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Le combattant a besoin de la science et de la technologie, Slides de Histoire

sera de même de l'avantage direct en matière de potentiel militaire. Il faut bien que le financement de la recherche scientifique et technologique vienne de ...

Typologie: Slides

2021/2022

Téléchargé le 08/06/2022

Gabrielle89
Gabrielle89 🇫🇷

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Télécharge Le combattant a besoin de la science et de la technologie et plus Slides au format PDF de Histoire sur Docsity uniquement! Le combattant a besoin de la science et de la technologie par le docteur J. douglas Beason, colonel (c.f.), usaf* le docteur Mark lewis Depuis le début de la deuxième guerre mondiale, nous avons assisté à l’introduction du radar, des armes à guidage de précision, des bombes atomiques, des missiles balistiques, des tran­ sistors, des semi-conducteurs, des ordinateurs, des avions à réaction, de la technologie de la furtivité, des satellites, des téléphones porta­ bles, des lasers, du système mondial de locali­ sation (Global Positioning System – GPS), etc. La liste des applications scientifiques et techni­ ques que l’on rencontre dans la guerre est stupéfiante. Chacune de ces technologies a eu un profond impact sur la façon dont nous combattons et, ce qui est tout aussi important, sur celle dont nous maintenons nos combat­ tants à l’abri du danger. En outre, le rythme de l’incorporation des technologies maîtres­ ses va s’accélérant. Au cours des millénaires écoulés depuis que l’humanité a laissé des traces, les estimations qui ont été faites indi­ quent que le monde a connu un doublement – c.-à-d., une croissance de 100 pourcent – du savoir entre la nuit des temps et les années 50. Ce savoir, qui a doublé plusieurs fois depuis lors, a gagné le combattant. Dans de nom­ *Certains passages de cet article sont extraits de l’ouvrage du docteur Beason intitulé DOD Science and Technology: Strategy for the Post– Cold War Era (La science et la technologie au Secrétariat de la défense : Stratégie pour l’après-guerre froide), (Washington, DC: National Defense University Press, 1997). 34 SCIENCE ET TECHN0LOGIE 35 breux cas, ce sont en fait les besoins de celui­ ci qui en ont été le moteur. Les guerriers d’aujourd’hui combattent avec des armes d’une technologie plus sophis­ tiquée que par le passé. C’est la raison pour laquelle ils sont moins nombreux sur le champ de bataille. De plus, la précision accrue du combat a introduit un changement profond de la nature même des conflits nationaux : les chefs d’état ne peuvent plus mener une guerre mettant en danger la vie de leur peuple sans mettre leur propre sécurité personnelle elle aussi en danger. Les progrès technologiques réalisés en matière de combat sont devenus une arme à double tranchant, c’est-à-dire que, bien que la densité numérique des combat­ tants (leur nombre par kilomètre carré) puisse avoir diminué au fil des ans (Fig. 1), leur puis­ sance de feu a augmenté grâce à l’introduction d’armes d’avant-garde. On peut comprendre l’augmentation de la puissance de feu en exa­ minant la façon dont la technologie a permis aux combattants de causer plus de dégâts à de plus grandes distances : la portée des armes fut constamment allongée, passant successivement de celle d’une lance à celles de l’arc et de la 10,000 7,500 5,000 2,500 0 Guerre de 1e guerre Sécession mondialeD en si té d es c om b at ta n ts s u r l e ch am p d e b at ai lle (p ar k ilo m èt re c ar ré ) flèche, de la balle, de l’obus d’artillerie et enfin du missile. De nouvelles technologies telles que les missiles hypersoniques, qui peuvent franchir des centaines de kilomètres en quel­ ques minutes, ou les armes à énergie dirigée, qui peuvent engager l’ennemi à la vitesse de la lumière, nous permettent d’allonger la portée d’une arme au-delà des frontières nationales, voire même autour du monde, et ainsi de réduire encore plus la densité du personnel sur le champ de bataille. L’accroissement de l’efficacité