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La communauté de pratique un outil pertinent résumé des connaissances adaptées au contexte de la santé publique, Notes de Santé publique

Typologie: Notes

2018/2019

Téléchargé le 14/10/2019

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Télécharge La communauté de pratique un outil pertinent résumé des connaissances adaptées au contexte de la santé publique et plus Notes au format PDF de Santé publique sur Docsity uniquement! La communauté de pratique un outil pertinent : résumé des connaissances adaptées au contexte de la santé publique FICHE D’INFORMATION Novembre 2017 La présente fiche vise à répondre aux besoins d’informations exprimés par des personnes consultées dans le cadre d’une démarche exploratoire menée par l’INSPQ : besoins d’informations factuelles sur ce qu’est ou n’est pas une communauté de pratique, ses avantages, limites, indications et implications en santé publique. Sommaire Une communauté de pratique, de quoi parle-t-on? 2 Comment fonctionne une communauté de pratique? 5 Quelles sont les étapes de mise en œuvre d’une communauté de pratique? 11 Comment suivre une communauté de pratique? 14 Outil pertinent pour le travail collaboratif La communauté de pratique suscite un intérêt grandissant dans divers champs de la santé publique. Il s’agit d’un mode de travail collaboratif s’avérant précieux tant pour soutenir les intervenants dans leur pratique que pour faire avancer « la pratique » dans leur champ de savoir. Cela est possible à condition de bien saisir le concept de communauté de pratique, d’en comprendre le fonctionnement et de pourvoir les conditions de succès. La présente fiche d’information a été conçue pour favoriser une représentation partagée de ce qu’est une communauté de pratique et d’enrichir la réflexion des intervenants et gestionnaires de santé publique intéressés à y recourir. La fiche s’appuie sur la littérature, mais est également inspirée des savoirs d’expérience documentés auprès d’informateurs-clés, dans le cadre d’une démarche exploratoire menée par l’INSPQ au printemps 2016 concernant les besoins liés aux communautés de pratique. Les faits saillants de la démarche sont disponibles à l’adresse suivante : https://www.inspq.qc.ca/institut/transfert-des- connaissances/communautes-de-pratique MESSAGES-CLÉS  Au cœur du concept, il y a l’idée d’apprentissage en interaction avec les autres;  Une communauté de pratique ne se dirige pas, elle s’anime!  L’efficacité d’une communauté de pratique est liée à son niveau d’activité et d’interaction, à l’engagement mutuel et la satisfaction des membres;  Une communauté de pratique efficace bénéficie d’un environnement facilitant. La communauté de pratique un outil précieux : résumé des connaissances adaptées au contexte de santé publique 2 Communauté de pratique : de quoi parle-t-on? Le recours à la communauté de pratique est assez récent dans le réseau de la santé, bien qu’il s’agisse d’une structure de travail collaboratif utilisée dans le monde des affaires depuis plus de 25 ans. Elle y est reconnue pour sa contribution au développement professionnel et à la performance des organisations. La présente fiche illustre comment la communauté de pratique est une stratégie de transfert de connaissances et de développement des compétences adaptée à la pratique de la santé publique. Définition d’une communauté de pratique Le concept s’est surtout fait connaître par le biais des travaux de Lave et Wenger en 1991. Les définitions varient selon les auteurs mais trois dimensions se retrouvent dans la plupart d’entre elles. La définition la plus répandue est la suivante : « Les communautés de pratique sont des groupes de personnes qui se rassemblent afin de partager et d’apprendre les uns des autres, face à face ou virtuellement. Ils sont tenus ensemble par un intérêt commun dans un champ de savoir et sont conduits par un désir et un besoin de partager des problèmes, des expériences, des modèles, des outils et les meilleures pratiques. Les membres de la communauté approfondissent leurs connaissances en interagissant sur une base continue et à long terme, ils développent ensemble de bonnes