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La cousine bette de Balzac: l'ecriture de I'enonciation, Résumés de Arts

Le texte romanesque n'est donc pas une simple donnée narrative que. Balzac accomplit comme auteur de romans; il déborde les limites d'une vision. «dramatique» ...

Typologie: Résumés

2021/2022

Téléchargé le 03/08/2022

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Télécharge La cousine bette de Balzac: l'ecriture de I'enonciation et plus Résumés au format PDF de Arts sur Docsity uniquement! ANALES DE FILOLOG{A FRANCESA. N.° 2, 1987. PÂGS. 5-19 La cousine bette de Balzac: l’ecriture de l’enonciation POR GASTON ELDUAYEN Université de Grenude La conception mimétique de l'art chez Balzac implique sa volonté d'impo- ser la vision d'un monde reflété par l’art romanesque et transparent à l'ana- lyse de l'auteur omniscient. L'intelligibilité de l'univers n’est jamais mise en question. Toutefois narrer ne consiste pas qu'à raconter simplement une his- toire vraisemblable. La narration instaure un univers original dépendant des mécanismes de l'énonciation qui constituent la clef d'une signification autre que celle d’une première lecture du récit. Le texte romanesque n'est donc pas une simple donnée narrative que Balzac accomplit comme auteur de romans; il déborde les limites d’une vision «dramatique» pour s'inscrire dans une réalité beaucoup plus vaste: dans le double mouvement de l'énoncé et de l’énonciation, du discours et du récit. Je me limiterai à donner un seul exemple introductif concernant l’exis- tence de cette présence constante dans l'univers romanesque balzacien, de cette dialectique narrative à laquelle je viens de me référer, Certaines incur- sions dans la temporalité sont le fait des personnages qui, par un phénomène de reconstruction de mémoire, situent les événements dans une durée subjec- tive, dans un temps vécu eux-mêmes: Crevel se souvenant de son passé et en faisant le récit à Adeline: —Ah! nous y voici, madame. Je suis un épicier, un boutiquier, un acien débitant de pâte d'amande. ancien négociant... j'ai acheté les fonds dubit Biroteau (p. 37} !. 1 Toutes les références données renvoient à l'édition Gallimard de La Cousine Bette (folio, n.° 138, 1972). 6 GASTON ELDUAYEN Mais si Crevel tire le passé, déjà annoncé par l'écrivain à plusieurs repri- ses —un ancien commis voyageur (36), la richesse acquise dans le com- merce— (31) du fond de sa mémoire, Adéline ne s'en souvient pas ou plutôt ne veut pas se rappeler son passé. Toutefois ce temps vécu n’a pas disparu et c'est le narrateur qui va l’évoquer pour nous, au moins dans ces coordonnées. Et le récit de cette «histoire» antérieure débute sur une intervention directe du narrateur dans une instance discursive au présent, introduite par un moda- lisateur de temps maintenant qui trouve son écho un peu plus loin dans le présentatif voici: Maintenant il est nécessaire d'expliquer le dévouement extraordinaire de cette belle et noble femme; et voici l'histoire de sa vie en peu de mots (p. 51)2. Ces deux éléments se réfèrent grammaticalement à l'instance de discours que constitue l’actualisation de l'énonciation, l'intervention directe du narra- teur dans le récit, c'est-à-dire, le discours. L'auteur fait sentir sa présence directe —ce n’est pas le cas de faire la distinction entre auteur narrateur comme ce serait le cas de Proust— en passant, bien que ponctuellement, du plan du récit à celui du discours. Finalité de cette incursion?, annoncer un retour en arrière dans le temps romanesque et avertir le lecteur discursives romanesques, selon Benveniste, le JE n'apparaît pas, autrement dit, l’auteur intervient, assurément, mais tout en conservant son statut extadiégétique et de non-personnage, en demeurant dans l'impersonnel: if est necessaire: