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La Chartreuse de Parme: synthèse et analyse linéaire, Résumés de Littérature

Typologie: Résumés

2020/2021
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Téléchargé le 21/09/2021

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Télécharge La Chartreuse de Parme: synthèse et analyse linéaire et plus Résumés au format PDF de Littérature sur Docsity uniquement! La Chartreuse de Parme : analyse linéaire (Mme Griffet) Livre premier 1 p. 21 à 40 Contexte spatio temporel : 1796, l'entrée des troupes de Bonaparte dans Milan réveille un peuple endormi. Le premier amour envisagé dans l’œuvre (à part éventuellement celui de la jeune épouse pour son sigisbée préféré, assimilé à son amant, voir note 1 p. 22) est celui pour la patrie (qui engendre des « actions héroïques », voir aussi note 2 p. 23). Les Français sont pauvres mais transmettent une lourde « masse de bonheur et de plaisir » en Lombardie. Pendant deux ans, ils redonnent le goût du bonheur aux Milanais qui s’ennuyaient. Une intimité se crée entre les soldats et les occupants des maisons qui les logent. Un lieutenant nommé Robert (père de Fabrice ?) est logé au palais de la marquise del Dongo. Son époux, le marquis del Dongo (présenté comme un lâche réactionnaire, haïssant les Français, dont il a peur, et « contrarié par tant de gaieté », p. 30) a prévu de marier sa sœur Gina avec un riche noble mais elle préfère épouser un gentilhomme ruiné : le comte Pietranera, « partisan fougueux des idées nouvelles », « sous-lieutenant dans la légion italienne, surcroît de désespoir pour le marquis », p. 31. Après la perte de batailles, les Français font retraite, et les Autrichiens reviennent : Robert fait ses adieux, ainsi que le comte Pietranera (suivi par sa femme, p. 32, envers laquelle le marquis son frère se montre très avare, p. 32-33. Retour aux idées réactionnaires (« retour à la sottise », p. 32) pendant la période des « treize mois ». Le marquis del Dongo se distingue par sa sévérité, et sa pingrerie à l'égard de son épouse, qui l’a pourtant enrichi avec sa dot. Elle garde le noir pendant toute la période. Le narrateur admet avoir commencé l’histoire de son héros, Fabrice Valserra, « un an avant sa naissance » (ce qui corrobore l’idée qu'il est le fils du lieutenant Robert), p. 33. Il vient de naître quand les Français sont chassés, et a un frère de 6 ans son aîné, Ascanio, clone de son père. Fabrice a deux ans lorsque le général Bonaparte entre à nouveau dans Milan, puis gagne la bataille de Marengo, dans une liesse générale, doublée d’un désir de vengeance. « Figurez-vous tout un peuple amoureux fou » (p. 34). Le marquis s'enfuit derechef dans son château de Grianta. S'ensuivent « dix années de progrès et de bonheur » (p. 36) pour les Milanais. Fabrice les passe d’abord à Grianta, puis chez les jésuites à Milan, où il n’apprend rien, mais se rapproche de sa tante la comtesse Pietranera, laquelle le trouve « joli garçon » (p. 37). Il a douze ans quand son père le rappelle à Grianta, sa tante essayant en vain de réclamer son retour au marquis (« elle était folle de Fabrice », p. 38, tout comme son époux le comte, « aussi fou de cet enfant que sa femme ». La passion éprouvée par la comtesse est d’ordre purement maternel ici). Fabrice est très affligé de quitter sa tante, d'autant que son père ne s'intéresse qu’à Ascanio, qu'il prétend former à la gestion de ses terres (p. 38). La marquise s'inquiète de l'ignorance de son fils, même si elle s’émerveille de ses « grâces », et elle craint que le lieutenant Robert, devenu général comte d’A*** (avec qui elle est restée en contact épistolaire) ne trouve son éducation « manquée », p. 39. Elle s'inquiète aussi du fanatisme religieux de son fils, pour qui elle éprouve une « passion » grandissante, p. 40. Fabrice s'ennuie beaucoup dans ce château et passe son temps avec les cochers et palefreniers qui se moquent de son père et son frère. 2. p.41 à 66 Le marquis qui déteste l'instruction mais veut que F perfectionne son éducation charge le curé de Grianta, l’abbé Blanès de lui apprendre le latin (langue qu’il ne maîtrise guère, et méprise). Passionné d’astrologie, il passe ses nuits à explorer les étoiles et a une grande influence auprès des paysans. « F l’adorait ». Le marquis accorde chaque année à F le droit de passer 8 j à Milan chez sa tante la comtesse Pietranera avec sa mère, et il ne vit que pour ces moments (p. 45). Le marquis déteste son beau-frère, lequel est finalement tué lors d’un duel (p. 48). La comtesse voudrait alors que ce meurtre soit vengé par un jeune homme riche pour lequel elle a «beaucoup d'amitié » (p. 48) nommé Limercati, mais il ne l’envisage pas, et en elle le « mépris » remplace l’amour (p. 49). Elle veut « réveiller son amour et ensuite le planter là et le mettre au désespoir », dans un pays où « on est encore au désespoir par amour » (Stendhal distingue l’amour italien de l’amour français, p. 49). Ce plan fonctionne d’autant plus (« son amour s’exalta, il devint fou ») qu’un rival, le comte N.. tombe éperdument amoureux de la comtesse (il s’agit du comte Nani, selon ce que nous apprendra beaucoup plus loin Mosca p. 150). Mais elle lui avoue que son amour n’est pas réciproque (il lui demande cependant de faire comme si : « toutes les distinctions extérieures accordées à l’amant régnant », p. 50), et renonce à ses largesses financières, se retrouvant ruinée. Son frère le marquis la fait alors revenir au château de Grianta (p. 51). Elle a 31 ans et se réjouit d’une future vie paisible, après avoir refusé « l’offre de deux grandes fortunes ». Son arrivée au château produit une joie intense auprès de ses deux nièces (sœurs de F) et de sa belle-sœur. Elle-même se réjouit de la magnificence des paysages (p. 52-53). Elle s’imagine avoir à nouveau 16 ans, achète une barque sur laquelle ils font des promenades (desquelles Ascagne est exclu, ce qui le fait haïr F. Elle achète aussi un télescope avec lequel ils s’adonnent à l’astrologie. La comtesse s'ennuie un peu cependant dans ce triste château où elle passe les années 1814-1815, surtout en comparaison des fêtes auxquelles elle et sa belle-sœur assistent parfois à Milan (p. 55). 8 mars 1815, F apprenant que Napoléon vient de débarquer à Golfe-Juan depuis l’île d’Elbe, décide de le rejoindre et annonce son départ à la comtesse (bas p. 56), qui très émue, lui remet cependant une petite bourse. Sa mère et ses sœurs soutiennent son projet, très émues aussi. Il part immédiatement et rejoint la Suisse (d’où il écrit à son père) puis Paris où il ne parvient pas à rencontrer Napoléon. Il achète alors deux chevaux et part rejoindre l’armée à Maubeuge. Il rejoint un bivouac où il semble fort suspect et est arrêté, puis emprisonné 33 jours... avec l’aide de la femme du geôlier, il parvient à s'enfuir (p. 64). Elle lui fournit un uniforme et lui donne quelques conseils, après l'avoir logé une nuit dans sa chambre p. 64, « fort tendre ». Il comprend qu'on le prend pour un espion, p. 65. Il part sous la pluie, avec des bottes trop grandes pour lui, à la veille de la bataille de Waterloo, p. 66. 3. p.67 à 87 Fou d'enthousiasme, F se rapproche d’une cantinière (p. 67), Margot, p. 69. Elle pense qu'il est amoureux de la femme d’un capitaine qu'il veut rejoindre, et lui donne 17 ans. Il ne nie pas. Elle le nourrit et l’avertit qu’il court au-devant de dangers. « En vérité, tu me fais pitié. J'ai de l'amitié pour toi, sacrédié » p. 69. « Pauvre petit ! Il va être tué tout de suite», p.70. Ils IN accepte cependant d’aller étudier 3 ans à Naples (p. 179) , et avoue à Gina qu’il ne parvient pas à tomber amoureux. L'année qui suit est mouvementée pour le comte, menacé par Rassi et par Fabio Conti, qu'il fait cependant nommer gouverneur de la Citadelle. La duchesse s'attache de plus en plus à lui et se fraie une place auprès du prince, qui ne peut plus se passer d’elle et enfreint même l’étiquette pour se rendre à une de ses soirées du jeudi. p. 188 à 208 4 ans s’écoulent, avec quelques visites de la marquise et de ses filles à Parme, mais aucune de F (le comte refuse). A Naples, il fait des fouilles, s'étant pris de passion pour l’antiquité (remplace sa passion pour les chevaux). Il a « l'âme trop haute » pour « vouloir jouer avec un certain sérieux le rôle d’amoureux » « Sans doute il ne manquait point de maîtresses, mais elles n’étaient pour lui d'aucune conséquence, et, malgré son âge, on pouvait dire de lui qu’il ne connaissait point l’amour ; il n’en était que plus aimé. Rien ne l’empêchait d'agir avec le plus beau sang-froid, car pour lui une femme jeune et jolie était toujours l’égale d’une autre femme jeune et jolie ; seulement la dernière connue lui semblait la plus piquante ». En 1821, fin de ses études, il revient à Parme en tant que Monsignore, et se jette dans les bras de la duchesse, étonnée de ne pas le reconnaître. « Elle le trouvait ce qu’il était en effet, l’un des plus jolis hommes de l'Italie ; il avait surtout une physionomie charmante » (p. 189). Le comte, qui a plus de 50 ans, se sent menacé par ce jeune homme, qui fait « une étrange impression » à la duchesse (p. 190). F est présenté au prince, et à Monseigneur Landriani. 