pratiques. » (Wenger, McDermott et Snyder, 2002) La communauté de pratique s’appuierait ainsi sur trois pierres angulaires : Un domaine d’activité commun Constitue le domaine d’activité stratégique ou champ de savoir qui suscite un intérêt commun chez un groupe de personnes. Ce domaine définit ce que ces personnes veulent faire ensemble. C’est la raison d’être de la communauté. Par exemple, l’épidémiologie de terrain, la prévention du jeu pathologique. Une communauté On entend par communauté, la structure sociale qui s’établit au fil des interactions des personnes sur une base régulière et qui conduit à la création d’un sentiment d’appartenance. Associée à l’idée d’intelligence collective (Campos, 2006), elle repose sur l’engagement mutuel des membres et requiert confiance et ouverture. Elle est indissociable de la notion de réciprocité : les membres s’engagent dans une collaboration où ils reçoivent et donnent (Hamel, 2009). Une pratique partagée La pratique réfère aux savoirs scientifiques ou explicites, aux savoirs d’expérience ou tacites, aux outils que les personnes sont intéressées à partager ainsi qu’aux connaissances qu’elles construisent ensemble. La pratique se décline en un répertoire de ressources mis à la disposition de tous les membres. Ce répertoire soutient les membres dans la résolution de problèmes, l’approfondissement de leurs connaissances et le développement de leurs compétences. Figure 1 Pierres angulaires d’une communauté de pratique Source : Wenger, McDermott et Snyder, 2002. La littérature fait état d’un manque de clarté du concept de communauté de pratique notamment au niveau de la complexité des interactions sociales qui y prennent place. Le concept se peaufine donc de plus en plus, notamment dans le secteur de la santé prenant en compte la complexité d’une pratique multidisciplinaire, interorganisationnelle ou même intersectorielle comme c’est le cas en santé publique (Li et al. 2009; Ranmuthagala et al., 2011). La communauté de pratique un outil précieux : résumé des connaissances adaptées au contexte de santé publique 5 Des bénéfices pour les membres, les organisations et la communauté Les membres d’une communauté de pratique peuvent offrir et trouver de l’aide pour les défis auxquels ils font face dans leur pratique. Autres bénéfices importants documentés :  Augmentation du sentiment d’identité professionnelle;  Acquisition et maintien à jour de leurs connaissances;  Amélioration de leurs compétences professionnelles;  Augmentation de la confiance dans leur propre expertise;  Épargne de temps : optimisation de leur temps de recherche;  Altruisme, se sentir utile, compréhension avantageuse des visions et des idées des autres;  Satisfaction personnelle à faire partie d’un groupe de personnes intéressantes. Les organisations peuvent compter sur des professionnels davantage outillés pour aider à leur tour les collègues dans leur équipe, leur service ou leur direction et plus encore :  Augmentation de la rapidité de transmission des meilleures pratiques;  Gain de productivité par exemple par le partage de solutions existantes plutôt que de réinventer la roue pour des cas semblables; diminution des risques de duplication;  Capacité accrue de résolution de problèmes;  Intégration plus facile des nouveaux dans le domaine;  Mise à profit de l’expertise des professionnels plus expérimentés;  Décuplement de l’impact d’une formation grâce à la poursuite des échanges et du partage en communauté;  Mutualisation des ressources pour accéder à des connaissances rares (Parot et al., 2004);  Lieu d’expérimentation d’un nouvel outil de travail avant une diffusion plus large. Quelles formes prennent les communautés de pratique? Les caractéristiques de chaque communauté sont uniques en fonction du domaine d’activité, de la pratique concernée et des défis à relever. En santé publique les communautés de pratique existantes ou projetées sont liées soit à une fonction (ex : surveillance), un champ d’exercice (ex. : santé environnementale, maladies infectieuses, promotion et prévention en contexte scolaire) ou une problématique spécifique (ex : jeu pathologique, adaptation aux changements climatiques). Le mode de création de