ce il est tout simplement un indice morphologique verbal de la troisième personne plutôt qu’une forme personnelle opposable à JE et à TU. À la fin de ce flash-back et avant de regagner le récit linéaire il se produit une brève ins- tance de discours qui relève de l’auteur du roman: Maintenant la nature des réflexions de la baronne et ses pleurs, après le départ de Crevel, doivent se concevoir parfaitement (p. 57). De nouveau deux éléments indicateurs du discours: maintenant et doivent, présent énonciatif. Il s’agit d’un phénomène habituel dans la narratologie balzacienne. Au plan du récit, de l’histoire narrée il faut ajouter, non comme réalité complémentaire mais comme composante parallèle, le plan de l’énonciation. Ce niveau qui permet à l'auteur de réfléchir sur son travail de composition, d'élucider le comportement de ses créatures, de se définir comme membre-individu du corps social. C’est, d'ailleurs, le plan de l’énon- ciation, domaine de la «transparence», miroir où l'écrivain, le narrateur et 2 Où l'on voit la confirmation et la coïncidence du discours de l'auteur avec celui de Crevel, ce singulier amant (p. 38), curieuse impression en écho qu'on aura l'occasion de traiter un peu plus en détail: Voilà. belle dame (38), noble et belle créature 39) LA COUSINE BETTE DE BALZAC: L'ECRITURE DE L'ENONCIATION 5 ture absente— mais je crois que ces interventions, ces manifestations du narrateur-créateur de son roman répondent plutôt à une nécessité d’épipha- nie, de présence actantielle. 11 est évident que Balzac renvoie à la perception, à la compréhension d'un observateur anonyme et contemporain !?, absent du texte mais engagé dans une lecture qui est très loin de la neutralité apparente. Ce principe n’est pourtant pas sans équivoque: le narrateur se veut absent, mais les traces de son intervention sont d’une part «subjectivisées» !1 par les indicateurs de déixis, et d'autre part «impersonnalisées» par l'absence du JE assurant proprement le subjectif, qui «a sa référence propre, et correspond chaque fois à un être unique, posé comme tel» !?, Ces traces que nous venons d'évoquer, sont toujours relevabies tout au long du roman balzacien. Cepen- dant il y en a d'autre qui, quoique toujours dépourvoues du IE, caractéristi- que des instances du discours, —«défini», selon E. Benveniste, «en termes de locution» et assumé soit par la première personne du pronom personel soit par la présence de la forme verbale correspondante—, impliquent un TU ou un VOUS nécessaire: on pourrait comprendre alors l’importance discursive des interpellations au lecteur que je viens de signaler et au sujet desquelles j'insiste avec l’apport d’un nouvel exemple: Tous ceux qui assitent aux séances de Chambres reconnaîtront les habitudes de la lutte parlementaire {...) (p. 292). Beaucoup de femmes mariées, attachées à leurs dévoirs et à leurs maris, pourront ici se demander (...) Chacun sait que les semestres des pensions {p. 311-312) ne sont ac- quités (...) (p. 439) 13. 10 D'où les références sociales topographiques, linguistiques, etc. LCB est truffé d'implica- tions culturelles qui demandent la complicité d'une «lexis» attentive: A Paris, la moitié des bienfaits sont de spéculations, comme la moitié des ingratitudes sont des vengeances (p. 135-6); Les grands de l'Empire ont égalé, dans leurs folies, les grands seigneurs d'autrefois (p. 137). Ruinés par la catastrophe de Fontainebleau (...) (p. 60). €...) comme un diamant bien taillé que Charnor aurait délicieusement serti {...) (p. 185). Les gens du faubourg Saint-Antoine n'appellent jamais autrement ce quartier célèbre que Le faubourg.* (p. 457). Chaque roman est une mosaïque où les petites pièces assurant la contextualité historique. spa- tiale, chronologique. etc. sont en grand nombre: Cfr. pp. 48, 180. 