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La chanson de Craonne,, Résumés de Histoire de la Musique

La chanson évoque la souffrance des soldats, elle a été écrite d'après une chanson "tube" de l'époque : Bonsoir M'amour , musique de Charles Sablon, paroles de ...

Typologie: Résumés

2021/2022

Téléchargé le 08/06/2022

Damien_94
Damien_94 🇫🇷

4.6

(71)

531 documents

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Télécharge La chanson de Craonne, et plus Résumés au format PDF de Histoire de la Musique sur Docsity uniquement! La chanson de Craonne, éclairage sur la Grande Guerre Première chanson pacifiste du XXème, la Chanson de Craonne est un symbole de la Grande Guerre, décrivant une vision réaliste du quotidien, des doutes, de la souffrance des soldats dans les tranchées. Otto Dix, Assaut sous les gaz, 1924, gravure, 35.3x47.5cm, Deutsches Historisches Museum, Berlin (Allemagne) « En me réveillant d’un sommeil de plomb, j’ai vu les quatre cadavres que les sapeurs avaient atteints par dessous, dans la plaine, et qu’ils avaient accrochés et halés avec des cordes dans leur sape. Chacun d’eux contenait plusieurs blessures à côté l’une de l’autre, les trous des balles distants de quelques centimètres : la mitrailleuse avait tiré serré. On n’avait pas retrouvé le corps de Mesnil André. Son frère Joseph a fait des folies pour le chercher ; il est sorti tout seul dans la plaine constamment balayée, en large, en long et en travers par les tirs croisés des mitrailleuses. Le matin, se traînant comme une limace, il a montré une face noire de terre et affreusement défaite, en haut du talus. On l’a rentré, les joues égratignées aux ronces des fils de fer, les mains sanglantes, avec de lourdes mottes de boue dans les plis de ses vêtements et puant la mort. Il répétait comme un maniaque : « Il n’est nulle part.» Il s’est enfoncé dans un coin avec son fusil, qu’il s’est mis à nettoyer, sans entendre ce qu’on lui disait, et en répétant : «Il n’est nulle part.» Il y a quatre nuits de cette nuit-là et je vois les corps se dessiner, se montrer, dans l’aube qui vient encore une fois laver l’enfer terrestre. Barque, raidi, semble démesuré. Ses bras sont collés le long de son corps, sa poitrine est effondrée, son ventre creusé en cuvette. La tête surélevée par un tas de boue, il regarde venir par-dessus ses pieds ceux qui arrivent par la gauche, avec sa face assombrie, souillée de la tache visqueuse des cheveux qui retombent, et où d’épaisses croûtes de sang noir sont sculptées, ses yeux ébouillantés : saignants et comme cuits. Eudore, lui, paraît au contraire tout petit, et sa petite figure est complètement blanche, si blanche qu’on dirait une face enfarinée de Pierrot, et c’est poignant de la voir faire tache comme un rond de papier blanc parmi l’enchevêtrement gris et bleuâtre des cadavres. Les Breton Biquet, trapu, carré comme une dalle, apparaît tendu dans un effort énorme : il a l’air d’essayer de soulever le brouillard, cet effort profond déborde en grimace sur sa face bossuée par les pommettes et le front saillant, la pétrit hideusement, semble hérisser par places ses cheveux terreux et desséchés, fend sa mâchoire pour un spectre de cri, écarte toutes grandes ses paupières sur ses yeux ternes et troubles, ses yeux de silex ; et ses mains sont contractées d’avoir griffé le vide. Barque et Biquet sont troués au ventre, Eudore à la gorge. En les traînant et en les transportant, on les a encore abîmés. Le gros Lamuse, vide de sang, avait une figure tuméfiée et plissée dont les yeux s’enfonçaient graduellement dans leurs trous, l’un plus que l’autre. On l’a entouré d’une toile de tente qui se trempe d’une tache noirâtre à la place du cou. Il a eu l’épaule droite hachée par plusieurs balles et le bras ne tient plus que par des lanières d’étoffe de la manche et des ficelles qu’on y a mises. La première nuit qu’on l’a placé là, ce bras pendait hors du tas des morts et sa main jaune, recroquevillée sur une poignée de terre, touchait les figures des passants. On a épinglé le bras à la capote. Un nuage de pestilence commence à se balancer sur les restes de ces créatures avec lesquelles on a si étroitement vécu, si longtemps souffert. Quand nous les voyons, nous disons : «Ils sont morts tous les quatre.» Mais ils sont trop déformés pour que nous pensions vraiment : « Ce sont eux.» Et il faut se détourner de ces monstres immobiles pour éprouver le vide qu’ils laissent entre nous et les choses communes qui sont déchirées. » Henri Barbusse, Le Feu (Flammarion, 1916), réédition Le Livre de poche, p 250-251. Ça fit un mariage et ce fut charmant ; Du blond, du rose et du blanc ! Le mariag’ c’est bon tout d’même Quand c’est pour la vie qu’on s’aime ! Ils n’eur’nt pas besoin quand ils fur’nt unis D’faire un voyag’ dans l’ midi : Le midi, l’ciel bleu, l’soleil et les fleurs, Ils en avaient plein leur cœur. L’ homme, en travaillant, assurait l’av’nir Et chantait le soir avant de s’endormir : Refrain Au jardin d’amour les heureux époux Vir’nt éclore sous les choux, Sous les roses ou sous autr’chose De jolis p’tits