, les enfants n’ont pas lit propre, ils partagent tous la natte commune à même le sol. Paradoxalement, ce sont les adultes, dont le corps est moins tendre, qui ont le privilège de dormir dans un lit. Il en va de même pour les chaussures : les enfants sont contraints de marcher pieds nus. Nous découvrons dans le récit que ce n’est pas par pauvreté, mais en raison du choix des parents de Wolé. Ainsi, ils accueillent à la mission des enfants qui possèdent des chaussures, mais leur interdisent de les porter, sous peine de renvoi. « Pour [Essay], mettre des chaussures aux enfants, c’était le moyen infaillible de les gâter » (p. 425). Les enfants font ainsi l’épreuve d’un traitement inégal par rapport aux adultes, qui ne fait que susciter leur défiance, voire leur mépris. En effet, le jeune Wolé passe de la colère et de la frustration au jugement selon lequel ses propres parents sont irrationnels et adoptent des pratiques absurdes. En témoigne la scène où il les confronte à la famille du proviseur Daodu, dont les enfants, eux, ont parfaitement le droit de porter des chaussures. Jusqu’à quel point cette éducation à la dureté est-elle rationnelle et justifiée, ou simplement absurde, voire dangereuse ? C’est aussi ce qu’interroge, de manière tragique, le conte de « La petite fille aux allumettes ». La petite fille n’est pas seulement pauvre, mais assujettie à une certaine dureté par ses parents qui la contraignent à vendre des allumettes par grand froid. Si elle rentre à la maison sans avoir vendu suffisamment d’allumettes, elle risque d’être punie et battue. L’enfant, dans ce cas précis, est considéré de manière négative comme une bouche à nourrir et une force de travail, les deux devant s’ajuster un minimum. Cela dévoile la difficulté de la juste mesure de cet « endurcissement » : à partie de quel degré devient-il dangereux ou violent ? 2. Les châtiments corporels de cette éducation sévère risquent plutôt de révolter et de traumatiser l’enfant, plutôt que de l’aider à grandir Le récit d’enfance de Soyinka abonde en scènes de punition. L’éducation délivrée par les parents accorde une place prépondérante à ces châtiments. Ceux-ci n’interviennent pas dans la période de l’infans, mais lorsque l’enfant, un peu moins vulnérable, est puer. Wolé raconte avec quelle surprise il en fait l’expérience, entrant dans ce nouvel âge de manière brutale. Le chapitre VI revient plus précisément sur l’apprentissage de la douleur dans l’enfance et l’utilisation récurrente des châtiments corporels comme moyen d’éduquer l’enfant. Chaque faute, y compris la plus légère, est sanctionnée par des coups et de la douleur. A tel point que Wolé finit par avoir le sentiment que « ma place n’est plus dans cette maison » (181). Les châtiments permanents plonge l’enfant dans une atmosphère globale d’hostilité, puisque le châtiment entretient la crainte. L’enfant vit dans la crainte de commettre une faute et d’être puni. D’où le désir de fuir loin du foyer. Le monde des corrections est destiné à endurcir l’enfant. La punition devient une habitude (239), mais cela n’efface pas le sentiment de révolte. Ainsi de Wolé qui tente de s’enfuir pour échapper aux corrections et de son petit frère Dipo, qui est mis en situation de fuite. Soyinka dénonce la pratique de la punition : « on n’aurait jamais dû pousser un être aussi démuni à courir les dangers d’une telle aventure ». La violence de la punition pousse le petit enfant à s’enfuir et à courir mille dangers. Il y a donc une disproportion entre la punition et la vulnérabilité de l’enfant. Wolé en tire une critique acerbe de l’éducation des adultes : elle se caractérise par son irrationalité et son incohérence, comme dans l’épisode où Wole est humilié devant sa tante et poussé à se battre avec son petit frère, ce qu’il finit par faire et il est finalement puni pour l’avoir fait (ch. VII). Soyinka en conclut : « Il n’y avait ni justice ni logique dans le monde des adultes » p.204. Par ailleurs, dans le système social des récompenses et des punitions, l’enfant se rend vite compte qu’il est parfois désavantageux d’obéir et avantageux de désobéir en cachette. L’enfant ne peut saisir les lois morales, mais il peut comprendre, en les éprouvant, les lois naturelles, qui n’ont pas besoin de justification. Par exemple : les feuilles tombent en automne. Le gouverneur doit aussi apparaître comme une force qui n’a pas besoin de justification, qui s’impose, indiscutable. Rousseau ne veut pas qu’on brutalise les enfants, mais que l’enfant comprenne que l’adulte est plus fort et que dans l’ordre naturel, le plus fort commande au plus faible. L’éducation des choses est dans l’ordre