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«L’huître», Le Parti pris des choses, Francis Ponge, Lectures de Littérature

Typologie: Lectures

2020/2021

Téléchargé le 29/07/2021

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Sylvestre_Or 🇫🇷

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Télécharge «L’huître», Le Parti pris des choses, Francis Ponge et plus Lectures au format PDF de Littérature sur Docsity uniquement! 3° Visions poétiques du monde. « L’huître », Le Parti pris des choses, Francis Ponge Préambule Cette séance se propose de découvrir le regard personnel de Francis Ponge sur notre monde immédiat et quotidien, sa vision poétique d'objets auxquels nous ne prêtons pas forcément attention, que nous ne regardons pas précisément par habitude ou indifférence comme du pain, un cageot, des êtres vivants comme un escargot, des plantes, des saisons et donc d’une huître. Regarder et dire le monde en poésie, à travers l’étude d’un poème, « L’huître », extrait du recueil « Le parti pris de choses » ,écrit par Francis Ponge et paru en 1942, pose un regard neuf porté sur les choses banales dès lors qu’on les observe attentivement , qu’on les nomme autrement et nous interroger sur la façon dont un objet du quotidien peut-il se transfigurer grâce au travail d’un artiste sur le langage et devenir un sujet poétique. L'huître L'huître, de la grosseur d'un galet moyen, est d'une apparence plus rugueuse, d'une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C'est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l'ouvrir : il faut alors la tenir au creux d'un torchon, se servir d'un couteau ébréché et peu franc, s'y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles : c'est un travail grossier. Les coups qu'on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d'une sorte de halos. A l'intérieur l'on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d'en dessus s'affaissent sur les cieux d'en dessous, pour ne plus former qu'une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l'odeur et à la vue, frangé d'une dentelle noirâtre sur les bords. Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d'où l'on trouve aussitôt à s'orner. Etude du texte A la découverte de ce poème, quelles impressions sont les vôtres ? Quels éléments (mots, images...) ont retenu votre attention et susciter un plaisir, une curiosité de lecture et d'écoute ? Recueil des premières impressions dans un carnet de lecteur Comparons la forme du texte de F Ponge avec celle de l’huître. Que repérons-vous ou devinons-vous ? Ecrit en prose (cette forme du discours écrit ou oral qui permet de retrouver une liberté d'expression), le poème se divise en trois paragraphes dont la taille se raccourcit au fur et à mesure : le premier paragraphe est constitué de plusieurs phrases (cinq), le deuxième est une seule longue phrase, et le troisième est une seule phrase courte. Tout cela offre un ensemble approximativement égal en volume à celui du premier paragraphe, consacré à l'aspect extérieur. La progression du poème suit un ordre, en procédant de l'extérieur vers l’intérieur et du général vers le particulier : le premier paragraphe décrit l’huître close, son apparence, la façon de l’ouvrir, puis les deuxième et troisième paragraphes sont consacrés à l'aspect intérieur de l’huître :« À l’intérieur l’on trouve tout un monde... »). Le regard nous guide vers des éléments de plus en plus précis. Si nous regardons une huître fermée puis ouverte à l'appui d’une photographie, nous remarquons sa coquille bivalve et rugueuse, inégale dans sa forme comme dans son aspect, la petite taille de la perle que l’on peut éventuellement trouver dedans. Qu'en déduisons-nous ? L’allure du mollusque en deux valves et la forme du texte en trois parties dialoguent en miroir. La composition du poème reprend celle de l’huître : deux premières parties presque symétriques et une plus courte consacrée à la perle en proportion de sa taille. F Ponge revendique cette attention mimétique à la forme de l’objet décrit et du poème qu’il lui consacre, comme source d'inspiration poétique. Observons à présent le contenu du poème. Quel en est le sujet ? Le poème se présente comme une description de l’huître tel que le titre le laisse supposer : « L'huître » qui donne un caractère plus général et informatif par l'emploi de l’article défini. Découvrons l’article du dictionnaire Littré qui y est consacré au mot huître (lecture de l’article) et comparons- le avec le poème. Nous pouvons observer la démarche apparemment objective de l’objet ouverte par l'usage du verbe être « (/’huître (...) est d’une apparence (...) C’est un monde clos … ») comme pour mieux désigner l’objet présenté. Ainsi, au fil du texte, sont confirmés des éléments propres à une définition : la taille (« grosseur d’un galet moyen »), les couleurs (« blanchâtre », « verdâtre », « noirâtre », « blancs »), l'aspect (« rugueuse »), la consistance (« visqueux », « une mare ») et la matière (« nacre »). Le poète a même recours à des comparatifs de supériorité ou d'infériorité pour caractériser plus finement le mollusque (« plus rugueuse », « moins unie »). Nous remarquons aussi la neutralité du ton par la présence de tournures impersonnelles telles que « on peut », « on trouve », « s'y reprendre à plusieurs fois ». D’autres expressions évoquent le style d’une notice explicative en informant des outils appropriés et des précautions à prendre : «il faut alors la tenir », « se servir d'un couteau » : « au creux d'un torchon », « couteau ébréché », « marquent son enveloppe de ronds blancs ». Ponge semble jouer avec ces deux références que sont l’article de dictionnaire et le mode d'emploi en employant leur apparente objectivité de langage, leur composition et leur représentation de l’objet présenté pour mieux le détourner au profit de sa démarche poétique. Cette première rencontre avec l’huître que nous propose F Ponge peut nous sembler éloignée de l’univers poétique, des images et expériences que nous en avons jusque-là. Ne restons à la surface des choses et des mots. Comment caractériser l’huître ? quelle nouvelle dimension ? L'huître dépasse sa dimension d'objet quotidien pour en prendre une autre : « c'est un monde », et « à l'intérieur l'on trouve tout un monde ». Ce monde s'enrichit de réalités diverses et presque tous les éléments : le ciel (« halos », « firmament », la voûte céleste, « les cieux »), l’eau (« une mare [...] qui flue et reflue »), la terre (« le galet »). Ce monde est également en mouvement vertical (« s’affaissent ») et horizontal (« flue et reflue ») où tout a l'air de s'entremêler et de se transfigurer :« les cieux d'en dessus » et les « cieux d'en dessous » deviennent une « mare » qui elle-même est en fait un « sachet (...) qui flue et reflue à l'odeur et à la vue ». La vision personnelle du poète portée sur les objets et le monde commence donc à s’illustrer jusqu’à l'emploi d'images surprenantes soulignées par les oxymores (« brillamment blanchâtre » (..) « dentelle noirâtre ») et l’alternance de termes nobles et péjoratifs (« nacre », « mare », « visqueux et verdâtre ») pour désigner l’huître. Comment aborder ce monde est -il opiniâtrement clos ? Comparable à un « galet » solide et résistant, d'apparence « rugueuse », désagréable au toucher et difficile à saisir, ce monde semble difficilement abordable au premier abord. Pourtant le poète précise que l « on peut l'ouvrir » en prenant garde à une démarche intrusive et violente qui abîme l'huître puisque les « coups (...) marquent son enveloppe de ronds blancs » à l’aide « d’un couteau ébréché et un franc ». En conséquence, beaucoup « s'y coupent, s'y cassent les ongles » dans « un travail grossier » car ils ne parviennent pas à rentrer dans cet univers. Pour d’autres qui y arrivent, un monde entier s'ouvre à eux : un monde riche, abondant, où tout se mêle et se mélange : « on trouve [...] à boire et à manger », où l’on se nourrit des sens, des couleurs, les choses se transforment et se confondent... Ponge fait ainsi appel à tous les sens du lecteur qui permet de représenter l’objet choisi avec la plus grande précision. Sont ainsi mobilisés la vue (« couleur », « brillamment », « blanchâtre », « ronds blancs », « vue »), le toucher (« rugueuse », « ébréché », « visqueux »), le goût (« à boire et à manger »), l’odorat (« odeur »), l’ouïe (« parler », « formule »). Le poème se révèle moins neutre qu’il n’y paraît. Souvenez-vous du titre donné au recueil : « Le parti pris des choses ». Connaissez-vous Le sens de l'expression « parti pris ? Quelle signification peut-elle avoir ici ? L'expression « parti pris » signifie un choix à faire, une résolution à prendre pour agir ainsi qu'une opinion préconçue. Pour compléter la compréhension du titre, nous pouvons nous appuyer sur cette citation de F
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