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Explication Andromaque, Lectures de Littérature

Explication Andromaque pour le lycée

Typologie: Lectures

2023/2024

Téléchargé le 07/12/2023

j-mignard
j-mignard 🇫🇷

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Télécharge Explication Andromaque et plus Lectures au format PDF de Littérature sur Docsity uniquement! Andromaque, Acte III, scène 8 (v.992-1011) Le dilemme tragique & le registre pathétique Situation du passage : A l’acte I (scène 4), Pyrrhus, amoureux fou d’Andromaque l’avertit du danger qui repose sur Astyanax (la venue de l’ambassade d’Oreste). Il lui affirme qu’il protègera l’enfant si elle l’épouse. Andromaque, toujours dans le souvenir de son défunt Hector refuse. Le spectateur découvre le personnage d’Andromaque dans une disposition d’esprit intraitable : elle est résolue à mourir et à voir mourir son fils, plutôt que de céder aux avances de Pyrrhus. Cependant, l’acte III présente une Andromaque très différente face à la mort imminente d’Astyanax. A la scène 4, elle demande de l’aide à Hermione pour faire protéger son fils… qui refuse cruellement. A la scène 6, Elle s’humilie aux pieds de Pyrrhus qui réitère son chantage (la vie de son fils contre… mariage). Dans cette scène, tiraillée entre son amour maternel et le dégoût que Pyrrhus lui inspire, Andromaque se confie à Céphise et tente de prendre une décision face à ce dilemme tragique. Céphise lui conseille d’épouser Pyrrhus désigné par « un roi victorieux ». Il s’agit d’une périphrase (=figure qui exprime en plusieurs mots ce que l’on pourrait dire en un seul). Elle permet de désigner Pyrrhus de manière valorisante et élogieuse. La périphrase est un moyen détourné d’évoquer Pyrrhus sous le jour qui lui est le plus favorable, et ce, sans le nommer, afin de ménager les sentiments d’Andromaque Lecture linéaire de l’extrait v. 992-1011 : Andromaque évoque un événement traumatisant pour elle : la prise de Troie. Elle force ainsi Céphise à se souvenir de l’horreur de cette nuit au cours de laquelle périrent tous les proches d’Andromaque et à comprendre la douleur vive qui en découle. Type de texte : Il s’agit d’un récit, celui d’un événement passé par rapport à la situation d’énonciation (Andromaque raconte son souvenir de la prise de Troie). De plus, il aurait été interdit pour un dramaturge classique de montrer sur scène cet événement en raison du respect des bienséances (pas de scènes sanglantes). Enjeu : En quoi le récit de ce funeste épisode de la Guerre de Troie devient pour Andromaque un ultime acte de fidélité à son camp? Son argumentation repose sur le souvenir de la prise de Troie et du rôle que le roi d’Epire y a joué : elle garde en souvenir le spectacle de désolation auquel elle a assisté avant d’être faite prisonnière. Pyrrhus, on vient de le voir, par amour pour Andromaque, semble tout oublier (v. 990). Au contraire, Andromaque marque son refus d’oublier : « Dois-je les oublier, s’il ne s’en souvient plus ? ». L’opposition radicale de ces deux réactions est accentuée par leur position dans le vers (l’un et l’autre dans un hémistiche). Les procédés accentuent sa volonté de ne pas oublier : emploi de questions rhétoriques (= fausse question dont la réponse est évidente) : « Dois-je oublier… ? » (v. 992-96). Emploi de l’anaphore « Dois-je oublier » (= répétition du même mot ou groupe de mots en tête de phrase)= Désir inébranlable de se souvenir, que cela reste présent à l’esprit Elle pousse Céphise à visualiser le plus concrètement possible ce que fut cette nuit d’horreur, comme le soulignent les impératifs d’exhortation appartenant au champ lexical de la vue : « Songe, songe » (v. 997 & 1003) ; « figure-toi » (v.999) ; « Peins-toi » (v. 1005). Cette figure de rhétorique qui vise à rendre