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Le chevalier des grieux et manon lescaut, Lectures de Français

La mort de manon dans le desert est decrite

Typologie: Lectures

2023/2024

Téléchargé le 18/06/2024

felicia-chemery
felicia-chemery 🇫🇷

2 documents

Aperçu partiel du texte

Télécharge Le chevalier des grieux et manon lescaut et plus Lectures au format PDF de Français sur Docsity uniquement! Texte n°11   : «   La mort de Manon   », Prévost, Manon Lescaut (1753) Pour mettre fin aux désordres et aux scandales liés à la conduite de Manon, il est décidé de l'envoyer en Amérique, en Louisiane, alors territoire français. Des Grieux demande à l'accompagner. Son vœu est exaucé. Sur place, Des Grieux se fait passer pour l'époux de Manon. Après dix mois de vie paisible à La Nouvelle-Orléans, Des Grieux propose à Manon de l'épouser car, dit le chevalier: «.il ne manquait qu'une chose à [leur] bonheur; c'est (...) de le faire approuver du Ciel. » Or, le neveu du gouverneur, Synnelet, découvrant que Manon n'est pas encore mariée, obtient de son oncle, qui a toute autorité sur Manon, de l'épouser. Des Grieux s'oppose à cela et affronte Synnelet en duel. Blessé sans gravité, il le laisse a terre, le croyant mort, puis, Manon et lui s'enfuient précipitamment, espérant trouver refuge auprès des Anglais et être aidés des « sauvages », autrement dit, des Indiens. En chemin, la faiblesse de Manon est extrême.... Nous marchâmes aussi longtemps que le courage de Manon put la soutenir, c’est-à-dire environ deux lieues ; car cette amante incomparable refusa constamment de s’arrêter plus tôt. Accablée enfin de lassitude, elle me confessa qu’il lui était impossible d’avancer davantage. Il était déjà nuit ; nous nous assîmes au milieu d’une vaste plaine, sans avoir pu trouver un arbre pour nous mettre à couvert. Son premier soin fut de changer le linge de ma blessure, qu’elle avait pansée elle-même avant notre départ. Je m’opposai en vain à ses volontés ; j’aurais achevé de l’accabler mortellement si je lui eusse refusé la satisfaction de me croire à mon aise et sans danger avant que de penser à sa propre conservation. Je me soumis durant quelques moments à ses désirs ; je reçus ses soins en silence et avec honte. Mais lorsqu’elle eut satisfait sa tendresse, avec quelle ardeur la mienne ne prit-elle pas son tour ! Je me dépouillai de tous mes habits pour lui faire trouver la terre moins dure en les étendant sous elle. Je la fis consentir, malgré elle, à me voir employer à son usage tout ce que je pus imaginer de moins incommode. J’échauffais ses mains par mes baisers ardents et par la chaleur de mes soupirs. Je passai la nuit entière à veiller près d’elle et à prier le ciel de lui accorder un sommeil doux et paisible. Ô Dieu ! que mes vœux étaient vifs et sincères ! et par quel rigoureux jugement aviez-vous résolu de ne pas les exaucer ! Pardonnez si j’achève en peu de mots un récit qui me tue. Je vous raconte un malheur qui n’eut jamais d’exemple ; toute ma vie est destinée à le pleurer. Mais, quoique je le porte sans cesse dans ma mémoire, mon âme semble reculer d’horreur chaque fois que j’entreprends de l’exprimer. Nous avions passé tranquillement une partie de la nuit. Je croyais ma chère maîtresse endormie, et je n’osais pousser le moindre souffle, dans la crainte de troubler son sommeil. Je m’aperçus, dès le point du jour, en touchant ses mains, qu’elle les avait froides et tremblantes ; je les approchai de mon sein pour les échauffer. Elle sentit ce mouvement, et, faisant un effort pour saisir les miennes, elle me dit d’une voix faible qu’elle se croyait à sa dernière heure. Je ne pris d’abord ce discours que pour un langage ordinaire dans l’infortune, et je n’y répondis que par les tendres consolations de l’amour. Mais ses soupirs fréquents, son silence à mes  interrogations, le serrement de ses mains, dans lesquelles elle continuait de tenir les miennes, me firent connaître que la fin de ses malheurs approchait. N’exigez point de moi que je vous décrive mes sentiments, ni que je vous rapporte ses dernières expressions. Je la perdis ; je reçus d’elle des marques d’amour au moment même qu’elle expirait : c’est tout ce que j’ai la force de vous apprendre de ce fatal et déplorable événement. Mon âme ne suivit pas la sienne. Le ciel ne me trouva sans doute point assez rigoureusement puni ; il a voulu que j’aie traîné depuis une vie languissante et misérable. Je renonce volontairement à la mener jamais plus heureuse. Fatum : fatalité/destin ce qui est impossible à échapper Litote : exprimer des émotions de manière modérée tout en insistant sur la profondeur des sentiments Hyperbole : amplifier les émotions/actions ce qui créer un effet dramatique Pour une étude linéaire du texte n ° 11 : « La mort de Manon », Prévost, Manon Lescaut (1753). En caractères gras, les lignes de force ou aspects à mettre en