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le mal analyse linéaire, Lectures de Français

le mal analyse linéaire le mal analyse linéaire

Typologie: Lectures

2022/2023

Téléchargé le 29/06/2024

mortal-baguette
mortal-baguette 🇫🇷

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Télécharge le mal analyse linéaire et plus Lectures au format PDF de Français sur Docsity uniquement! Le mal , Arthur Rimbaud Tandis que les crachats rouges de la mitraille Sifflent tout le jour par l’infini du ciel bleu ; Qu’écarlates ou verts, près du Roi qui les raille, Croulent les bataillons en masse dans le feu ; Tandis qu’une folie épouvantable broie Et fait de cent milliers d’hommes un tas fumant ; – Pauvres morts ! dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie, Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !… – Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées Des autels, à l’encens, aux grands calices d’or ; Qui dans le bercement des hosannah s’endort, Et se réveille, quand des mères, ramassées Dans l’angoisse , et pleurant sous leur vieux bonnet noir, Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir ! Le premier mouvement,(v. 1 à 8), expose l’horreur de la guerre. Le subordonnant « tandis que » (v. 1) associé au présent (« sifflent », v. 2) et au complément de temps « tout le jour » (v. 2) marque une continuité de l’action décrite. Il s’agit d’une violence ininterrompue comme l’indique l’expression « les crachats rouges de la mitraille » (v. 1). Le terme « crachats », péjoratif et répugnant, signale la laideur – esthétique et morale – des tirs qui souillent le paysage. La couleur rouge, sanglante, déchire « l’infini du ciel bleu » (v. 2). ici, Rimbaud met déjà en opposition l’horreur de la guerre et la beauté paisible du ciel. L’absurdité de la guerre est déjà dénoncée. La phrase se poursuit (« qu’ » au vers 3 reprend « tandis que ») en présentant les deux armées qui s’affrontent : « Qu’écarlates ou verts […] / Croulent les bataillons » (v. 3-4). Les uniformes écarlates sont ceux des soldats français ; les Prussiens sont en vert. Ici, comme dans un tableau qui montrerait la scène de loin, ils ne sont plus que des taches de couleur qui se mêlent « en masse » (v. 4) et s’effondrent « dans le feu » (v. 4). Le présent du verbe « croulent » marque l’aspect continu et répété de ce massacre que personne ne vient interrompre. Au contraire, les monarques n’accordent aucune valeur à la vie de leurs soldats : l’expression « près du Roi qui les raille » (v. 3), au singulier, vaut pour chaque armée ; le « Roi » avec majuscule a une valeur universelle et représente aussi bien le monarque prussien que le monarque français. L’un ne vaut pas mieux que l’autre : le verbe « railler », qui rime ici avec « mitraille » (v. 1), exprime le mépris et l’indifférence des monarques pour ces bataillons qui s’effondrent, toujours dans a métrique on observe une rime entre « bleu » et «  feu » ce qui renforce l’opposition entre la guerre et la nature La proposition circonstancielle de temps se poursuit, avec le subordonnant « tandis que » (v. 5). On franchit toutefois un degré dans la violence et l’horreur, avec des termes qui dépeignent un véritable charnier : « broie » (v. 5), « un tas fumant » (v. 6). La « folie épouvantable » (v. 5) est celle des « Rois » et de leurs ambitions meurtrières. L’idée d’un massacre de masse, déjà exprimée au vers 4, se retrouve au vers 6 : « fait de cent milliers d’hommes un tas fumant » cette hyperbole expose l’horreur et la violence sans limite de la guerre Le pluriel, « cent milliers d’hommes », s’oppose au singulier de « un tas fumant » pour exprimer la réduction à néant de toutes ces vies. Le terme « tas », disgracieux, prolonge l’idée du verbe « broie » : les corps sont indistincts ; c’est un charnier. La voix du poète se fait soudain entendre, après le tiret du vers 7 : « Pauvres morts ! ». Cette exclamation fait entendre la compassion et la révolte. Rimbaud se tourne alors vers la « Nature », personnifiée et déifiée par la majuscule et par le tutoiement : « dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie » (v. 7). La Nature représente la vie et la beauté. Or la rime de « joie » avec « broie » (v. 5) souligne le paradoxe entre la mort que sèment les « Rois » au milieu de toute cette vie qu’offre la nature. La nature est mise en valeur en tête de vers (v. 8), et invoquée comme une déesse créatrice : « ô toi qui fis ces hommes saintement !… ». En face du Dieu chrétien, Rimbaud place donc, de manière provocatrice, une divinité féminine, païenne, créatrice et « sainte ». Il annonce ainsi la critique de la religion qui fait l’objet des tercets.
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