1l s'entend bien avec le comte mais ce dernier reste jaloux (jalousie attisée par une lettre perfide de Ranuce-Ernest IV, jaloux lui aussi de l'intimité entre F et Gina). Voir ici les pages sur la jalousie du comte : cet « homme passionné » est « à la torture » (p. 202). Il se croit « fou » : « en croyant raisonner, je ne raisonne pas ». « Je suis aveuglé par l’excessive douleur ». « Comment combattre un tel ennemi ? Et après tout, qu'est-ce que la vie sans l’amour de Gina ? Avec quel ravissement elle semble écouter les charmantes saillies de cet esprit si jeune, et qui, pour une femme, doit sembler unique au monde ! ». Il envisage de poignarder F puis de se tuer. « Il devenait fou : il lui sembla qu’en se penchant ils se donnaient des baisers, là, sous ses yeux. Cela est impossible en ma présence, se dit-il ; ma raison s’égare. Il faut se calmer » (p. 205). Il va jusqu’à interroger la femme de chambre favorite de la duchesse, Chékina. Celle-ci affirme que F ne fait pas « encore » l’amour avec F (p. 206) : « non, pas encore, mais il baise souvent les mains de madame, en riant il est vrai, mais avec transport ». De son côté, F perd sa gaité : il ne sait pas quelle posture prendre face à la duchesse, dont il a deviné les sentiments : « Je suis bien sûr qu’elle ne parlera jamais, elle aurait horreur d’un mot trop significatif comme d’un inceste. Mais si un soir, après une journée imprudente et folle, elle vient à faire l'examen de sa conscience, si elle croit que j'ai pu deviner le goût qu’elle semble prendre pour moi, quel rôle jouerai-je à ses yeux ? ». Il se demande comment faire comprendre à la duchesse qu’il n’est pas intéressé : « Faire entendre par une belle confidence que je ne suis pas susceptible d’amour sérieux ? », faire croire à « une grande passion laissée à Naples », où à « un petit amour de bas étage à Parme » ? Et pourtant, il adore sa tante, tout en se sentant incapable de lui donner du véritable amour : « Ce qu’il y avait de cruel au milieu de toutes ces pensées, c’est que réellement Fabrice aimait la duchesse de bien loin plus qu'aucun être au monde. Il faut être bien maladroit, se disait-il avec colère, pour tant redouter de ne pouvoir persuader ce qui est si vrai ! Manquant 10 d’habileté pour se tirer de cette position, il devint sombre et chagrin. Que serait-il de moi, grand Dieu si je me brouillais avec le seul être au monde pour qui j'aie un attachement passionné ? D’un autre côté, Fabrice ne pouvait se résoudre à gâter un bonheur si délicieux par un mot indiscret. Sa position était si remplie de charmes ! L'amitié intime d’une femme si aimable et si jolie était si douce ! Sous les rapports plus vulgaires de la vie, sa protection lui faisait une position si agréable à cette cour, dont les grandes intrigues, grâce à elle qui les lui expliquait, l’amusaient comme une comédie ! Mais au premier moment je puis être réveillé par un coup de foudre ! se disait-il. Ces soirées si gaies, si tendres, passées presque en tête à tête avec une femme si piquante, si elles conduisent à quelque chose de mieux, elle croira trouver en moi un amant ; elle me demandera des transports, de la folie, et je n’aurai toujours à lui offrir que l’amitié la plus vive, mais sans amour ; la nature m'a privé de cette sorte de folie sublime » (p. 207-208). CI de F : « Elle croira que je manque d'amour pour elle, tandis que c'est l'amour qui manque en moi; jamais elle ne voudra me comprendre ». || a peur de se brouiller avec la duchesse si un jour elle presse sa main « d’une certaine façon ». p. 209 à 226 Fest donc déchiré : « l’amitié intime qui faisait le bonheur de sa vie était empoisonnée » (p. 209). Tourmenté, il se rend un soir au théâtre et regarde avec « plus d’attention » la jeune actrice d’une pièce de Goldoni : Marietta Valserra (qui a le même nom que lui !), p. 210. Mais leur affection mutuelle attise la jalousie d’un acteur de seconde zone, nommé Giletti, « noble amant de la Marietta » (p. 210), qui la surveille et qu’elle craint, ce qui l'empêche de céder aux avances de F : il est touché dans son « amour-propre », d'autant plus que Giletti est « l’être le plus laid et le moins fait pour l’amour ». Le comte est soulagé que F soit ainsi occupé sentimentalement, il revient « à la vie » (bas p. 211). F et Giletti deviennent rivaux. Entre temps, la femme de chambre Chékina, prise de remords, a avoué à la duchesse que le comte l’a interrogée au sujet des liens entre F et sa maîtresse. La duchesse est attristée qu’on ait pu avoir de tels soupçons : « elle trouvait quelque chose d’horrible dans l’idée de faire l’amour avec ce Fabrice qu’elle avait vu naître ; et pourtant que voulait dire sa conduite ? », elle sombre dans une « noire mélancolie » et envisage de ne plus voir ni F ni le comte. Elle s’ouvre au comte de son désarroi face au « rôle ridicule à ses yeux que Fabrice jouait auprès de la petite Marietta » (Giletti a vraiment des rôles absurdes, ht p. 212). « Elle était dépitée du rôle ridicule à ses yeux que Fabrice jouait auprès de la petite Marietta ; car le comte lui avait tout dit en véritable amoureux incapable de garder un secret. Elle ne pouvait s’accoutumer à ce malheur : son idole avait un défaut [...] ». Le comte conseille de faire partir F chez sa mère sur le lac Majeur ; pendant ce temps, il fera partir la troupe de théâtre. F est fâché de devoir partir sans avoir obtenu les faveurs de Marietta, mais arrivé auprès de sa mère près du lac Majeur, il éprouve une « douce mélancolie » et repense à la comtesse, qui de son côté, se culpabilise et redouble « d’attentions et de prévenances pour le comte ». Alors qu’il raccompagne sa mère après 3 jours (elle doit préparer le mariage de sa fille aînée), F éprouve le désir de revoir l’abbé Blanès (p. 215). Il se retrouve la nuit en pleine nature, se livrant à la beauté sublime de la forêt, du lac et du ciel, dans un « attendrissement » heureux : « Assis sur son rocher isolé, n’ayant plus à se tenir en garde contre les agents de la police, protégé par la nuit profonde et le vaste silence, de douces larmes mouillèrent ses yeux, et il trouva là, à peu de frais, les moments les plus heureux qu'il eût goûtés depuis longtemps » (On voit là le caractère 1© romanesque, voire romantique de F, qui est confirmé un peu plus loin, p. 219, j'anticipe : « Dans ses moments de loisir, son âme s’occupait avec ravissement à goûter les sensations produites par des circonstances romanesques que son imagination était toujours prête à lui fournir. F apparaît ici comme ce que Stendhal appelle le type, le tempérament « Werther » - du nom du roman de Goethe - dans De l’Amour : ceux qui ont grâce à l’amour, « l’âme ouverte à tous les arts, à toutes les impressions douces et romantiques, au clair de lune, à la beauté des bois, à celle de la peinture, en un mot, au sentiment et à la jouissance du beau », livre Il, dernier chapitre). « Le silence universel n’était troublé, à intervalles égaux, que par la petite lame du lac qui venait expirer sur la grève. Fabrice avait le cœur italien [.. ;] l’aspect seul de la beauté sublime le portait à l’attendrissement, et ôtait à ses chagrins leur pointe âpre et dure ». Il décide d’être honnête avec la duchesse : il l’aime mais ne le lui dira jamais et lui avouera même qu’il est incapable d’aimer vraiment. Il ne reverra pas non plus Marietta. Cette décision prise, il se sent rasséréné. « C’est parce qu’il l’aimait à l’adoration en ce moment, qu’il se jura de ne jamais lui dire qu’il l’aimait » (p. 217, on voit ici ce que l’amour peut avoir de contradictoire). « Jamais il ne prononcerait auprès d'elle le mot d'amour, puisque la passion que l’on appelle ainsi était étrangère à son cœur. Dans l’enthousiasme de générosité et de vertu qui faisait sa félicité en ce moment, il prit la résolution de lui tout dire à la première occasion : son cœur n’avait jamais connu l’amour. Une fois ce parti courageux bien adopté, il se sentit comme délivré d’un poids énorme » (p. 217). En marchant, il arrive près de la maison de son père, et se rappelle la trahison de son frère. Il se demande ce qu’il serait devenu si elle n’avait pas eu lieu, et aussi si sa tante avait été autre : « si ma tante n'avait fait l'amour avec un ministre puissant ? si cette tante se fût trouvée n’avoir qu’une âme sèche et commune au lieu de cette âme tendre et passionnée et qui m'aime avec une sorte d'enthousiasme qui m'étonne ? où en serais-je maintenant si la duchesse avait eu l’âme de son frère le marquis del Dongo ? ». Il se rend chez l’abbé (83 ans) qu’il trouve étonnamment éveillé et le retrouve avec émotion. « L'abbé Blanès était son véritable père. — Je t'attendais, dit Blanès, après les premiers mots d’épanchement et de tendresse », alors que sa visite était impromptue p. 222.1 n’en a plus pour longtemps à vivre. Il annonce à F qu’il ira en prison, et ne s’en sortira que « par un crime » que qqn d'autre commettra pr lui. Il lui conseille de ne pas sombrer dans le crime, puis souhaite bonne nuit. F ne doit pas chercher à le revoir « de jour » (prolepse sur ce qui se passera ensuite avec Clélia). p. 227 à 237 Réveil de F, qui a mal dormi et s’émerveille devant le lac de son enfance (souvenirs). Il pense à cette médiocre vie de cour et à ses amours, comparant Marietta à la duchesse d’A***, une de ses maîtresses. Il établit deux hiérarchies : il est plus intéressé par sa vengeance contre Giletti que par l’amour. Et il a plus apprécié les qqs instants passés avec Marietta pauvre que les longues heures passées avec la belle duchesse, marquées par l'ennui (il poursuivra p. 230 : « Ici, ajouta-t-il en riant, je ne trouverais point de duchesse d’A***, mais je trouverais une de ces petites filles là-bas qui arrangent des fleurs sur le pavé, et, en vérité, je l’aimerais tout autant ; l'hypocrisie me glace même en amour, et nos grandes dames visent à des effets trop sublimes ». Il pense pouvoir trouver dans le cheval et dans les fouilles, ainsi que dans ses souvenirs, le bonheur qu'il est condamné à ne jamais trouver dans l’amour : « Puisqu’il semble que je ne dois pas connaître l’amour, ce seront toujours là pour moi les grandes sources de félicité » (p. 229). C'est la fête de Saint Giovita : F 13. p. 292 à 320 Heureux de ces retrouvailles, F mène une vie heureuse à Bologne, faite de sorties avec la jeune fille. La duchesse est même fâchée de ce bonheur soudain. « Cette disposition naïve à se trouver heureux de tout ce qui remplissait sa vie perçait dans les lettres qu’il adressait à la duchesse ; ce fut au point qu’elle en prit de l'humeur » (jalousie de la duchesse face au bonheur de F sans elle). F achète la vieille femme pour qu’elle se montre gentille avec Marietta (elle menace de le dénoncer puis se ravise devant ses menaces). Il réfléchit à son manque de propension pour l’amour véritable : « L'amour de la jolie Marietta offrait à Fabrice tous les charmes de l’amitié la plus douce, ce qui le faisait songer au bonheur du même genre qu’il aurait pu trouver auprès de la duchesse. Mais n’est-ce pas une chose bien plaisante, se disait-il quelquefois, que je ne sois pas susceptible de cette préoccupation exclusive et passionnée qu’ils appellent de l’amour ? Parmi les liaisons que le hasard m'a données à Novare ou à Naples, ai-je jamais rencontré de femme dont la présence, même dans les premiers jours, fût pour moi préférable à une promenade sur un joli cheval inconnu ? Ce qu’on appelle amour, ajoutait-il, serait-ce donc encore un mensonge ? J'aime sans doute, comme j'ai bon appétit