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Guillaume APOLLINAIRE, « Les colchiques », Alcools (1913)., Schémas de Poétique

Guillaume APOLLINAIRE, « Les colchiques », Alcools (1913). Parcours : Modernité poétique ? Introduction. En vérité, Apollinaire n'a ...

Typologie: Schémas

2021/2022

Téléchargé le 08/06/2022

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Alexie_93 🇫🇷

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1 1 LPB/ 1 Guillaume APOLLINAIRE, « Les colchiques », Alcools (1913). Parcours : Modernité poétique ? Introduction En vérité, Apollinaire n’a réellement finalisé et coordonné que deux recueils strictement poétiques : Alcools (1898-1913) publié au printemps 1913 et Calligrammes, Poèmes de la paix et de la guerre, 1913-1916, publié fin 1918. Souvent réduit à un manifeste de la Modernité, Alcools se présente plutôt comme une suite de tableaux variés, plus ou moins légendaires, plus ou moins naturalistes, plus ou moins innovants. Un poème « classique » ? De la cinquantaine de poèmes d’Alcools, « Les colchiques » est avec « le Pont Mirabeau », « Zone » ou « Nuit rhénane » est un des plus connus. Sa notoriété persistante et son succès jamais démenti interrogent déjà, tant le poème semble cumuler les handicaps a priori : · Il n’est pas situé à une borne du recueil (à « Zone » l’ouverture, à « Vendémiaire » la clôture du recueil) et n’arrive qu’en 4e position, · Il n’est, contrairement à « la Chanson du mal-aimé », « La maison des morts » ou « Le voyageur », guère long (15 vers). · Contrairement à « Annie », « A la Santé » ou « Poème lu au mariage d’André Salmon », d’apparence autobiographique dès le titre, il ne mise pas sur la curiosité d’un lecteur désireux de vérifier que « chaque poème est la commémoration d’un événement de [sa] vie » ; · Enfin, le colchique, fleur champêtre sans charme ni grâce particuliers, ne se manifeste pas dans la grande tradition littéraire qui a pu faire vivre des roses ou des lys dès Clément Marot. Pourquoi nous fascine-t-il ? Que nous dit-il sur nous, cœurs humains, qui traverse si bien les âges ? Les trois mouvements du poème Le poème compte 15 vers apparents, disposés en trois strophes successives : un septain, un quintil et un tercet. Le lecteur repère aisément les trois phase de cette nature quasi morte : ▪ Vers 1 à 7, la scène de pâturage dans le pré où fleurissent les colchiques, images des yeux de la muse, ▪ Vers 8 à 12, l’image d’une enfance turbulente qui vient déranger le paysage mélancolique, ▪ Vers 13 à 15, la fin du pâturage et le départ du troupeau vers un ailleurs très incertain. Les trois strophes qui portent ces trois mouvements successifs permettent une scénarisation d’un épisode a priori banal de la vie rurale : la scène figée, la scène dérangée, la scène achevée. Cette chronique de la vie aux champs et de l’usage pastoral serait presque conventionnelle s’il n’y avait pas d’une part le choix d’une fleur anodine et toxique, et d’autre part, l’insertion, marquée du blason féminin (autour des yeux). La première histoire racontée est déjà là : les rythmes ancestraux et les usages poétiques bien connus (comme le blason) loin d’être sécurisants, se laissent durablement troubler par la jeunesse et le paradoxe. Ou alors, c’est que le paradis n’en a jamais été un. Premier mouvement (v. 1- 7) Le poème qui ne fait que passer en quinze vers installe le lecteur dans un paradoxe : installer une scène, est- ce pour autant arrêter le temps ? LPB/ 2 Le lecteur est invité à observer une scène bucolique, ainsi fixée par le présent de vérité générale (« le pré est vénéneux mais joli en automne » avec un cadre spatio-temporel aisément imaginable car suffisamment indistinct pour être généralisable au point que le poète prenne pour acquise cette identification instantanée des éléments par un lecteur averti : « le pré », « le vaches », « le colchique ». Le lieu « y » (v.2) renvoie au « pré » du vers précédent, tandis que le temps est indiqué dès la clôture du premier vers : « en automne ». Le lecteur identifie très vite la tonalité mélancolique