Lecture analytique du texte de Voltaire extrait de Candide, “Ce qu’il virent dans le pays d’Eldorado”, Lectures de Littérature

Télécharge Lecture analytique du texte de Voltaire extrait de Candide, “Ce qu’il virent dans le pays d’Eldorado” et plus Lectures au format PDF de Littérature sur Docsity uniquement! LECTURE ANALYTIQUE du texte de Voltaire extrait de Candide, “Ce qu’il virent dans le pays d’Eldorado” Intoduction Le texte est un extrait du chapitre 18 de Candide, conte philosophique de Voltaire publié en 1759. Cette oeuvre raconte l’itinéraire initiatique du héros éponyme à travers le monde, sa découverte progressive de toutes les formes du mal, son renoncement aux illusions de l’optimisme incarnées par son précepteur Pangloss et sa difficile quête du bonheur et de la sagesse. Chassé du château où il a été élevé (et éduqué selon les principes trompeurs de la philosophie optimiste), Candide est jeté sur les routes. Il se retrouve après de multiples péripéties en Amérique du Sud et découvre, peu avant le passage qui nous intéresse, le mythique pays d’Eldorado. Le texte évoque l’accueil qui lui est réservé à son arrivée. Lecture Développement de la lecture analytique Axe de lecture n°1 Il s’agit de montrer dans un premier temps que le passage présente certaines caractéristiques du conte de registre merveilleux. Le texte propose une description du pays imaginaire d’Eldorado où Candide et son compagnon Cacambo parviennent après un long périple à travers l’Amérique du Sud. Cette description est caractérisée par l’emploi constant de l’hyperbole : exagération des chiffres (“portail de 220 pieds de haut et 100 de large“; “mille musiciens, mille colonnes“). Citer les lignes 1,2 et 3. Exagération des dimensions (édifices élevés jusqu’aux nues, l. 20,21) On relève également l’emploi de termes élogieux soulignant la perfection de ce pays : “belles filles“, l.7; “supériorité prodigieuses“, l.5; “toute la grâce imaginable“, l.18;” poliment“, l.19; “qui lui fit le plus de plaisir“, l.28. Enfin, relevons l’emploi des termes connotant le luxe et le dépaysement : “un carrosse attelé à des moutons filant comme le vent, les bains, les grandes officières de la couronne, les fontaines de liqueurs, les places pavées de pierreries, les odeurs de girofle et de canelle, le tissu de duvet de colibri.” Tous ces éléments permettent de caractériser cet univers isolé du reste du monde comme un monde merveilleux et idéal, en d’autres termes une utopie. Axe de lecture n°2 En tant qu’utopie, le monde d’Eldorado propose un modèle de société inversé par rapport à celui de la société réelle. Le passage met l’accent sur certains aspects du monde utopique qui ne prennent donc sens que par comparaison avec le monde existant. Dans le premier paragraphe, il est question des transports, de l’urbanisme et du luxe : “volaient, en moins de...”, “on arriva...”. Grande différence ici avec la réalité des grandes villes toujours très encombrées (même à l’époque de Voltaire). Les chiffres fabuleux déjà évoqués et l’expression “il est impossible d’exprimer...” décrivent en fait une ville sans commune mesure avec la réalité. Dans le deuxième paragraphe, l’attention se porte sur l’accueil des étrangers (comparaison possible avec le texte de Montaigne extrait du chapitre Des Cannibales.) : Les verbes “reçurent”, “les conduisirent”, les “reçut”, les “pria” font ressortir les qualités d’hospitalité qui ne sont pas habituelles dans le monde réel à l’égard de modestes étrangers. “Embrasse le roi et le baiser des deux côtés”, “sautèrent au cou de Sa Majesté, qui les reçut... et les pria poliment” signalent une simplicité bien différente du protocole solennel de la cour du roi de France. Dans le troisième paragraphe sont décrits : - la ville, ses édifices publics et ses installations urbaines. La beauté et le bien-être évoqués (notamment les odeurs agréables) soulignent l’inconfort des grandes villes et les carences de l’urbanisme dans la réalité. - “Cour de justice”, “parlement”, “plaidait“, “prison” font référence au système judiciaire. Sur ce point, il faut remarquer que l’abondance des négations (ne... point; jamais; non...) en réponse aux questions indique que l’absence de répression diffère grandement des sociétés réelles. - “Palais des sciences”, “instruments de mathématique et de physique” appartiennent au domaine du savoir. L’étonnement de Candide montre que cet intérêt pour les sciences et le progrès n’est pas habituel pour les gouvernements réels à l’époque de Voltaire. Axe de lecture n°3 et conclusion Les précisions données sur les éléments qui constituent la société d’Eldorado permettent de présenter un univers où les domaines de la société réelle seraient portés à leur perfection. C’est une des caractéristiques essentielle des descriptions d’utopie. Proposer un modèle idéal d’organisation humaine, sociale, économique et politique. Les perfections de la société décrite font apparaître en creux tous les défauts des réalités sociales et politiques connues. Vanter le fonctionnement d’Eldorado est un moyen de critiquer la société de son temps. L’utopie d’Eldorado est un biais qui permet à Voltaire de proposer un projet de société où s’expriment ses idéaux en matière politique et sociale. Elle est à rapprocher en particulier de sa conception du luxe, c’est-à-dire une conception de la vie et de la civilisation qui met au premier plan le souci du bien-être ou du bonheur, garanti par le développement économique, social et culturel. L’extrait, enfin, est à replacer dans le contexte de l’oeuvre Candide et dans sa dimension d’apologue. Après avoir découvert toutes les abominations du monde au cours de son périple, Candide est aux portes d’une sorte de paradis. Ce paradis s’oppose au paradis factice du château de Thunder-Ten-Tronck qui symbolisait en effet les