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Explication de texte linéaire l'Astréé, maturité tests effectués de Français

Explication de texte ligne par ligne d'un extrait de l'oeuvre l'Astrée de Orphée.

Typologie: maturité tests effectués

2021/2022

Téléchargé le 26/05/2022

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Aperçu partiel du texte

Télécharge Explication de texte linéaire l'Astréé et plus maturité tests effectués au format PDF de Français sur Docsity uniquement! Explication de texte linéaire n°6: Au V° siècle, en Gaule, vit le jeune berger Céladon qui aime profondément la bergère Astrée. C'est le début d'un vaste roman pastoral très à la mode au XVII°S. 5 10 15 20 Or sur les bords de ces délectables rivières on a vu de tout temps quantité de bergers, qui pour la bonté de l'air, la fertilité du rivage, et leur douceur naturelle, vivent avec autant de bonne fortune1, qu'ils reconnaissent peu la fortune2. Et [on]croit qu'ils n'eussent d'en envier le contentement du premier siècle3 si Amour leur eût aussi bien permis de conserver leur félicité4, que le Ciel leur en avait été véritablement prodigue5. Mais endormis en leur repos ils se soumirent à ce flatteur, qui tôt après changea son autorité en tyrannie. Céladon fut un de ceux qui plus vivement la ressentirent, tellement épris des perfections d'Astrée, que la haine de leurs parents6 ne peut l'empêcher de se perdre entièrement en elle. Il est vrai que si en la perte de soi-même on peut faire quelque acquisition, dont on se doive contenter, il se peut dire heureux de s'être perdu si à propos pour gagner la bonne volonté de la belle Astrée, qui, assurée de son amitié, ne voulut que l'ingratitude en fut le payement, mais plutôt une réciproque affection, avec laquelle elle recevait son amitié7 et ses services. De sorte que si l'on vit depuis quelque changement entre eux, il faut croire, que le Ciel le permit, seulement pour faire paraître que "rien n'est constant que l'inconstance, durable même en son changement". Car ayant vécu bienheureux l'espace de trois ans, lors que moins ils craignaient8 le fâcheux accident qui leur arriva, ils se virent poussés par les trahisons de Semyre9, aux plus profondes infortunes de l'Amour : d'autant que Céladon désireux de cacher son affection, pour décevoir l'importunité10 de leurs parents, qui d'une haine entre eux vieille, interrompaient par toutes sortes d'artifices11 leurs desseins12 amoureux, s'efforçait de montrer que la recherche qu'il faisait de cette bergère était plutôt commune que particulière. Honoré d'Urfé, L'Astrée, livre 1 (1612) 1. bonne fortune : chance et en particulier, succès amoureux. - 2. fortune : destin. - 3. premier siècle : périphrase pour désigner l'Âge d'or de l'Antiquité - 4. félicité : grande joie. - 5. prodigue : généreux. - 6. parents : famille. - 7. amitié : amour. - 8. Lors que moins ils craignaient : au moment où ils craignaient le moins. - 9. Semyre : berger amoureux d'Astrée. – 10. importunité : désagréments. - 11. artifices : ruses. - 12. desseins : intentions Explication de texte L'Astrée C'est un début de roman précieux, grand succès littéraire du début du XVII° S. Ce roman cherche à représenter la passion amoureuse sous toutes se formes à travers de multiples histoires dont la plus connue est celle des bergers Astrée et Céladon. L.1-2 : l'extrait commence avec une description du paysage avec un vocabulaire mélioratif (« délectables », « bonté », « douceur », « fertilité ») à propos du paysage. Cela lui donne une impression d'idéal, impression confortée par l'imprécision de l'époque. L'introduction de personnages de « bergers » qui ne sont pas décrits renforce encore cette impression d'irréalisme. Le pronom indéfini à valeur générale « on » place cette histoire sur un plan général. L.2 : la description se poursuit avec toujours cette irréalité (par le vocabulaire laudatif et l'absence de précisions spatio-temporelles) : ce monde idéal donne une impression de conte de fées. L.2-3 : les personnages sont aussi vus idéalement avec la mention de « bonne fortune » qui représente une chance abstraite car non liée à un contexte particulier. L'emploi du présent de narration est une manière d'actualiser cette description, même si le complément circonstanciel « depuis toujours » (indication très floue d'ailleurs) donne une impression de vérité générale. Tout comme l'emploi du pronom indéfini à valeur générale « on ». L.4 : le début du roman commence avec une évocation de l'amour sous la forme d'une allégorie (« Amour »). Nous ne sommes pas pour autant dans le lyrisme bucolique. C'est une allégorie qui généralise le propos, tout comme l'allégorie du « Ciel » ou l'allusion à