la communauté, sa composition, la façon dont les membres échangent et quelques autres caractéristiques structurantes définissent une typologie des communautés de pratique (Langelier et al., 2005; Dubé et al., 2006). Selon le mode de création Spontanée : se forme naturellement en raison du besoin de partager des membres. Intentionnelle : instaurée par une organisation qui a des attentes signifiées. Selon la composition Ouverte : toute personne intéressée peut participer. Fermée : sélection des membres selon des critères précis comme la profession, le rôle (infirmières, travailleur social, répondant régional, etc.), le champ d’activités (immunisation) ou autres. Intra ou inter-organisationnelle : selon que la communauté dépasse ou non les frontières d’une organisation (ex. : les directions de santé publique de toute la province ou les professionnels d’un service au MSSS). Intra ou intersectorielle : selon que les membres appartiennent au même secteur ou à divers secteurs concernés par le domaine. Les communautés de pratique intersectorielles peuvent permettre une meilleure compréhension des enjeux de santé publique à des partenaires d’autres secteurs détenant les leviers pour agir sur les déterminants de la santé. La communauté de pratique un outil précieux : résumé des connaissances adaptées au contexte de santé publique 6 Locale ou dispersée : selon que les membres soient regroupés au sein d’une instance locale ou dispersés dans des zones géographiques différentes (ex. : les gestionnaires de l’INSPQ dans les différentes installations de Québec et Montréal). Homogène ou diversifiée : selon que les membres appartiennent à des cultures professionnelles semblables ou différentes (ex : différentes professions, différents rôles, différentes provinces, différents secteurs, etc.). Petite, moyenne ou de grande taille : une communauté peut compter de quelques-uns à plusieurs centaines de membres selon le domaine et les caractéristiques de la communauté. Il semble toutefois que plus la communauté est de grande taille, plus les défis sont grands. Certains suggèrent une taille idéale entre 20 et 50 membres pour assurer des échanges productifs et une animation efficace ou la mise en place de sous- groupes d’intérêt dans les communautés de pratique de plus grande taille. Un minimum d’une dizaine de membres est souhaitable pour assurer un volume et une diversité d’échanges. Selon la façon dont les membres échangent Virtuelle : la communauté de pratique utilise uniquement les technologies de l’information et de la communication (TIC) permettant de contrer distance et temps dans ses interactions. En présentiel : se réunit en face à face. Hybride : combine les TIC avec des rencontres en présentiel. Selon la littérature et les personnes interviewées, il est préférable de tenir au moins une rencontre en présence par année pour favoriser l’établissement de liens et la création du sentiment d’appartenance. Les communautés de pratique en santé publique sont de plus en plus souvent virtuelles offrant l’avantage de réunir des intervenants pour qui il serait difficile autrement de collaborer de façon régulière en raison des contraintes de distance, de temps et d’espace. Comment fonctionne une communauté de pratique? Les membres d’une communauté de pratique se donnent des objectifs en lien avec leur pratique. Ils établissent un programme d’activités permettant les interactions pour partager les connaissances, les utiliser et les produire. Exemples d’activités : ateliers, ouvrage collectif, trousse d’outils, forum de discussion, club de lecture, discussions de cas, webinaires, conférences par un expert invité, activités de réseautage. C’est à travers le dialogue que les connaissances sont exprimées, repérées, identifiées, échangées. Les membres explorent différentes idées, réagissent aux idées des uns et des autres. Les occasions et les formes d’apprentissage sont multiples mais toutes sont liées à la participation (Parot, 2004) :  Consulter le répertoire de ressources.  Réagir, contester, confronter, approfondir.  Résoudre des problèmes à travers les discussions et autres types d’échanges.  