Jacques Prévert, « Barbara », Paroles: analyse, Lectures de Poésie

Télécharge Jacques Prévert, « Barbara », Paroles: analyse et plus Lectures au format PDF de Poésie sur Docsity uniquement! CORRECTION DU COMMENTAIRE : Jacques Prévert, « Barbara », Paroles, 1946. Quelques rappels sur l’exercice du commentaire : — Commenter un texte, c’est l’expliquer, c’est-à-dire comprendre comment il est structuré, saisir son sens général et ses enjeux, mais c’est aussi analyser le style de l’auteur. — C’est un exercice d’argumentation, structuré à partir du parcours de lecture proposé par le sujet, soit deux parties ; elles-mêmes organisées en sous-parties pour indiquer la progression de chacun des axes. — Le plan ne figure pas sur votre copie, seule la mise en page de votre commentaire intégralement rédigé l'indique (alinéas, paragraphes, sauts de ligne, transition entre les deux parties). — Vous devez proposer une problématique, sous forme de question, qui formule le projet de l’auteur et soit le fil conducteur du commentaire. — Prenez enfin le temps d'examiner méthodiquement l’ensemble du texte pour éviter de proposer un commentaire partiel, superficiel ou trop rapidement exposé. Il s’agit bien de repérer des choix d'écriture, de proposer des citations et de les expliquer pour montrer l’effet recherché. Jacques Prévert, Paroles, 1946, « Barbara ». . Le poème en vers libres proposé à votre étude a été écrit dans un contexte de guerre (date de publication du recueil : 1946). . Le poète l’intitule « Barbara » en hommage à une jeune femme rencontrée par hasard, dans la ville de Brest, avant la guerre. Le poète connaît son prénom, crié par le jeune homme qu’elle venait rejoindre ce jour-là. Témoin de cette scène de rencontre amoureuse, le poète se remémore les circonstances et les évènements qu'il retrace en détail (dimension narrative du poème) en une scène qu’il rend vivante et bouleversante grâce à la précision du souvenir. . Il évoque ce souvenir lumineux avec nostalgie car depuis, la guerre a imposé son cortège de destruction et de d’horreurs (bombardements), métamorphosant la ville de Brest et faisant disparaître toute forme de beauté et de bonheur. . La simplicité du poème, adressée comme une lettre à Barbara, ne doit pas vous conduire à le lire trop vite. Il fallait bien distinguer la voix et la présence du poète dans son texte et celle du couple d’amoureux qu'il évoque avec tendresse. . Poème lyrique (thème de l’amour heureux) et tragique (réquisitoire contre la guerre) qui en fait un poème engagé, bouleversant, suscitant diverses émotions. Problématique proposée : Comment Jacques Prévert dénonce-t-il la guerre dans ce poème lyrique et tragique à la fois ? Parcours de lecture : 1) Le souvenir heureux d’une rencontre amoureuse. 1. Uneinvitation à revivre un moment heureux. 2. L’évocation du souvenir : l’apparition lumineuse de Barbara. 3. Une scène de rencontre amoureuse émouvante. 11) La dénonciation de la guerre. 1. La réalité de la guerre évoquée dans la seconde partie du poème. 2. La rage et le désespoir du poète engagé. Rédaction du commentaire En 1946, Jacques Prévert publie un recueil de poèmes sous le titre de Paroles. Pacifiste convaincu, il met sa poésie au service des valeurs humanistes qu’il défend avec d’autant plus de passion qu’il est confronté à la tragédie d’une seconde guerre mondiale particulièrement destructrice. Dans ce contexte de guerre et de malheur, il écrit en vers libres, un poème bouleversant en hommage au bonheur et à l’amour incarnés par une jeune femme, « Barbara », qu’il croisa par hasard rue de Siam, à Brest, avant que les bombardements ne détruisent la ville. Comment Jacques Prévert dénonce-t-il la guerre dans ce poème lyrique et tragique à la fois ? Pour répondre à la problématique, nous évoquerons tout d’abord le souvenir heureux d’une rencontre amoureuse, puis nous étudierons la manière dont le poète dénonce la guerre dans son texte. Dans la première partie du poème, l’auteur fait revivre le souvenir heureux d’une rencontre amoureuse, En effet, dès le premier vers, le thème du souvenir est suggéré par le verbe « Rappelle-toi » associé au prénom Barbara qui donne son titre au poème. L’insistance de l’anaphore utilisée à sept reprises souligne à quel point ce travail de mémoire est essentiel aux yeux du poète puisqu'il s’agit de faire revivre un épisode du passé, comme le montrent les verbes conjugués à l’imparfait de l'indicatif, un épisode dans lequel Barbara joue le rôle principal. Tutoyée, invitée à se souvenir de ce moment particulier, vécu « ce jour-là » (v.2 et v.15), elle est interpellée par le poète qui s'adresse à elle en recréant un lien de proximité entre eux : « Et je t'ai croisée rue de Siam / Tu souriais / Et moi je souriais de même » (v.8-10). Les pronoms personnels, les indices d’énonciation proposés par les indications de temps et de lieu situent précisément la scène dont il veut faire revivre les circonstances évoquées par la reprise du vers : « Il pleuvait sans cesse sur Brest » (v.2 et v.7). À la manière d’une incantation magique, il faut ouvrir les portes du souvenir heureux, les formules « Rappelle- toi » et « N'oublie pas » sont reprises pour conjurer la disparition du passé et exhorter Barbara à remonter le cours du temps pour revivre un moment heureux. Le poète et Barbara ne se connaissaient pas comme le précisent par un parallélisme de construction les deux vers : « Toi que je ne connaissais pas / Toi qui ne me connaissais pas » (v. 12 et 13) ; tout comme le confirment les deux vers suivants : « Je dis tu à tous ceux que j'aime / même si je ne les ai vus qu’une seule fois » (v.25- 26). La rencontre est cependant déterminante pour le poète qui voit marcher « sous la pluie » (v.5) une jeune femme « souriante / épanouie, ravie, ruisselante » (v. 3-4), l'accumulation des adjectifs qualificatifs suggérant la beauté de cette apparition et l’image de bonheur qu’elle incarne alors. La reprise du verbe « sourire » aux vers 9 et 10 le montre aussi puisque son sourire radieux se communique au poète qui la regarde évoluer. Le bonheur si simple et si évident personnifié par la jeune femme se transfuse à tout ce qui l’entoure. Le poète sourit à son tour, la pluie, si fréquemment évoquée dans ce début de poème, est personnifiée en une « pluie sage et heureuse » (v.31) et la ville elle-même est « heureuse », à la manière d’un paysage reflétant un état de l’âme. Le bonheur de Barbara, si manifeste sur « [s]on visage heureux » (v.32) transforme tout autour d’elle qui « marchailt] souriante » (v.3), « sous la pluie », « ruisselante », indifférente au fait qu’il « pleuvait sans cesse sur Brest », « ce jour - là » (v.2 et v. 7), l’allitération en [s] soulignant l'harmonie communicative entre la pluie et le bonheur ressenti. Dans ces circonstances, la description lumineuse de la jeune femme montre à quel point son apparition est restée gravée dans la mémoire du poète, fasciné par l’image de bonheur qu’elle renvoie. La restitution du souvenir se poursuit par le récit de la rencontre amoureuse dont il est témoin. Conduite à l’imparfait descriptif puis au passé composé, la scène est revécue dans toute son intensité au fil des évènements rapportés. La reprise de la conjonction de coordination « Et » en ouverture des vers 18,20 et 22 montre à quel point sa mémoire est précise et le souvenir vivace. Les verbes d'action comme « a crié », « as couru », ««t’es jetée » évoquent l'émotion des retrouvailles entre les amants dans une évocation qui relève du procédé de l’hypotypose. La scène, frappante par sa beauté et son lyrisme, est restituée de manière vivante par les images fortes que le récit propose, et les sons qu’il convoque en rappelant le cri lancé par l’homme qui appelle « Barbara ». C’est une scène de rencontre amoureuse qui a bouleversé le poète proche de « tous ceux qui s'aiment » (v.27) au point de les tutoyer et d’en faire des symboles de l’amour et du bonheur. Mais le motif de la « pluie sage et heureuse » (v.31) va céder la place à un paysage de désolation dans la seconde partie du poème consacrée à la dénonciation de la guerre. > GRILLE D'ÉVALUATION DE LA CONTRACTION DE TEXTE Mise en évidence de la thèse du texte Mise en évidence des arguments Exemples : suppressions des ex. illustratifs / maintien des ex. argumentatifs Absence d'ajouts aux idées du texte Respect de la structure du texte initial Respect de l’énonciation du texte initial Soin des enchainements logiques (connecteurs, progression du texte) Reformulation : lexique précis et approprié Reformulation : syntaxe Langue correcte : orthographe et syntaxe Alinéas Respect de la contraction au quart Indication nombre de mots et barres tous les 50 mots CORRECTION DE L'ESSAI > ANALYSE DU SUJET : ° Thème :les voyages + Termes du sujet - Voyages : déplacement dans une autre contrée (région, pays, continent). Notion de transport et de découverte d’un lieu et d’une population, d’une culture. Ici au pluriel > cela invite à penser différentes formes de voyage, ou simplement cela donne un aspect plus général à la notion de voyage. Le voyage peut aussi se faire en pensée, en lisant un récit de voyage, virtuellement (par un film, un documentaire, par une visite virtuelle en ligne...). - Vision du monde : façon de se représenter l'humanité, façon de penser, compréhension, interprétation des sociétés, du fonctionnement des peuples, de la planète... Cela peut toucher de très nombreux domaines : politique, social, moral, philosophique, scientifique... - Notre : valeur généralisante. || faut donc se questionner soi-même, mais élargir à ceux qui sont proches de nous (géographiquement, dans leurs manières de penser), ou éventuellement à ceux qui sont éloignés : nous signifie alors tous les êtres humains. - Changer : modifier légèrement ou totalement, transformer ou bouleverser. ° Formulation de la question : pas de mot interrogatif, question à laquelle on peut répondre oui, ou non. Plan au choix, qui peut envisager des éléments de réponse positifs et/ou négatifs. ° _ Reformulation du sujet : Voyager permet-il de modifier ses façons de penser ? Voyager modifie-t-il notre regard sur l’homme et le monde ? Transforme-t-on ses convictions en rencontrant de nouvelles terres ? > PROPOSITION DE PLAN DÉTAILLÉ : L Les voyages peuvent modifier nos représentations du monde : 1) Les humanistes, puis les philosophes des Lumières, affirment que la rencontre d’autres cultures renversent nos préjugés. Par exemple, dans « Des cannibales » de Montaigne, le préjugé selon lequel les peuples primitifs seraient des sauvages est détruit sitôt que l’on a la possibilité de Voyager à leur rencontre, réellement ou par l'intermédiaire d’un témoin authentique (« Il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation »). 