l'Âge d'or (« premier siècle »), siècle dans la mythologie grecque appelé également règne de Saturne, qui correspond à la période qui suit la création de l'homme où il vivait heureux et sans contraintes. C'est le même effet que le verbe à la troisième personne du singulier « croit » dont le sujet omis est « on . Le récit mélange humains et idées abstraites pour déréaliser la scène et donner une impression d'épopée à la Homère mais une épopée des sentiments. Les humains, bergers, sont dépendants des allégories « Ciel » et « Amour » dont ils sont les objets (le pronom « leur » est COI et non sujet). C'est une annonce de tragédie. L.5 : le « Mais », conjonction de coordination à valeur adversative, précise ce retournement de situation dans ce monde qui paraissait idéal. Il est développé avec un vocabulaire péjoratif (« flatteur », « autorité », « tyrannie »). Les hommes sont placés sous la dépendance de l'allégorie de l' « Amour » avec le verbe « se soumirent » dont le passé simple annonce le début du récit. La faiblesse des hommes est accentuée avec le verbe « endormis » et le nom « repos ». Les hommes sont placés en position de victimes tragiques. Cela crée une menace, manière d'intéresser le lecteur avec une attente dramatique diffuse. L.6 : le premier personnage est présenté - « Céladon » (son nom est formé sur la couleur verte, le céladon, ce qui le déréalise) - et il est en position de victime, autre manière de susciter l'intérêt. L.7-8 : les menaces des premières lignes et liées à l'amour se précisent avec le verbe « épris » et l'entrée en scène d'un second personnage : « Astrée » (son nom est proche de celui d'une étoile et suggère sa beauté). Leur absence de description les idéalise tout comme le nom hyperbolique « perfections » au pluriel qui renvoie à l'image du cadre naturel. La mention de la « haine des parents » précise un peu la menace sans pour autant la dévoiler. On est dans une situation dramatique à la Roméo et Juliette de Shakespeare, paru en 1597 en Grande- Bretagne. La phrase se termine toutefois par une note d'espoir qui fait que nous ne sommes pas dans une tragédie tout à fait. S'il y a perte, c'est à l'intérieur de l'amour et la fatalité est bienheureuse. L.8-9 : on passe du récit particulier à une maxime générale grâce au présent de vérité générale (« est », « peut », « se peut dire »), le pronom indéfini à valeur générale « on » et la tournure impersonnelle. Le roman a une ambition didactique et cherche à comprendre la passion. Le même verbe « perdre » est à la fois dans le récit des amours de Céladon et dans la maxime (« perte ») pour aider à lier le narratif et le didactique. Le style de cette maxime est très précieux en jouant sur les antithèses de deux états (« perte » / « acquisition ») pour créer un paradoxe autour de l'amour afin de le rendre singulier. La maxime tâche d'analyser la complexité de la passion amoureuse. L.9-10 : la seconde proposition juxtaposée de cette phrase reprend le paradoxe avec l'opposition entre « heureux » et « perdu » et applique cette maxime au cas des deux personnages. Le récit et l'analyse psychologique sont liés. L.10 : le verbe « gagner » introduit un second paradoxe (à partir des antithèses entre « perdu » l.9 et « gagner » l.10) qui cette fois n'est plus général mais concerne les personnages en particulier. L.10-11 : la phrase complexe s'allonge encore avec deux expansions du nom pour « Astrée » : l'adjectif stéréotypé « belle » (qui correspond au pays idéal décrit au début du texte) et une proposition subordonnée relative qui s'étend sur trois lignes. Cette proposition commence par une litote (« ne voulut ...payement ») dont la signification est redoublée par une proposition coordonnée (« mais plutôt une réciproque affection ...services ») : cela crée une insistance sur les sentiments amoureux. Une proposition subordonnée relative vient s'enchâsser dans cette proposition (« avec laquelle ... ») pour répéter l'idée de « réciproque affection ». L'amour est mis en valeur par ces répétitions avec ce style précieux qui rendent sa peinture complexe tout comme raffinée et peu intelligible aux non-initiés. L. 12-13 : la phrase suivante mêle encore le générale et le particulier par le même procédé qui consiste à rapprocher une maxime (entre guillemets pour la rendre visible, avec un présent de vérité générale - « est » - , avec pour sujet le pronom indéfini « rien ») d'une phase de récit au passé simple (« vit ») avec des personnages (« eux »). On retrouve là la même allégorie qu'à la ligne 4 (« Ciel »), allégorie qui donne cette tonalité tragique (les humains étant toujours soumis à cette force supérieure).
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