de la scène avec l’automne qu’il a déjà vu chez Hugo, Baudelaire1 ou Verlaine2. Mais plus encore, l’automne, motif saisonnier propice aux comparaisons à peine voilées (le repli, la fin et la mort) s’affirme comme un repère sûr dans le recueil Alcools : l’automne passera plus loin dans le recueil, du statut de circonstance à celui de rôle-titre du poème : « Dans le brouillard s’en vont un paysan cagneux / Et son bœuf lentement dans le brouillard d’automne […] ». De l'automne censé clôturer un cycle (celui de la vie en extérieur et de la floraison), Apollinaire va faire l’occasion de questionner le lecteur sur la continuité et le cheminement qu’il est prêt à se donner dans le recueil ; de même que le poème final «Vendémiaire » (autre variation saisonnière) débute crânement par une adresse aux « hommes de l’avenir », l’automne ici n’est déjà plus le ressassement spleenétique puisqu’il génère son propre cycle et s’avère susceptible de mener le lecteur plus loin au travers du recueil. v. 1-3 L’installation du lecteur dans cette scène est d’autant plus audacieuse qu’elle propose au lecteur un cadre qui ne se donne même pas la peine d’être au moins, un peu idyllique, pas même au début du poème : les contradictions se multiplient, avec le cumul de l’antithèse « vénéneux » / « joli » à l’opposition explicite, marquée par la conjonction adversative « mais » du vers liminaire, jusqu’à la fin du septain où « ma vie » et « s’empoisonne » se postent aux deux bornes du vers 7. La toxicité est inévitable et s’inocule dans les vers par les allitérations : le « v » de « vénéneux » (v.1) se retrouve dans les « vaches » ou « violâtres », tandis que le poison suggéré par l’allitération en -p- gagne lui aussi cette strophe, avec la répétition du verbe « s’empoisonner » (v. 3 et v.7) mais pire encore, la prédestination des troupeaux qui « paissent » ainsi que la fatalité, qui condamne l’issue dans « pour tes yeux ». Le poison est loin d’avoir circulé de façon accidentelle : il était attendu et tracera, quoi qu’il arrive, sa funeste route. v.2-3 Le poème se présente comme un ensemble morcelé de quinze vers qui ne correspond à aucune structure répertoriée de la versification classique. Pourtant, le lecteur repère que les vers 2 et 3, suite de deux hexamètres, peuvent s’assembler et former alors un seule et même vers, et ce, dans LE mètre majeur de la poésie française : un alexandrin. Alors le poème devient un sonnet. On sait que le poète a refusé au poème sa physionomie traditionnelle en le remaniant, in extremis. Le poète a volontairement dérangé et disloqué son sonnet : preuve de modernité, ou preuve par l’exemple que modernité (15 vers) et convention (14 vers) sont intimement liées, l’une n’étant que la version préparatoire de l’autre. Le lecteur comprend que la modernité n’est pas si moderne et la tradition pas si traditionnelle au sens où la modernité (15 vers) tient à une dislocation tandis que la tradition n’est jamais que de la modernité qui s’ignore, à la merci d’un léger réajustement de dernière minute. D’où l’on déduit que la modernité est aussi hasardeuse que la tradition est provisoire. Vers 4-7 1 C’est le « glorieux automne » de « Chant d’automne » chez Baudelaire. 2 C’est la « feuille morte » qui clôt la Chanson d’automne des Poèmes saturniens LPB/ 5 « doucement », « abandonnent », « grand », « lentes »). Si la nasalisation est d’une utilité rythmique immédiate (elle allonge le son vocalique, elle le fait même résonner), elle pose également la question de la nature, non pas immuable mais transformable, révisable des choses ; dénaturer ou recycler ? Le son nasalisé constitue-t-il un mauvais doublon du son initial ou bien une nouvelle proposition sonore ? Cette nouvelle proposition doit-elle être considérée comme une corruption du son premier ou bien comme sa chance, en ce qu’elle le fait permet à la voyelle de départ de se donner de nouvelles expressions ? Vers 14-15 Le dernier tercet se présente souvent comme l’occasion d’apprécier dans ce qui est/peut-être/aurait dû/aurait pu être un sonnet, selon le degré de