196, 248. 295, 370, 415, 434, se référant à la ville de Paris: 249-50, 305. 344, 354, 359, 295, 452 qui se rapportent à la vie politique; 187, 248-249, 294, 451, 452. 181. 380, 410, 187-188. 467, 137, 420 (vie sociale), etc. 11. Nous entendons le terme subjectivité dans le sens que E. Benveniste lui donne, c'e: dire «la capacité du Locuteur à se poser comme swes (...) qui assure la permanence de la cons- cience {...), qui se détermine par le statut linguistique de la personne (Hbid., pp. 259-603. 12 E. BENVENISTE: Problèmes de Linguistique Générale, Gallimard, 1966, p. 252. 13 L'implication discursive de VOUS est bien immédiate et directe aux deux premiers exemples: Tous ceux qui = VOUS Beaucoup de femmes mariées = VOUS 10 GASTON ELDUAYEN Faut-il préciser que nous référons, pour l'instant, qu'aux interventions du narrateur, non de l'auteur qui appartiennent à un autre plan du discours, même si toutes deux emploient des catégories grammaticales semblables? Leur énoncé est différent: l’un se référant à l’organisation du récit ou à la lecture de celui-ci (ce qui implique une information technique visant le lec- teur), l'autre (celui de Balzac) assurant précisement une fonction d'ordre moral et idéologique, passant au crible le texte romanesque par des jugements qui touchent aussi l'ordre social, économique, politique, culturel, idéologique de l'époque. Il s'ensuit que nous laissons de côté la fonction purement narrative assumée par le narrateur «omniscient», qui fait partie du récit proprement dit et non du discours, Ce qui signifie que nous soumettons à notre considération deux types généraux de «présence active», d'intrusion en instance de discours, selon qu'il est assumé par le narrateur ou par l'auteur. Les interventions afférentes au narrateur remplissent, en général, une fonction rectrice et phatique, celles de l'auteur, H. Balzac, pourraient se réduire à la fonction de témoignage et de transmission idéologique !“. La fonction recrrice est le discours sur l’organisation interne du texte narra- tif; si les exemples ne manquent ils ne sont pas très abondants. Toutefois, leur existence est un rappel à la fois formel (de la présence du narrateur) et nécessaire (renvoyant à la personne de l'écrivain): ce sont des instances sur la technique narrative: Ici se termine en quelque sorte l'introduction de cette histoire. Ce récit est au drame qui le complète, ce que sont les prémises à une proposition, ce qu'est toute exposition à toute tragédie classifique @. 175). Le jour où le récit de ce drame recommence {...) (p. 190). L'interpellation à TU est plus naturelle au troisième échantillon, même si le VOUS est aussi englobé: Chacun sait = TU = VOUS 14 Cf. G. GENETTE: Figures LL, Eds. du Seuil, 1972, où l'auteur propose cette terminolo- gie narratologique dont nous nous servons au sujet des instances de discours du narrateur et de celles propres de l'auteur. En principe, Genette se propose un but très concret, «L'objet spécifi- que de certe étude est le récit dans A da Recherche du Temps perdu» (p. 67) mais aussitôt il déclare «Ce que je propose ici est essentiellement une méthode d'analyse (...) le général est au coeur de l'individuell, et donc —contrairement au préjugé commun— le connaissable au coeur du mystère Uhid. pp. 68-69). 