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Juste la fin du monde, Lectures de Français

Juste la fin du monde explications

Typologie: Lectures

2023/2024

Téléchargé le 30/06/2024

elin-loulou
elin-loulou 🇫🇷

2 documents

Aperçu partiel du texte

Télécharge Juste la fin du monde et plus Lectures au format PDF de Français sur Docsity uniquement! « Juste la fin du monde » Jean-Luc Lagarce, 1990 Au cœur du paysage théâtral contemporain, l'œuvre de Jean-Luc Lagarce émerge tel un phare littéraire, offrant aux spectateurs et au lectorat un point de vue singulier sur la difficulté à parler de soi et de son intimité. "Juste la fin du monde est la première pièce d’une trilogie, écrite en 1990, elle constitue l'une des pièces maîtresses de cet auteur français. Cette œuvre incarne à la fois la quintessence de sa plume et un exemple fascinant de la modernité théâtrale dont font partis, notamment, Bernard-Marie Koltès ou Samuel Beckett. Jean-Luc Lagarce est un dramaturge, comédien et metteur en scène du 20ème siècle, qui malgré le succès de son travail, était de son vivant, incompris, à l’image des poètes maudits. Il a su explorer les recoins les plus intimes de la condition humaine, transcendant les conventions dramatiques classiques pour offrir une vision du monde résolument contemporaine. En effet, cette pièce nous invite à réfléchir sur le drame intime, les non-dits, les silences, et le poids des mots dans les rapports humains. Jean-Luc Lagarce raconte l’unique journée de retrouvailles entre Louis avec sa famille après 12 ans d’absence. Le protagoniste est condamné et doit annoncer la nouvelle, en vain. I. La pièce « Juste la fin du monde » est la première pièce d’une trilogie (« J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne » 1994 et « Le Pays lointain » 1995). Son écriture est caractérisée par le mélange des genres : 1/ écriture lyrique/poétique. 2/ qui doit beaucoup au théâtre classique -> personnages qui vivent des drames dignes des plus grandes tragédies antiques. 3/ écriture ironique/très directe qui dédramatise le rapport à l’attente ou à la mort. 4/ style en lien avec théâtre de l’absurde, comme chez Beckett ou Lonesco. « Familles, je vous hais » André Gide « Le grotesque renforce le tragique et réciproquement » Victor Hugo II. Les personnages Louis : Écrivain de 34 ans, revient auprès de sa famille après 12 ans (honte de sa maladie ? de son homosexualité ? perso incompris ? partis pour se construire ? besoin de distances ? souffrance de la mort/absence de son père ?) sans avoir donné de nouvelles pour annoncer qu’il est condamné et sa mort prochaine. Solitaire, il s’efface derrière les autres personnages tout en étant au centre de l’attention. C’est le frère ainé, figure du fils prodigue qui abandonne sa famille mais reste toujours accueillit. Antoine : Il a 32 ans, une femme et deux enfants, c’est le petit frère de Louis. Entre les deux frères : haine. Depuis petit, il est colérique et cherche toujours le conflit. Pourtant, c’est lui qui est le plus proche du reste de la famille Analyse : Il encaisse la souffrance causée par l’absence de son aîné, il a dû endossé le rôle du père, chef de famille (alors que c’était le petit frère) -> pas eu la liberté de quitter sa famille et s’est « sacrifié » pour sa famille (garder sa mère/sœur sous sa protection) + À peur que son frère soit au centre de l’attention -> jalousie -> (complexe Œdipien) La Mère : Veuve de 61 ans, elle ne vit plus vraiment depuis la mort de son mari et le départ de Louis. On la connaît seulement par son rôle de mère de famille (bas de prénom) -> Mère universelle. Elle néglige Antoine et Suzanne, qu’elle fait toujours passer derrière : les deux figures absentes. Catherine : Femme d’Antoine. Personnage étrange : elle parle beaucoup pour ne rien dire et augmente le malaise qui règne au sein de la famille. Elle arrive et s’aperçoit qu’il y a des secrets familiaux -> représenterait le spectateur qui est dans l’incompréhension, situation difficile… Suzanne : Elle a 23 ans et connaît très peu son frère (parti quand elle avait 6 ans). Elle veut prendre sa liberté mais elle se sent obligée de combler le vide causé par Louis en restant chez leur mère. Elle est en dehors de tous les conflits. Elle est fan de Louis -> rêve d’autonomie, désire de partir de chez sa mère (liberté). III. Résumé de l’œuvre Prologue : monologue de Louis -> Le spectateur ne sait pas s’il est face aux pensées inavouées du personnage ou s’il est mis dans une confidence faite à voix haute : Louis est le narrateur de sa propre histoire. -> Louis présente sa situation tragique et annonce sa décision de retourner au sein de sa famille pour annoncer la nouvelle de sa mort. « Ma mort prochaine et irrémédiable » Partie 1 (restituent le passé de la famille après les retrouvailles : atmosphère