Solliciter des experts. Les membres doivent être encouragés à partager des idées, poser des questions, être à l’écoute des problèmes rencontrés par les autres. Ils doivent être conscients qu’ils n’accèdent pas seulement à un service (logique de consommation) mais qu’ils s’engagent dans une relation exigeant une participation active de leur part (Parot, 2004). Il faut ensuite organiser les connaissances partagées entre les membres afin de les rendre facilement accessibles : juste assez (éviter l’amnésie ou au contraire « le documentalisme » à outrance), juste à temps (rendre l’information disponible au moment où elle est nécessaire) (Langelier, 2005; CIUSSS CE, 2015). Il s’agit de mettre en contact rapidement un individu avec la source de connaissances qu’il lui faut. Une bonne pratique est d’utiliser plusieurs logiques de classement afin de simplifier l’accès aux connaissances (ex. : par thème, par sujet, par auteur, par date, etc. La constitution d’un annuaire avec des rubriques comme « Qui fait quoi? Qui a fait quoi? Qui sait quoi? La communauté de pratique un outil précieux : résumé des connaissances adaptées au contexte de santé publique 7 Qui connaît qui? » est très utile. La façon de gérer la documentation dans le répertoire partagé constitue un des moyens de gagner la confiance des participants (Langelier, 2005). Évolution d’une communauté de pratique Selon Wenger, une communauté de pratique évolue à travers cinq stades différents (Wenger et al., 2002). Figure 2. Les stades d’évolution d’une communauté de pratique Tirée de CEFRIO (2005). Travailler, apprendre et collaborer en réseau, p.22 (Adaptation Richard McDermott, 2002). LES CINQ STADES Potentiel : les gens se découvrent les uns et les autres, imaginent diverses possibilités. Unification : adhésion d’une masse critique de personnes engagées dans la communauté de pratique. Augmentation des connaissances partagées. Maturité : la communauté de pratique développe sa vitalité, les activités pas nécessairement nombreuses sont intenses. Momentum : correspond à la période de productivité : échanges féconds, activités, productions. Transformation : point tournant : poursuivre? changer? Toute communauté de pratique évolue à son rythme selon ses caractéristiques. Plusieurs mois sont nécessaires pour que la communauté de pratique atteigne un niveau où elle devient efficace, porte fruits. Il faut donc s’attendre à une période moins productive avant de recueillir les avantages et les bénéfices. La communauté de pratique doit être soutenue car elle est fragile pendant l’évolution vers la productivité. « Une communauté de pratique se construit ensemble et traverse diverses étapes. Il faut du temps pour que la confiance s’établisse et que les liens se tissent. » Citation captée d’une entrevue réalisée dans le cadre d’une démarche exploratoire menée par l’INSPQ. Document « La communauté de pratique : quels sont les besoins des acteurs en santé publique? disponible ici : https://www.inspq.qc.ca/institut/transfert-des- connaissances/communautes-de-pratique Types de relations Il se développe un niveau et une qualité d’interaction variables au sein des communautés de pratique selon le champ d’exercice et les objectifs poursuivis. Cela se traduit par une variation dans le type de rencontres, leur fréquence ainsi que les modalités d’échange et fréquence des interactions entre les rencontres. Interactions possibles et pertinentes (Langelier, 2005; Tétreault, 2013; Parot et al., 2004; Leclerc-Jacques, 2013; Ford et al., 2015, ASSSM, 2010) :  Faire un appel à tous,  Répondre à une question posée par un membre,  Partager une information connue jugée utile,  Contribuer à une production collective,  Prodiguer un conseil,  Émettre un commentaire,  Faire une recommandation,  Présenter une expérience probante,  Présenter un élément de connaissance robuste en lien avec le domaine d’intérêt. Tous les membres ne participent pas au même niveau. Plusieurs études rapportent que le profil de participation habituel est le suivant : les contributeurs qui se répartissent entre un noyau très actif (environ 10 %) insufflant énergie et dynamisme à la communauté) et un noyau actif (20 % des membres); les observateurs légitimes majoritairement silencieux représentant