15. Où l'on peut constater non seulement la réflexion du téchinicien-romancier mais aussi In première voie de l'art empruntée par Balzac à son début, le théâtre. La technique dramatique est toujours décelable dans la pluplart de ses romans qui gardent au fond un peu des premiers essais de l'auteur. LA COUSINE BETTE DE BALZAC: L'ECRITURE DE L'ENONCIATION Il Voici l'heure succinte de cette lune de miel, le récit n'en sera peut- être pas perdu pour les artistes (p. 235) 16, Cette explication rétrospective, assez nécessaire quand on revoit les gens à trois ans d'intervalle, est comme le bilan de Valérie. Voici maintenant celi de son associeé Lisbeth {p. 185). La scène par laquelle commence cette sérieuse et terrible £tude de moeurs parisiennes allait donc se reproduire avec cette singulière différence que les misères prophétisées par le capitaine de la milice bourgeoise y changeaient les rôles (p. 332} !. Si comme l'affirment CI. Duchet et J. Neefs «la force du Roman balzacien est sans doute dans le triple désir de voir, de savoir, de montrer qui lui donne forme» *!, ces irruptions de l'auteur de ZCH dans son texte en sont la mar- que la plus immédiate. Le narrateur est le démiurge, l'intermédiaire entre l'univers conscient et virtuel de l'écrivain-Balzac et la matière romanesque; espèce de non-être à la recherche d'une concrétisation d'auteur. La fonction phatique est celle qui assure le contact entre le lecteur et son propre objet de lecture et qui s'explicite par l'emploi des indices morphologi- ques caractéristiques que nous avons déjà analysés: la fonction de témoignage pourrait relationner le domaine de l'affectivité, de la morale ou des connai sances intellectuelles de l’auteur avec l’histoire «réaliste-lisible» qu’il raconte; valeur bien connue de la connaissance encyclopédique et universelle de Bal- zac, qui se trouve d’ailleurs bien souvent imbriqué avec l'expression idéologi- que. Aucun plan de l'existence humaine n'échappe à sa considération et à son regard pénétrant. Le monde, tel qu’il le voit, présuppose une taxinomie sai- sissable dont la signification est inscrite dans le référent et elle se manifeste à qui veut la voir: —La ville de Paris, laboratoire fantastique où grouillent les ombres du Bien et du Mal, lieu privilégié qui fonde le récit, qui donne à la fiction l'appa- rence de la vérité et qui assure un discours greffé sur la narration: (...) Paris, 16 Balzac ne cache point la portée modélique de son art dont l'élément essentiel est la réflexion théorique sur le genre romanesque. 17. Ces instances discursives sont susceptibles de se presenter saus des formes différentes, mais elles ont toutes commme dénominateur commun cette volonté de présence, d'être «à côte» pour signaler sans équivoque le fi de la narration Au moment où cette Scène commence {...) {p. 65). Tci peut-être est-il nécessaire de faire observer {. Maintenant il est nécessaire d'expliquer {…) (p. C'était, comme on va le voir (...) p. 44. {P. 63). Cfr. aussi pp. 83, 169, 212, 203, 336, 405 18 «BALZAC: l'invention du roman» in Balzac, Colloque de Cérisy, Relfond, 1982, p. 11. *C'est nous qui soulignons. 14 GASTON ELDUAYEN dechaussée, en compagnie de Jenny Cadine, et s’écria: (..….) (p. 55): La première phrase dite par Valérie à son mari va d'ailleurs expliquer le retard qu'avait épouvé le dîner, dû probablement au dévouement intéressé de la cuisinière (p. 86). —recit— discours prospectif s’enchevétrant dans le réseau discursif qui naît des apparitions intermittentes du scripteur: En rentrant chez lui le soir, Wenceslas eut l'explication de l'énigme que présentait sa délivrance; il trouva chez le portier un gros paquet cacheté (p. 162); En prévoyant la dissolution prochaine du Beau de l'Empire, Valérie jugea nécessaire de la hâter (p. 183) 7. Mais c'est au style indirect que revient, peut-être chez Balzac, la formule tion des paroles des personnages. parmi les catégories du discours rapporté. Balzac s'en sert souvent à [a fin d’un dialogue, pour signaler les conséquences ou la portée des échanges verbaux et pour continuer le récit: Une fois le verrous tirés, Mme. Olivier raconta la tentative de co- rruption que s'était permise le haut fontionnaire à son égard (p. 222). Commencée sur ce ton, la conversation se termina par une récon- ciliation complète; mais Crevel