étrange/oppressante) : Les scènes ne se suivent pas de façon logique -> scènes balanes/scène de reproches, procès de Louis par les membres de la famille : Scène 1 : - Retrouvailles/rencontre, L ne connait pas sa famille = dysfonctionnement car c'est une situation qui aurait dû avoir lieu beaucoup plus tôt. C = mal à l'aise + A = irrespectueux (ne comprend pas pourquoi L est là), dure envers S "Suzanne, fous-nous la paix" . Scène 2 : - Conversation entre L/C > but de se rencontrer. Seul sujet = enfants de C : elle se confie aux autres mais elle manque de confiance et à peur de déranger "Je vous ennuie, j'ennuie tout le monde avec ça" - Relation C/A est complexe, A domine + LM = rôle de médiatrice. Scène 3 : - S (monologue) = Louis est parti jeune, il a des talents d'écriture. S éprouve de la déception envers lui : aurait souhaité qu’il prévienne sa venue, un sentiment d'abandon très fort. V. Thématiques 1. La crise familiale – tension et conflictualité entre les personnages La famille, en décomposition ou réconciliation ? - Milieu inquiétant -> intéressant selon JLL - JFM explore > dynamiques familiales : rancœurs accumulées dans le temps, etc. - Réunion de famille tente de mettre en évidence l’amour malgré conflits/regrets/impossibilité de revenir de réparer le passé. “Ils voudraient tous les deux que tu sois plus là, plus présent” (Partie I, scène 8, LM) - Cadre fermé, huit-clos isolé du mon extérieur. - Retrouvailles/rencontre MAIS père absent. L et A, les deux hommes de la famille, semblent vouloir s'approprier cette place du père, mais LM domine en chef de famille. - On découvre que trois hommes, de trois générations successives, portent le prénom de Louis comme dans la royauté française. La mère, dont le sentiment maternel est peu perceptible (elle a oublié la date de naissance de son fils Louis), s'apparente à une régente détentrice d'une couronne dont ses fils ne parviennent pas à se saisir. La famille est ainsi présentée comme une cour parodique. - La mère = figure maternelle universelle (pas de nom) - Les personnages se déchirent pour des futilités tout en passant à côté de l'essentiel : la mort. - Les dualités des caractères et des passions de chaque personne > tensions, malaises, conflits : foyer = champ de bataille > La crise familiale qui se déroule prend des formes diverses. Tous les personnages se disputent : Antoine et Catherine, Antoine et Suzanne, Suzanne et Catherine, La Mère et ses enfants, etc. -> JLL montre > culte de la complication, recherche de la crise pour la crise : comme si c'était la seule manière d'exister. « Ta gueule, Suzanne ! » (Intermède, scène 8, A) Le conflit, les frères ennemis - Haine, animosité, amertume, ressentiment > vocabulaire vulgaire, brusque + ton ironique (Antoine) qui accentue les tensions. - Rancœur d’Antoine dû au rôle familial qu’il a dû endossé (chez de famille à la place de Louis > irresponsabilité de Louis et manquement au rôle d’ainé). - La tension entre les deux frères relève de la rivalité fraternelle courante dans les tragédies + possible dimension symbolique, liens bibliques des figures de Cain et Abel (les premiers enfants d’Adam et Ève. Caïn aurait tué Abel parce que Dieux n’aurait accepté qu’uniquement le sacrifice d’Abel et non de son frère. Avec cet acte de jalousie, Caïn devient le premier meurtrier.) - Personnages opposés et hostiles qui ne se comprennent pas, se jugent et s’accusent. - Tout oppose Antoine et Louis qui apparaissent comme deux frères ennemis. Louis est écrivain, il a voyagé//Antoine est ouvrier, père de famille, responsable. + Louis est calme et poli//Antoine est agressif, « brutal », « désagréable » (Partie II, scène 2, C, S) -> La violence d'Antoine est particulièrement spectaculaire. - Le retour de Louis réactive chez Antoine la jalousie fraternelle, le complexe d'infériorité. Figure maternelle -> facteur de division car au centre d’un triangle Œdipien (complexe théorisé par Freud, inspiré par le drame Sophocle « Œdipe Roi », définit comme le désir d’entretenir un rapport amoureux avec le parent du sexe opposé et celui d’éliminer le parent du même sexe considéré comme rival) -> conflit car jalousie d’Antoine par crainte que Louis ne soit au centre de l’attention. - Leurs échanges dégénèrent jusqu'à la menace physique -> Antoine : « Tu me touches : Je te tue » (Partie II, scène 2, A) . - Toutefois, Antoine est perso incompris (colère = sentiment d’abandon, chagrin profond) -> tirade dans la scène 3 montre que malgré l’agressivité d’Antoine, il se sent coupable de ne pas partager l’affection qu’il porte sur Louis/lien de sang, fraternel fort. 2. « L’incommunicabilité » - l’inefficacité de la parole Les problèmes de communication , des échanges perturbés - Personnages ne parviennent pas à communiquer : malentendus, quiproquos, non-dits, incompréhension = disputes, comme