environ 70 % des membres qui demeurent en périphérie. Ceux-ci bénéficient toutefois des échanges et peuvent éventuellement jouer un rôle plus actif (réservoir de contributeurs potentiels) (Leclerc-Jacques, 2013; Tétreault, 2013). Il faut aussi noter que des actions peuvent être entreprises suite à la lecture d’une discussion tant chez les contributeurs que chez les La communauté de pratique un outil précieux : résumé des connaissances adaptées au contexte de santé publique 10 Il est important de former les membres de la communauté de pratique à l’utilisation de la plateforme choisie, mais aussi sur ce qu’est une communauté de pratique, le partage des connaissances, la communication interpersonnelle à distance, la résolution de problèmes, etc. Dans le cas de communautés de pratique intentionnelles  S’assurer de thématiques, tâches et attentes porteuses et stimulantes pour les membres tout en étant d’intérêt stratégique pour les décideurs et gestionnaires;  Laisser à la communauté de pratique le soin de s’auto-organiser. Facteurs de succès liés aux membres Disposant d’un environnement favorable, les membres d’une communauté de pratique doivent mettre l’épaule à la roue pour assurer un fonctionnement efficace. Les facteurs individuels importants sont :  L’ouverture aux idées nouvelles;  La curiosité;  L’autodiscipline;  La souplesse;  L’initiative, l’intérêt;  La participation qui constitue le principal enjeu. Les membres doivent se donner le temps. Il est souvent plus important de savoir aider et se faire aider que d’être en mesure de répondre soi-même à toutes les questions. Afficher un sens critique tout en étant constructif. Être en mesure d’identifier ses propres lacunes et besoins (Langelier, 2005; Lafleur, 2012). La communauté doit trouver son rythme c’est-à-dire une fréquence adéquate pour les activités afin qu’elle ne soit ne soit pas trop accaparante mais demeure stimulante. Il faut aussi développer des espaces où les membres peuvent communiquer entre eux entre les rencontres (Gosselin, 2011). EFFICACITÉ = IMPLICATIONY X ÉCHANGESZ Les membres doivent se donner du temps et inscrire une participation systématique à la communauté dans leur agenda. Par exemple, contribuer à un échange, consulter ses collègues, répondre à une question, transmettre une information, partager une expérience (Jacob et Paquet, 2013). Facteurs de succès liés à la communauté Plusieurs personnes interviewées dans le cadre de la démarche menée par l’INSPQ confirment que les membres doivent rapidement voir la valeur ajoutée de partager leurs expériences, idées, connaissances. Ils doivent saisir l’utilité que cela aura pour eux, pour la pratique dans leur domaine. « Il faut que la communauté de pratique soit proche du quotidien des membres. Plus on est proche de ce qu’ils souhaitent, de ce qu’ils veulent, mieux ça fonctionne ». Citation captée d’une entrevue réalisée dans le cadre d’une démarche exploratoire menée par l’INSPQ portant sur les besoins liés à la mise en œuvre d’une communauté de pratique en santé publique. Document « La communauté de pratique : quels sont les besoins des acteurs en santé publique? disponible ici : https://www.inspq.qc.ca/institut/transfert-des- connaissances/communautes-de-pratique Les autres facteurs importants sont :  Des objectifs bien définis.  L’engagement mutuel sans lequel la confiance ne peut s’établir. Les membres doivent se sentir en confiance de partager leurs connaissances et utiliser celles des autres.  Des objets de travail en lien direct avec la pratique des membres.  Une animation de qualité : importance d’avoir des animateurs dédiés. Comme les membres d’une communauté de pratique ne sont pas actifs en permanence, il faut que l’animateur soit proactif afin de soutenir la participation. Fournir une information régulière, des nouvelles, un courrier récapitulatif des échanges, etc. (Parot et al. 2004; Langelier, 2005; Jacob et Paquet, 2013).  