tint à bien constater son droit de prendre una revanche (p. 170}. Enfin, où le baron avait-il pris les trente mille francs, qu'il venait d'apporter? Voici comment. Quelques jours auparavant... (p. 166) 25. Le style indirect libre. comme relais de parole énonciative, est assez fré- quent chez Balzac, même s’il n’atteint une fréquence comparable à celle d’autres écrivains contemporains comme Flaubert ou Zola. Mais cette forme de discours apparait souvent très marquée et comme dirait Ph. Hamon, «avec une fonction démarcative à forte signification» #. Cette diversification de voix, qui met en relief le niveau discursif de l'auteur, serait un indice impor- 26 Vid. pp. 57, 101, LI6, 140, 163, 172-173, etc 27 Vid. pp. 178, 184, 192, 201, 203. Le prospectif et le rétrospectif peuvent coïncider dans Le méme texle: Le jour où le récit de ce drame recommence 1...) Valérie était montée chez Lisheth pour s'y livrer à ces bonnes éléyies. longuement parlées (...) par lesquelles les femmes endorment les petites misères de leur vie tP. 190). 28 Vid. 174, 210. 224. 179, erc. Il est évident que le style indirect vient normalement com- pléter un discours direct ou un récit même dans le cas où celui-ci ni serait que rapidement évoqué sous forme de discours écrit, le cas échéant sous forme de lettre. de billet, de note journalistique. etc. CF. pp. 93, 162, 147, 175. 195, 273, 296-298, etc. 29 Ph. HAMON: op. cit. pp. 54-72. L'auteur applique le concept. bien sûr, à l'étude de la description. LA COUSINE BETTE DE BALZAC: L'ECRITURE DE L'ENONCIATION 15 tant de la spéciale signification que chez Balzac représente la forme de ra- conter. Les quelques exemples que nous considérons, malgré leur nombre réduit, nous semblent suffisament importants pour donner une idée du style indirect libre chez l'auteur de la Comédie Humaine: La baronne passerait alors tout son temps chez Hortense et chez les jeunes Hulot, il était sûr de l'obéissance de sa femme (p. 129}. Hortense raconta naïvement le roman de son amour à sa cousine, Sa mère et son père, persuadés que la Bette ne se marierait jamais, avaient, dit-elle, autorisé les visites du comte Steinbock (p. 158) (...) elle entrevoyait une sublime statute du maréchal Montcornet. Mont- cornet devait être l'idéalisation de l'intrépidité, le type de la cavaliere, le courage à la Murat. Ah, bah! l'on devait, à l'aspect de cette statue, concevoir toutes les victoires de l'Empereur (p. 238). L'inclusion de l'incise dit-elle, dans notre deuxième exemple, c'est à dire d'un verbe dicendï, détruit en principe la possibi du style indirect libre. Nonobstant, si l’on y réfléchit, l'existence des adjectifs sa et son à valeur essentiellement déictique, l'absence de subordinant et par conséquent l'ine- xistence de toute formalisation de dépendance avec le verbe raconta consti- tuent des éléments positifs au moment de définir ce fragment comme du style indirect libre; finalement, l'inclusion du verbe dicendi comme simple référent de personne verbale et déictique de personnage permettant le narrateur de s'effacer en «formalisation superficielle» et d'apparaître comme témoin de la parole des personnages nous permet de considérer cette séquence comme du style indirect libre. Ce récit qui nous apparaît donc assumé par le narrateur nous mène tout droit à l'analyse tant soit brève, de la distinction narrative entre personnages, scripteur-narrateur et auteur. De la vision claire de cette différence dépendra la compréhension effective du rôle narratif et discursif, voir énonciatif de ces trois éléments complémentaires. Soit, par example, le fragment suivant: Comme Valérie avait-elle pu maintenir Crevel et Hulot, côte à côte chez elle. alors que le vindicatif chef de bataillon voulait triompher bruyamment de Hulot? Sans répondre inmédiatement à cette question, qui sera résolue par Le drame, on peut faire observer que Lisbeth et Valérie avaient inventé à elles deux une prodigieuse machine dont le jeu puissant aidait à ce résultat (...) Marneffe, détruit par ces débauches paticulières aux grandes ca- pitales, décrites par les poètes romains, et pour lesquelles notre pu- deur moderne n'a point de mon (...) {...