Télécharge EL le malade imaginaire et plus Notes au format PDF de Français sur Docsity uniquement! Le Malade imaginaire - Etude linéaire Acte II, scène 5 Etude linéaire EAF Passage à l'oral sur Acte II scène 5. Présentation du contexte = relecture du début de l'Acte II et ses enjeux. Deux prétendants que tout oppose Cette scène, dans laquelle les deux rivaux ne se parlent pas, est l’occasion d’une comparaison comique. Molière met dans la bouche du père Diafoirus un portrait de son fils qui vient terminer d’en faire un personnage des plus ridicules. Le jeune Thomas est peu vif, étudiant laborieux, incapable d’improviser ses discours (adressés avant notre extrait à Argan puis à Angélique, qu’il avait d’abord confondue avec sa belle-mère). Cléante, lui, est plein de sang-froid, il a l’idée de cet opéra « impromptu », et il sait même lire sur une feuille qui ne contient pas un seul mot ! Diafoirus n’a jamais été joueur, tandis que Cléante, déguisé, doit bien s’amuser à dire la vérité au nez et à la barbe d’Argan et du rival. Une note de la Pléiade nous apprend que « l’interprétation d’un air chanté à double entente, devant un spectateur dupe, était une péripétie classique des comédies espagnoles, reprises dans certaines de leurs adaptations françaises » à l’époque de Molière. Diafoirus est l’anti-galant : son cadeau pour Angélique est une attestation de soutenance d’une thèse de médecine, le spectacle qu’il lui propose d’aller voir est une « dissection de femme » (!) et ses qualités affichées sont celles d’un bon mâle reproducteur. Cléante offre au contraire à la jeune femme l’occasion de chanter, et, comme son personnage d’opéra face à « l’indigne rival », toutes les « tendresses de son amour ». Enfin, Diafoirus ne fait qu’une chose : il respecte les règles, « s’attache aveuglément aux opinions de nos Anciens » nous dit son père, ainsi qu’aux « règles de l’Art ». Cléante, lui, transgresse tous les codes de bonne conduite, et il innove ! Dans sa ruse, il dit avoir adopté une façon toute nouvelle d’écrire les paroles sur du papier à musique. De ce point de vue, il s’apparente à Molière lui-même… Cléante est donc le double inversé de Thomas. Et l’inversion porte aussi sur leur rapport à la représentation. - D’un côté, les Diafoirus n’ont pas conscience qu’ils ont des spectateurs, qu’ils sont un spectacle – Argan, qui n’est pas si bête, s’assoit pour eux… et Toinette ne se prive pas de formuler des commentaires ironiques. - De l’autre, les spectateurs du petit opéra pensent assister à une scène fictionnelle et n’ont pas conscience d’entendre en fait une véritable déclaration d’amour. D’un côté le théâtre du monde ; de l’autre le théâtre tout court, qui est toujours, dans l’esprit baroque, l’un des révélateurs les plus efficaces de la vérité (il suffirait de rappeler que, dans Hamlet, c’est à grâce à la pièce de théâtre qu’il organise, que le jeune prince est définitivement persuadé de la culpabilité de son oncle…)