2) En effet, lorsqu'on voyage, on découvre ce que l’on ne pouvait connaître que par idées reçues. Dans un univers que l'on ne connaît pas, l’on est obligé de tout réapprendre, on ne peut pas compter sur ses habitudes. Qu'il s'agisse de la langue ou des usages, rien ne va de soi : cela rend humble et conduit à une disposition d’esprit plus ouverte et accueillante. Par exemple, lorsqu'on Voyage, on va davantage vers les autres pour solliciter leur aide, et l'on communique avec eux pour comprendre comment se déplacer, trouver telle ou telle ressource. 3) Inversement, le regard extérieur des voyageurs chez nous modifie notre vision de notre propre environnement. Par exemple, quand Diderot fait parler un vieillard tahitien dans le Supplément au voyage de Bougainville, ou quand Didier Daeninckx, dans son roman Cannibale, fait raconter l'exposition coloniale à un kanak, l'Européen que nous sommes est confronté à un renversement de l'idéologie dominante à son époque. Il. Mais pour que ce changement ait lieu, il faut que le voyageur soit curieux, ouvert d'esprit et respectueux de l’autre : 1) Si le voyage a un objectif de conquête, comme ce fut souvent le cas dans l’histoire, il a plutôt pour bui de renforcer, d'imposer notre vision du monde que de la modifier. Par exemple, le texte de Reynaert montre combien les grandes découvertes de la Renaissance, qui ont certes déclenché des bouleversements idéologiques, sont aussi allées de pair avec la destruction de l’autre au nom d'une vision du monde européenne. 2) Risque que le voyageur ne cherche pas vraiment à rencontrer l’autre en voyageant : l'attitude habituelle consistant à rejeter les formes culturelles éloignées de celles auxquelles nous nous identifions, le voyage peut avoir pour effet, si l'on ne va pas réellement à la rencontre des autres, de confirmer des préjugés. Par exemple, les voyages organisés à l'ère du tourisme mondialisé aujourd'hui sont plutôt des occasions de récréer ses habitudes et son confort ailleurs, sans expérience authentique, comme l'écrit Jacques Lacarrière : les touristes ne changent pas leur vision du monde mais s'offrent simplement une récréation ensoleillée, et maintiennent à distance les populations locales. 3) Il faut donc que le voyageur souhaite modifier sa vision du monde, le recherche, veuille s'ouvrir et découvrir. Cela suppose donc qu'il ait des valeurs réellement humanistes (tolérance, respect d'autrui) et veuille se confronter à l’altérité pour mieux se connaître lui-même. Par exemple, Nicolas Bouvier, dans L'Usage du monde, raconte ses émerveillements durant ses voyages, et invite de même son lecteur à s'émerveiller dans une lecture qui est comme un voyage par procuration ; il affirme que voyager permet de construire son identité, de se découvrir ou se re-découvrir. Pour lui, tout voyage est d'abord un voyage à l'intérieur de soi-même. > GRILLE D'ÉVALUATION DE L'ESSAI Présentation Présentation : sauts de lignes entre parties, alinéas à chaque paragraphe Expression Langue correcte : orthographe et syntaxe Langue claire : lexique et formulation précis Argumentation Structure : introduction, développement en plusieurs parties, conclusion Structure des parties : plusieurs paragraphes Thèses pertinentes par rapport à la question posée Arguments pertinents par rapport aux thèses énoncées Construction des paragraphes : argument, explications, exemple(s) Exemples littéraires variés (dont texte de contraction) Qualité des exemples autres que littéraires Progression de l'argumentation Liens logiques explicites : transitions, connecteurs Ambpleur de l'écrit > GRILLE D'ÉVALUATION DU COMMENTAIRE Structure du Introduction devoir Développement en plusieurs parties Plusieurs paragraphes par partie Conclusion Argumentation | Thèses clairement annoncées Arguments pertinents Arguments en nombre suffisant Justification par l'analyse de procédés Emploi de connaissances sur l'objet d'étude Insertion d'exemples (citations) Progression de l'argumentation Explications développées Liens entre parties (transitions) Liens entre paragraphes Rédaction Intégration correcte des exemples dans les phrases Références des citations (v.) Syntaxe Lexique spécifique de la discipline Orthographe Présentation Lignes sautées entre parties Alinéas Écriture