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Explication de Texte de La Vie Heureuse, Sénèque, Guide, Projets, Recherche de Philosophie

Example d'explication de texte de la Vie Heureuse de Sénèque: présentation du sujet et Analyse du texte

Typologie: Guide, Projets, Recherche

2019/2020
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Téléchargé le 30/03/2020

Ernest_Paris
Ernest_Paris 🇫🇷

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Télécharge Explication de Texte de La Vie Heureuse, Sénèque et plus Guide, Projets, Recherche au format PDF de Philosophie sur Docsity uniquement! PONDICHÉRY 2019 – PHILOSOPHIE TERMINALE S EXPLICATION DE TEXTE DE LA VIE HEUREUSE, SÉNÈQUE (58 après J.-C.) Notion en jeu : Le bonheur. Il est avant tout primordial de comprendre que ces éléments de corrigé ne constituent en aucun cas un “corrigé type”, mais seulement des exemples de traitement possible de ce sujet de dissertation. En philosophie la démarche de pensée individuelle et la logique de l’argumentation est ce qui rendra un travail bon le jour de l’épreuve. Il n’y a pas un plan possible mais plusieurs. Ce corrigé se veut donc avant tout une explication du sujet et de ses attentes, et non un corrigé type comme on pourrait en trouver en sciences dures : mathématiques… Expliquer le texte suivant : Que la vertu marche la première, qu'elle porte l'étendard1, nous garderons néanmoins le plaisir mais nous le dominerons et le règlementerons ; sur certains points il nous gagnera à force de prières, mais il ne nous contraindra pas. Au contraire, ceux qui ont abandonné le premier rang au plaisir, sont privés et du plaisir et de la vertu ; ils perdent cette dernière, et eux-mêmes ne possèdent point le plaisir, mais c'est le plaisir qui les possède, car s'il manque ce sont pour eux des tortures, et s'il abonde c'est l'étouffement ; ces hommes sont misérables quand les plaisirs les abandonnent, plus misérables encore quand les plaisirs les écrasent ; cela se passe comme pour les navigateurs surpris dans la mer des Syrtes2, qui tantôt demeurent à sec, et tantôt sont roulés par des vagues impétueuses. Cette situation est le résultat d'un dérèglement exagéré et d'un amour qui s'aveugle, car si l'on recherche des choses mauvaises en les prenant pour des biens, il est dangereux de les atteindre. De même que nous ne chassons pas les bêtes féroces sans peine ni péril et qu'une fois celles-ci capturées nous ne les gardons pas sans inquiétude, car souvent elles déchirent leurs maîtres, de même ceux qui possèdent de grands plaisirs tombent dans un grand malheur et les plaisirs qu'ils ont capturés les capturent à leur tour ; plus ceux-ci sont nombreux et grands, plus se trouve faible et dépendant cet esclave que la foule appelle un homme heureux. SÉNÈQUE, De la vie heureuse (58 après J.-C.). REMARQUE. La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question. Présentation du sujet Ce texte de Sénèque, a trait à une notion grandement classique du programme de terminale S, “le bonheur” faisant partie du grand domaine de la morale. Dans ce texte, plusieurs grands concepts sont en jeu : le plaisir, la vertu, le bonheur et le malheur, voire même la liberté. En fait, il y est plus précisément question du rapport que l'homme entretient avec son plaisir : s'il est trop demandeur, il en devient esclave, subit, et devient malheureux, s'il arrive à les maîtriser, à les mesurer, il est alors dans la vertu et le bonheur à proprement parler. Proposition de plan I. La vertu avant tout, la morale en premier lieu. Vers un plaisir maîtrisé et non une absence de plaisir. « Que la vertu marche la première, qu'elle porte l'étendard, nous garderons néanmoins le plaisir mais nous le dominerons et le règlementerons ; sur certains points il nous gagnera à force de prières, mais il ne nous contraindra pas. » ↳ Sénèque met en scène une dichotomie magistrale entre la vertu et le plaisir, c'est en somme soit l'un soit l'autre. Il déclare, en droite lignée d'un Platon, terreau du christianisme, que la vertu doit l'emporter sur le plaisir, elle doit être la première et toute la vie ne doit qu'être signe de cette dernière (d'où la notion d'étendard). Attention, Sénèque n'est pas pour autant un ascétique, au sens où il ne défend absolument pas l'idée qu'il faudrait renoncer aux plaisirs, il s'agit juste d'avoir le dessus sur le plaisir, de le dominer comme il dit, de le réglementer, donc de le contrôler. La lignée platonicienne est ici évidente et rappelle le mythe de l'attelage ailé présent dans Phèdre, nous sommes des êtres tripartites, composés de désirs, de cœur, et de raison. Or c'est la raison qui doit mener l'attelage et non les désirs. Il en va de même ici : réglementer les plaisirs par l'esprit, pour déjà être des hommes dignes de ce nom et pas de vils personnages, et pour ensuite ne pas être pris aux pièges des plaisirs : si on ne les contraint pas, on devine déjà ici, en fin de phrase, qu'eux peuvent nous contraindre... Or si l'on est contraint par les plaisirs, d'une part ce n'est pas rationnel mais c'est notre corps qui domine l'esprit (comme un animal), d'autre part nous ne sommes plus libres, donc plus vertueux. II. Explication. L'hédoniste subit les plaisirs au lieu de les