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Explication-de-texte-Diderot.pdf, Notes de Langue Française

Bougainville est un explorateur français qui a publié en 1772 son récit Voyage autour ... suite à sa lecture, d'écrire à son tour un Supplément au voyage de.

Typologie: Notes

2021/2022

Téléchargé le 03/08/2022

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Evan_91 🇫🇷

4.2

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Télécharge Explication-de-texte-Diderot.pdf et plus Notes au format PDF de Langue Française sur Docsity uniquement! Séance 8 – Explication de texte n° 3 Introduction Bougainville est un explorateur français qui a publié en 1772 son récit Voyage autour du monde : il y racontait notamment son voyage à Tahiti à travers une vision idyllique. Diderot, philosophe important des Lumières et héritier d’un humaniste comme Montaigne, a décidé, suite à sa lecture, d’écrire à son tour un Supplément au voyage de Bougainville pour introduire un regard critique. Cette œuvre est un dialogue philosophique. Dans cette partie, le philosophe fait parler un vieillard tahitien qui, au contraire de l’image donnée par Bougainville, devient le porte-parole de la civilisation tahitienne contre les Européens. Il s’adresse à l’explorateur au moment de son départ de l’île. Lecture expressive Projet de lecture : Nous chercherons à montrer qui s’exprime par la voix du vieillard, et quels sont les destinataires de ce discours. 1) l. 1 à 10 (du début à « notre image en toi ») - La violence européenne contre le respect tahitien : deux visions de l’humanité. Dès la 1e ligne, accumulation de questions rhétoriques et d’exclamations : indignation du vieillard qui s’adresse directement à Bougainville à la 2e pers. du sg accusatrice > citer. Le discours adopte un ton polémique par ces adresses répétées, vigoureuses, accusatrices. Rythme très vif : les premières phrases sont brèves, l’allitération en « p » renforce la force des paroles : > citer. Le vieillard invite d’emblée le navigateur à changer de « point de mire » par la subordonnée conjonctive circonstancielle de condition l. 1-2 (> citer) et la question « qu’en penserais-tu ? » au conditionnel. La réponse implicite est : cela serait injuste et violent. Il appelle ainsi à une prise de conscience. Il remet également en question la supériorité des Français par l’emploi du superlatif « le plus fort » l. 3 : être « le plus fort » n’a aucune importance (c’est le sens de la question rhétorique « qu’est-ce que cela fait ? »). Dans la même intention de faire changer de point de vue, il oppose, dans la phrase l. 3 à 5 (« Lorsqu’on t’a enlevé… à toute une contrée ! ») la réaction de Bougainville lorsque les Tahitiens lui ont pris une « méprisable bagatelle », et l’intention de l’explorateur de leur prendre la totalité de leurs biens. Le groupe nominal « méprisable bagatelle » emploie un lexique péjoratif pour évoquer un objet sans importance, sans valeur, ce que renforce la proposition subordonnée relative « dont ton bâtiment est rempli » (cela signifie que cet objet sans importance se trouve en plus en nombre dans le navire, l’équipage n’en a donc aucun besoin). Au contraire, le groupe nominal « toute une contrée » désigne le projet du navigateur de s’approprier toutes les ressources et richesses de l’île. L’absurdité de ce comportement injuste est dénoncée : alors qu’il ne peut supporter de perdre une broutille, l’Européen compte faire subir bien davantage aux Tahitiens. La phrase suivante : « Tu n’es pas esclave… » reprend le même procédé, en dénonçant le fait que le navigateur s’apprête à faire subir ce qu’il ne pourrait lui-même supporter. L’emploi de la négation « tu n’es pas esclave », suivi de l’hyperbole « tu souffrirais plutôt la mort que de l’être », puis de l’affirmation « tu veux nous asservir » montrent cette incohérence, ou plutôt cette totale injustice de la part de Bougainville. Le passage qui suit, l. 6 à 10, évoque précisément la violence physique des Occidentaux : - Lexique de la violence et la cruauté : « t’emparer » renforcé par comparaison « comme de la brute », « jetés sur ta personne », « pillé », « saisi et exposé aux flèches » : ces 3 dernières expressions, dans des questions rhétoriques et assorties de négations, s’appliquent implicitement aux Européens qui cherchent à dominer les Tahitiens. - Accumulation des verbes d’action : « emparer », « jetés », « pillé », « saisi », « exposé », « associé […] au travail » > Rythme saccadé, haché, qui évoque bien la violence. Rythme pressant du discours : énumération de 4 questions rhétoriques en rythme majeur marquées par l’anaphore « avons-nous » l. 9-10. Cette violence est également morale puisque les Européens considèrent les Tahitiens comme des hommes inférieurs ou des animaux : comparaison « comme de la brute » l. 7, « associé […] au travail de nos animaux » (l. 10). Tous ces éléments concourent à inscrire le texte dans le registre pathétique. Ce premier mouvement s’achève sur une phrase affirmative : « Nous avons respecté notre image en toi ». Elle fait écho aux précédentes : « Le Tahitien est ton frère » (l. 8) et « Vous êtes deux enfants de la nature » (l. 7-8). Dans ces phrases, le vieillard énonce une vision de l’humanité fondée sur la fraternité, le respect, contre la violence et la volonté de domination. Ce faisant, il prend la voix du philosophe héritier des humanistes, et son discours porte au- delà de la situation d’énonciation fictive (le vieillard à Bougainville) : Diderot se sert de la fiction pour développer ses idées, et le vieillard devient son porte-parole en appelant à la paix et la fraternité. On comprend alors que les destinataires, au-delà de Bougainville et son équipage, ou des Français sont tous les Européens colonisateurs.
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