avant dans l'explication. La mort du héros ou de l'héroïne de roman est tout aussi importante que son apparition dans le récit. Comment prendre congé du lecteur? Comment produire « un effet durable? Pour saisir l'originalité de cette page de Prévost et l'inscrire dans le contexte historique et littéraire qui est le sien, on peut prêter attention à la mort d'Emma dans Madame Bovary (1857) ou à la mort de Félicité dans Un cœur simple (), un roman et un conte composés par Flaubert. Plusieurs aspects se dégagent de cet extrait de Manon Lescaut: un contraste entre la sérénité de Manon et les tourments du narrateur dans son regard rétrospectif, un tableau sans décor, des adieux sans cérémonie, une mort sans agonie, un effet de sourdine. Voyons cela. Trois mouvements se dessinent dans ce récit : Lignes 1 à 12(incommode): « Affronter l'adversité » ; Lignes 13 à 18(exprimer): « Les tourments du narrateur »; Lignes 18 à 31 : « Les adieux » 1/ « Affronter l'adversité »: lignes 1 à 12 (incommode). Le nom « adversité » désigne les épreuves, souvent imprévues » qui s'imposent dans toute existence et que l'individu doit surmonter. Pour Manon et des Grieux, il s'agit d'abord de la longueur de la route et de la fatigue qu'elle génère: « Nous marchâmes aussi longtemps que le courage de Manon put la soutenir, » (1); le pronom personnel « nous » est employé deux fois, pour deux actions distinctes qui marquent la progression du récit: marcher puis s'asseoir (lignes 3). Aussi, lorsque Manon doit s'allonger, l'action n'est pas exprimée explicitement, lignes 10 à 12, mais on le comprend par ce que fait des Grieux. Dans la première phrase citée ci-dessus, ce ne sont pas les forces de Manon qui sont mentionnées, c'est son « courage »; des Grieux met en avant une caractéristique morale et non pas physique. Dès lors la perspective est donnée: les derniers instants et la mort de Manon vont la draper dans une dignité jamais vue jusque-là qui va racheter une vie de désordres. L'éloge de des Grieux se poursuit: « cette amante incomparable refusa absolument de s'arrêter plus tôt » (2); le sens classique de « amante» est « celle qui aime et est aimée de retour », sans considération érotique. Mais c'est l'adjectif « incomparable» qui attire l'attention: à l'échelle de l'extrait, il annonce le dévouement à venir pour soigner la blessure du chevalier; à l'échelle du roman, il prend un sens ironique: que de misères ont été infligées à des Grieux par l'inconstance de Manon ! A-t-on vu « amante» aussi légère et instable ! De plus, ces heures de marche forment l'expression des dernières forces de Manon: les adverbes « absolument » (2) et « impossible » (3), l'adjectif verbal « Accablée» (2) disent bien que tout artifice est désormais révolu et que le personnage apparaît dans une sincérité jamais vue jusque-là. La deuxième phrase du récit introduit un procédé qui traverse tout le texte et lui donne un éclairage particulier: l'effet de sourdine. En effet, lorsque le narrateur dit : « elle me confessa qu'il lui était impossible d'avancer d'avantage. », le verbe choisi, confesser, n'est pas anodin. Trois remarques s'imposent. Ce verbe signifie avouer une faute, où est-elle présentement ? Il suggère la confiance du destinateur dans le destinataire mais ne sont-ils pas seuls au monde et indéfectiblement liés dans ce temps de fuite et d'épreuves? il renvoie à un propos chuchoté voire murmuré, Ce verbe initie cet effet de sourdine que viendront nourrir « en silence» (8), « mes soupirs » (12), « le moindre souffle » (19), « d'une voix faible » (22), « ses soupirs fréquents, son silence » (24) et « expirait » (28). Manon prend congé du monde sans fracas, sans scandale, sans user de son charme. Voilà une donnée majeure de cet extrait. La tombée de la nuit, « Il était déjà nuit» (3/4), constitue une deuxième épreuve dans cette adversité : les personnages ne disposent ni de feu pour se réchauffer, ni de lumière pour s'éclairer. Ils ne s'en plaignent pas. La phrase suivante intrigue le lecteur: « Nous nous assîmes au milieu d'une vaste plaine, sans avoir pu trouver un arbre pour nous mettre à couvert » (4) ; les personnages forment deux points dans une immensité, c'est un tableau sans décor, le dépouillement est total : Manon et des Grieux, loin des plaisirs du monde et de ses tentations, font l'expérience d'une authenticité et d'une vérité jamais entrevues. Cette pause dans la marche qui va devenir une halte définitive ouvre une étape dans le déroulement de l'action: les attentions réciproques. Manon est fort dévouée: « Son premier soin fut de changer le linge de ma blessure qu'elle avait pansée elle-même avant notre départ. » (5); pour commenter cette action qui peut paraître banale ou évidente aujourd’hui, il convient de rappeler que Manon a toujours disposé de domestiques dévolus à toutes les
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