subversion ou la tradition que revendique le poète. En considérant les contraintes que nous devons à la Renaissance, et par exemple l’alternance des rimes masculines/féminines, au fil du poème pris dans son intégralité, Apollinaire respecte bien les principes ronsardiens. Sa gestion du schéma rimique est plutôt marotique (les rimes plates l’emportant sur le croisement dans les tercets)1. Si l’on ramène le poème à 14 vers, on obtient pour nos tercets restants : CCD DAA, ce qui ne correspond ni tout à fait à un sonnet français ni tout à fait à un sonnet anglais (avec la rime plate du distique final). Pour le dire autrement, Apollinaire garde du sonnet français la rime plate du premier tercet, et la rime finale suivie du sonnet marotique ou même du sonnet anglais. Si l’on devait remonter à un sonnet, il faudrait de ce fait forcément en accepter le caractère irrégulier et plus particulièrement hybride. C’est peut-être si l’on garde les 15 vers que la proposition d’Apollinaire se précise le mieux : en maintenant les 15 vers tels qu’Apollinaire a choisi de les publier, on relève sur l’ensemble du poème : ABACCAACC DDB BAA. Le résultat pour notre fin de poème est qu’on y obtient encore moins d’alternance sonore qu’en considérant un sonnet à 14 vers : le sonnet moderne (qu’on le tienne pour sonnet classique pourvu d’un vers médaillé ou bien pour un quinzain) se traduit par 15 vers avec des rimes majoritairement plates, c’est-à- dire dont le comportement sonore tient davantage de la duplication (facile et lancinante) que de l’alternance (virtuose et mélodique). Les suites de rimes suivies que nous obtenons en fin de notre poème démontrent que le schéma irrégulier auquel nous sommes confrontés ne procure pas plus de liberté que le sonnet ancien que l’on aurait mis à jour (14 vers mais avec des sons mieux répartis, enchevêtrés et variés). Une lecture pessimiste (tenant compte aussi des relents lexicaux de la première à la dernière strophe du poème) nous ferait déduire qu’à un passé douloureux aura succédé un présent fataliste. Conclusion : pas manifeste mais mode d’emploi Pour quel lecteur ? « Les colchiques » continent de fasciner plusieurs types de lecteurs. Il y a les lecteurs nostalgiques des audaces hugoliennes puis baudelairiennes où déjà les « orties » et les « fleurs du mal » promettaient un charme sinon toxique du moins dissuasif. Il y a les lecteurs sensibles aux refrains et rengaines mélancoliques qui seront heureux sans doute de retrouver un système analogique similaire dans « Clotilde » : « L’anémone et l’ancolie / Ont poussé dans le jardin / Où dort la mélancolie… ». Il y a les lecteurs curieux d’innovations formelles, heureux de retrouver ici un sonnet-laboratoire, comme il l’a déjà été pour Marot ou Ronsard, et comme il le sera encore pour les OuLiPiens. Quel est alors l’apport spécifique d’Apollinaire avec « Les Colchiques » ? Apollinaire met ici au point une esthétique manifestement hybride, un classicisme génétiquement modifié en puisant, sans trop s’en cacher, jusqu’aux origines de la codification française du sonnet (avec la relecture du sonnet marotique) mais aussi, 1 A croire que la langue française, moins naturellement mélodique, disposant d’une palette prosodique moins large, cède plus facilement aux échos finaux, plus simples à générer et donnant quelque chose d’artificiellement martelé : moins propice aux sonnets lyriques mais qui peut expliquer l’emploi assidu du sonnet à des fins satiriques dans la poésie française. LPB/ 6 sur un tout autre plan, en renouvelant la mélancolie verlainienne. Le lecteur pourrait se sentir tenu de choisir son camp, que ce dernier soit sonore (le sonnet résonne-t-il ou dissone-t-il ?), stylistique (les répétitions en sont-elles ?), esthétique (le poème est-il conventionnel ou subversif ? Bucolique ou morbide ?) ou même philosophique (le paysage ici est-il trivialement physique ou bien parle-t-on d’un paysage mental et métaphysique ?). Pourtant, le lecteur peut aussi refuser de s’engouffrer dans une impasse sèche, et peut choisir d’accepter une troisième