de la nécessité, pas dans celui de la moralité. L’enfant doit connaître sa place et s’y tenir. Il peut néanmoins supposer les raisons des ordres du gouverneur. Cette disproportion des forces peut se muer en pure et simple violence à l’égard des enfants. C’est ce que montre le conte « Les cygnes sauvages », où les enfants sont battus par leur marâtre. Le conte est aussi un type de récit qui met en scène des réalités terribles, comme celles des violences faites aux enfants. Dans cette histoire, nous suivons le martyr d’Elisa, petite fille pure et innocente, victime de la cruauté de sa belle-mère qui la chasse et lui interdit l’accès au château paternel. Elisa transgresse certaines règles, se rendant la nuit au cimetière pour cueillir les orties qui lui permettront de filer les cotes de mailles magiques qui sauveront ses frères transformés en cygnes. C’est à ce prix, grâce à son courage et à sa persévérance, qu’elle finira par réussir. 3. Le risque est de projeter nos idées et désirs d’adulte sur l’enfance, jusqu’à la dénaturer Emile : on oublie l’enfant, on projette l’homme sur lui. On veut faire de l’enfant un singe savant en lui enseignant des choses qui excèdent ses capacités. Il faudrait au contraire ajuster l’éducation aux capacités de l’enfant selon son âge et son état, voire ne pas intervenir (éducation négative). Le projet de Rousseau est d’abord de restituer le point de vue de l’enfant afin de proposer une éducation adaptée. Il est conscient de la variété des états de l’enfant et il faut s’adapter à chaque état. l’instruction ne peut pas être abstraite des contextes et des âges : à chaque âge, l’enfant a des capacités d’apprentissage spécifique. En l’occurrence, la petite enfance (infans) sera propice à l’éducation corporelle, alors que l’enfance (puer) sera le moment de l’éducation des sens. Il est inutile de vouloir enseigner à l’enfant ce qu’il ne peut apprendre. Le souci de Rousseau est donc de préciser ce que peut apprendre l’enfant, en fonction de son âge. Pire, une éducation inadaptée pourrait le gâter. La tache du maître n’est pas d’instruire, mais de conduire. Une éducation appropriée nécessite donc un certain rapport au temps : il faut savoir perdre du temps (prendre du temps) pour en gagner, il ne faut pas vouloir être trop pressé sous peine de brûler des étapes et de gâter l’éducation. Rousseau a bien conscience de proposer une éducation idéale avec son élève imaginaire. A une époque très dure envers les enfants, assujettis et déconsidérés, Rousseau exhorte les adultes à la bienveillance envers les enfants, à prendre conscience de la diversité des âges. Il formule un devoir de l’humanité, des adultes, envers les enfants : c’est le devoir de garantir autant que possible leur existence fragile et de leur donner le goût de la vie, conformément à l’instinct de conservation, au sentiment naturel de l’amour de soi qui préside à l’auto-conservation. A plusieurs reprises, le texte de Aké dénonce le mépris du point de vue de l’enfant, ainsi que les violences faites aux enfants. En effet, les adultes considèrent l’enfant comme un ignorant, qui n’a pas le droit de participer aux discussions des adultes, ni même de poser des questions. « Tu ne sais pas de quoi tu parles. Tu n’es qu’un enfant » (Tinu, sœur aînée, p.71). Les adultes, en l’occurrence les parents de Wolé « parlaient de leurs enfants devant eux comme s’ils n’avaient pas été là » (p.109). Soyinka raconte aussi la pratique de la prosternation des enfants : dans les villages, les enfants doivent se prosterner pour saluer les adultes, symbole de leur assujettissement et de leur infériorité. C’est pourquoi Wolé suggère de renverse ce rapport asymétrique et de prendre les enfants pour modèles. Puisque les adultes sont si irrationnels et cruels, il ne faut plus éduquer les enfants à devenir comme eux. Au contraire, c’est aux adultes de retrouver l’innocence et la logique des enfants ! « Le sapin » est un conte sur le rapport au temps et aux âges, qui évoque à la fois l’empressement de l’enfant à grandir, à devenir adulte, et la nostalgie de l’adulte pour l’enfance. Au fond, le sapin voit le bonheur dans l’âge adulte, dans l’après. Il ne parvient jamais à jouir de son présent, mais imagine toujours un avenir plus heureux. A la fin de sa vie, il se rend compte que le bonheur authentique était dans l’enfance. Le conte est une forme de leçon, qui nous exhorte à ne pas 3. Les plaisirs de l’imagination et du merveilleux contribuent à l’éducation morale Rousseau analyse le rôle des fables dans l’éducation des enfants. On prétend qu’elles sont destinées aux enfants, alors qu’elles leur sont inaccessibles. Pour