militaire imputable à la science et à la technologie En 1945, J. F. C. Fuller cita le rayon d’ac­ tion, la puissance de frappe, la précision de visée, le volume du feu et la mobilité comme paramètres qualitatifs caractérisant la puis­ sance d’une arme, donnant au rayon d’action la priorité absolue.1 Le général de brigade Simon P. Worden (c.f.), de l’armée de l’air, développa ce concept en extrayant l’efficacité militaire comme mesure de base de la puis­ 8,200 5,900 2,200 400 0.5 2e guerre Europe, 1989 2e guerre du mondiale Golfe Figure 1. Densité du personnel sur le champ de bataille, basée sur des données présentées dans l’étude de Kenneth L. Adelman et Norman R. Augustine, The Defense Revolution: Intelligent Downsiz- ing of America’s Military (La révolution de la défense : Une réduction intelligente des effectifs militaires américains), San Francisco: Institute for Contemporary Studies Press, 1990, p. 55, et par Cable News Network (CNN). 38 AIR & SPACE POWER JOURNAL observer que frapper une usine allemande de 18 000 mètres carrés pendant la deuxième guerre mondiale avec une chance de succès de 96 pourcent demandait un escadron de 108 bombardiers B-17 (transportant 1080 hommes et 648 bombes) et environ 100 chasseurs d’es­ corte monoplaces, ce qui portait la force totale à presque 1200 hommes. Quinze des bombar­ diers et les 150 hommes qui étaient à leur bord ne rentraient généralement pas à leur base. Nous pourrions aujourd’hui accomplir la même mission avec un seul chasseur furtif F­ 117 larguant deux bombes à guidage de préci­ sion ou un seul missile de croisière.5 De plus, un seul F-117 a jusqu’ici été abattu en combat. Pendant les quarante cinq ans séparant la deuxième guerre mondiale de la première guerre du Golfe, l’écart moyen d’une bombe baissa de plus de 800 à 3 mètres.6 En outre, nous approchons rapidement de l’ultime limite d’uti­ lisation d’une seule bombe pour détruire un seul objectif dans la mesure où les combattants subiront des restrictions quant au nombre de bombes qu’ils pourront emporter. Notre col­ lecte de renseignement doit bien entendu garantir que l’objectif que nous frappons est bien celui que nous voulons détruire. En outre, les progrès scientifiques et technologiques pro­ mettent aux combattants la possibilité de détruire plusieurs objectifs avec une seule arme grâce à la précision presque illimitée offerte par des armes non cinétiques telles que celles à énergie dirigée, ce qui aura pour résultat un « magasin en profondeur ». Il est clair que nous récoltons le fruit de décennies d’investissements dans les domaines de la science et de la techno­ logie. Des systèmes d’armes allant du F-22 au laser aéroporté doivent leur existence à des années de soutien dynamique et vigoureux apporté par l’armée de l’air des Etats-Unis aux investissements dans les domaines de la science et de la technologie. L’armée de l’air des Etats-Unis s’enor­ gueillit d’une tradition de soutien apporté à la science et à la technologie pour des investisse­ ments à long terme dans la technologie de combat de l’avenir. Etabli à l’origine comme une arme axée sur la technologie, le corps aérien de l’armée offrait des machines volan­ tes. Le pays confirma le besoin d’un tel patri- Le laser aéroporté : avion cargo 747-400 spécialement modifié, conçu pour abattre des missiles balistiques pendant leur phase de propulsion SCIENCE ET TECHN0LOGIE 39 moine de haute technologie en établissant l’armée de l’air comme arme indépendante en 1947. L’invention de la bombe atomique, de l’avion à long rayon d’action et de l’avion à réaction conduisit le général Henry H. Arnold à réaliser la dépendance cruciale de la force aérienne vis-à-vis des progrès scientifiques et technologiques. C’est la raison pour laquelle il établit, avec la collaboration du docteur Theodor von Kármán, le Groupe consultatif scientifique (aujourd’hui Comité consultatif scientifique), offrant aux scientifiques les plus réputés du pays un moyen de conseiller l’arme sur ses investissements dans les domaines de la