Des activités répondant aux besoins des membres (satisfaction des membres). La communauté de pratique un outil précieux : résumé des connaissances adaptées au contexte de santé publique 11 Quelles sont les étapes de mise en œuvre? Au moment d’initier une communauté de pratique, certaines étapes sont requises. Ces étapes ne représentent pas un processus linéaire et peuvent se chevaucher ou être interverties selon les contextes. Constitution d’un groupe noyau et préparation Que la communauté de pratique soit spontanée ou intentionnelle, il est judicieux de former un groupe « noyau » pour préparer le projet de communauté. Ce groupe devrait regrouper des individus motivés : initiateur/fondateur, parrain, expert de contenu, spécialiste des TIC, etc. Il peut parfois être bénéfique d’adjoindre un conseiller expérimenté. La majorité des initiateurs/fondateurs de communauté de pratique interrogés par l’INSPQ ont recherché et obtenu le soutien d’une personne plus expérimentée lors du démarrage de leur communauté. De plus, cela s’est avéré un besoin exprimé par 100 % des professionnels qui envisagent la mise sur pied d’une communauté de pratique. Figure 3 Étapes de mise en oeuvre d’une communauté de pratique Préparation/groupe noyau Analyse de besoins Recrutement Configuration Obtention des ressources Outillage technologique Évaluation/suivi La communauté de pratique un outil précieux : résumé des connaissances adaptées au contexte de santé publique 12 Le groupe « noyau » se penche sur les objectifs de la communauté de pratique, le profil des membres à recruter, les caractéristiques souhaitées, etc. Le tout étant évidemment modulable après validation auprès des futurs membres. Analyse des besoins Il faut identifier les besoins précis qui conduisent à choisir ce mode de travail collaboratif et déterminer à quel (s) groupe (s) de professionnels la communauté sera utile. Diverses modalités sont possibles, le sondage en ligne s’avérant le plus souvent utilisé. Recrutement C’est souvent le domaine d’intérêt qui influence le recrutement des membres. Dans le cas d’une communauté de pratique intentionnelle, les attentes détermineront parfois qui recruter. Un réseau existant peut s’avérer un bon point de départ. La diversité culturelle (ex : divers secteurs d’activités, champs d’exercice ou régions) favorise des échanges riches tout en posant un défi pour établir la confiance et la poursuite d’objectifs communs. Selon une étude du CEFRIO, les volontaires sont plus susceptibles de participer activement que les personnes qui ont été forcées d’intégrer la communauté de pratique, ce qui a été corroboré auprès des personnes interrogées. Configuration de la communauté La configuration signifie définir les paramètres de la communauté de pratique de façon à répondre aux besoins des membres ainsi qu’aux attentes de l’organisation dans le cas d’une communauté de pratique intentionnelle. La communauté de pratique s’organise selon ses besoins et son contexte. Voici les actions proposées :  Attribuer des rôles et responsabilités. Une même personne peut jouer plusieurs rôles ou plusieurs personnes peuvent se partager un même rôle (ex. : animation « tournante » entre quelques personnes). LES DIVERS ROLES POSSIBLES (ADAPTÉ DE LANGELIER, 2005 ET JACOB ET PAQUET, 2013) Animateur : assure le leadership, organise, soutient les relations interpersonnelles, stimule les échanges, motive, relance, fait le lien avec les collaborateurs externes. Peut déléguer certaines de ces tâches…et en assumer d’autres également (ex. : administrateur). Membre : Adhère à la communauté et participe aux activités qui y sont organisées. Doit s’impliquer et participer au bon fonctionnement. Fondateur : Initie la communauté. Participe à l’élaboration de la mission et des objectifs. Expert de contenu : Détient une expertise spécifique d’intérêt pour la communauté. Aide, enrichit, valide. Veilleur : Détecte et analyse le contenu thématique. Administrateur : Organise et coordonne les événements et activités de la communauté. Personne-ressource en TI : Surveille et entretient les outils de collaboration. Adapte les outils selon les besoins : paramétrage; gestion des droits et accès; sécurité. Mentor : membre expérimenté chargé de l’intégration des nouveaux membres; explique les normes et politiques de la communauté. Rapporteur : Identifie et publie sous forme de documents, les présentations, rapports, savoirs pertinents, meilleures pratiques, nouvelles