à six heures ! ». Il se dit que son âme pourrait « manquer d’une passion » (p. 295). Les femmes ont « prétendu le mener » et il a fui. Il n’est heureux qu'avec la duchesse : « C’est à la duchesse que je dois le seul bonheur que j'aie jamais éprouvé par les sentiments tendres ; mon amitié pour elle est ma vie, et d’ailleurs, sans elle que suis-je ? ». Il lui doit tout ! Il faut éviter de « gâter cette admirable position » en lui disant qu’il l’aime, car elle lui reprocherait de ne pas être transporté, ce dont Marietta ne se rend pas compte : « Veux-je perdre l’unique amie que j'aie au monde ? Il suffit de proférer un mensonge, il suffit de dire à une femme charmante et peut-être unique au monde, et pour laquelle j'ai l'amitié la plus passionnée : Je t’aime, moi qui ne sais pas ce que c’est qu’aimer d'amour. Elle passerait la journée à me faire un crime de l’absence de ces transports qui me sont inconnus. La Marietta, au contraire, qui ne voit pas dans mon cœur et qui prend une caresse pour un transport de l’âme, me croit fou d'amour, et s’estime la plus heureuse des femmes. Dans le fait je n’ai connu un peu cette préoccupation tendre qu’on appelle, je crois, l'amour, que pour cette jeune Aniken de l’auberge de Zonders, près de la frontière de Belgique », p. 297. Le narrateur annonce alors qu’il va raconter « une des plus mauvaises actions de F», «une misérable pique de vanité s’empara de ce cœur rebelle à l’amour » (p. 297). C'est l'épisode de la Fausta, une chanteuse célèbre qui se trouve elle aussi à Bologne. Un poème satirique a été composé sur elle, faisant état de son caractère capricieux : « As-tu le bonheur de l’entendre, tu t'oublies toi-même, et l’amour fait de toi, en un moment, ce que Circé fit jadis des compagnons d'Ulysse ». Elle est « sous le charme » du comte M***, jeune homme riche, suffisant et très jaloux (p. 298). En l’entendant chanter, F est pris d’un sentiment étrange, pensant enfin ressentir de l’amour : «il ne se figurait rien de pareil ; il lui dut des sensations de bonheur suprême, qui faisaient un beau contraste avec la placidité de sa vie présente. Serait-ce enfin là de l’amour ? se dit-il ». Il passe et repasse devant chez elle, lui écrit, le comte en est jaloux, et sachant que F ne peut reparaître à Parme, il y part avec la Fausta. F les suit, malgré les conseils de Ludovic, et ne compte pas faire part de sa venue à la duchesse. « Je dirai plus tard à ma tante que j'allais à la recherche de l’amour, cette belle chose que je n’ai jamais rencontrée. Le fait est que je pense à la Fausta, même quand je ne la vois pas Mais est-ce le souvenir de sa voix que j'aime, ou sa personne ? ». Il s'installe dans un village proche de Parme sous une fausse identité. Il se mêle à des musiciens qui chantent une cantate sous les fenêtres de la Fausta. Elle le reconnaît. « Voilà un être singulier, se dit-elle, il me semble que je vais l’aimer ». Il la suit à la messe, déguisé, lui écrit un sonnet, mais rien ne se concrétise : « Fabrice n’était plus retenu que par un reste d’espoir d’arriver à sentir ce qu’on appelle de l’amour, mais souvent il s’ennuyait ». Ludovic le supplie de partir, arguant qu'il n’est pas « amoureux » (p. 302) : « Je vous vois un sang-froid et un bon sens désespérants. D'ailleurs vous n’avancez point ». F est prêt de céder quand il apprend que la Fausta va se produire chez la Sanseverina, et il s’y rend. « Peut-être que cette voix sublime achèvera d’enflammer mon cœur ». Le comte Mosca considère cette « incroyable folie de F » comme le signe qu'il aime ailleurs, et il s’en réjouit, tandis que la duchesse en est affectée, d'autant que F n’est pas venu les voir (ce que le comte prend pour un désir de ne pas les impliquer) : « La physionomie de la duchesse trahit la plus vive douleur : Fabrice n’était donc qu’un libertin tout à fait incapable d’un sentiment tendre et sérieux » (p. 302). La Fausta lance le comte M***, très jaloux, sur une fausse piste : il croit que son rival est le prince héréditaire de Parme, et en tire vanité (bas p. 303, et ht p. 304 : « idée flatteuse d’avoir un prince pour antagoniste »), mais veut aussi se venger de l’innocent prince. Il fait observer la Fausta et pense que le prince l’approche déguisé, portant une perruque de cheveux rouges. Le comte ayant entendu dire que la Fausta répondait aux regard de son rival, il la suit, caché, à l’église, et alors qu’elle regarde vers lui, s’imagine qu’elle l’a vu : « Dans un cœur passionné, l’amour est sujet à exagérer les nuances les plus légères, il en tire les conséquences les plus ridicules, le pauvre MY*** ne finit-il pas par se persuader que la Fausta l’avait vu, que malgré ses efforts s'étant aperçue de sa mortelle jalousie, elle voulait la lui reprocher et en même temps l’en consoler par ces regards si tendres » (p. 307). Il se croit regardé, et est « ivre d'amour, et presque tout à fait désabusé de sa jalousie », mais en vérité on comprend que c’est à F qu’elle adressait ses regards (p. 307-308). Le comte est furieux (« À ces mots, M***, hors de lui, la traita comme la dernière des créatures, lui dit tout ce qu’il avait vu lui-même, et la hardiesse des mensonges croissant avec la vivacité des accusations, il prit son poignard et se précipita sur elle ») et envisage de partir de Parme, mais y renonce, car cela aurait l’air d’une fuite. F lui aussi envisage de partir, car il pourrait mettre Mosca dans une fâcheuse posture, mais il craint de passer pour ridicule dans ses tentatives amoureuses : « Mais si j’abandonne un projet si longtemps suivi, que dira la duchesse quand je lui conterai mes essais d'amour ? ». Il est finalement récompensé lorsque Bettina, femme de chambre de la Fausta, qui le suit depuis quelques jours, déguisée en homme, vient lui avouer l’amour que la Fausta lui porte : « Elle avait entrepris de venir dire à Fabrice qu’on l’aimait à la passion et qu’on brûlait de le voir ; mais on ne pouvait plus paraître à l’église de Saint-Jean. Il était temps, se dit Fabrice, vive l’insistance ! ». Elle insiste sur le fait que F est suivi et qu’elle-même a risqué sa vie pour porter ce message : F la trouve charmante ! Et la fait monter dans son appartement (p. 310), alors qu’elle le prend aussi pour le prince héréditaire, ce qu’il ne dément pas. F « amoureux de la Bettina », n’en vient pas moins chanter sous les fenêtres de la Fausta, et prend conscience qu’il n’en est pas amoureux : « Le lendemain, vers les minuit, il vint à cheval, et bien accompagné, chanter sous les fenêtres de la Fausta un air alors à la mode, et dont il changeait les paroles. N'est-ce pas ainsi qu’en agissent messieurs les amants ? se disait-il. Depuis que la Fausta avait témoigné le désir d’un rendez-vous, toute cette chasse semblait bien longue à Fabrice. Non, je n’aime point, se disait-il en chantant assez mal sous les fenêtres du petit palais ; la Bettina me semble cent fois préférable à la Fausta, et c’est par elle que je voudrais être reçu en ce moment ». En revenant chez lui dans le petit village, il est victime d’un guet-apens : les hommes du comte le prennent pour le prince, et l’arrêtent. Il se rend alors compte de sa bêtise : il est puni pour une femme qui ne lui plaît pas vraiment : « Voici justement le châtiment de ma sottise, se dit Fabrice, je me serai damné pour un péché qui ne me semblait point aimable ». (cf le roman de Proust, Swann / Odette, une cocotte qu’il finira cependant par épouser, alors qu’elle le manipule et le trompe : Un amour de Swann, qui se termine sur la phrase célèbre prononcée par Swann : « Dire que j'ai gâché des années de ma vie, que j'ai voulu mourir, que j’ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n’était pas mon genre ! »). Il est conduit dans la ville assis dans une chaise à porteurs, menacé par des hommes qui affectent le plus grand respect, dans un long cortège, suivi par Ludovic et ses hommes qui n’osent attaquer. Il s'enfuit devant le palais de la Sanseverina (p. 313), et revient à Bologne sain et sauf. Il écrit une lettre d’excuse au comte et à la duchesse : « J'étais amoureux de l’amour, disait-il à la duchesse ; j'ai fait tout au monde pour le connaître, mais il paraît que la nature m'a refusé un cœur pour aimer et être mélancolique ; je ne puis m’élever plus haut que le vulgaire plaisir, etc., etc. ». Le peuple se demande longtemps qui était le rival du comte M*** (lequel s’est enfui. C'est la Fausta qui a été conduite à la citadelle) ainsi enlevé, jusqu’à ce qu’on fasse avouer un savant à la crinière rouge, doté d’un complexe de persécution (p. 315). Le comte M*** qui se cache comme F est enlevé par Ludovic : F veut racheter son honneur par un duel avec lui. Le duel a lieu, à l’épée selon le choix du comte M***, et se termine par une blessure du comte à la poitrine. Il n’y aura aucune suite judiciaire à ce duel. - _Fse réfugie à Florence, où il reçoit les lettres de la duchesse et du comte Mosca. Puis il revient à Bologne, las d’être seul, persuadé de ne pas être fait pour l’amour, et désireux de retrouver l’amitié de sa tante et du comte : « plus convaincu que jamais que sa destinée le condamnait à ne jamais connaître la partie noble et intellectuelle de l'amour », « Je me suis tant ennuyé à propos de l’amour que je voulais me donner et de la Fausta, écrivait-il à la duchesse, que maintenant son caprice me fût-il encore favorable, je ne ferais pas vingt lieues pour aller la sommer de sa parole ; ainsi ne crains pas, comme tu me le dis, que j'aille jusqu’à Paris où je vois qu’elle débute avec un succès fou. Je ferais toutes les lieues possibles pour passer une soirée avec toi et avec ce comte si bon pour ses amis ». Livre second 14. p. 323 à 345 - Pendant que F est « à la chasse de l’amour », les ennemis politiques du comte Mosca {le fiscal général Rassi et la marquise Raversi) poursuivent leur entreprise pour le détruire. La duchesse apprend que le prince va signer sa sentence et elle fait préparer ses malles pour fuir à Florence. Elle demande audience au prince, heureux de la voir s’humilier ainsi. Mais au lieu des larmes qu’il attendait, terriblement surpris, il voit apparaître la duchesse leste et jolie : « elle n’avait pas 25 ans » (p. 326). Elle dit être venue prendre congé pour le remercier de ses bontés pendant 5 ans. Elle pense partir à Naples, à cause de la condamnation de F. C’est alors le prince qui s’humilie (il ne