science et de la technologie. Le laboratoire de recherches de l’armée de l’air (Air Force Research Laboratory – AFRL) est aujourd’hui responsable du programme scien­ tifique et technologique annuel de 1,2 milliard de dollars de la force aérienne, y compris de la recherche fondamentale à très long terme, des travaux préparatoires, de la recherche appli­ quée et des travaux expérimentaux évolués. Les plus de 6300 employés militaires et civils du laboratoire peuvent s’enorgueillir d’avoir contribué à la réalisation de percées technolo­ giques ayant affecté tous les aéronefs, astronefs et systèmes d’armes modernes en service aujourd’hui, ainsi que de progrès significatifs accomplis dans les domaines des télécommuni­ cations, de l’électronique, de la fabrication, ainsi que de la recherche et des produits médi­ caux. L’AFRL abrite également le service de recherche scientifique de l’armée de l’air (Air Force Office of Scientific Research – AFOSR), qui finance les travaux de plus de 1000 chercheurs dans l’enseignement supérieur, l’industrie et l’administration dans tout le pays et dans le monde entier. On peut dire sans exagérer que le soutien financier et intellectuel de l’AFOSR influence la direction de la recherche fonda­ mentale dans presque tous les domaines tech­ niques pouvant avoir des applications militai­ res. Le dévouement des milliers de chercheurs et des chefs de projet de l’AFRL prouve qu’ils réalisent l’importance de la recherche scientifi­ que et technologique fondamentale pour la mission de la force aérienne. Toutefois, un danger se précise : si nous ne continuons pas à veiller au développement de la science et de la technologie applicables à la défense, les avantages dont jouit l’armée de l’air en termes d’efficacité militaire pour­ raient languir – peut-être même s’évaporer. Au fur et à mesure que le financement total de la recherche scientifique et technologi­ que diminue – à la fois en termes de dollars constants et de financement pour l’exercice exprimé sous forme de pourcentage de l’autori­ sation d’engagement totale de l’arme – il en sera de même de l’avantage direct en matière de potentiel militaire. Il faut bien que le financement de la recherche scientifique et technologique vienne de quelque part. Une réduction significative du niveau de la recherche-développement industrielle et des diminutions annuelles des fonds disponibles pour la recherche universitaire, combinées au serrage des ceintures dans les laboratoires nationaux et ceux de défense, mettront les futurs progrès du potentiel militaire en dan­ ger. Nos combattants ne veulent pas d’une lutte à la loyale ; ce qu’ils veulent, c’est domi­ ner tellement un adversaire que les conflits se terminent rapidement avec un minimum de pertes – ou ne se déclenchent pas du tout. Si arrive le jour où nous ne dominons plus la bataille, nos guerriers seront obligés de combattre avec les mêmes moyens que leurs adversaires. La technologie peut changer la guerre du jour au lendemain A de nombreuses occasions, une nouvelle technologie introduite sur le champ de bataille a changé le cours des affaires militaires du jour au lendemain. La bataille de Crécy en 1346 vit la première apparition des arcs anglais à lon­ gue portée et grande précision sur le continent européen, avec pour résultats une défaite désastreuse pour la France et la reconnaissance du fait qu’une armure métallique n’offrirait plus jamais une protection impénétrable. Les Français réagirent bien entendu en incorpo­ rant à leurs armées des unités d’archers très adroits dans les dix ans qui suivirent, et les tac­ tiques militaires changèrent alors pour toujours. En outre, l’histoire maritime du dix-neuvième 40 AIR & SPACE POWER JOURNAL siècle nous donne des exemples de révolutions techniques militaires suscitées par l’innovation, l’imagination et l’effort. Lors de la guerre de Sécession, l’introduction des cuirassés trans- forma la guerre navale mais une autre révolu­ tion avait eu lieu plus d’un demi-siècle plus tôt. A la fin du dix-huitième