approches ou leçons tirées de la communauté. Parrain : Veille à la visibilité de la communauté, ses ressources et son importance stratégique. Protecteur de la communauté lui offrant une reconnaissance. Il est important que l’attribution des rôles et responsabilités soit vue comme une forme de reconnaissance et non comme une charge supplémentaire (Harvey, 2011). La communauté de pratique un outil précieux : résumé des connaissances adaptées au contexte de santé publique 15 Comment suivre une communauté et en mesurer l’efficacité? Les retombées potentielles d’une communauté de pratique peuvent être d’ordre individuel (membre), organisationnel ou collectif (communauté). Ces retombées sont liées à un fonctionnement efficace et dynamique de la communauté de pratique qui à son tour, repose sur un environnement facilitant. Il peut donc s’avérer pertinent de documenter la mise en œuvre avant de se prononcer sur les impacts. Comme les communautés de pratique prennent du temps à évoluer et devenir productives, les activités doivent être soutenues au fil du temps. L’évaluation doit être dynamique, réalisée à intervalles réguliers et se pencher sur différents éléments adaptés au stade de développement de la communauté. Malgré le grand intérêt théorique et pratique pour les communautés de pratique, il y a peu de propositions basées sur des preuves pour les évaluer. La capacité d’attribuer les changements à une communauté de pratique est limité dans les études réalisées à ce jour (Ranmuthugala et al., 2010; Bertone et al., 2013 ; Richard et al., 2014). Toutefois le nombre d’articles scientifiques qui se penchent sur ces aspects est en augmentation. Des auteurs proposent des cadres d’évaluation comportant des dimensions et indicateurs qui reflètent les divers aspects des communautés de pratique et les processus y ayant cours (Ranmuthugala et al., 2010; Wenger et al., 2011; Bertone et al., 2013 ; Richard et al., 2014). Il est recommandé d’avoir recours à des indicateurs tant quantitatifs que qualitatifs afin de pouvoir rattacher l’action de la communauté à des résultats opérationnels. Une combinaison de méthodes est suggérée afin de suivre l’évolution de la communauté de pratique, sa « santé » et son efficacité. Suivre l’évolution de la communauté Parmi les moyens permettant de suivre la communauté de pratique au fil de son évolution afin d’apporter des ajustements notons :  Tenir un journal de bord;  Prévoir des rencontres entre l’animateur et le parrain ou le gestionnaire responsable. Mesurer la « santé » de la communauté de pratique La « santé » de la communauté de pratique est associée aux processus et activités au sein de la communauté et inclut la :  vitalité : niveau d’activité et d’interaction,  satisfaction des membres. L’analyse des statistiques de fréquentation permet de documenter le niveau d’activité (ex : nombre de visites sur la plate-forme, sections visitées, nombres d’échanges, etc. Pour ce qui est de la satisfaction des membres on aura plutôt recours à des sondages en ligne, focus group ou entrevues. Des aspects comme la réponse aux besoins des membres, les activités les plus pertinentes, les difficultés rencontrées peuvent être documentées, etc. Mesurer l’efficacité de la communauté de pratique L’efficacité d’une communauté de pratique réfère à son impact (Jacob et Paquet, 2013) et inclut :  L’atteinte d’objectifs fixés ou attentes signifiées;  Les apprentissages réalisés par les membres;  La valeur créée pour l’organisation ou le réseau de santé publique incidemment (par exemple la réduction du temps de recherche d’informations par les intervenants). Des sondages pré/post sur les compétences professionnelles et les collaborations, focus group et entrevues s’avèrent de bons moyens pour aller documenter des éléments comme ce que les membres ont adapté dans leur pratique, ce qui leur a permis de résoudre certains problèmes, etc. La communauté de pratique un outil précieux : résumé des connaissances adaptées au contexte de santé publique 16 En résumé Par sa structure et son fonctionnement, la communauté de pratique s’avère une stratégie des plus pertinentes pour lier la théorie à la pratique et contribuer à l’intégration