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le dormeur du val arthur rimbaud analyse et commentaire, Guide, Projets, Recherche de Littérature

Typologie: Guide, Projets, Recherche

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Télécharge le dormeur du val arthur rimbaud analyse et commentaire et plus Guide, Projets, Recherche au format PDF de Littérature sur Docsity uniquement! Le dormeur du val 1 C’est un trou de verdure où chante une rivière Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent; où le soleil de la montagne fière, Luit, C’est un petit val qui mousse de rayons. 5 Un soldat jeune bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort, il est étendu dans l’herbe, sous la nue, Pale dans son lit vert où la lumière pleut. Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme 10 Sourirait un enfant malade, il fait un somme Nature, berce-le chaudement: il a froid. Les parfums ne font plus frissonner sa narine; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. — Arthur Rimbaud glaïeul cresson bleu Le dormeur du val (Sonnet) 1 Cestun “SE où A Personnifications métaphores au Accrochant x Oxymore répétition Rejet D’argent où le soleil de A Rejet Luit ; C'est un petit qui . B champ lexical du sommeil et du calme. 5 Un soldat jeune DO ouverte, nue, À Et baignant dans le frais bleu, B (vert foncé) Rejet Dort; il est étendu dans , sous la nue, A rimes croisées Pâle dans son lit vert o B EP dans EEE, il dort. Souriant comme C rimes plates 10 Sourirait un enfant malade, il fait un somme: C contre rejet Apostrophe , chaudement: il a froid. A allégorie maternelle et aimante Les parfums ne Hont plus "2 B allitération en /f/ B Il dort dans le soleil, sur sa rimes embrassées 14Rejet Tranquille| | à deux trous rouges au côté droit A Chute surprenante Arthur Rimbaud, Poésie, « le Dormeur du Val » 1870 (16 ans) des haillons D'argent : projections d'embruns sur les herbes proches de la rivière, goutte d’eau où s'accroche la lumière du soleil. = lambeaux de lumière (les haillons sont des vêtements déchirés). la lumière est si compacte, qu’elle semble liquide. L'oxymore « haillons /d’argent », souligné par le rejet du vers 3, semble être là pour exprimer ce pouvoir de métamorphoser la pauvreté en richesse. On notera que Rimbaud utilise la préposition « dans » chaque fois qu’il évoque la situation du soldat mort. ER lexical de la lumière b) La mise en relief par la versification. L'effet provoqué par cette dernière phrase est d'autant plus saisissant que Rimbaud a eu l'idée de placer en rejet l'adjectif « tranquille », réduisant à neuf syllabes la dernière unité grammaticale du texte. La coupe forte occasionnée par le rejet produit une rupture qui détache cette courte phrase. C'est ce qu'on appelle une chute. L'art de la chute consiste à terminer un texte par une formule brève, inattendue, apportant un éclairage nouveau sur le sens du poème. Cette technique est traditionnelle dans le sonnet. Mais elle a rarement été utilisée aussi spectaculairement que dans ce poème de Rimbaud. c) La nécessité d'une seconde lecture. Le changement de perspective opéré par le dernier vers est si radical qu'il implique nécessairement une seconde lecture du texte. En effet, cette fin valide toutes les inquiétudes qu'avaient pu faire naître certaines expressions et invalide l'interprétation optimiste de la scène. Prenant conscience d'avoir été abusé par une adroite stratégie d'écriture le lecteur est porté à refaire le chemin pour étudier la progression du texte et comprendre comment le piège a fonctionné. 2) La progression du poème a) Un sonnet. Rimbaud construit son texte en respectant le cadre traditionnel du sonnet, forme poétique présentant 4 strophes (deux quatrains, deux tercets). Chacune des strophes possède en principe son autonomie syntaxique et constitue sur le plan du sens une étape du texte. C'est bien le cas ici. Chaque quatrain se termine par un point et contient une phrase. Les tercets contiennent deux phrases chacun. On notera, sans que ce détail ait une grande conséquence, que Rimbaud prend certaines libertés avec le système de rimes classique : il n'emploie pas le même jeu de rimes dans les deux quatrains et remplace les rimes embrassées traditionnelles par des rimes croisées. b) L’ambivalence des indices dans la deuxième strophe. Sur le plan du sens, le premier quatrain est consacré à l'évocation du cadre, l'impression est entièrement celle d'une belle journée d'été où toutes les conditions sont rassemblées pour être heureux. Le deuxième quatrain présente le dormeur, et à y regarder de près, on est frappé par l'ambivalence des informations apportées par le texte. Ainsi, la nuque du soldat baigne dans le frais cresson bleu : cette fraîcheur, en plein soleil, peut être considérée comme un indice de bien-être ; mais inversement, si le cresson y pousse, c'est peut-être que le terrain est marécageux et dans ce