siècle, la jeune marine américaine demanda que soit étudiée une nou­ velle classe de navires de guerre. N’étant pas prisonniers d’une tradition séculaire de construction de ce type de navires, les architec­ tes navals américains, sous l’impulsion d’adep­ tes de la pensée divergente tels que Joshua Humphreys à Philadelphie, conçurent des fré­ gates à voiles qui étaient plus grandes, mieux armées, mieux construites et plus rapides que leurs équivalents anglais. Ces premiers navires, y compris la frégate USS Constitution toujours en commission, s’im­ posèrent lors de tous leurs engagements pen­ dant la première phase de la guerre de 1812. Imaginez le choc ressenti par les Britanniques lorsque leur marine de 1000 navires subit des défaites successives face à un blanc-bec colonial jouissant de la supériorité technologique. Un certain nombre de facteurs jouèrent un rôle décisif dans ce succès : des équipages volontai­ res bien entraînés et des conceptions novatrices développées récemment, y compris les coques à armature diagonale permettant de supporter des canons plus lourds ; des matériaux, tels que le chêne vert des marais de Caroline, d’une qualité supérieure à celle dont bénéficiaient les Britanniques ; enfin des conceptions nouvelle­ ment apparues qui permettaient de placer les canons plus haut par rapport à la ligne de flot­ taison et une plus grande liberté de mouve­ ment dans l’eau pour les coques des navires. La morale de cette histoire est que l’innovation résulte souvent d’une façon nouvelle d’exami­ ner un ancien problème – un autre avantage que nous devons à la science et la technologie. Le meilleur usage n’est pas toujours le premier La plupart des systèmes d’armes connaissent le même usage inattendu fait de toutes les nou­ velles technologies importantes et qui laisse bouche bée : une fois que les combattants met- tent la main sur un moyen, ils proposent pres- que invariablement une nouvelle application, peut-être encore plus importante. L’histoire le confirme. Par exemple, personne ayant toute sa tête ne voulait d’un dispositif – tel qu’un récepteur GPS – qui indiquerait la position de quelqu’un à quelques centimètres près en quelques microsecondes. Pendant des années, les gens s’étaient parfaitement débrouillés avec les cartes de l’association automobile améri­ caine (AAA) ou, s’ils avaient besoin d’une plus grande précision, les instruments de naviga­ tions standard telles que les boussoles. Pour déterminer leur position, les pilotes commencèrent à utiliser l’aide à la navigation à longue distance (Long-Range Aid to Naviga­ tion – LORAN), qui se révéla bien utile lors­ qu’ils volaient dans la brume ou les nuages ou, en particulier, au-dessus de l’eau.7 Même alors, personne n’avait vraiment besoin d’ins­ truments de navigation plus précis dans la mesure où les pilotes pouvaient toujours atter­ rir « au pifomètre » une fois qu’ils étaient descendus en dessous de la couche de nuages. Néanmoins, des orienteurs de navigation plus sophistiqués apparurent, comme par exemple les suiveurs stellaires puis le nec plus ultra – le système de navigation à inertie (Inertial Navi­ gation System – INS), basé sur la mesure précise des différences entre gyroscopes. Plus tard, l’apparition du gyroscope à laser permit de perfectionner encore plus l’INS. Pourquoi diable quelqu’un voudrait-il quelque chose de plus précis que cela ? C’est précisément la critique qui fut adres­ sée à quelques scientifiques particulièrement sagaces de l’armée de l’air la première fois qu’ils proposèrent le système mondial de loca­ lisation (GPS). Ils affirmèrent imperturbable­ ment qu’une navigation précise permettrait de se débarrasser de la LORAN (le système alors le plus utilisé pour la navigation aérienne), qui était parfois sujette aux erreurs, et pourrait établir une norme pour toutes les opérations, depuis la cartographie jusqu’à la géo localisation. Beaucoup se moquèrent de l’idée : pourquoi dépenser des milliards sur un système de navigation plutôt que sur une nouvelle classe de