bambins roses ? Le temps a passé, les enfants sont grands, Les vieux ont les ch’veux tout blancs Et quand l’un murmure : "y a quarante ans d’ça !" L’autre ému répond : "Déjà !" Et le vieux redoute le fatal instant Où sa voix devrait dire en sanglotant : Refrain "Adieu, m’amour ! adieu, ma fleur ! Adieu toute mon âme ! O toi qui fit tout mon bonheur Par ta bonté de femme ! Du souvenir de ses amours L’âme est toute fleurie, Quand on a su toute la vie S’adorer toujours !" Chanson d'amour sirupeuse très en vogue au début du XXe siècle. Sur un rythme de valse, danse de couple qui s'est popularisée à la même époque. L'instrumentation est classique : un accordéon et un orchestre à cordes. Cela donne une sensation de légèreté, d'insouciance tout à fait en accord avec les paroles de Bonsoir m'amour, tout en douceur. 3. Les évolutions de la chanson Comme souvent, la mélodie a été conservée et les paroles adaptées au contexte, elle est transmise de façon orale pendant la guerre et en fonction des différents lieux de combat. • En 1915 C'est la Chanson de Lorette, avec comme sous-titre "complainte de la passivité triste des combattants", évoquant la bataille de Notre-Dame de Lorette (mai-juin 1915) : Restes de la Chapelle de Notre Dame de Lorette Chanson de Lorette : Quand au bout d’huit jours Le r’pos terminé, Nous allons reprend’ les tranchées, Notre vie est si utile Car sans nous on prend la pile. Oui, mais maintenant On est fatigué Les hommes ne peuv’ plus marcher Et le coeur bien gros Avec des sanglots On dit adieu aux civlots. Adieu la vie, adieu l’amour, Adieu toutes les femmes. C’est bien fini, c’est pour toujours, De cette guerre infâme. C’est à Lorette, sur le plateau, Qu’on doit laisser not’ peau Car nous sommes tous condamnés C’est nous les sacrifiés ! Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance, Pourtant on a l’espérance C’est enfin la relève Que nous attendons sans trêve. Quand avec la nuit, dans le profond silence, On voit quelqu’un qui s’avance, C’est un officier de chasseurs à pied, Qui vient pour nous remplacer. Doucement dans l’ombre, sous la pluie qui tombe Nos petits chasseurs viennent chercher leur tombe. C’est malheureux d’voir sur les grands boulevards Tant d’cossus qui font la foire ; Si pour eux la vie est rose, Pour nous c’est pas la même chose. Au lieu de s’promener, tous ces embusqués, F’raient mieux de venir dans la tranchée Tous nos camarades Sont étendus là Pour sauver les biens de ces messieurs là C’est à votre tour, messieurs les gros, De monter sur l’plateau, Car si vous voulez faire la guerre, Payez-la de votre peau ! • En 1916 Elle évoque la bataille de Verdun, avec un extrait des paroles ici : "Quand on est au créneau Ce n’est pas un fricot, D’être à quatre mètres des Pruscos. En ce moment la pluie fait rage, Si l’on se montre c’est un carnage. Tous nos officiers sont dans leurs abris En train de faire des chichis, Et ils s’en foutent pas mal si en avant d’eux Il y a de pauvres malheureux. Tous ces messieurs-là encaissent le pognon Et nous pauvres troufions Nous n’avons que cinq ronds. Adieu la vie, adieu l’amour, Adieu à toutes les femmes C’est bien fini, c’est pour toujours De cette guerre infâme C’est à Verdun, au fort de Vaux Qu’on a risqué sa peau" • En 1917 Elle devient la Chanson de Craonne, restée célèbre sous ce nom, et connue pour être une des premières chansons pacifistes de l’histoire du vingtième siècle. "Quand au bout d’huit jours le r’pos terminé On va reprendre les tranchées, Notre place est si utile Que sans nous on prend la pile Mais c’est bien fini, on en a assez Personne ne veut plus marcher Et le cœur bien gros, comm’ dans un sanglot On dit adieu aux civ’lots Même sans tambours, même sans trompettes On s’en va là-haut en baissant la tête Refrain : Adieu la vie, adieu l’amour, Adieu toutes les femmes C’est bien fini, c’est pour toujours De cette guerre infâme C’est à Craonne sur le plateau Qu’on doit laisser sa peau Car nous sommes tous condamnés Nous sommes les sacrifiés Huit jours de tranchée, huit jours de souffrance Pourtant on a l’espérance Que ce soir viendra la r’lève Que nous attendons sans trêve Soudain dans la nuit et dans le silence On voit quelqu’un qui s’avance C’est un officier de chasseurs à pied Qui vient pour nous remplacer Doucement dans l’ombre sous la pluie qui tombe Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes Refrain C’est malheureux d’voir sur les grands boulevards Tous ces gros qui font la foire Si pour eux la vie est rose Pour nous c’est pas la même chose Au lieu d’se cacher tous ces embusqués F’raient mieux d’monter aux tranchées Pour défendre leur bien, car nous n’avons rien Nous autres les pauv’ purotins Tous les camarades sont enterrés là Pour défendr’ les biens de ces messieurs là Refrain : Ceux qu’ont l’pognon, ceux-là r’viendront Car c’est pour eux qu’on crève Mais c’est fini, car les trouffions Vont tous se mettre en grève Ce s’ra votre tour, messieurs les gros De monter sur le plateau Car si vous voulez faire la guerre Payez-la de votre peau"
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