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Fiche de cours qui permet de mieux comprendre l’œuvre, Résumés de Français

Il s’agit d’un cours d’introduction permettant de comprendre les objectifs de juste la fin du monde

Typologie: Résumés

2022/2023

Téléchargé le 21/06/2023

amine-boughanem
amine-boughanem 🇫🇷

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Télécharge Fiche de cours qui permet de mieux comprendre l’œuvre et plus Résumés au format PDF de Français sur Docsity uniquement! Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce, 1990 /A/ Vie, Œuvre, Langue Bio express Né en 1957, aîné de trois enfants (comme Louis, son personnage). Il grandit dans le Doubs (Est de la France, une région froide) et va faire ses études à Besançon d’ailleurs. Ses parents sont ouvriers chez Peugeot. Jean-Luc Lagarce est un transfuge de classe, un provincial monté à Paris pour « percer » dans un milieu qui n’est pas son milieu d'origine. A Besançon, il poursuit des études à la faculté de philosophie et en parallèle, il suit des cours au conservatoire, de théâtre. C'est en terminale, pendant une sortie scolaire, que son goût est né pour le théâtre. En 1977, à 20 ans, il commence à écrire son journal intime, qu'il n’arrêtera plus. Je pense que son théâtre ressemble à un journal intime et pose la question de la continuité de l'intimité dès lors que la parole est adressée à plusieurs, notamment en famille. En 1978, sa première pièce, Elles disent. l'Odyssée, est une adaptation libre de l'Odyssée d'Homère. Pas étonnant si l’on songe que l’histoire d'Ulysse est l’histoire d’un retour dans sa famille après un long détour (une épopée). En 1986, s'installe définitivement à Paris. I| met en scène beaucoup de pièces, il écrit beaucoup, voit beaucoup de films, il écrit quelques chroniques pour la presse. En 1988, il apprend sa séropositivité. En 1990 à Berlin, il écrit Juste la fin du monde. À ce moment de sa vie, Jean-Luc Lagarce a une petite réputation en tant que metteur en scène mais son écriture n’est pas encore reconnue. En 1992, il crée avec sa compagnie La Roulotte, une maison d'édition Les Solitaires Intempestifs pour publier les pièces qu'il aime. C’est aujourd’hui une importante maison d'édition qui publie une grande partie des auteurs de théâtre contemporains. Ses défenses immunitaires baissent petit à petit et il meurt en 1995, le 30 septembre. Ses cendres reposent au cimetière du Père Lachaise derrière une plaque anonyme. Destin de la pièce Premier jet en 1988 sous le nom de Les Adieux puis le projet prend le titre de Quelques éclaircies. Est achevée d’écrire en 1990, le titre change encore. La pièce ne rencontre aucun succès, ne trouve aucun écho. En 1993 une lecture d’extraits en est faite au Centre Pompidou. Maigre reconnaissance. C’est en 1997 qu’elle est montée pour la première fois. Publiée en 1999. Et là, la mode arrive, Lagarce devient un auteur important dans le milieu théâtral. Au début des années 2000 la pièce est souvent montée jusqu’à entrer au répertoire de la comédie française en 2008. La pièce reçoit le Molière du meilleur spectacle en 2008 (l’équivalent des César pour le théâtre). Badaboum Jean-Luc est inscrit au concours de l’agrégation de lettres en 2012. (Concours que passe les professeurs de français pour devenir professeur de français). Et ce n’est pas tout, la pièce est adaptée par Xavier Dolan (un réalisateur québécois) en 2016 avec Nathalie Baye (La Mère), Vincent Cassel (Antoine), Léa Seydoux (Suzanne), Marion Cotillard ( Catherine) et Gaspard Ulliel (Louis). Le film obtient le Grand Prix du Jury à Cannes (le level en dessous de la Palme d’Or) et le César de la meilleure réalisation. N’en jetez plus, en 2O20 la pièce est inscrite au bac de français pour tous les bacheliers de France. Résumé du destin de l’œuvre : de l’anonymat à la légitimité scolaire ! Extrait de son journal intime « Samedi 23 juillet 1988 / Paris / 23h55. La nouvelle du jour, de la semaine, du mois, de l’année etc., comme il était « à craindre et à prévoir » (à craindre, vraiment ?). Je suis séropositif Mais il est probable que vous le savez déjà Regarde (depuis ce matin) les choses autrement. Probable, je ne sais pas. Etre plus solitaire encore, si cela est envisageable. Ne croire à rien, non plus, ne croire à rien. Vivre comme j’imagine que vivent les loups et toutes ces sortes d’histoires. Ou bien