chasseurs ? Heureusement, SCIENCE ET TECHN0LOGIE 43 Les travaux de recherche ne portent pas vite leurs fruits. La mise en application des résultats de la recherche fondamentale se mesure généralement en décennies, pas en jours. Par exemple, le temps qui s’écoula entre l’invention et l’innovation fut de 79 ans pour le tube fluorescent, 56 ans pour le gyro­ compas, 53 ans pour la cueilleuse mécanique de coton, 27 ans (!) pour la fermeture éclair, 14 ans pour le réacteur, 13 ans pour le radar, 9 ans pour le rasoir mécanique et 8 ans pour le téléphone sans fil.12 Bien que cette perspec­ tive de longue durée soit un inconvénient de la recherche à long terme, ses applications ont prouvé qu’elles peuvent changer l’orien­ tation de la société. De même, les révolutions de la guerre moderne telles que la technologie de la furti­ vité ne se sont pas faites du jour au lendemain. La furtivité commença par un investissement dans la recherche fondamentale dans les années 50, influencé principalement par les efforts de base soutenus par l’AFOSR et attisé par l’appréciation par les Américains de la valeur de certaines théories fondamentales élaborées par le physicien russe Pyotr Ufimtsev, qui avait vu l’application de ces travaux large­ ment ignorée dans son propre pays. Les futurs missiles hypersoniques, qui constituent un autre exemple, s’appuieront sur presque cinq décennies de recherche fondamentale et appli­ quée dans le domaine du vol à grande vitesse. Le moteur qui propulsera très probablement un missile de croisière à grande vitesse – le statoréacteur à combustion supersonique ou « super statoréacteur » – fit d’abord l’objet d’une analyse rigoureuse de la part de deux ingénieurs, Richard Weber et John McKay, tra­ vaillant pour le Comité national consultatif sur l’aéronautique, prédécesseur de l’Agence nationale de l’aéronautique et de l’espace (National Aeronautics and Space Administration – NASA), en 1958. Quarante-six ans plus tard, l’avion expérimental X-43a valida le concept élaboré par Weber et McKay en volant à sept fois puis dix fois la vitesse du son les 27 mars et 16 novembre 2004 respectivement. Ces vols, qui permirent de recueillir un total cumulé de 20 secondes de données sur le moteur, repré­ sentent l’aboutissement de centaines d’heures d’essais en soufflerie et de milliers d’heures de simulations sur ordinateur – qui ne sont que le début d’une longue série d’expériences desti­ nées à rendre les moteurs de missiles à grande vitesse réalisables. Il en va de même de l’application des lasers et des hyperfréquences de puissance élevée comme armes à énergie dirigée. Leurs appli­ cations révolutionnaires éclipseront toute attente initiale quant à ce que ces technolo­ gies pourraient accomplir un jour. Par consé­ quent, bien que l’utilisation initiale d’une invention puisse répondre à un besoin parti­ culier, le résultat novateur réel des investisse­ ments consacrés à la science et à la technolo­ gie attend toujours la découverte. C’est exactement ce que feront les combattants. L’avenir Les progrès actuels accomplis dans les domaines de la science et de la technologie seront incorporés de plus en plus rapidement à l’arsenal du combattant. La découverte scien­ tifique d’aujourd’hui servira de base aux armes de demain. En d’autres termes, l’équivalent pour le guerrier du « temps de mise sur le mar­ ché » pour l’industrie – c’est-à-dire battre la concurrence en commercialisant un nouveau produit supérieur – est le déploiement de nou­ veaux moyens de combat avant que l’ennemi puisse réagir. Cela garantit que les Etats-Unis éviteront les surprises technologiques et main­ tiendront un avantage asymétrique écrasant sur leurs adversaires. Il est impossible d’énu­ mérer toutes les découvertes et les innombra­ bles façons dont les forces armées essayent de les exploiter ; l’AFOSR ou les services du direc­ teur de la recherche et de l’ingénierie pour la défense au Pentagone offrent une large vitrine à ceux qui sont intéressés par l’examen de nos investissements actuels et