des données probantes (savoirs tacites et explicites) dans les prises de décision en santé publique. La communauté de pratique représente toutefois un changement de culture posant un défi à la fois aux professionnels et aux organisations. Pour les individus, il s’agit de passer d’une logique individualiste à une logique de partage. Pour les organisations, il s’agit d’évoluer vers des environnements moins contrôlés où plus de latitude est consentie aux professionnels et une plus grande valorisation est accordée au savoir et à l’apprentissage. Cela suppose un effort d’ouverture. Pour espérer tirer profit de la communauté de pratique il faut réunir les facteurs de succès reconnus. Dynamiser les communautés, les aider à se structurer et à fonctionner efficacement prend du temps et exige des ressources. Le champ d’études des communautés de pratique dans le secteur de la santé et plus spécifiquement en santé publique est encore jeune. D’autres expériences et études sont requises afin de documenter la façon dont les apprentissages y sont réalisés et les processus par lesquels les communautés produisent leurs effets. Le plus difficile avec une communauté de pratique ne serait pas tant sa mise en place mais bien d’assurer sa pérennité ! POUR EN SAVOIR PLUS… Vous trouverez des éléments complémentaires sur le site de l’INSPQ à l’adresse suivante : https://www.inspq.qc.ca/institut/transfert-des- connaissances/communautes-de-pratique Principales références Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie. (2010). L’animation d’une communauté de pratique: une compétence incontournable au courtage des connaissances. Bulletin de Veille VIsAge. Arzumanyan, L., & Mayrhofer, U. (2016). L’adoption des outils numériques dans les communautés de pratique: Le cas du Groupe SEB. Revue Française de Gestion, 42(254), 147–162. https://doi.org/10.3166/rfg.2016.00006 Bertone, M., Meessen, B., Clarysse, G., Hercot, D., Kelley, A., Kafando, Y., … Witter, S. (2013). Assessing communities of practice in health policy: a conceptual framework as a first step towards empirical research. Health Research Policy and Systems, 11, 39. https://doi.org/10.1186/1478-4505-11-39 Campos, M. N. (2006). Des communautés de pratique aux communautés épistémiques. In Communautés virtuelles: penser et agir en réseaux. Québec: Les Presses de l’Université Laval. Centre de réadaptation en dépendance de Montréal- Institut universitaire. (2015). Les communautés de pratiques: définition, enjeux et spécificités dans le monde médical. Recension des écrits. CIUSSS du Centre-Est-de- l’île-de-Montréal. Dube, L., Bourhis, A., & Jacob, R. (2006). Towards a typology of virtual communities of practice. Interdisciplinary Journal of Information, Knowledge and Management, 1, 69. Ford, J. R., Korjonen, H., Keswani, A., & Hughes, E. (2015). Virtual communities of practice: can they support the prevention agenda in public health? Online Journal of Public Health Informatics, 7(2). https://doi.org/10.5210/ojphi.v7i2.6031 Hamel, C. (2009). Determinants of participation in an online community of practice (Thesis submitted in partial fullfilment of the requirements Masters of sciences in E-business technologies). Université d’Ottawa, Ottawa, Ont. Retrieved from http://www.ruor.uottawa.ca/handle/10393/28383 Harvey, J.-F. (2010). Comment favoriser le partage des connaissances? Le cas des communautés de pratique pilotées. Gestion, Vol.35(4), 73. https://doi.org/10.3917/riges.354.0073 La communauté de pratique un outil précieux : résumé des connaissances adaptées au contexte de santé publique 17 Stenuit Hautdidier, F. (2006). Créer et animer des communautés de pratique: préconisations pour une entreprise de formation et de conseil (Thèse en vue de l’obtention du DESS en Sciences de l’information et de la documentation spécialisés). Conservatoire national des arts et métiers, Institut national des techniques de la documentation, Paris. Retrieved from http://memsic.ccsd.cnrs.fr/mem_00000413/document Jacob, R., & Paquet, M.-J. (2013). Mettre en oeuvre une communauté de pratique. Principes et facteurs de succès. présenté au Séminaire de formation. 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