un récit vivant, à mettre sous les yeux ce qui n’est que raconté est l’hypotypose. On peut d’ailleurs noter certains procédés qui donnent l’impression que la scène racontée se déroule sous ses yeux : emploi du démonstratif « cette nuit » (v. 997), « ces horreurs (v. 1005), du présentatif « voilà » placé en anaphore (v. 1006-7). Elle en appelle aux autres sens : l’ouïe « Songe aux cris des vainqueurs, songe aux cris des mourants » (v. 1003) et l’odorat « la flamme étouffée » (v. 1004) qui évoque l’odeur de poussière et de fumée. L’appel à tous ces sens accentue l’impression que la scène se passe sous ses yeux. Bien que cette tirade soit courte (20 vers), de nombreux détails de l’horreur de cette nuit sont évoqués : description précise de la mort d’Hector qui fut « traîné » par le char d’Achille (v. 994), de la mort de Priam (v. 995-6), de l’incendie de Troie « palais brulants » (v. 1000), et le massacre des Troyens (v. 1001). ➔ Evénement appartenant au passé et encore vivace dans l’esprit d’Andromaque, qui pousse Céphise à visualiser et ne pas oublier cette nuit. Andromaque nous en offre une description concrète et détaillée par son récit. Andromaque apparaît comme un personnage plein de souffrance, un personnage pathétique. Rappel : le mot pathétique vient du grec pathos, signifiant « souffrance ». Le registre pathétique correspond à l’expression de la souffrance sous toutes ses formes. Son but est d’émouvoir, d’éveiller la compassion, la pitié (sentiment tragique). La prise de Troie apparaît comme un spectacle épouvantable, un « carnage » (v. 1002) dirigé par un chef diabolique : l’emploi de nombreuses hyperboles (= procédé d’exagération) accentue l’horreur de cette nuit. La ville, livrée aux Grecs, se transforme peu à peu, sous le regard du personnage féminin, en Enfer : « palais brûlants » (v. 1000), « les yeux étincelants » (v. 999). Il ne s’agit pas d’exagérer la scène mais de rendre sensible l’ampleur de l’horreur, d’insister sur ce tableau afin de susciter un sentiment de terreur chez le destinataire (Céphise et le public), ce qui est le but de la tragédie. L’hyperbole a également pour but de mettre en valeur la perte éprouvée par la ville de Troie : « tout un peuple » (v. 998), « tous mes frères morts » (v. 1001). Le massacre de Troie apparaît comme un génocide (= extermination totale du peuple troyen). Cette souffrance se perçoit à travers le champ lexical de la mort (les différentes morts possibles « dans la flamme étouffés, sous le fer expirants » (V. 1004)), les « cris » poussés par les victimes. - Et l’émotion d’Andromaque ? La ponctuation expressive (interjection, interrogation & exclamation) traduit l’emportement pathétique d’Andromaque. On a aussi une représentation d’Andromaque faite par elle-même lors du saccage de Troie : « éperdue ». L’emploi de la troisième personne même, constitue un procédé propre à rendre compte du déchirement intérieur du personnage : elle n’a plus de prise sur elle-même. Conclusion : Face à Céphise qui lui conseille d’épouser Pyrrhus, Andromaque offre une argumentation de choc : en poussant Céphise (et le spectateur) à se souvenir de l’horreur de Troie, des souffrances endurées cette nuit cauchemardesque, Andromaque nous persuade de l’impossibilité d’épouser Pyrrhus : notons l’ironie du terme « exploits » (V. 1007). Face au « roi victorieux » de Céphise, se présente un Pyrrhus dénué de tout héroïsme, mis en accusation de ses « crimes » (v. 1009). Céphise feint la résignation « Hé bien, allons donc voir expirer votre fils ». En lui rappelant que se refuser à Pyrrhus équivaut à condamner son fils à mort, elle espère que l’amour maternel aura raison de la répulsion inspirée par Pyrrhus. Le dilemme tragique est donc loin d’être résolu…
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