voie1 : l’étrange et le « bizarre » baudelairiens2 auxquels répond, chez Apollinaire « l’inattendu », moins d’ailleurs pour échapper au réel que pour rendre compte de (toute) sa « vérité » 3 et sans renoncer à la tradition poétique ; Apollinaire a même précisément nommé cette marge d’action inédite qui ne manque pas de se nourrir, paradoxalement, de la tradition ainsi que de la convention, parlant de « liberté encyclopédique ». Charge au lecteur de s’en emparer, s’il le veut. Une poésie anti-horaire C’est bien-sûr la définition-même de la poésie qui est alors engagée, trop pensée comme une chronologie arrêtée (à ses deux termes, d’ailleurs) avec notamment son point zéro et sa tradition ; or la référence à Clément Marot, revendiquée par Apollinaire4, montre bien que le destin naturel des subversifs (et notre Virgile français l’a été au plan formel) est bien d’être incorporé par leurs successeurs, de sorte que les modernes d’hier sont les classiques d’aujourd’hui ou de demain. L’emploi unique (dans toute la poésie apollinarienne, dans un vaste herbier pourtant) du colchique à la floraison atypique5, surnommé filius ante patrem (ce qui, dans notre poème, devient : « des mères/ Filles de leurs filles ») révèle sa véritable vocation : il relève moins de la trouvaille stylistique que l’on devrait à un féru de manuels et ouvrages de vulgarisation (Apollinaire, autodidacte, porte certes en lui cette dimension de compilateur) que d’un programme esthétique qui se dévoile subtilement et progressivement (patiemment, même) : il ne pouvait pas être propulsé comme manifeste en tête du recueil, rôle assuré par « Zone ». A un cheveu de passer inaperçu entre deux poèmes longs, « Les colchiques » n’est que le quatrième poème, intercalé entre « La chanson du mal-aimé » et « Palais ». Tel un Orphée retournant à des profondeurs généreuses mais difficiles, le lecteur est invité à remonter le fil du temps au fur et à mesure de sa découverte du recueil Alcools : de « Zone » au « Pont Mirabeau » (publiés pour la première fois en revue, en 19126) à « La Chanson du mal-aimé » (19097) aux « Colchiques » (19078) à « Palais » (19059) … La lecture proposée par le poète promet10 alors d’être spéléologique, mystérieuse et, en cela, poétique. 1 « Son immatriculation », indique Baudelaire, terme intéressant puisqu’il atteste de la compatibilité de la nouveauté avec la tradition et la convention, et de son inclusion dans les « rails », précise le poète. 2 Exposition universelle (1855). 3 « Conférence sur l’Esprit nouveau » (26 novembre 1917, Paris, théâtre du Vieux-Colombier). 4 Dans sa conférence sur l’Esprit nouveau de 1917, Apollinaire déclare sans ambages assumer et Marot et Villon. 5 Le colchique fleurit en pleine période hivernale, bousculant alors l’habituel calendrier botanique (où à la germination printanière succèdent l’éclosion et la floraison printanières voire la fructification estivale). Le colchique n’est pas la seule fleur à floraison automnale ou hivernale, mais il combine cette particularité à un autre intérêt aux yeux d’Apollinaire : il est toxique autant que guérisseur (le colchique présente des propriétés curatives en tant qu’anti- inflammatoire, par exemple) ; à ce titre, il est l’exemple rêvé du pharmakon grec, à la fois poison et remède (comme l’amour, peut-être ?). 6 Dans Les Soirées de Paris en décembre 1912 pour « Zone » et février 1912 pour « le Pont Mirabeau ». 7 Le Mercure de France (mai 1909). 8 La Phalange (novembre 1907). 9 La Revue littéraire de Paris et de Champagne (novembre 1905). 