veut en aucun cas qu’elle parte, et on saura explicitement pourquoi à la p. 333, en plus de l’amour qu’il lui avoue directement, « toute l'affaire était dominée à ses yeux par ces mots : ”’Si la duchesse part, je trouverai ma cour ennuyeuse avant huit jours” ») et lui avoue plus ou moins son amour : « Mais vous savez bien, madame la duchesse, lui dit-il en lui prenant la main, que toujours je vous ai aimée, et d’une amitié à laquelle il ne tenait qu’à vous de donner un autre nom ». Il a confié l'affaire de F à ses meilleurs juges, dit-il. ce qui outrage la duchesse, laquelle s'en prend à Rassi et aux juges infâmes qui ont condamné F. Le prince est mû à son égard d’une grande admiration, et est prêt à tout pour qu’elle reste : « Il admirait la duchesse ; l’ensemble de sa personne atteignit en ce moment une beauté sublime. Grand Dieu ! qu’elle est belle, se dit le prince ; on doit passer quelque chose à une femme unique et telle que peut-être il n’en existe pas une seconde dans toute l'Italie. Eh bien ! avec un peu de bonne politique il ne serait peut-être pas impossible d’en faire un jour ma maîtresse ; il y a loin d’un tel être à cette poupée de marquise Balbi, et qui encore chaque année vole au moins trois cent mille francs à mes pauvres sujets. Mais l’ai-je bien entendu ? pensa-t-il tout à coup ; elle a dit : condamné mon neveu et tant d’autres ; alors la colère surnagea, et ce fut avec une hauteur digne du sans se l’avouer, éperdument amoureuse du jeune prisonnier ? Ce furent des cris inarticulés, des transports de rage, des mouvements convulsifs, mais pas une larme ». Elle n'arrive même pas à pleurer, tant elle se sent humiliée par le prince. Elle en veut au comte, qui par basse courtisanerie, a supprimé l'expression « procédure injuste » de ce « fatal billet ». Maintenant que F est emprisonné à Parme, elle ne peut même plus menacer de quitter la ville. Son « cœur est enchaîné » à cette tour infâme. Il peut même obtenir ses faveurs en menaçant de tuer F. Elle ne voit aucune issue ! Elle déplore le fait de vivre à la cour d’un véritable tyran, un despote qui emploie des monstres sans scrupule comme Rassi. Elle n’a qu’une solution, porter un masque social pour être utile à F, car s’isoler ne lui servira à rien : « Puisque je ne peux fuir ce lieu détesté, il faut que j'y sois utile à Fabrice : vivre seule, solitaire, désespérée ! que puis-je alors pour Fabrice ? Allons, marche, malheureuse femme ; fais ton devoir ; va dans le monde, feins de ne plus penser à Fabrice. Feindre de t’oublier, cher ange ! ». Elle pleure, envisage d’enlever F sur un « tapis magique » (p. 369), imagine vivre avec lui à Paris. Son imagination la mène à envisager le bonheur pour et avec F, loin de « la contemplation de l’affreuse réalité » (p.370). - Elle pense qu’il faut mettre ses diamants en sécurité au cas où, et renvoyer le comte, « âme vulgaire », dont « la prudence méticuleuse » gênerait ses projets. « Oui, il faut me brouiller très ostensiblement avec le comte, car je ne veux pas l’entraîner dans ma perte, ce serait une infamie ; le pauvre homme m’a aimée avec tant de candeur ! Ma sottise a été de croire qu’il restait assez d’âme dans un courtisan véritable pour être capable d'amour » (p.371). Elle pourrait elle aussi être accusée de conspiration et envoyée en prison. « Si c'était à sa citadelle qu’il m’envoyât et que je pusse à force d’or parler à Fabrice, ne fûüt-ce qu’un instant, avec quel courage nous marcherions ensemble à la mort ! Mais laissons ces folies [... Mais quoi ! toujours le roman | Hélas ! l’on doit pardonner ces folies à une pauvre femme dont le sort réel est si triste ! ». La rupture avec le comte pourrait présenter l'inconvénient d’une vengeance de celui-ci, mais « Voilà, par exemple, une idée qui ne lui viendra jamais ; il n’a point l’âme foncièrement basse du prince : le comte peut, en gémissant, contresigner un décret infâme, mais il a de l'honneur. Et puis, de quoi se venger ? de ce que, après l’avoir aimé cinq ans, sans faire la moindre offense à son amour, je lui dis : ‘Cher comte ! j'avais le bonheur de vous aimer : eh bien, cette flamme s'éteint ; je ne vous aime plus ! mais je connais le fond de votre cœur, je garde pour vous une estime profonde, et vous serez toujours le meilleur de mes amis”. Que peut répondre un galant homme à une déclaration aussi sincère ? » (p. 372). Elle envisage de prendre un nouvel amant. Rassi ? Non, c’est au-dessus de ses forces. - Elle doit surtout feindre la gaieté. Et choisir un amant « dans le parti de la Raversi » (p. 373), qui deviendra le parti ministériel si le comte donne sa démission (ce qu'il faudrait éviter). Elle en veut au comte (pour n’avoir pas noté la fameuse formule) et au prince, qui l’a « trompée ». F n’est coupable que d’un « petit assassinat » banal. - La comtesse cogite jusqu’à 5 h du matin où elle demande à être mise au lit. - Le comte est venu plusieurs fois lui rendre visite en vain (il se demande s’il doit présenter sa démission). Elle accepte enfin de le recevoir (il la trouve vieillie, et terne, « dépouillée de toute passion »). Elle lui propose une « séparation à l'amiable » parce qu’elle l’aime (ht p. 376). Il se jette à genoux et essaie de la convaincre : « Il dit tout ce que l’étonnement profond, et ensuite le désespoir le plus vif, peuvent inspirer à un homme d'esprit passionnément amoureux ». Elle revient sur leur amour, ses sentiments, sa fidélité, et la méchanceté des gens qui lui a attribué une liaison avec F : « Je vous jure devant Dieu, et sur la vie de Fabrice, que jamais il ne s’est passé entre lui et moi la plus petite chose que n’eût pas pu souffrir l’œil d’une tierce personne. Je ne vous dirai pas non plus que je l’aime exactement comme ferait une sœur ; je l’aime d’instinct, pour parler ainsi » (p. 376-377). Elle ne peut plus aimer le comte, vieillie et ternie par ce malheur : « Mon cœur est éteint par cet affreux malheur, je ne puis plus aimer. Je ne vois plus en vous, cher comte, que l’ombre de quelqu'un qui me fut cher ». « Parler d'amour m'ennuie, et me semble indécent ». Alors que lui l’aime « avec plus de passion que les premiers jours » (bas p. 377). Il ne peut même plus élaborer des stratégies politiques habiles : « Impossible, chère amie, lui dit-il enfin ; je suis en proie aux déchirements de la passion la plus violente, et vous me demandez d'interroger ma raison ! Il n’y a plus de raison pour moi ! » (passion / raison). Il prend conscience qu’elle ne l’aime plus : « C’en est fait, se dit-il avec désespoir, elle n’a plus d'amour pour moi et bien plus, elle ne me place plus même au rang des hommes d'honneur vulgaires ». Ce n’est que lorsqu'il essaie de l’intéresser en montrant qu'il s’est renseigné sur l'affaire qu’elle s'intéresse enfin à la conversation, mais lui reproche d’avoir préféré l'intérêt du prince au sien (bas p. 380). Il a eu un « instinct de courtisan ». Elle ne peut plus l’aimer (« Comptez que j'ai soixante ans ; la jeune femme est morte en moi ») mais veut une séparation sans effusion : « je veux me séparer de vous à l’amiable, c’est-à-dire en bonne et vieille amie », sans le compromettre et sans l’affliger (même si elle donne l’impression d’avoir pris un jeune amant. Elle répète qu’elle ne l’a jamais trompé). Le comte sort de chez elle plus amoureux que jamais : c’est selon le narrateur, la caractéristique de l’amour en Italie, on aime d’autant plus qu’on n’est plus aimé : « Il voyait chez la duchesse l'intention bien arrêtée de se séparer de lui, et jamais il n’avait été aussi éperdument amoureux ». Il a conscience de la faute commise envers la duchesse (« la plus grande faute de ma vie » qu'il va falloir réparer, quitte à démissionner. Il va tout tenter pour « faire évader F », et convoque notamment le confesseur de Rassi, l’abbé Dugnani. 17. p. 384 à 400 - Le comte envisage l'avenir : il fait ses calculs, pour savoir ce sur quoi il peut compter s’il démissionne, et s'ils vont vivre ensemble à Naples avec Gina et Fabrice. - Il passe un marché avec Rassi : la croix de Saint-Paul (ordre de Parme) ou de l'argent contre des renseignements. Rassi avoue que le prince craint que le comte ne démissionne et serait prêt à fortement récompenser Mosca, s’il n'intervient pas en faveur de F, ce qui équivaut selon Mosca, à se « brouiller avec la duchesse ». Le duc fait croire qu’il souhaiterait en dédommagement épouser la princesse Isota, cousine du prince. Rassi propose son entremise, et Mosca lui promet ce dont il rêve : l’anoblir. Rassi est en pleine extase, « fou de bonheur » (p. 389) : il voit s'approcher son rêve de devenir baron Riva. Evidemment, Mosca compte toujours démissionner et sauver F : il voulait juste « cuisiner » Rassi sur les intentions du prince, notamment savoir s’il comptait le remplacer. - Il voudrait raconter cela à la duchesse, mais n’est plus le bienvenu chez elle, comme elle le lui signifie dans une lettre amicale : « ‘’Puisqu'’il est vrai, cher et bon ami, que nous ne sommes plus qu’amis, il faut ne venir me voir que trois fois par semaine. Dans quinze jours nous réduirons ces visites, toujours si chères à mon cœur, à deux par mois. Si vous voulez me plaire, donnez de la publicité à cette sorte de rupture ; si vous vouliez me rendre presque tout l’amour que jadis j'eus pour vous, vous feriez choix d’une nouvelle amie. Quant à moi, j'ai de grands projets de dissipation : je compte aller beaucoup dans le monde, peut-être même trouverai-je un homme d'esprit pour me faire oublier mes malheurs. Sans doute en qualité d’ami la première place dans mon cœur vous sera toujours réservée ; mais je ne veux plus que l’on dise que mes démarches ont été dictées par votre sagesse ; je veux surtout que l’on sache bien que j'ai perdu toute influence sur vos déterminations. En un mot, cher comte, croyez que vous serez toujours mon ami le plus cher, mais jamais autre chose. Ne gardez, je vous prie, aucune idée de retour, tout est bien fini. Comptez à jamais sur mon amitié ». Le comte transmet alors à la duchesse une lettre de démission pour le prince, mais elle refuse. - La duchesse passe dans le monde pour une femme au « cœur sec » (p. 392) : le bruit court que F va être mis à mort, et elle paraît s’en moquer : « La duchesse ne paraissait point trop au désespoir. Selon les apparences, elle n’accordait que des regrets assez modérés à son jeune amant », « Mais déjà la