futurs.13 Certaines possibilités prometteuses ouvertes par de récentes découvertes scientifiques valent toute­ fois d’être mentionnées. Circulation quantique de clés En collaboration avec ses collègues B. Podolsky et N. Rosen, Albert Einstein publia en 1935 44 AIR & SPACE POWER JOURNAL une étude connue maintenant sous le nom de paradoxe EPR par référence à ses auteurs.14 S’efforçant de réfuter la mécanique quantique, Einstein essaya de démontrer le caractère incomplet de cette nouvelle théorie : le para­ doxe EPR semblait montrer que l’information pouvait se déplacer à une vitesse supérieure à celle de la lumière. Au lieu de cela, l’étude d’Einstein conduisit à la création d’une nou­ velle branche de la physique, utilisée actuelle­ ment pour transmettre des codes secrets, ce qui a donné naissance à un domaine en pleine croissance connu sous le nom de cryptographie quantique.15 Utilisant la mécanique quantique, des savants ont démontré la possibilité de créer un code constitué seulement de deux clés non interceptables. Cette découverte signifie qu’un jour les forces armées (ou quiconque d’autre, comme des banques, voire même des terroris­ tes, utilise cette technique) pourraient créer un code impossible à percer.16 « Champs de force » non létaux Les ondes millimétriques centrées à 95 giga­ hertz (GHz) produisent l’effet de refus actif. Financé par la direction des armes non létales interarmées, le programme de refus actif de l’armée de l’air, récemment déclassifié, cause une intense douleur temporaire chez les indi­ vidus à des distances supérieures à celles qui caractérisent le tir des armes légères.17 Les ondes millimétriques ne sont pas ionisantes et donc non cancérigènes, ne produisant aucun effet nocif à long terme. Ces ondes produisent rapidement ce que les chercheurs appellent l’effet de fuite, offrant aux combattants une option non létale autre que crier après quel­ qu’un ou lui tirer dessus. Dans un certain sens, cela crée un « champ de force ». Communications sécurisées Rapidement absorbées par l’atmosphère, les ondes térahertziennes (1 térahertz = 1000 GHz) ne se propagent pas sur plus de quelques kilomètres. Nous pouvons utiliser cet inconvé­ nient à notre avantage en offrant des commu­ nications sécurisées à courte portée entre nœuds d’un réseau dynamique d’ordinateurs, voire même entre fantassins, lorsque nous vou- Un véhicule militaire modifié pour incorporer la technologie d’interdiction active, qui utilise un rayon d’énergie à ondes millimétriques pour créer une sensation de chaleur intense qui conduit les individus visés à reculer ou battre en retraite lons empêcher l’interception de « fuites » radio sur de longues distances.18 Entre autres appli­ cations, cela empêche les adversaires de détecter les centres de commandement et de contrôle. Nanotechnologie La nanotechnologie fait intervenir des machi­ nes d’un millième de micron – c’est-à-dire longues d’un milliardième de mètre. En 1993, la recherche en matière de nanotechnologie était financée à hauteur de plus de trois mil­ liards de dollars par an et, à la fin de la pré­ sente décennie, cet investissement approchera un billion de dollars pas an.19 Les récents pro­ grès accomplis dans le domaine de la nano­ technologie suggèrent la possibilité d’appli­ quer sur les projectiles une couche d’une seule molécule d’épaisseur, ce qui les rendra super-lisses et leur permettra ainsi de pénétrer à une profondeur bien supérieure à celles des bombes à pénétration typiques d’aujourd’hui. Il se peut également que de futurs progrès permettent un jour de faire circuler dans le sang des aviateurs des « nano-infirmiers » qui répareront les lésions subies par des organes internes en temps de guerre. De tels progrès restent aujourd’hui du domaine de la science- fiction. Nous devons toutefois nous rappeler qu’il y a une décennie, les savants n’auraient jamais imaginé que nous connaîtrions aujourd’hui une telle réussite dans le domaine de la nanotechnologie. Conclusion Les progrès accomplis dans le domaine de la science