plutôt tricher, continuer de plus belle, à tricher. Sourire, faire le bel esprit. Et taire la menace de la mort - parce que tout de même…- comme le dernier sujet d’un dandysme désinvolte. » ------- Au niveau de la grammaire. « Juste » a un statut grammatical pluriel. Ce peut être un adverbe employé dans une négation. Ce peut être un nom : le juste et l’injuste. Ce peut être un adjectif : jouer juste, avoir le mot juste, le geste juste etc… Il est intéressant de se pencher sur les autres occurrences du mot « juste » dans la pièce pour constater que c’est toujours l’emploi adverbial visant à réduire la portée d’une proposition qui est utilisé. Catherine, à la fin de la scène 2, Partie 1, explique ce choix très éloquent d’appeler leur fils Louis : « cela pourrait paraître juste des traditions », ou La Mère à la scène 8, Partie 1 dit : « Elle, Suzanne sera triste à cause de ces deux ou trois mots, à cause de ces justes deux ou trois mots jetés en pâture. » Dans les deux cas l’adverbe « juste » nourrit une contestation, Catherine dit clairement que pour elle c’est important, ce n’est pas juste une tradition, de même La Mère insiste sur l’insuffisance que l’on peut entendre dans cet adverbe « juste deux ou trois mots ». L’adverbe est également repris par Louis pour désigner une idée fixe, une obsession au monologue de la scène 5 : « chaque matin avec juste l’idée en tête / pour commencer, commencer à nouveau / juste l’idée en tête de ma propre mort à venir ». On peut se demander si le trajet de la pièce, s’il y a un trajet, ne se situe pas entre ces différents sens du mot « juste » : du manque et de l’accusation initiale jusqu’à l’acceptation de sa mort, ce n’est « que » la fin du monde. (Voir : analyse de Dikesh de l’épilogue). De l’adverbe à l’adjectif, et de l’adjectif au nom : justesse et justice. Cependant, au seuil de cette pièce, le mot « juste » résonne aussi avec le projet de la pièce qui est de trouver les mots « justes ». Nous devons faire cas de cette exigence de justesse qui est constamment là, chez tous les personnages. En effet, le titre Juste la fin du monde fait entendre l’ampleur de l’événement à venir. Il possède un aspect programmatique et laisse entrevoir, l’imminence d’une catastrophe, au sens étymologique du terme. Parce que Louis sait qu’il va mourir, c’est juste maintenant qu’il faut parler, et c’est juste maintenant qu’il faut dire juste. Et dire juste, c’est trouver la « bonne » tonalité, le ton juste, le contenu exact, le contenu susceptible de toucher sa cible, de « faire mouche » (voir le prologue). Dire juste, dans cette pièce, c’est aussi faire entendre, peut-être, une parole de justice, une parole qui rendrait la justice, distribuant les torts et les responsabilités. Dans son monologue de la scène 10 Louis dit « Le reste du monde, après la mort. / On les jugera » (p.66 de mon édition, chiffre du diable ah ah). La pièce peut alors se lire comme un règlement de comptes, un procès, un jugement dernier. A l’horizon de la parole des personnages, il y a cette exigence de justesse qui elle seule peut faire advenir la justice. Notamment dans la deuxième partie, où la gravité des paroles est accentuée à l’aune du départ de Louis, toute parole devient alors dramatique dans la mesure où elle prend la valeur d’une « dernière parole ». En outre, on l’a vu, le mot « juste », en emploi adverbial, signifie aussi le contraire de la maximisation. Ce n’est « que » cela, que « la fin du monde », et après moi, il y aura d’autres moi qui, comme moi, tenteront de dire et de se dire : pas de quoi en faire un drame ! Il ne reste presque plus rien, et si la copule (« être ») a disparu, c’est qu’il n’y a peut-être, au fond, rien de vraiment important à dire. « Juste la fin du monde » est une manière de faire entendre que cette fin est là, massivement ; qu’elle prend toute la place. Mais – et c’est l’ambivalence du terme – l’adverbe « juste » signifie, par ailleurs, que ce n’est rien de plus que la fin du monde. Dire, par exemple, « J’appelais juste pour te dire », c’est une façon d’exprimer que l’on ne fait qu’appeler sans attendre grand-chose de l’autre, mais c’est aussi affirmer pleinement, avec force sa présence : autrement dit, c’est juste moi et c’est beaucoup, c’est même le tout de la question. Et c’est ce que fait Louis, qui revient paradoxalement à la fois sans éclat et avec fracas. Le mot « juste », pris en emploi adverbial, contient en germe cette tension qui est à l’œuvre dans toute la pièce. Louis, dans son désir de parler, de proférer une parole juste (exacte, précise et vraie), se trompe peut-être, en croyant que parler peu suffira à [se] rendre justice. Le mot « juste » porte donc en lui un problème très intéressant, qui est celui du calibrage de nos paroles, et dont le théâtre de Lagarce rend compte à sa façon. Arrivant trop tard, Louis fait le constat qu’il ne réparera rien par la parole et observe les autres tenter de se réparer en parlant. /C / Les personnages, le moment a. L’écart d’âge avec Suzanne la tient en marge de la fratrie composée de Louis et Antoine. Ce sont deux jeunes hommes de la même génération. b. Un duel de frères s’impose. Comme Abel et Caïn. Dans la Bible, au tout début dans le premier livre, La Genèse, Caïn tue Abel parce qu’il est jaloux de la préférence que Dieu a manifestée pour lui. Echo évident à la pièce. c. La Mère : pourquoi n’a-t-elle pas de nom ? Est-elle une mère générique censée représenter toutes les mères ? Alors cette pièce parlerait de toutes les familles… Une fable sur le poids du non-dit dans les familles ? d. Louis est très proche du mot « lui ». La troisième personne est utilisée pour parler de quelqu’un qui n’est pas là. Louis est presque absent à sa famille, même quand il est là. C’est aussi le nom des Rois de France… Et c’est bien son nom qu’on donne à chaque aîné. Ce serait l’histoire de quelqu’un qui a refusé son rôle, qui s’est déchargé de son autorité. e. Un dimanche, jour de la vacuité, de l’ennui, jour sacré éventuellement, jour où la vie de famille apparaît le plus. /D/ L’architecture de la pièce, les types de paroles La chose la plus significative à remarquer sont les différents régimes de parole de Louis. a- Lorsqu’il encadre la pièce (prologue, épilogue et scène 1 de la partie 2) ce sont des récits, Louis est alors un narrateur. b-Lors de deux monologues, ce sont des confessions : - scène 5, assez triste, sur l’impression qu’on l’oublie - scène 10, amère, rempli de fiel et de mauvaises pensées. (Ces monologues sont à bien relire). Le malaise s’accroit au fil de sa journée en famille. Louis est un personnage privilégié puisque le spectateur peut accéder à son intimité autrement que sur le mode dialogique. Cela nous rend complice, c’est lui qui nous guide dans l’univers familial. Il joue sur la double énonciation du théâtre, une parole adressée aux autres personnages et en même temps aux spectateurs. Il se balade entre ces deux possibilités. c- Pour le reste ce sont des dialogues, il interagit avec les autres personnages. C’est à noter, c’est rare pour le théâtre, ce ne sont pas les dialogues de Louis qui occupent le plus de places mais bien ses récits et ses confessions. Lagarce invente un théâtre inédit et efficace. Il entrelace récits, dialogues, confessions, qui se reprennent, se citent et se métissent. Exemple, au début de la deuxième partie Antoine sait que Louis veut partir alors que Louis l’a confié dans le monologue précédent. A travers ce métissage, Jean-Luc Lagarce expose une construction complexe du personnage et plus riche pour le spectateur. De même que dans la télé-réalité, nous bénéficions à la fois des actions des personnages entre eux mais aussi de leur intériorité quand ils se confessent seuls face caméra sur leurs ressentis. Nous avons accès à deux dimensions : le moment vécu, la parole échangée, et le moment revécu, la parole réflexive. (Et n’est-ce pas la mise en abyme de la littérature si écrire est une parole ravalée ? L’expression de ce que nous saurions dire autrement qu’en l’écrivant ?) A sa façon, ce théâtre de la distanciation nous fait réfléchir plus qu’éprouver, nous prive du plaisir infantile de l’illusion. Nous sommes d’emblée dépaysés, défamiliarisés, désorientés par une nouvelle configuration textuelle et une temporalité qui n’est pas construite par le déroulement d’une intrigue puisque l’attente est déjouée par les moments narratifs de Louis qui cassent la surprise. L’enjeu de ce théâtre n’est alors pas l’action, l’intrigue mais la façon dont peut surgir une parole vraie, une intimité. L’architecture repose donc sur une alternance entre différents régimes de paroles. Des dialogues en tête-à-tête, des monologues et des scènes collectives plus chaotiques. A nous spectateurs de piocher dans cette hybridité