Télécharge groupements poemes amour seconde français et plus Lectures au format PDF de Français sur Docsity uniquement! Le bonheur de l’amour Groupement de textes complémentaire Texte 1 : Victor Hugo, « Puisque j'ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleine », Les Chants du crépuscule (1835) Puisque j'ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleine ; Puisque j'ai dans tes mains posé mon front pâli ; Puisque j'ai respiré parfois la douce haleine De ton âme, parfum dans l'ombre enseveli ; Puisqu'il me fut donné de t'entendre me dire Les mots où se répand le cœur mystérieux ; Puisque j'ai vu pleurer, puisque j'ai vu sourire Ta bouche sur ma bouche et tes yeux sur mes yeux ; Puisque j'ai vu briller sur ma tête ravie Un rayon de ton astre, hélas ! voilé toujours ; Puisque j'ai vu tomber dans l'onde de ma vie Une feuille de rose arrachée à tes jours ; Je puis maintenant dire aux rapides années : - Passez ! passez toujours ! je n'ai plus à vieillir ! Allez-vous-en avec vos fleurs toutes fanées ; J'ai dans l'âme une fleur que nul ne peut cueillir ! Votre aile en le heurtant ne fera rien répandre Du vase où je m'abreuve et que j'ai bien rempli. Mon âme a plus de feu que vous n'avez de cendre ! Mon cœur a plus d'amour que vous n'avez d'oubli ! Texte 2 : Jacques Prévert, « Le jardin », Paroles (1945) Des milliers et des milliers d'années Ne sauraient suffire Pour dire La petite seconde d'éternité Où tu m'as embrassé Où je t'ai embrassée Un matin dans la lumière de l'hiver Au parc Montsouris à Paris À Paris Sur la terre La terre qui est un astre. Texte 3 : Paul Eluard, « Tu es venue… », Le Phénix (1951) Trois ans après le décès de sa compagne Nusch, Eluard vient de faire la connaissance de Dominique. Tu es venue le feu s'est alors ranimé L'ombre a cédé le froid d'en bas s'est étoile Et la terre s'est recouverte De ta chair claire et je me suis senti léger Tu es venue la solitude était vaincue J'avais un guide sur la terre je savais Me diriger je me savais démesuré J'avançais je gagnais de l'espace et du temps J'allais vers toi j'allais sans fin vers la lumière La vie avait un corps l'espoir tendait sa voile Le sommeil ruisselait de rêves et la nuit Promettait à l'aurore des regards confiants Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard Ta bouche était mouillée des premières rosées Le repos ébloui remplaçait la fatigue Et j'adorais l'amour comme à mes premiers jours.