10 « Promet » (seulement), puisqu’avec Apollinaire, les systèmes mis en place sont vite caducs. L’ordre des poèmes changera en effet de mode opératoire très vite : les habitudes sont faites pour être défaites, preuve par l’exemple. Les colchiques Un questionnement à ciel ouvert Poème parmi les plus fameux du recueil : fulgurant et fascinant. Etude préparatoire: la construction progressive du sens au fil des différentes hypothèses de lecture. / LPB Un poème qui déborde de lui-même ● Précédé par une antériorité sous-jacente, une impression de déjà-vu qui dilate l'espace imaginaire et mémoriel dans lequel s'inscrit notre poème = pose la question du périmètre, des limites (de la zone au sens de « ceinture/jointure ») ● Au niveau local immédiat, écho avec « Clotilde » (l'anémone et l'ancolie/mélancolie) qui n'est pas loin ; ● A l'échelle du recueil avec le réseau floral (les « roses », le « lys » = tout un champ référentiel botanique à valeur symbolique tissé par Apollinaire) ; ● et au-delà de notre poème, écho évident du « pré vénéneux » aux fleurs maladives/Fleurs du mal de Baudelaire (Apollinaire travaillait à une édition critique des Fleurs du mal à sa mort) etc. On peut ainsi multiplier les cercles ou cernes concentriques. / LPB Projet de lecture 1: le charme de l'antithèse D'un côté des images et recours lyriques : ● ● ● ● ● blason (œil), Je (vers 7) /tu (vers 5) (« tes yeux »), La nature en poésie « pré », « fleur », « colchique », vs la mort Images de la toxicité « vénéneux », suggestion de la mort (euphémisme « automne »), connotations négatives (« mal fleuri ») et la disparition (réduction strophique) => impression d'une relecture effrontée, moqueuse de la tradition lyrique / LPB Projet de lecture 2 : l'ancien vs le moderne ● Ajout d'un quinzième vers par éclatement des vers 2 et 3 « Les vaches y paissant / Lentement s’empoisonnent » tel que l'alexandrin initial devient deux hémistiches (ou plutôt, les deux hémistiches deviennent deux hexamètres)= changement de statut (deux parties deviennent deux entités autonomes) = problème que l'on avait déjà dans le décompte des poèmes (du rapport partie/tout). ● Cela fait du sonnet, forme fixe bien répertoriée et connue, une strophe bizarre et bancale de 15 vers (qui ne correspond à rien de conventionnel) => la nouveauté tient à peu de choses et que l'ancien (la convention, la norme), à l'inverse, est heureusement vite révisable = réversibilité aussi terrifiante que séduisante. / LPB Projet de lecture 5 : Gains et pertes ● Le poème mise sur la répétition : les termes « pré », « automne », « vaches », « lentement », « s'empoisonner », « colchique », « fille », « fleur » sont repris. = le recyclage lexical renvoie aux pensées ressassées. Cela semble corroboré par le présent, à ceci près que l'on passe d'un présent figé (de vérité générale « est joli en automne », ) à un présent ponctuel, d'énonciation (« abandonnent pour toujours »). Si l'on ● admet qu'il y a réplique, le poème semble circulaire (le cerne = le cercle), i.e. claustrophobique. En vérité, ce n'est pas une simple duplication : pré => grand pré ; le colchique = les colchiques, cette fleur => les fleurs. Il y a donc majoration et amplification (même dans un poème qui semble se réduire). / LPB (suite) La cascade comparative : ● ● métaphore ? antépiphore ! Roulis analogique du poème qui tout entier bâti sur une métaphore filée, le problème étant surtout : où est le comparant, où le comparé ? Qui est le référent de l'autre ? On assiste à plusieurs révolutions au sens littéral: Aux vers 4-6: « le colchique - tes yeux cette fleur-là comme leur cerne » = impression d’entrelacs mais aux v. 12-14 : « les colchiques couleur de tes paupières / tes paupières / comme les fleurs ... » : l'analogie ne sert plus à se déporter, et à se déplacer (principe de la métaphore) mais à revenir au référent initial, ce qui éclaire sous un nouveau jour l'image (au plan botanique certes explicable) des « mères filles de leurs filles » qui pose aussi la question de l'origine. / LPB Conclusion (?) ● Et si le poème racontait, par un question des apparences et des évidences, le besoin de revenir à un état de nature mais pas de nature sociale ou biologique, mais bien un état de nature narratif, quasi mythique : revenir au début de l'histoire, en remonter le cours pour la réécrire, avec de nouveaux yeux, de ● nouvelles dimensions. Peut-être une pure illusion. Mais cela vaut sans doute la peine de retenter une requalification du colchique de Médée : tò pharmakon, le poison mais aussi... le remède. / LPB
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