duchesse, chose incroyable ! paraissait disposée à écouter les cajoleries des plus beaux jeunes gens de la cour. On remarquait, entre autres singularités, qu’elle avait été fort gaie dans une conversation avec le comte Baldi, l’amant actuel de la Raversi ». On s’imagine que c’est la jalousie de Mosca qui est à l’origine de la mort de F. Il est l’objet de toutes les moqueries : « Tout le monde se moquait d’un amant ridicule qui, à l’âge de cinquante-six ans, sacrifiait une position magnifique au chagrin d’être quitté par une femme sans cœur et qui, depuis longtemps, lui préférait un jeune homme ». Mosca essaie de faire un dernier chantage à Rassi : il sera baron si F sort de prison, mais Rassi affirme ne rien pouvoir faire, le prince étant si fâché contre la Sanseverina qu'il ne libèrera pas F. Finalement, Mosca laisse entendre qu'il partira à Naples, mais que ne voulant pas qu’on corrobore le bruit qu’il serait jaloux de F, amant de la duchesse, il souhaiterait que Rassi fasse passer une bourse à F (« Vous savez qu’on a dit que Fabrice me trompait, en ce sens qu'il était un des amants de la duchesse ; je n’accepte point ce bruit, et pour le démentir, je veux que vous fassiez passer cette bourse à Fabrice »). Rassi parti, le comte embrasse avec effusion un portrait de la duchesse, geste que le narrateur qualifie de ridicule : « Cela dit, ce grand ministre se livra à une action tellement ridicule, que nous avons quelque peine à la rapporter ; il courut prendre dans son bureau un portrait en miniature de la duchesse, et le couvrit de baisers passionnés. Pardon, mon cher ange s'écriait-il, si je n’ai pas jeté par la fenêtre et de mes propres mains ce cuistre qui ose parler de toi avec une nuance de familiarité, mais, si j'agis avec cet excès de patience, c’est pour t’obéir et il ne perdra rien pour attendre | ». Il est inquiet car Fabio Conti est réputé pour avoir utilisé du poison pour tuer un de ses ennemis... on comprend qu'il pourrait tenter d’empoisonner F. La duchesse a de son côté essayé de soudoyer des employés de la citadelle, mais en vain. 18. p. 401 à 425 En fait, rien ne peut être vraiment fait pour F, malgré les efforts de la duchesse, tant le prince et la cour le haïssent. Ici, intervient une longue description du palais du gouverneur, la vue sur la campagne, le cours de la Parma (sorte de torrent qui va se jeter dans le Pô) et les Alpes qu’a F. Petite précision sur la tour Farnèse (avant une description assez longue aussi) dans laquelle on lui a préparé une chambre : elle a été élevée en l'honneur « d’un prince héréditaire qui, fort différent de l’Hippolyte fils de Thésée, n'avait point repoussé les politesses d’une jeune belle-mère. La princesse mourut en quelques heures ; le fils du prince ne recouvra sa liberté que dix-sept ans plus tard en montant sur le trône à la mort de son père » (p. 402-403, lire note 1 p. 403). On nous dit ensuite qu’elle a été meublée avec luxe pour ce jeune prince, qui y passa les plus belles années de sa vie (étonnant pour une prison, voir note 2 p. 404). Il est précisé p. 405 que la chambre de F est doublée d’une cabane en bois très sonore, de sorte qu’il ne peut faire un mouvement sans qu’on l’entende (invention de Fabio Conti : la chambre de l’obéissance passive, envahie p. 407 par le chien Fox qui poursuit un rat, ce qui fait bien rire F et le geôlier Grillo). De sa cellule, F a vue sur une fenêtre du 2° étage d’où il peut voir une volière. Lorsqu'il arrive là au couchant, F « fut ému et ravi par ce spectacle sublime ». Il ne pense pas à son malheur mais au fait que c’est là que vit Clélia. « Notre héros se laissait charmer par les douceurs de la prison ». Il s'endort tardivement en songeant à Clélia (« Je conçois que Clélia Conti se plaise dans cette solitude aérienne ; on est ici à mille lieues au-dessus des petitesses et des méchancetés qui nous occupent là-bas. Si ces oiseaux qui sont là sous ma fenêtre lui appartiennent, je la verrai. Rougira-t-elle en m’apercevant ? »). Au réveil, il pense encore à elle dans ses paroles ? quand même elle eût cru à la sincérité de ses discours, quelle confiance eût-elle pu avoir dans la durée de ses sentiments ? Et enfin, pour achever de porter le désespoir dans son cœur, Fabrice n’était-il pas déjà fort avancé dans la carrière ecclésiastique ? n’était-il pas à la veille de se lier par des vœux éternels ? Les plus grandes dignités ne l’attendaient-elles pas dans ce genre de vie ? S’il me restait la moindre lueur de bon sens, se disait la malheureuse Clélia, ne devrais-je pas prendre la fuite ? ne devrais-je pas supplier mon père de m’enfermer dans quelque couvent fort éloigné ? Et, pour comble de misère, c'est précisément la crainte d’être éloignée de la citadelle et renfermée dans un couvent qui dirige toute ma conduite ! C’est cette crainte qui me force à dissimuler, qui m’oblige au hideux et déshonorant mensonge de feindre d’accepter les soins et les attentions publiques du marquis Crescenzi » (p. 428-429). C’est une femme « profondément raisonnable » que l’amour mène au « comble de la déraison » ! Un soir, F entend du bruit sur le grand escalier des 300 marches. F pense que qqch se prépare. (NB : il repense à une maxime de l’abbé Blanès qui peut ns intéresser pour notre thème : « L’amant songe plus souvent à arriver à sa maîtresse que le mari à garder sa femme ; le prisonnier songe plus souvent à se sauver, que le geôlier à fermer sa porte ; donc, quels que soient les obstacles, l'amant et le prisonnier doivent réussir ». Il envisage de se sauver en profitant du désordre, mais se demande ce qu'il ferait dehors, libre mais loin de Clélia.. Il préfère en profiter pour se glisser dans le palais du gouverneur pour parler à la jeune fille. Il entend à ce moment-là une sérénade qui lui est adressée, et le lendemain, elle paraît bien triste : il s'agissait d’une sérénade de Crescenzi, presque une annonce de leur mariage. Elle a cédé sous la menace d’être envoyée au couvent et de ne plus voir F. Début du 8 2 p.433 : on voit que quand deux amants sont mis dans l'impossibilité de communiquer véritablement, ils ont une idée fausse de ce qui se passe en l’autre : elle est prête à tout sacrifier pour lui, mais le lui montre mal et il conclut à de la froideur, par manque d’expérience (« ce fut le lendemain de ce jour où, voyant tous ses défauts, elle lui avait sacrifié sa vie, que Fabrice fut désespéré de sa froideur. Simême en n’employant que le langage si imparfait des signes il eût fait la moindre violence à l’âme de Clélia, probablement elle n’eût pu retenir ses larmes, et Fabrice eût obtenu l’aveu de tout ce qu’elle sentait pour lui ; mais il manquait d’audace, il avait une trop mortelle crainte d’offenser Clélia, elle pouvait le punir d’une peine trop sévère. En d’autres termes, Fabrice n’avait aucune expérience du genre d'émotion que donne une femme que l’on aime ; c'était une sensation qu’il n’avait jamais éprouvée, même dans sa plus faible nuance. Il lui fallut huit jours, après celui de la sérénade, pour se remettre avec Clélia sur le pied accoutumé de bonne amitié. La pauvre fille s’armait de sévérité, mourant de crainte de se trahir, et il semblait à Fabrice que chaque jour il était moins bien avec elle »). Un jour, après 3 mois de prison, sans aucune sensation de malheur, Clélia joue au piano et chante un message codé à F : Barbone (le geôlier) cherche à l’empoisonner. Il doit s'abstenir de manger, elle lui fera passer du pain et du chocolat (p. 435). Il en profite pour lui déclarer son amour en écrivant sur sa main des lettres au charbon : « Je vous aime, et la vie ne m'est précieuse que parce que je vous vois », ce à quoi elle répond avec « beaucoup d’humeur », mais devant la peur de le perdre, elle consent à communiquer en écrivant sur les pages d’un livre. Il est heureux d’avoir enfin trouvé un vrai moyen de correspondance, et reçoit « ivre de joie » un premier colis le soir (chocolat + de quoi écrire : il écrit « une longue lettre » que Clélia vient finalement chercher après des heures ; elle y répond par une lettre demandant qu’il ne la fâche plus en évoquant son amour : « Comment n’avez-vous pas senti que le sujet que vous traitez dans votre lettre au crayon est fait pour me déplaire ? », et en donnant des nouvelles de la duchesse, fort amaigrie, sans dire — par vertu, alors qu’elle le sous-entendait dans sa première version p. 438 — qu’elle a sans doute un nouvel amant, l’ex de la Raversi : le comte Baldi). Le lendemain, c’est Grillo qui dépose un paquet à F (avec du pain) : « Ce paquet contenait un pain assez gros, garni de tous les côtés de petites croix tracées à la plume : Fabrice les couvrit de baisers ; il était amoureux ». Ils communiquent pendant une heure et demie, mais Clélia refuse de répondre sur les « choses défendues » : il y a bien un sujet interdit, c’est l'amour, alors que c’est ce qui fait qu’ils communiquent... F a soin de « ne point placer de choses tendres, du moins d’une façon qui pût offenser » (p.439). Du coup, sa lettre est « acceptée » et « Clélia ne lui fit pas de reproches ». Pb de la communication amoureuse : jusqu'où a-t-on le droit d’aller dans certaines circonstances ? Clélia envoie du contre-poison volé à son père : « pour lui », elle a « osé » le lui prendre. Mais elle ne lui avoue pas son amour, tout en le vivant intensément : « jamais il ne put obtenir le moindre aveu qui ressemblât à de l'amour, mais il avait le bonheur de vivre de la manière la plus intime avec Clélia. Tous les matins, et souvent les soirs, il y avait une longue conversation avec les alphabets ; chaque soir, à neuf heures, Clélia acceptait une longue lettre, et quelquefois y répondait par quelques mots » (p. 439). Paradoxe de la communication amoureuse : il ne faut pas dire clairement l’amour. Le quotidien de F est amélioré par le fait que Grillo lui apporte pain et vin. Il est heureux comme jamais. Retour au comte Mosca, qui, pour retarder la mort annoncée de F, joue sur le désir du fiscal général Rassi de devenir baron Riva, et sur le désir du prince de se faire roi constitutionnel de la Lombardie. La duchesse est régulièrement plongée dans le désespoir de l’annonce de la mort prochaine de F. Désespoir accru par le fait qu’elle persiste à ne voir Mosca (qui souffre aussi, jaloux du comte Baldi) que 2 X/ mois. « Elle était punie de sa cruauté envers ce pauvre homme par les alternatives continuelles de sombre désespoir où elle passait sa vie. En vain le comte Mosca, surmontant la jalousie cruelle que lui inspiraient les assiduités du comte Baldi, ce si bel homme, écrivait à la duchesse quand il ne pouvait la voir, et lui donnait connaissance de tous les renseignements qu’il devait au zèle du futur baron Riva, la duchesse aurait eu besoin, pour pouvoir résister aux bruits atroces qui couraient sans cesse sur Fabrice, de passer sa vie avec un homme d'esprit et de cœur tel que Mosca ; la nullité du Baldi, la laissant à ses pensées, lui donnait une façon d'exister affreuse, et le comte ne pouvait parvenir à lui communiquer ses raisons d’espérer » (p.442). Le comte Mosca va même jusqu’à menacer Fabio Conti de le tuer si F périt : « Si Fabrice périt d’une façon suspecte, cette mort pourra m'être attribuée, je passerai pour un jaloux, ce serait pour moi un ridicule abominable et que je suis résolu de ne pas accepter. Donc, et pour m'en laver, s’il périt de maladie, je vous tuerai de ma main ; comptez là-dessus » (p.443). Le fiscal Rassi commet en outre l’imprudence de transmettre à Fabio Conti la copie de la condamnation de F à 12 ans de citadelle, ceci sans l’assentiment du prince, qui ne pourra plus avoir l’ascendant sur la duchesse en lui faisant croire que F va mourir (bas p. 443). Fin du ch / Fabio Conti qui craint les musiciens du marquis Crescenzi qui leur fait jouer la sérénade à Clélia. 