l'emportement d'Antoine sur le mot « brutal » (Partie II, scène 2). - Perso ont du mal à être dans l’instant présent (d’où l’abondance du passé composé, ou du futur) -> ils communiquent toujours dans un autre temps : les souvenirs ou l’anticipation de l’avenir. - Les personnages poursuivent une quête obsessionnelle du mot exact : mais ironiquement, cette quête ne porte pas ses fruits : les personnages tournent autour du réel/important/essentiel, sans parvenir à le nommer. - Incapacité à exprimer les émotions, transmettre la mort (pour Louis), etc. -> frustration du public - Limite de la parole + volonté de dire le « vrai » sans succès : « Incommunicabilité » - Le langage est fermé sur lui-même, en forme de chiasme (A-B-B-A) « Je suis mal à l'aise/excusez-moi (...) excusez-moi/Je suis mal à l'aise » (Partie I, Scène 2). -> amène des répétitions, absurde - L'épanorthose, figure de style qui consiste à corriger ou nuancer une affirmation, est abondamment utilisée « Pour annoncer/ dire/ seulement dire » (Prologue). - Langage familier (modernité) - Les personnages comme Louis, lui-même, font souvent preuve d'ironie, par exemple lorsqu'il répond à sa famille qui lui propose de rester plus longtemps : « Mieux encore [...] je renonce à tout, j'épouse ma sœur, nous vivons très heureux » (Partie II, scène 2, L) Le jugement, Louis accusé de son absence : - Retour de Louis bouleverse > équilibre familial + réveille souffrances des membres de la famille : 1/ Pour la Mère, c'est le retour du fils prodigue, dont on n'a jamais vraiment compris le départ. 2/ Pour Antoine, c'est le retour du frère aîné rival qui réactive les complexes, les passions et la jalousie. 3/ Pour Catherine et Suzanne, Louis est un miroir qui les rappelle à la médiocrité et à la banalité de leur vie. - Procès familial fait à Louis par chaque personnage, le chef d'accusation étant sa longue absence : En témoigne le champ lexical du droit qui parsème le texte (« m'accuser », « m'accable », « droit », « juste », « crimes » ). Catherine dit elle-même : « Je ne voudrais pas avoir l'air de vous faire un mauvais procès » (Partie I, scène 6) tandis que Louis accepte d'endosser la culpabilité. - Il est manifestement accusé de s'être absenté durant douze ans. Mais ce tribunal familial juge de manière expéditive. Louis ne parvient pas à dire ce qui lui tenait à cœur et les membres de la famille préfèrent le sacrifier pour retrouver leur équilibre familial. - Dans le prénom « Louis », on peut d'ailleurs entendre le pronom « Lui », c'est-à-dire celui que l'on pointe du doigt et qu'il faut sacrifier. Louis emploie lui-même le terme « Je me sacrifie » (Partie I, scène 10) . 3. Le tragique – les crises personnels Le tragique, la fatalité, destin funeste - Mort = LE grand non-dit de ce texte : Louis est venu pour annoncer la sienne mais il repart sans avoir rien révélé. - Louis = condamné -> son retour = tentative de faire ses adieux à sa famille. La pièce explore la manière dont la mort affecte les relations et comment la proximité de la fin de la vie peut provoquer des réflexions profondes sur le sens de l'existence. - La mort de L est inéluctable, il incarne le héros tragique par excellence (personnage voué à la mort se trouvant au centre d’une situation tragique) et fait figure de « L'Homme malheureux » selon Antoine. « Ma mort prochaine et irrémédiable » (Prologue) - Temporalité incertaine (Louis dans prologue = brouillage du temps -> la mort est proche, le temps est compté pour Louis : « L’année d’après » ) - Le temps dévore les personnages : ils répètent les verbes à des temps différents comme Catherine : « Nous vous avions, avons envoyé une photographie d'elle » (Partie I, scène 2). Ces répétitions donnent l'impression que le temps se dilate/s’écoule plus lentement et échappe aux personnages. - Silence omniprésent (non-dits, etc.) montre une parenté éloignée avec le théâtre de l'absurde -> qui aliment l’attente chez le spectateur qui est déconcerté/s’interroge) - Solitude, isolement -> Chacun des personnages est profondément seul malgré leur proximité physique (foyer, huit-clos). Ils sont isolés dans leurs souffrances individuelles, incapables de se connecter réellement les uns aux autres > sentiment de perte et d'incompréhension qui imprègne la pièce. - « Juste la fin du monde » est structurée comme une tragédie avec la voix de Louis dans le prologue qui fait songer à celle d’un coriffé (tragédie antique) annonçant le destin des personnages (caractère prophétique), ainsi que leurs pensées/sentiments/ émotions - L’ironie omniprésente est un biais de démystification de la mort - JLL n'est pas sans ironie à l'égard de ses personnages, comme le souligne le titre de la pièce « Juste la fin du monde ». Alors que l'expression « La fin du monde » renvoie à
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