maîtriser, ses prétentions sont ainsi complètement contrées par la réalité : il devient misérable et perd tout, voué au malheur. De la juste mesure avant toute chose pour véritablement être heureux. « Au contraire, ceux qui ont abandonné le premier rang au plaisir, sont privés et du plaisir et de la vertu ; ils perdent cette dernière, et eux-mêmes ne possèdent point le plaisir, mais c'est le plaisir qui les possède, car s'il manque ce sont pour eux des tortures, et s'il abonde c'est l'étouffement ; ces hommes sont misérables quand les plaisirs les abandonnent, plus misérables encore quand les plaisirs les écrasent ; cela se passe comme pour les navigateurs surpris dans la mer des Syrtes2, qui tantôt demeurent à sec, et tantôt sont roulés par des vagues impétueuses. » ↳ Sénèque décide ici d'expliquer sa position par un contre-exemple, en mettant en scène les personnes qui n'ont pas choisi la vertu en premier, mais le plaisir. Sénèque nous dit alors que ces personnes-là sont à la fois privés du plaisir et de la vertu, en cherchant trop le premier ils perdent absolument tout. Pourquoi ? D'abord parce qu'un être humain ne peut être vertueux en étant l'esclave des plaisirs et en faisant passer ces derniers en priorité, avant la raison. D'autre part parce qu'ils sont bien esclaves du plaisir, au sens où ce dernier les domine en tous points. Ils sont assujettis de telle sorte que s'il n'y a pas de plaisir, ils souffrent absolument, ils sont en manque ; a contrario comme ils ne savent pas maîtriser ces derniers, leur abondance crée en eux un trop-plein, et tout autant de souffrance. On sait par exemple que le plaisir gustatif peut se transformer en véritable dégoût si l'on mange trop, il en va de même pour toutes sortes de plaisir, nos envies sont illimitées mais notre corps fini, lui, ne peut pas supporter l'abondance de chair. Il faut donc de la nuance avant toute chose : non seulement à être absolument dans le plaisir on n'est pas vertueux, mais en plus on en devient malheureux tant dans l'absence de ces derniers que dans leur présence. L'argument est donc double : le véritable plaisir n'est pas infini, il doit être mesuré. La mesure est une vertu pour les Grecs... Pour faire passer son argument, Sénèque passe par une comparaison marine. Le plaisir, c'est l'infini de la mer, face à lui nous sommes comme des navigateurs. Si l'on est mauvais navigateur, alors on est totalement soumis à la mer. Si cette dernière est calme, nous serons dans l'accalmie, mais passive. Si elle se déchaîne, nous serons surpris et soumis totalement à sa violence. Il faut donc, semble-t-il, avoir un coup d'avance, cela seul, d'après Sénèque, permet de maîtriser les choses, d'être le seul et l'unique gouverneur de son existence. Face au plaisir, inutile d'agir différemment. III. Le paradoxe défait de l'homme prétendument heureux qui n'est au final qu'un déréglé et un esclave. « Cette situation est le résultat d'un dérèglement exagéré et d'un amour qui s'aveugle, car si l'on recherche des choses mauvaises en les prenant pour des biens, il est dangereux de les atteindre. » ↳ Une telle position ne s'explique donc, Sénèque le répète sous une autre formulation, que par une absence de juste mesure, ce qu'il nomme un dérèglement. Le dérèglement est tel que non seulement il est le choix de reléguer la vertu au second rang, on l'a vu, mais également de choisir le mal en s'illusionnant et en le prenant pour le bien. La conséquence ne peut qu'être désastreuse et on encourt donc un vrai danger à agir ainsi. Sénèque donne donc un sens à préférer la vertu. Comme s'il s'agissait avant l'heure d'un pari à la Pascal : il n'y a rien à perdre à choisir d'être vertueux, il y a tout à perdre par contre à choisir ses plaisirs, précisément parce qu'on ne les choisit pas, on n'a juste pas la force de les contrer. « De même que nous ne chassons pas les bêtes féroces sans peine ni péril et qu'une fois celles- ci capturées nous ne les gardons pas sans inquiétude, car souvent elles déchirent leurs maîtres, de même ceux qui possèdent de grands plaisirs tombent dans un grand malheur et les plaisirs qu'ils ont capturés les capturent à leur tour ; plus ceux-ci sont nombreux et grands, plus se trouve faible et dépendant cet esclave que la foule appelle un homme heureux. » ↳ Le plaisir, en cette fin de texte, est comparé par Sénèque à une bête sauvage, non maîtrisable, dangereuse, voire fatale. On ne saisit sans doute pas à quel point ce dernier et vil, et relativement autonome. On croit lire entre les lignes une idée de possession maléfique caractérisant l'hédoniste... Toujours dans la lignée platonicienne d'un cheval noir fou, que le cheval blanc doit maîtriser par le bon guide de la raison. Le tonneau des Danaïdes n'est pas loin non plus ici, tel qu'il est raconté par Platon dans le Gorgias. Que nous dit ce mythe ? Que l'hédoniste est comme un tonneau percé, plus il veut de plaisir, plus il les laisse couler, de sorte qu'il n'est jamais satisfait mais esclave de ces plaisirs. Les plaisirs l'ont rendu contraint et non libre, il ne choisit plus rien, il est emprisonné et malheureux. Par sa phrase finale, Sénèque a voulu contrer l'opinion commune et défaire
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