et de la technologie sont d’une importance cruciale pour donner à l’armée de l’air un avantage décisif. Nous récoltons aujourd’hui les bénéfices de décennies d’in­ vestissement dans la science et la technologie. L’histoire montre que de tels investissements sont toujours bénéficiaires mais la pression exercée actuellement pour résoudre nos pro­ blèmes (tels que le paiement des factures de combustible et des coûts de la guerre, voire même l’amélioration de la qualité de la vie) peut menacer de traiter la science et la tech­ nologie sans ménagement.20 Après tout, essayer de résoudre les problèmes importants et tenaces d’aujourd’hui rend plus facile de remettre à plus tard les projets d’avenir. Notes 1. J. F. C. Fuller, Armament and History: A Study of the Influence of Armament on History from the Dawn of Classical Warfare to the Second World War (L’armement et l’histoire : Une étude de l’influence de l’armement sur l’histoire, de l’aube de la guerre classique à la deuxième guerre mon­ diale), (New York: Charles Scribner’s Sons, 1945), 7. 2. Simon P. Worden, SDI and the Alternatives (L’initia­ tive de défense stratégique et les alternatives), (Washing­ ton, DC: National Defense University Press, 1991), 13–15. 3. Richard P. Hallion, Taking Flight: Inventing the Aerial Age from Antiquity through the First World War (L’envol : Inventer l’ère de l’aviation de l’antiquité à la première guerre mondiale), (New York: Oxford University Press, 2003), 288. 4. La source des chiffres concernant la précision effectivement obtenue est le United States Strategic Bombing Survey: Summary Report (Pacific War), 1 July 1946 [Enquête sur le bombardement stratégique effectué par les Etats- SCIENCE ET TECHN0LOGIE 45 Nous devons également être attentifs au fait qu’une technologie de pointe et un poten­ tiel supérieur s’accompagnent de vulnérabili­ tés accrues. Par exemple, des forces armées tributaires du GPS pour le guidage de préci­ sion sont particulièrement vulnérables face à un adversaire qui menace ce système. Par conséquent, une fois que nous avons investi dans la technologie, nous devons continuer à investir pour conserver notre avance sur ceux qui cherche­ raient à utiliser contre nous les progrès accomplis. Il est également vrai que la technologie militaire, comme toute technologie, subit des changements révolutionnaires qui peuvent être fugaces. Il se peut qu’un jour les progrès techniques accomplis par nos adversaires annulent les avantages que la technologie de la furtivité offre à la force aérienne. Mais si ce jour arrive, nous pouvons être prêts grâce à de nouvelles technologies telles que le vol hypersonique – où la vitesse atteinte est telle­ ment élevée que la détection devient sans importance – et les armes à énergie dirigée qui frappent presque instantanément avec une précision presque infinie. Pour assurer notre avantage décisif, l’armée de l’air doit continuer à soutenir la recherche scientifique et technologique en investissant vigoureuse­ ment dans ses programmes et son talent, aussi bien militaires que civils. ❏ Unis : Compte-rendu récapitulatif (guerre du Pacifique), 1er juillet 1946], (Washington, DC: Government Printing Office, 1946). L’enquête sur le bombardement stratégi­ que donne des chiffres bruts qui vont de 10 pourcent des bombes tombant dans la zone de l’objectif (75 à 300 mètres de l’objectif) à 50 pourcent pour les avions embar­ qués volant à basse altitude. 5. Richard P. Hallion, Storm over Iraq: Air Power and the Gulf War (Tempête sur l’Irak : La puissance aérienne et la guerre du Golfe), (Washington, DC: Smithsonian Institu­ tion Press, 1992), 293–94. 6. Ibid., 282–83. 7. D’après la garde maritime des Etats-Unis (U.S. Coast Guard), la LORAN fut développée pour permettre la navigation radio dans les eaux territoriales des Etats- Unis et fut plus tard élargie pour englober une couver­ ture complète des Etats-Unis, y compris la plus grande partie de l’Alaska. Les utilisateurs peuvent revenir aux
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