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Francis Ponge lecture linéraire, Examens de Français

Lecture Linéaire sur le prologue

Typologie: Examens

2021/2022

Téléchargé le 12/05/2022

utilisateur inconnu
utilisateur inconnu 🇫🇷

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Aperçu partiel du texte

Télécharge Francis Ponge lecture linéraire et plus Examens au format PDF de Français sur Docsity uniquement! Lecture Linéaire n° 14   : Le prologue Jean-Luc Lagarce est à la fois comédien, metteur en scène, directeur de troupe et dramaturge. En 1988, il apprend qu’il est atteint du sida et se sait condamné. En 1990, il écrit Juste la fin du monde . Malgré sa mort prématurée en 1995, à l’âge de 38 ans, Jean-Luc Lagarce laisse derrière lui plusieurs dizaines de pièces qui rencontreront un succès posthume. L’intrigue de Juste la fin du monde repose sur l’annonce par Louis à sa famille de sa maladie qui va l’entraîner à une mort certaine. Le prologue qui ouvre la pièce met en scène le personnage de Louis, dans un monologue tragique et lyrique constitué d’une seule longue phrase qui présente la crise personnelle qu’il traverse. Problématique   : En quoi ce prologue annonce-t-il la tragédie à venir ? I – Louis et la confrontation à sa mort prochaine (l.1 à l.17) Louis est le seul à parler dans ce Prologue. Il fait une prolepse, comme un prophétie, en annonçant des faits qui se produiront plus tard : « Plus tard, l’année d’après / J’allais mourir à mon tour ». Cette tonalité prophétique rappelle la tragédie grecque où le chœur tragique annonçait souvent de manière énigmatique ce qui allait se passer plus tard. Ici, c’est sa propre mort qu’annonce le personnage. Louis revient à l’ancrage temporel du « maintenant » (« J’ai près de trente-quatre ans maintenant et c’est à cet âge que je mourrai » ), et rappelle la présence dramatique de la mort avec la répétition du verbe mourir. L’emploi dans la même phrase de l’adverbe temporel « maintenant » et du futur de l’indicatif donne l’impression d’une distorsion temporelle, d’une énigmatique prescience. Le vers de quatre syllabes « l’année d’après » revient de manière anaphorique dans la tirade et vient rappeler l’action du destin. On comprend en effet que la fatalité dans cette pièce a le visage de la maladie. Jean-Luc Lagarce prend soin de préciser l’âge des personnages. Si la liste des personnages informe que Louis a 34 ans, Louis précise dans le prologue qu’il a « près de trente quatre ans » . Or cet âge n’est pas anodin. Louis va bientôt dépasser l’âge de 33 ans, celui de la mort du Christ. La répétition de « l’année d’après » peut ainsi signifier que Louis ne mourra pas à l’âge du Christ, mais l’année d’après, à 34 ans. La référence à cet âge symbolique peut être vue comme une marque d’ironie tragique. En effet, la mort du Christ est suivie de la Résurrection, mais dans cette pièce, pas de résurrection possible pour Louis. Seul l’attend un face-à-face inéluctable avec un destin destructeur. Le temps est la véritable force tragique de cette pièce. Ainsi, le champ lexical du temps (« Plus tard », « année », « ans », « nombreux mois » , « fini ») montre l’implacabilité d’un temps dévorateur qui accule Louis à la mort. Le temps se dérobe à la connaissance et à la maîtrise comme l’indiquent les didascalies initiales (« Cela se passe (…) un dimanche, évidemment, ou bien encore durant près d’une année entière ». Face à cette mort, Louis confie avoir été gagné par l’immobilité : « j’attendais » « ne rien faire« , « à peine« , « imperceptiblement« . Le personnage, dans l’antichambre de la mort, est déjà gagné par une immobilité funeste. Il est habité par la négativité comme le suggère le champ lexical de la négation : « ne rien faire, à tricher, à ne plus savoir, sans espoir jamais» , la négation « ne plus » et « sans jamais » indiquant un temps fermé, un monde clos. Le temps est évoqué comme un ennemi dangereux : « danger », « extrême », « violent », « réveillerait l’ennemi », « détruirait » . L’anaphore « l’année d’après » vient perturber la syntaxe de la tirade et transforme toutes les phrases de Louis en anacoluthe* (*rupture syntaxique dans une phrase). La maladie et la mort sont comme un parasite qui vient s’incruster dans la phrase et empêcher tout sens, toute parole. La répétition de « malgré tout » suggère un retournement de situation : Louis décide finalement de mener un combat contre la maladie et la mort en revenant dans sa famille.
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