} Comme un diamant bien taillé que Chanor aurait délicieuse- ment serti, la beauté de Valérie, naguère enfouie dans la mine de la rue du Doyenné, valait plus sa valeur (...) (pp. 184-185). 16 GASTON ELDUAYEN Soulignons tout d’abord la double polarité prospective-rétraspective qui de par sa valeur de relation diégetique, fait apparaître dans le récit una attente narrative, où l’on voit l'existence inmédiate du <fatum», et, d'autre part, une reprise événementielle décollant du passé. Le narrateur-scripteur introduit ce passage dans la narration sous forme de question visant le passé et en même temps sous forme de fausse réponse annonçant l'avenir: Comment Valérie avait-elle.… question, qui sera résolue par le drame. Les propositions au plus-que-parfait et à l'imparfait appartien- nent au producteur du récit (narrateur) * alors que les propositions au présent font partie de l'énonciation, c'est dire, qu'elles appartiennent à l'écrivain: #'4 point, on peut *. Et les indicateurs graphiques, tels que guillemets. tirets, etc. ne sont ni présents ni nécessaires. LCB, et en général tous les romans de Balzac, est traversé par un courant de pensée, celle de l'écrivain, se manifestant précisement dans ces proposi- tions au présent. Elles relèvent, évidemment, du discours de Balzac en tant qu’individu, et assurent par conséquent une fonction idéologique, un point de vue personnel sur l’actant, etc.: Les législateurs, qui tiennent beaucoup aux produits de l'Enregistre- ment, la Bourgeoisie régnante, qui tient aux honoraires du Notariat 4) (p. 450. Les femmes connaissent si bien leur puissance en ce moment qu'elles y trouvent toujours ce qu’on peut appeler le regain du ren- dez-vous (435). Tout autre est le status énonciatif du narrateur, comme nous venons de l'indiquer. C’est lui qui qualifie les actions, les attitudes ou les paroles des actants: Si le baron s'était adressé à M. Olivier, peut-être aurait-il appris tout (p. 214); —Très bien, je serai charmé, dit Crevel qui reprit son sang-froid {p. 407); Quand Olympe Bÿou fut partie, Josépha regarda le baron d’un air malicieux (p. 370): On voyait que le femme tenait les promesses de la jeune Jille (p.243). Le statut du narrateur est en réalité un peu plus complexe: d'une part il se confond avec celui du récit (qui semble «aller de soi») et d'autre part il est défini par les coordannées commandant le discours: le narrateur se 30 Propositions qui apparaissent nombreuses dans le récit: avairelle pu, voulait, avaient inventé, aidait, valait. D'autres valeurs temporelles pourraient être assimilées aux temps verbaux déerits: le futur seru résolue, le participe passé détruit, énfouie: le futur composé du passé aurait senti présente la difficulté de son sujet concret Chanor impliquant la figure d'un Balzac connais- seur de Ja réalité sociale concrète. 31 Le premier présent se trouve. en plus contextualisé «énonciativement» par deux autres indicateurs qui appuyent sa valeur propre d'auteur: notre. modermr. Le deuxième est un peu plus ambigu: est-ce le narrateur ou la personne de l'écrivain? La conclusion est plus commode dans des cas comme les suivants: Lisbeth avait d'ailleur rencontré 1...) Les jouissances de la haine satisfaire sont (...) L'amour est {...) et la haine est (...) (p. 141) où l'on voir clairement les deux niveaux énoncé-énonciation: cf. pp. 295, 287, 258, 292. 248. 192. etc.
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