11 les retient enfermés et les fait fouiller. L'un d’entre eux se dénonce spontanément : il devait transmettre une lettre de la duchesse à F. 20. p. 446 à 473 Une nuit, F qui regarde les étoiles est surpris par un message lumineux qu’il décode : « Ina pense à toi ». Il y répond « F t'aime » (p. 447). Il apprend que ces signaux durent depuis 4 mois. Ils élaborent un code. « Elle revint à lui dire des tendresses ; elle ne pouvait s’arracher d’auprès de luil». F avoue le lendemain à Clélia que la duchesse veut le faire libérer, ce à quoi il se refuse. Clélia fond en larmes : F sent que la vie n’a plus d'intérêt pour lui s’il en est séparé : « S'il eût pu lui adresser la parole de près, peut-être alors eût-il obtenu l’aveu de sentiments dont l'incertitude le plongeait souvent dans un profond découragement ; il sentait vivement que la vie, sans l’amour de Clélia, ne pouvait être pour lui qu’une suite de chagrins amers ou d’ennuis insupportables. Il lui semblait que ce n’était plus la peine de vivre pour retrouver ces mêmes bonheurs qui lui semblaient intéressants avant d’avoir connu l’amour, et quoique le suicide ne soit pas encore à la mode en Italie, il y avait songé comme à une ressource, si le destin le séparait de Clélia ». Le lendemain, elle lui fait parvenir une lettre : sa vie est menacée, il doit sortir de prison s’il en a l’occasion. Elle se risque à lui transmettre ce message malgré le fait que ses mots soient « déplacés ». D'ailleurs, rien ne sera possible entre eux, donc il ne doit pas se bercer d'illusions : « Vous dites que vous avez de l’amitié pour moi : songez d’abord que des obstacles insurmontables s'opposent à ce que ce sentiment prenne jamais une certaine fixité entre nous. Nous nous serons rencontrés dans notre jeunesse, nous nous serons tendu une main secourable dans une période malheureuse ; le destin m’aura placé en ce lieu de sévérité pour adoucir vos peines, mais je me ferais des reproches éternels si des illusions, que rien n'autorise et n’autorisera jamais, vous portaient à ne pas saisir toutes les occasions possibles de soustraire votre vie à un si affreux péril. J'ai perdu la paix de l’âme par la cruelle imprudence que j'ai commise en échangeant avec vous quelques signes de bonne amitié : Si nos jeux d’enfant, avec des alphabets, vous conduisent à des illusions si peu fondées et qui peuvent vous être si fatales, ce serait en vain que pour me justifier je me rappellerais la tentative de Barbone. Je vous aurais jeté moi-même dans un péril bien plus affreux, bien plus certain, en croyant vous soustraire à un danger du moment ; et mes imprudences sont à jamais impardonnables si elles ont fait naître des sentiments qui puissent vous porter à résister aux conseils de la duchesse. Voyez ce que vous m’obligez à vous répéter ; sauvez-vous, je vous l’ordonne... » (p. 449-450). F est tour à tour plein d’espoir et désespéré par cette lettre, « il payait la peine de sa complète ignorance en ce genre de guerre ; il ne voyait que de la simple amitié, ou même de l'humanité fort ordinaire, dans cette lettre de Clélia » (p. 450). Il est tout à fait décidé : même s’il est libéré, il n’aura pas cette intimité qu’il a aujourd’hui avec Clélia. Il supplie Clélia de lui accorder une entrevue pour répondre à sa lettre, qui aurait lieu pendant la promenade que Don Cesare lui accorde en cachette à la tombée de la nuit. Ils pourraient se retrouver dans la chapelle décorée de marbre noir ? en attendant, il refuse toute libération. Réponse de Clélia : un silence de 5 jours ! F est au désespoir : « Il conclut de cette absence que, malgré certains regards qui lui avaient fait concevoir de folles espérances, jamais il n’avait inspiré à Clélia d’autres sentiments que ceux d’une simple amitié. En ce cas, se disait-il, que m'importe la vie ? que le prince me la fasse perdre, il sera le bienvenu ; raison de plus pour ne pas quitter la forteresse. Et c'était avec un profond sentiment de dégoût que, toutes les nuits, il répondait aux signaux de la petite lampe. La duchesse le crut tout à fait fou quand elle lut, sur le bulletin des signaux que Ludovic lui apportait tous les matins, ces mots étranges : je ne veux pas me sauver ; je veux mourir ici ! ». Mais Clélia est encore plus malheureuse que lui. Elle envisage de partir au couvent pr que F accepte de sortir de la prison. Mais elle ne peut s’y résoudre devant la preuve d'amour que lui donne F. Elle finit par refuser cette entrevue par lettre, mais craint continuellement pour sa vie. Elle se croit cause de la mort possible de F (p. 455), et demande même l'assistance du geôlier Grillo, qui pourrait la trahir à son père. Même après cela, F doute encore d’être aimé: « Fabrice était tellement amoureux, la plus simple expression de la volonté de Clélia le plongeait dans une telle crainte, que même cette étrange communication ne fut point pour lui la certitude d’être aimé ». 22 prévu un plan B : faire entrer des cordes par Ludovic et des hommes intelligents qui s’introduiraient dans le palais à la faveur d’un moment de trouble dû à un malaise de Fabio Conti, à qui elle compte faire donner un fort narcotique (= substance chimique capable d'induire, chez l'humain et chez l'animal, un état proche du sommeil et qui engourdit la sensibilité) donnant l'impression d’une attaque. Sauf que, emportée par sa fougue, elle manque tout faire rater car le narcotique produit un effet trop puissant. Ludovic parvient à faire passer les cordes à Clélia, qui le voit comme le meurtrier de son père. Il se défend en arguant qu’on a donné à son père du laudanum (remède à base d'opium pour lutter contre la douleur). Si elle le dénonce, elle condamne F : « Ainsi, me voilà en dialogue réglé, se disait-elle, avec l’'empoisonneur de mon père, et qui emploie des tournures polies pour me parler ! Et c'est l'amour qui m'a conduite à tous ces crimes !.… ». Elle fait transmettre les infos au médecin, et terrifiée d’être l'artisan de la mort de son père, se met à prier. Fabio Conti reprend ses esprits. Clélia fait parvenir une lettre à F : elle obéira à son père, car elle est prise de remords : « Pénétrée des remords les plus vifs par ce qui a été fait, non pas, grâce au ciel, de mon consentement, mais à l’occasion d’une idée que j'avais eue, j’ai fait vœu à la très-sainte Vierge que si, par l’effet de sa sainte intercession, mon père est sauvé, jamais je n’opposerai un refus à ses ordres ; j’épouserai le marquis aussitôt que j'en serai requise par lui, et jamais je ne vous reverrai ». Mais elle lui transmet les infos pour sa fuite : « Si vous périssez, je ne vous survivrai point ; grand Dieu ! qu’est- ce que je dis ? mais si vous réussissez, je ne vous reverrai jamais ». Le jour où l’on fête la guérison de Fabio Conti à la prison, les soldats s’enivrent. F démonte l’abat- jour et arrange les cordes. Clélia culpabilise encore de trahir son père : « Cette fille pieuse sentait fort bien jusqu’à quel point elle trahissait son père, et un père qui venait d’être presque empoisonné dans l'intérêt du prisonnier qu’elle aimait » (p. 496). . p. 498 à 519 Un peu après minuit 30, F voit le signal à la fenêtre de la volière. Il grimpe sur le toit. Il dispose les cordes et pense à Dieu puis à Clélia : « Combien je suis différent, se dit-il, du Fabrice léger et libertin qui entra ici il y a neuf mois ! » (p. 501). Il descend et fuit, très faible (s'endort, s’'évanouit). Il se réveille dans les bras de la duchesse dont il reconnaît le parfum. « La duchesse perdit la tête absolument en revoyant Fabrice ; elle le serrait convulsivement dans ses bras, puis fut au désespoir en se voyant couverte de sang ; c'était celui des mains de Fabrice ; elle le crut dangereusement blessé ». Le comte paie un chirurgien ressemblant à F pour qu'il se fasse réarrêter à sa place. Une fois qu’ils sont en sécurité, la duchesse offre à Ludovic une de ses terres (la Ricciarda). NB : elle fait alors une remarque bizarre concernant Clélia (ht p. 507) : « C'est par hasard et parce qu’il a su plaire à cette petite fille, que la vie de Fabrice a été sauvée ! S'il n’avait été aimable, il mourait. Est- ce que vous pourrez me nier cela ? dit-elle en marchant sur Ludovic avec des yeux où éclatait la plus sombre fureur », mais son humeur semble soudain changer et elle ordonne à Ludovic 1) d’aller à Sacca pour faire préparer une fête grandiose dans son château, enivrant tous les habitants, faisant tirer un feu d'artifice (pour que cela semble une insolence à Parme), et parallèlement, 2) d'aller à Parme ouvrir le réservoir d’eau du palais Sanseverina pour inonder la ville. Elle lui signe une reconnaissance de dette qui formalise sa donation. Le lendemain, F et la duchesse sont à Belgirate mais F s'ennuie, regrette la prison et la duchesse en conçoit un immense chagrin : « On s'établit dans ce village enchanteur ; mais un chagrin mortel attendait la duchesse sur ce beau lac. Fabrice était entièrement