cas, comment le soldat peut- ilne pas être gêné par l'humidité de l'endroit ? De même sa « bouche ouverte », indice possible d'un abandon voluptueux au sommeil, peut être interprété aussi comme le rictus de la mort. Sa pâleur est-elle le signe d'une beauté délicate ou de la maladie ? « Son lit vert » est-il un lit de repos ou de douleur ? Très habilement, Rimbaud a choisi des expressions permettant une double interprétation. c) Tercets ; des indices de plus en plus clairs mais maintien d'une certaine ambiguïté. Avec les tercets se produit une nette évolution : les indices alarmants prennent le dessus. Le pas est franchi au vers 10 avec l'expression « Souriant comme / Sourirait un enfant malade ». Pour la première fois, un indice ouvertement morbide est offert au lecteur. En outre, son arrivée est dramatisée par l'effet de contre-rejet et d'enjambement qui permet de retarder l'arrivée de l'élément-clé : « enfant malade ». Au vers suivant, nous apprenons que l'enfant a froid (malgré la chaleur du soleil). Puis, dans le second tercet, qu'il ne respire plus les parfums. Enfin, il nous est décrit dans l'attitude qu'il est d'usage de donner aux cadavres : « la main sur sa poitrine ». Comment pouvons-nous avoir manqué ces informations à la première lecture ? C'est que Rimbaud a pris soin de les compenser par des indices contraires : il répète que son soldat « fait un somme » (v.10), « dort » (v.13), « souriant » (v.9), « tranquille » (v.14). Cela suffit à maintenir jusqu'au bout une certaine marge d'hésitation. 3) L'efficacité du procédé de composition utilisé a) L'émotion. L'ingéniosité avec laquelle Rimbaud ménage un suspense tout au long du poème a pour conséquence la brutalité de l'effet de surprise final. C'est sans aucun doute ce dispositif qui produit sur le lecteur une émotion particulière, rarement atteinte par un poème, et qui explique la célébrité de ce texte, l'une des pièces les plus lues de toute la littérature française. b) L'efficacité d’une condamnation indirecte de la guerre. Une autre vertu du procédé de composition choisi par Rimbaud réside dans la sobriété, la simplicité de ce réquisitoire indirect contre la guerre. Ce n'est pas ici par la polémique ou la dénonciation qu'il tente de convaincre son lecteur (comme dans Le Mal par exemple) mais par l'évocation lyrique de ce que la guerre met en péril : le droit de vivre, le droit de jouir de ce que la nature nous offre : la chaleur du soleil, les parfums (si joliment évoqués par l’allitération en /f/ du vers 12 au moment même où le poème en évoque la privation), et tous les plaisirs des sens. Autrement dit, ces images de bonheur que le poème nous propose ne sont pas seulement des fausses pistes destinées à mettre en relief un dénouement spectaculaire, ce sont aussi des arguments contre la guerre, les meilleurs qu'on puisse trouver. c) Une certaine idée de la mort comme retour à la Mère-Nature. Enfin, paradoxalement, cet éloge de la vie semble se combiner avec une image sublimée de la mort. Une mort paisible, sous la protection d'une Nature magnifiée par un N majuscule et décrite comme une mère berçant son enfant (« berce-le chaudement » v.11). On notera avec quelle insistance Rimbaud utilise la préposition « dans » chaque fois qu'il évoque la situation du soldat mort : il dort « dans le frais cresson bleu », « dans l'herbe », « dans son lit vert », « dans les glaïeuls », « dans le soleil ». Il semble que le personnage s'enfonce dans son « trou de verdure », que sa mort soit une sorte de dissolution au sein de la nature (thème traité aussi par Rimbaud dans Ophélie « Le mot est issu du latin gladiolus « épée courte » et aussi « glaïeul », à cause de la forme « lancéolée » des feuilles de cette plante ». ( Le Robert : Dictionnaire historique de la langue française) insister sur le double sens de ce mot et sa double interprétation (épée et plante // mort et nature). Souligner aussi le titre du poème : le dormeur (celui qui dort... meurt, est mort) Montrer que la force des mots et leur valeur selon le contexte. Tout ce qui pouvait être interprété comme des signes de délicatesse devient signe de mort. Lecture analytique de « Le Dormeur du Val » de Rimbaud, Poésie, 1870 7 avril 2015 + 2 Commentaires 1870, Rimbaud a seïze ans. La guerre franco-prussienne éclate en juillet et fera, en sept mois seulement, 250 000 morts dans les deux armées. Le jeune poète manifeste sa révolte contre la guerre dans différents poèmes regroupés aujourd'hui dans Les Cahiers de Douai dont « Le Dormeur du Val » reste sans doute le poème le plus emblématique. Construit de façon à surprendre et à choquer le lecteur par l’effet surprenant de la chute, « Le Dormeur du Val » est un poème dont la structure, tout en respectant les règles canoniques de l’écriture du sonnet, présente une grande inventivité qui en fait une des sources majeures des mutations poétiques modernes. « Le Dormeur du Val » chante