le monter, Rousseau se livre à l’analyse minutieuse, ligne à ligne, de la fable Le corbeau et le renard. Il veut montrer qu’on ne peut instruire l’enfant avec des mots, des histoires, qui plus est, ambiguës et compliquées. Ainsi, dans cet exemple, l’enfant s’identifie au renard et non au corbeau, ridicule. Il s’identifie donc au rusé menteur, ce qui n’est pas très moral… Les fables sont contre-productives et inappropriées : elles présupposent le savoir adulte et elles orientent vers le vice au lieu de la vertu. Il faut l’expérience et la « vérité nue » plutôt que les fables. Il faut des « images d’après nature ». Cependant, Rousseau ne dit rien des plaisirs poétiques du conte pour enfant. Lorsqu’Andersen écrit des contes, il vise explicitement un lectorat d’enfants et adapte sa prose à leur capacité de compréhension. Le but des contes n’est pas seulement l’édification morale, mais aussi le plaisir du merveilleux. C’est notamment le cas du conte « Les fleurs de la petite Ida. » Les descriptions des bals des fleurs ont une valeur esthétique et poétique. Elles sont destinées à produire de la beauté et de la poésie, par l’imagination créatrice. Dans l’histoire, Andersen critique le point de vue des adultes qui méprisent et condamnent la crédulité de l’enfant, les « stupidités de l’imagination » (48). Il fait l’éloge de la naïveté de l’enfance et de la capacité à croire au merveilleux, de savourer la fantaisie, même si on sait que ce n’est pas réel. Le conte bascule dans l’onirisme, avec des peintures colorées de fleurs sublimes qui dansent. Ida retourne dans son lit « où elle rêva de tout ce qu’elle avait vu ». Le conte nous plonge dans l’indécision, floutant les frontières entre le rêve et la réalité. Etait-ce un rêve ? Etait-ce la réalité, dont Ida se souvient et rêve ensuite ? Il insiste en tout cas sur la proximité entre le conte et le rêve, laissant liberté totale à l’imaginaire, qui n’est pas trompeur puisqu’il ne prétend pas à décrire le réel. Dans « L’invalide », le petit garçon pauvre se retrouve par le hasard, privé de l’usage de ses jambes. C’est à nouveau la malchance. La dame du manoir lui offre un livre de conte dont va dépendre son salut. Le livre va faire sa première éducation, avant d’aller ensuite à l’école. Andersen revendique la capacité du conte à faire réfléchir (419) et à former le jugement. Ainsi, les parents endurcis par la pauvreté et les travaux pénibles ont un jugement faussé. Ils sont amers et plein de ressentiment, à cause de l’injustice de leur condition. Ils sen sentent victimes d’un sort injuste. La lecture du conte du bûcheron et sa femme vont les conduire à réfléchir à la notion de mérite. Elle les conduit à s’interroger sur leurs vertus : s’ils étaient riches, seraient-ils capables de le rester ? Seraient-ils meilleurs qu’Adam et Eve ? Le conte les amène à l’humilité et aussi à renforcer leurs vertus. Les parents s’identifient au couple de bûcherons et se reconnaissent dans leur défaut (curiosité et ingratitude). En écoutant le conte, ls ont le sentiment que l’histoire parle d’eux-mêmes. Ainsi, les contes parlent des affaires humains, des problèmes moraux universels, des questionnements moraux. L’imaginaire a aussi une fonction éducative pour le petit Wolé, qui décrit combien l’univers qu’il se crée le protège, l’occupe, et forge sa personnalité propre. Revenant sur les lieux de son enfance, Soyinka oppose la description réaliste de la mission, vue par ses yeux adultes, aux imaginations de l’enfance : à l’intimité avec le rocher-baleine, aux heures passées à rêver dans le goyavier, souvenirs qui nourriront plus tard son œuvre littéraire. Conclusion Les plaisirs immédiats, mondains et en excès corrompent les capacités de l’enfant, le conduisant au caprice et à une certaine faiblesse. La citation d’Alain est assez commune en ce qui concerne l’éducation et elle implique une distinction entre la faiblesse et la force, entre la mollesse et la dureté, et une certaine vision, masculine et somme toute classique, de « l’attitude d’homme ». En effet, cette dernière consiste à être capable de supporter les difficultés de la vie réelle, à savoir endurer la douleur et les épreuves, ce qui suppose à la fois une certaine robustesse physique et une force morale. Il y a une difficulté à vouloir préparer l’enfant à la dureté et à la violence, car cela suppose de lui infliger, peut-être trop tôt, une dose homéopathique de cette dureté et de cette violence. Il semble cependant possible de préserver l’enfance, en partie, de ces épreuves, tout en confrontant l’enfant à des difficultés adaptées à son âge.
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