changé ; dès les premiers moments où il s'était réveillé de son sommeil, en quelque sorte léthargique, après sa fuite, la duchesse s'était aperçue qu'il se passait en lui quelque chose d’extraordinaire. Le sentiment profond par lui caché avec beaucoup de soin était assez bizarre, ce n’était rien moins que ceci : il était au désespoir d’être hors de prison. Il se gardaïit bien d’avouer cette cause de sa tristesse, elle eût amené des questions auxquelles il ne voulait pas répondre » (p.511). Il est toujours gentil avec elle, mais est à proprement parler ailleurs. Leurs conversations sont vides. La duchesse met cela sur le compte de son âge, ou du fait qu’il lui préfère une autre femme : « Le chagrin m’a vieillie, ou bien il aime réellement, et je n’ai plus que la seconde place dans son cœur ». Elle pense qu'il est amoureux, et ne voit pas comment elle pourrait l’en blâmer : « Le ciel l’a voulu, reprenait-elle ; Fabrice est amoureux, et de quel droit voudrais-je qu’il ne fût pas amoureux ? Une seule parole d'amour véritable at-elle jamais été échangée entre nous ? ». Elle se doute que c’est Clélia qu'il aime, elle qui a trahi son père pour le sauver. Mais elle n'arrive plus à le faire parler de rien comme autrefois (ht p. 513). Il a même fait disposer dans sa chambre des vues de Parme, de la tour Farnèse, du palais du gouverneur. Il a même écrit une lettre à Fabio Conti pour s’excuser de sa fuite, espérant que Clélia lirait cette lettre ridicule, où il affirme regretter sa chambre de la tour Farnèse. Il fait aussi transmettre à Don Cesare des exemplaires neufs des ouvrages qu'il lui avait prêtés car il les a annotés : « il avait écrit jour par jour sur les marges un journal fort exact de tout ce qui lui arrivait en prison ; les grands événements n'étaient autre chose que des extases d'amour divin (ce mot divin en remplaçait un autre qu’on n’osait écrire). Tantôt cet amour divin conduisait le prisonnier à un profond désespoir, d’autres fois une voix entendue à travers les airs rendait quelque espérance et causait des transports de bonheur. [...] S'il en avait suivi les marges, il aurait vu qu’un jour le prisonnier, se croyant empoisonné, se félicitait de mourir à moins de quarante pas de distance de ce qu'il avait aimé le mieux dans ce monde. Mais un autre œil que celui du bon aumônier avait lu cette page depuis la fuite. Cette belle idée : Mourir près de ce qu’on aime ! exprimée de cent façons différentes, était suivie d’un sonnet où l’on voyait que l’âme séparée, après des tourments atroces, de ce corps fragile qu’elle avait habité pendant vingt-trois ans, poussée par cet instinct de bonheur naturel à tout ce qui exista une fois, ne remonterait pas au ciel se mêler aux chœurs des anges aussitôt qu’elle serait libre et dans le cas où le jugement terrible lui accorderait le pardon de ses péchés ; mais que, plus heureuse après la mort qu’elle n’avait été durant la vie, elle irait à quelques pas de la prison, où si longtemps elle avait gémi, se réunir à tout ce qu’elle avait aimé au monde. Et ainsi, disait le dernier vers du sonnet, j'aurai trouvé mon paradis sur la terre ». Don Cesare montre ces livres à Clélia (exactement ce que F espérait) qui reconnaît l'écriture de F. Instinctivement (« comme il est vrai de dire qu’au milieu des plats intérêts d'argent, et de la froideur décolorée des pensées vulgaires qui remplissent notre vie, les démarches inspirées par une vraie passion manquent rarement de produire leur effet ; comme si une divinité propice prenait le soin de les conduire par la main, Clélia, guidée par cet instinct et par la pensée d’une seule chose au monde, demanda à son oncle de comparer l’ancien exemplaire de saint Jérôme avec celui qu'il venait de recevoir », elle revient aux exemplaires annotés par F et y découvre « les mémoires, jour par jour, de l’amour qu’on avait senti pour elle ! » avec ravissement. Elle a des remords, mais s’en console par le vœu qu’elle a fait de ne plus jamais revoir F. Personne n’a de soupçons que sa complicité dans l’évasion de F, mais cela ne la console pas : « Mais aussitôt que Clélia n’eut plus d’inquiétudes de ce côté, elle fut plus cruellement agitée encore par ses justes remords. Quelle raison au monde, se disait-elle, peut diminuer le crime d’une fille qui trahit son père ? ». Elle a enfin le courage d’avouer à son père qu’elle ne se sent aucun atome crochu avec Crescenzi mais l’épousera s’il le souhaite vraiment. 23 A la cour, on blâme F de sa fuite, et on minimise son courage, d'autant plus que par sa faute, 8 soldats qui l’ont prétendument aidé ont été fusillés. p. 520 à 545 Seul l'archevêque Landriani reste fidèle à F. Ferrante Palla fait passer sous le manteau des sonnets célébrant son évasion. On se récrie contre la duchesse qui a célébré l'événement au château de Sacca, tout en l’admirant. F fait parvenir à Clélia un mouchoir de soie sur lequel est imprimé un sonnet de Pétrarque, qu’elle reçoit deux jours après avoir accepté la demande de Crescenzi. Le mariage est à présent acté, et des dépenses extraordinaires sont engagées, et F en est affecté : « Et moi je suis si pauvre | se disait Fabrice, quatre mille livres de rente en tout et pour tout ! c'est vraiment une insolence à moi d’oser être amoureux de Clélia Conti, pour qui se font tous ces miracles » (p.524). Un silence morne s’est installé entre F et la duchesse, alors même que le comte écrit tous les jours à Gina, en essayant de masquer sa tendresse. Mais ses lettres sont à peine lues : « Que fait, hélas ! la fidélité d’un amant estimé, quand on a le cœur percé par la froideur de celui qu’on lui préfère ? En deux mois de temps la duchesse ne lui répondit qu’une fois, et ce fut pour l’engager à sonder le terrain auprès de la princesse, et à voir si, malgré l’insolence du feu d'artifice, on recevrait avec plaisir une lettre de la duchesse ». Elle fait demander une place de chevalier d'honneur de la princesse pour le marquis Crescenzi, à la princesse, qui lui répond positivement et tendrement (elle lui manque). Elle favorise l’union qui met F au désespoir, alors qu’elle le voit tous les jours plus muet. La duchesse a pris un appartement à Locarno pour F, où la mère et les sœurs de F viennent deux fois les voir, ce qui leur fait plaisir (cela laisse à juger de l'agrément de leurs tête-à-tête quotidiens : on sous-entend que ces tête-à-tête sont vraiment médiocres). Un soir, elles apprennent la mort du prince de Parme, la duchesse pense que c’est elle qui est à l’origine de cette mort. Elle a fait tout cela pour F qui pourtant continue à rêvasser sans s'impliquer. Elle s’évanouit (sans plus de succès auprès de F) : « J'ai fait cela pour lui, se dit-elle j'aurais fait mille fois pis, et le voilà qui est là devant moi indifférent et songeant à une autre ! Il était au-dessus des forces de la duchesse de supporter cette affreuse pensée ; elle tomba dans un profond évanouissement. Tout le monde s’empressa pour la secourir; mais, en revenant à elle, elle remarqua que Fabrice se donnait moins de mouvement que l’archiprêtre et le curé ; il rêvait comme à l’ordinaire. — Il pense à retourner à Parme, se dit la duchesse, et peut-être à rompre le mariage de Clélia avec le marquis ; mais je saurai l'empêcher » (p. 528). Elle songe que ses relations avec lui ont vraiment changé : « Qui me l’eût dit que je m'ennuierais en me promenant sur ce lac charmant, en tête à tête avec lui, et au moment où j'ai fait pour le venger plus que je ne puis lui dire ! Après un tel spectacle, la mort n’est rien. C’est maintenant que je paie les transports de bonheur et de joie enfantine que je trouvais dans mon palais à Parme lorsque j'y reçus Fabrice revenant de Naples. Si j” peut-être que, lié avec moi, il n’eût pas songé à cette petite Clélia ; mais ce mot me faisait une répugnance horrible. Maintenant elle l'emporte sur moi. Quoi de plus simple ? elle a vingt ans ; et moi, changée par les soucis, malade, j'ai le double de son âge femme de quarante ans n’est plus quelque chose que pour les hommes qui l’ont aimée dans sa jeunesse ! Maintenant je ne trouverai plus que des jouissances de vanité ; et cela vaut-il la peine de eusse dit un mot, tout était fini, et Il faut mourir, il faut finir ! Une vivre ? Raison de plus pour aller à Parme, et pour m’amuser. Si les choses tournaient d’une certaine façon, on m'ôterait la vie. Eh bien ! où est le mal ? Je ferai une mort magnifique, et, avant que de finir, mais seulement alors, je dirai à Fabrice : Ingrat ! c’est pour toi !… Oui, je ne puis trouver Fabrice toute l'influence qu'il avait eue jadis sur l'âme de la duchesse » (p. 565-566). Le comte craint alors que F soit empoisonné et offre même de faire tuer Rassi, ce que la duchesse refuse (car elle ne veut pas que le comte ait des remords qui gâcheraient leur vie future : « Rassi doit la vie à ce que je vous aime mieux que Fabrice ; non, je ne veux pas empoisonner toutes les soirées de la vieillesse que nous allons passer ensemble ». Fabio Conti refuse que la duchesse visite F : il est trop content qu’il se soit rendu et pressé de s’en venger (avant qu’on l’acquitte). 