la beauté de la nature au sein de laquelle un jeune soldat se repose. Ainsi, on peut s'interroger sur la manière dont Rimbaud ménage son sujet pour faire de son hymne à la nature un poème fortement engagé contre la barbarie de la guerre. étendu » (vers 7), « il fait un somme » (versio), « berce-le » (vers 11). L’osmose entre la nature et le soldat est soulignée par la préposition « dans » utilisée quatre fois (vers 6, 8, 9, 13). Le cadre dans lequel le soldat dort, comparé à un lit ou un berceau par la métaphore et périphrase « lit vert » qui désignent le val, est idyllique. L’oxymore qui associe l’eau et la lumière au vers 8 « la lumière pleut » ainsi que le mélange des sensations de chaleur et de fraîcheur («le soleil luit » (vers 3-4) / « baignant dans le frais cresson bleu »(vers 6)) insiste sur l’apparent bien-être du soldat. B. Le sommeil de mort Cependant, l'antithèse, entre d’un côté, la vivacité et l'intensité de la nature et, de l’autre, la pâleur du soldat présage une fin tragique. L'apparition de la couleur « rouge » au dernier vers, en opposition totale avec les teintes présentes dans le reste du poème, produit un choc et une surprise rendant possible la relecture du poème. Le corps du soldat n'apparaît pas dans sa globalité mais de façon morcelée : la « bouche », la « tête », la « nuque » dans le second quatrain, les « pieds » et le « sourire » dans le premier tercet et enfin la « poitrine » au vers 13. Ce qui est risible du soldat peut être interprété soit comme relevant de la quiétude, soit comme une indication mortuaire. Ainsi, au vers 5, la « bouche ouverte » peut être comprise comme le signe d’une grande détente ou comme le premier indice de la mort du soldat. « La nuque baignant », au vers 6) peut s'entendre de façon beaucoup plus morbide (on s’attend généralement plus à ce qu’une nuque baigne dans du sang que dans du cresson... ). Le « trou de verdure » au vers 1 annonce « le trou » du cimetière. De plus, les adjectifs associés au soldat soulignent son état : il est « pâle » (v. 8), il est « malade » (v. 10), « il a froid » (v. 11). La forme négative du vers 12 insiste également sur le constat funeste. Peut-être aussi peut-on entendre les mots « livide » derrière « lit vert » et « glas » derrière « glaïeuls ». Transition Le poème peint un tableau qui dénonce la cruauté de la guerre en soustrayant un jeune homme à la jouissance d’un monde qui n’évoque que la beauté, le bonheur et la sensualité. III. La modernité et le génie poétique au service d’une dénonciation A. Le cadrage du poème Tout le génie poétique de Rimbaud se lit dans la structure de ce poème. La première strophe présente une vision large du petit val. La deuxième strophe s’attache à peindre le soldat étendu. Le premier tercet fait un gros plan sur les détails des deux extrémités du corps (les pieds et le sourire). Enfin, la dernière strophe développe un très gros plan sur la poitrine et ménage la surprise qui entraîne la relecture du poème. On note également que le sonnet forme une sorte de boucle, puis qu’au « trou de verdure » du vers 1 répond les « deux trous rouges » du vers 14. Ce poème est construit autour d’un système de répétition et cTamplification : il n’y a pas d'éléments nouveaux dans les tercets. Les motifs de l’eau, du soleil, du sommeil et de l’immobilité présents dans les deux quatraïns sont repris dans les deux tercets. Cela permet d’accentuer la description qui va du général vers le particulier de manière de plus en plus précise. B. Le refus de l’harmonie traditionnelle L'écriture du sonnet n'empêche pas Rimbaud de produire un poème d'une grande modernité. En effet, la présence de nombreux enjambements en atteste, aux vers 1-2, aux vers 2-3, aux vers 9-10 et aux vers 13-14. Cette forte présence des enjambements souligne le refus de Pliannonie traditionnelle et le souci de créer une poésie nouvelle, apte à épouser le message qu’elle délivre par sa forme et par son rythme. Car, c’est bien la présence de la mort qui est perceptible dans la construction du poème : le manque de fluidité semble indiquer que quelque chose ne va pas dans cette harmonie parfaite de la nature et en effet, on apprend au vers 14 que le soldat assoupi n’est en fait qu’un cadavre. Conclusion Le poème est d’autant plus cruel qu’il évoque la mort d’un homme jeune dans une nature magnifique et pleine de rie. Rimbaud met donc sa plume au service d’une dénonciation efficace grâce à la chute qui insiste sur la cruauté de cette mort scandaleuse : le monde est d’une beauté qui appelle à en jouir plemement, chaque brin d’herbe est une invitation à ressentir et à goûter pleinement à la beauté du monde. Pourtant, la beauté du monde est un tombeau. Rimbaud par la force de son évocation et de son génie poétique laisse entrapercevoir une nature, un monde qui ne semble pas s’émouvoir de la mort d’un de ses enfants.
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