de genre pour explorer les difficultés du rapport aux autres mais aussi du rapport à soi, pour explorer combien il est difficile d’obtenir les conditions permettant l’émergence d’une parole juste, d’une parole vraie. /G/ Etude du prologue Ceci n’est pas une lecture analytique. On ne commentera que quelques éléments qui sont importants pour comprendre le rapport étrange au temps dans cette pièce et comment cette pièce joue avec les attentes liées au théâtre tragique. Conseil méthodologique pour le bac : que cela soit Les Fleurs du Mal, Le Rouge et le Noir ou Juste la fin du monde, relisez constamment quelques passages, n’importe lesquels, pas longtemps, c’est une bonne façon de s’imprégner. « l’année d’après /J’allais mourir » Il parle au passé = mort vivant ou un narrateur qui fait le récit rétrospectif de sa vie ? + annonce de la fatalité = une tragédie. + ressemblance au prologue des pièces tragiques. (Le monologue protatique). + intimité avec le spectateur, confidence, genre intimiste. Cet étonnement que les premiers mots de la pièce sont ceux qu’il ne prononcera jamais. + Mais est-on déjà dans la pièce ? Le prologue est un entre-deux, on est au seuil, aux marges du spectacle. Le jeu n’a pas forcément commencé, le rideau n’est pas ouvert. + personnage des limbes, moment intermédiaire entre le Paradis et l’Enfer, comme le prologue est un moment intermédiaire entre la scène et le hors scène. Est-ce un mort qui nous parle ? Devons-nous comprendre que Louis est un mort-vivant, qui hante, qui rôde dans sa famille ? L’absent fantomatique qui fait parler de lui. « à mon tour » Il s’inscrit dans une communauté d’expérience. Laquelle ? On peut supposer, que dans les années 1990, ceci est une référence aux morts du Sida, dont Jean-Luc Lagarce est atteint. Mais attention, il n’y aucune référence à cela dans la pièce. « l’année d’après / comme on ose bouger parfois / à peine / devant un danger extrême, imperceptiblement, sans vouloir faire de bruit ou commettre un geste trop violent qui réveillerait l’ennemi et vous détruirait aussitôt» L’indication « l’année d’après » qui fonctionne comme un leitmotiv (un thème ou un terme qui revient de façon insistante dans une œuvre), insistant sur l’état d’esprit du personnage et sur l’importance du temps pour lui : à la fois le temps qui file (et l’emmène à la mort) et le temps qui stagne (= l’insupportable attente). Le fait de savoir que le temps est compté modifie donc sa perception du temps. - De nouveau, l’indication semble changer légèrement de sens. Il ne semble plus s’agir de « l’année » qui sépare Louis de la mort mais de l’année qui a suivi l’annonce de la maladie. L’annonce d’un nouvel événement crucial, autre que la mort, est préparée : l’annonce du retour dans sa famille. Or, cette annonce du retour, cette décision du retour, est plus angoissée que la nouvelle de sa mort imminente. Lui, qui était un mort en devenir veut revenir parmi les vivants, « bouger » et il a peur que ce retour à la vie hâte sa destruction, se mette à « réveiller l’ennemi ». L’ennemi = la maladie. « Retourner les voir, revenir sur mes pas, aller sur mes traces » S’inscrit dans la parabole du fils prodigue (voir /F/), à ceci près que celui qui revient ne sera pas sauvé. « Lentement, avec soin, avec soin et précision » La difficulté que rencontrera Louis dans son projet peut se lire aux quatre compléments de manière qui suivent : « lentement, avec soin, avec soin et précision ». Si le projet semble mûrement réfléchi, l’accumulation de ces compléments montre une volonté de justesse dans la parole qui pourra/va bloquer la parole. On comprend, au premier et au deuxième compléments, que Louis veut être précautionneux (il sait que l’annonce aura l’effet d’une bombe auprès de ceux qui l’aiment). Le « soin » n’est pas sans évoquer l’univers médical : le malade veut prendre soin de ceux qui ne le sont pas. Le terme « précision » entre en conflit avec les précédents dans la mesure où la « précision » nécessite une exactitude rigoureuse qui ne peut manquer d’évoquer, dans le cas de la maladie, la dégradation du corps. Le personnage est donc dans une volonté toute paradoxale d’exposer ses proches à sa réalité et de les protéger. C’est tout l’enjeu de la pièce : comment se dire adieu ? C’est une question de manière, une interrogation sur le langage.
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