25. p. 568 à 589 Clélia sait parfaitement qu’il « n’y aurait jamais de bonheur pour elle loin de F » (p. 568) mais s’est engagée à faire le sacrifice d’épouser Crescenzi en échange de la guérison de son père. Elle a juré de ne pas revoir F, ce qu’elle a « promis à la Madone » : « tels étaient les termes précis de son vœu à la Madone : Mes yeux ne le reverront jamais. Elle les avait inscrits dans un petit papier que son oncle Cesare lui avait permis de brûler sur l’autel au moment de l’offrande, tandis qu’il disait la messe ». Une vieille femme employée à la cuisine annonce à Clélia que F ne sortira que mort de la citadelle. Le soir, don Cesare donne sa démission à son frère, pour raison de « conscience », ce qui fait croire à Clélia que F est bel et bien mort. Elle décide de tout braver pour lui rendre visite et se présente devant sa cellule. « Clélia, en ce moment, était animée d’une force surnaturelle, elle était hors d'elle-même. Je vais sauver mon mari, se disait-elle » (p. 572). Elle entre dans la chambre suivie par le guichetier qui déchire sa robe mais ne parvient pas à l'empêcher d'entrer et de fermer le verrou. Elle tutoie alors F pour savoir s’il a touché à son dîner : « Ce tutoiement ravit Fabrice. Dans son trouble, Clélia oubliait pour la première fois la retenue féminine, et laissait voir son amour. Fabrice allait commencer ce fatal repas : il la prit dans ses bras et la couvrit de baisers. Ce dîner était empoisonné, pensa-t-il ; si je lui dis que je n’y ai pas touché, la religion reprend ses droits et Clélia s'enfuit. Si elle me regarde au contraire comme un mourant, j'obtiendrai d’elle qu’elle ne me quitte point. Elle désire trouver un moyen de rompre son exécrable mariage, le hasard nous le présente ; les geôliers vont s’assembler, ils enfonceront la porte, et voici une esclandre telle que peut-être le marquis Crescenzi en sera effrayé, et le mariage rompu ». Celui qui arrive est en réalité le général Fontana qui dit venir le sauver (on apprend à la page suivante, p. 575, que c’est la duchesse qui l’a fait envoyer à la citadelle. L'arrivée du général Fontana est expliquée par une analepse qui prend place des p. 577 à 581 : le prince a fait jurer à G que s’il sauve F, elle se donnera à lui dans les 3 mois : « dans une heure, lorsque cette imagination de poison, lorsque ce cauchemar aura disparu, ma présence vous deviendra importune, vous me disgracierez, madame. Eh bien ! il me faut un serment : jurez, madame, que si Fabrice vous est rendu sain et sauf, j'obtiendrai de vous, d’ici à trois mois tout ce que mon amour peut désirer de plus heureux ; vous assurerez le bonheur de ma vie entière en mettant à ma disposition une heure de la vôtre, et vous serez toute à moi ». Gina cède à ce chantage et jure, et le prince ordonne à Fontana d'aller en urgence à la citadelle (p. 580). Entre tps (pdt que Fontana part chercher F), le prince mène Gina à la chapelle pour qu’elle renouvelle son serment (lui à genoux devant elle : parodie de mariage). « De bonne foi, si Fabrice est sauvé, si, de tout votre pouvoir, vous le faites coadjuteur et futur archevêque, je me déshonore et je suis à vous » (p. 582). Le prince est littéralement « hors de lui » de bonheur. F est enfin acquitté et nommé coadjuteur de l’archevêque avec future succession (p. 587). Mais il est au désespoir, car Clélia s’est réfugiée chez sa tante (« quelqu’un qui eût connu ses engagements antérieurs, et qui l’eût vue agir maintenant, eût pu penser qu’avec les dangers de son amant, son amour pour lui avait cessé »), la comtesse Contarini, devant la maison de laquelle il ne cesse de passer, et face à laquelle il loue une chambre. Mais elle refuse tout contact visuel quand il l’aperçoit et il devient très mélancolique. Il devient insensible à tous les honneurs qui lui sont rendus (vertu éducative de l’amour, p. 588). Tout le monde est frappé par sa « tristesse si extraordinaire ». Même la vanité naturelle à l’homme disparaît chez lui. . p. 590 à 608 Les seuls moments où il sort de sa tristesse : quand il aperçoit Clélia (caché à la fenêtre de l'appart en face de chez la tante). Clélia a l’air bcp plus sérieux, ce qu’il prend comme un mauvais signe (p. 590). Il pense que c’est le signe qu’elle veut vraiment tenir sa promesse à la Madone. En fait, Clélia sachant que son père, tombé en disgrâce, ne pourrait revenir que lors de son mariage avec Crescenzi, lui a écrit qu’elle « désirait ce mariage », ce qui la perturbe. Elle a vieilli de « 10 ans », « on eût dit qu’elle avait 30 ans ». Elle sait que F la regarde mais ferme les yeux quand elle le voit. Elle n’estime pas son père, trouve son futur mari plat et aime un ho qu’elle ne doit jamais revoir. « Malheur parfait » (p.591). F décide d'agir. Il gagne des domestiques de la tante, et s’introduit au palais Contarini. Clélia se jette dans ses bras et lui reproche d’avoir tardé à venir ! « Fabrice la serrait dans ses bras, hors de lui de surprise et de bonheur ». Ils discutent longtemps sur les circonstances de l’exil de son père. Bonheur de courte durée. De son côté, Gina fait un marché avec don Cesare qui veut que son frère soit rétabli : elle le recevra à dîner comme un ami si le mariage de Clélia est accéléré. Don Cesare demande à Clélia de céder. Elle va voir son père, malade, presque fou et décide de rompre définitivement avec F. Elle lui demande d'accepter son mariage, et il le fait fort amicalement (ce qui agace Clélia : l'amitié n’est pas l'amour !). De son côté, la duchesse x les fêtes (son budget a augmenté, car Ranuce V est très amoureux d’elle et veut la fixer à sa cour). F reste enfermé dans le petit appartement de son protecteur l'archevêque Landriani, ce qui lui vaut une réputation « de sainteté ». Il passe pr pieux alors qu'il est simplement désespéré par le mariage de Clélia. Il s’enferme dans le silence (8 j avant le mariage). Il va voir sa tante qui pleure de le voir amaigri et malheureux, mais lui en veut finalement de se mettre dans cet état pour Clélia : « Lorsqu’elle se fut dit que tout ce changement dans l'apparence de ce beau jeune homme était causé par le mariage de Clélia, elle eut des sentiments presque égaux en véhémence à ceux de l’archevêque, quoique plus habilement contenus. Elle eut la barbarie de parler longuement de certains détails pittoresques qui avaient signalé les fêtes charmantes données par le marquis Crescenzi. Fabrice ne répondait pas; mais ses yeux se fermèrent un peu par un mouvement convulsif, et il devint encore plus pâle qu'il ne l'était, ce qui d’abord eût semblé impossible. Dans ces moments de vive douleur, sa pâleur prenait une teinte verte » (bas p. 597). Même le comte ne peut plus être jaloux de F et s'emploie à lui redonner goût à la vie. Mais il ne parvient pas à faire surgir en lui une once de gaieté...il lui rappelle qu'il est attendu à la cour le samedi suivant pr l’anniversaire de la princesse. F se dit que sa meilleure chance de ne croiser personne est de venir très tôt et de repartir très vite de cette soirée. Mais on convoque F pour le whist du prince, ce qui est un grand honneur qu'il ne peut refuser. On annonce les époux Crescenzi, et F d’abord en colère se sent une soudaine envie de pleurer, lorsqu'un air de musique célèbre est chanté. Il justifie ses larmes par des maux de tête. Il rencontre les yeux remplis de larmes aussi de Clélia. 1l décide de céder au plaisir de la regarder, ruinant ainsi tous les efforts faits pr l'oublier. « En effet, Fabrice pleura à chaudes larmes pendant 27 plus d’une demi-heure. Par bonheur, une symphonie de Mozart, horriblement écorchée, comme c'est l’usage en Italie, vint à son secours et l’aida à sécher ses larmes. Il tint ferme et ne tourna pas les yeux vers la marquise Crescenzi ; mais madame P... chanta de nouveau, et l'âme de Fabrice, soulagée par les larmes, arriva à un état de repos parfait. Alors la vie lui apparut sous un nouveau jour. Est-ce que je prétends, se dit-il, pouvoir l'oublier entièrement dès les premiers moments ? cela me serait-il possible ? Il arriva à cette idée : Puis-je être plus malheureux que je ne le suis depuis deux mois ? et si rien ne peut augmenter mon angoisse, pourquoi résister au plaisir de la voir ? Elle a oublié ses serments ; elle est légère : toutes les femmes ne le sont-elles pas ? Mais qui pourrait lui refuser une beauté céleste ? Elle a un regard qui me ravit en extase, tandis que je suis obligé de faire effort sur moi-même pour regarder les femmes qui passent pour les plus belles ! eh bien ! pourquoi ne pas me laisser ravir ? ce sera du moins un moment de répit. Fabrice avait quelque connaissance des hommes, mais aucune expérience des passions, sans quoi il se fût dit que ce plaisir d’un moment, auquel il allait céder, rendrait inutiles tous les efforts qu’il faisait depuis deux mois pour oublier Clélia ». p. 603-604 : on rejoue la sc du point de vue de Clélia, obligée elle aussi à venir à cette fête, et qui avait espéré que F n’y serait pas. Elle ne le reconnaît que tardivement tant il a changé sous l’effet de la souffrance. « Le malheureux, qu’il a souffert ! se dit-elle ; et elle baissa la tête accablée par la douleur, et non pour être fidèle à son vœu. Son cœur était bouleversé par la pitié ; qu’il était loin d’avoir cet air après neuf mois de prison ! ». Elle pense qu’ « il avait oubliée ; s’il était tellement maigri, c'était l’effet des jeûnes sévères auxquels sa piété se soumettait. Clélia fut confirmée dans cette triste idée par la conversation de tous ses voisins : le nom du coadjuteur était dans toutes les bouches ; on cherchait la cause de l’insigne faveur dont on le voyait l’objet : lui, si jeune, être admis au jeu du prince ! ». Au changement de place de F, il la regarde, et elle le regarde, oubliant son vœu. Il lui récite en passant près d’elle et en reconnaissant son parfum, deux vers d’un sonnet qu’il lui avait envoyé, et elle se rend compte qu'il ne l’a pas oubliée. Il n’est pas inconstant ! en partant, elle lui donne son éventail, preuve de son « amitié » (ht p. 607). F reprend alors ses appartements au palais Sanseverina : tout le monde croit qu’il prend la grosse tête après avoir joué avec le prince, sauf la duchesse qui voit qu'il est « d'accord avec Clélia » et qui décide de quitter la cour. Le comte lui aussi veut s'éloigner (son absence sera un vrai pb pour le prince), et offre à la duchesse de l’épouser. . p. 609 à 625 Cette proposition intervient alors que la duchesse s’est aperçue que « cette petite dévote » de Clélia ne résiste pas 3 mois à F. Elle se prépare à partir, mais le prince, qui a vent de son départ, lui rappelle son serment. Il offre même de l’épouser. La duchesse ne cède pas et lui demande finalement de ne pas insister à lui faire perdre son honneur : elle quitterait ses Etats pour tjs. Mais le prince met l’honneur ailleurs (tenir sa promesse). La duchesse lui fixe Rv à 10 h le soir même, et lui répète qu’il sera éternellement malheureux, car elle s’en ira ensuite. Il lui rappelle qu’elle a tort de refuser d’être son épouse, d'autant qu’il l’aime : « De votre côté, vous refusez la couronne de Parme, et mieux que la couronne, car vous n’eussiez point été une princesse vulgaire, épousée par politique, et qu’on n’aime point ; mon cœur est tout à vous, et vous vous fussiez vue à jamais la maîtresse absolue de mes actions comme de mon gouvernement » (p.612). Il ne cède pas et elle se rend au RV (ellipse sur l’acte sexuel : à 10 h 30, tout est fini. Elle écrit au comte que c’est fait, qu’elle l’attend à Bologne, et qu’elle accepte de l’épouser même si ce n’est pas une bonne affaire
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